Patrick Cerchia: prier avec et pour les autres

Patrick Cerchia: prier avec et pour les autres
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020

Par Jean-Marie Monnerat | Photo: C. Cerchia

«Nos activités pastorales ne peuvent porter un fruit qui demeure que si elles sont confiées au Père qui pourvoit à tout ce dont nous avons besoin», telle est la devise de Patrick Cerchia, diacre et chargé du ministère de prière et d’intercession pour les paroisses de Fribourg et environs. Sa vie est une succession d’étapes, parfois compliquées, qu’il surmonte avec le soutien du Seigneur dans la prière. À l’aube de ses soixante ans, il a déjà eu plusieurs expériences de vie. Voici quelques éléments de son histoire. Patrick Cerchia a vu le jour en janvier 1961 à Lausanne. C’est un enfant prématuré, né après six mois de grossesse seulement. Le temps passé en couveuse sera de deux semaines. Un temps bien trop court pour avoir une belle santé: son handicap découle de lésions irréversibles au cerveau, ce qui l’empêchera toute sa vie de se déplacer normalement. Pour lui, son handicap ne fait pas l’objet d’une importance particulière. Il le voit plutôt comme une complication dans son existence. Il s’attache à terminer une formation dans le domaine de la bureautique quand, à l’âge de 20 ans, il comprend que Dieu est au centre de sa vie. « J’ai voulu offrir aux autres ce que j’avais reçu, mais comment ? » explique-t-il. Devenir prêtre ? Trouver une autre voie ? Se marier ? Que de questions ! La réponse lui apparaîtra lors de sa formation à l’École de la foi, à Fribourg, complétée par trois ans d’études à l’Institut de Formation aux ministères (IFM), un mariage et un métier, celui d’assistant pastoral. « Notre couple est sans enfant, mais en accompagnant les jeunes dans différents domaines de la pastorale paroissiale, je peux dire que j’en ai eu des centaines » sourit-il. 

Le prochain changement important dans sa vie interviendra au cours de la quarantaine. « Jusque-là, je vivais comme si je n’avais pas de handicap, mais en fait celui-ci se manifestait de manière toujours plus importante, douloureuse et intrusive dans ma vie. Je sentais que mon corps n’arrivait plus à suivre. Par exemple, pour être en mesure de donner un cours dans une classe à 8h du matin, je devais me lever à 4h30. J’étais toujours plus fatigué et il ne m’était plus possible de continuer une activité à plein temps », poursuit Patrick Cerchia. 

Dans ma tête je n’avais pas de handicap
Il lui aura alors fallu plusieurs années pour accepter que la perte graduelle de la motricité et les efforts qu’il avait dû fournir avaient usé son corps et que désormais il ne pourrait plus garder le même style de vie. Pour tenir compte de son état, il a d’abord travaillé à mi-temps, puis à 10 %, puis pour de courtes missions ponctuelles. « Dans ma tête je n’avais pas de handicap, j’ai été obligé d’apprendre à vivre avec celui-ci, c’est-à-dire à vivre le mieux et le plus paisiblement possible, sous le regard de Dieu » explique-t-il. 

En accord avec son épouse, il a été ordonné diacre en 2002. « Je savais que je ne pourrais pas être au front de la même façon que mes confrères, mais il y a autant de manières d’être diacre que de personnes appelées. Selon une expression héritée du premier diacre permanent de notre diocèse, aujourd’hui décédé, M. Noël Aebischer, la vocation de diacre est celle d’un « serviteur inutile » et pourtant profondément essentielle à la vie ecclésiale : « inutile » parce que le travail que fait le diacre peut être effectué par d’autres personnes, assistant pastoral, laïc ou encore prêtre. Mais un diacre est encore bien davantage qu’un « serviteur inutile », sa mission est essentielle, car il se trouve au seuil de la porte de l’Église. Il fait le lien entre la communauté des fidèles et tous ceux qui se trouvent en périphérie. » C’est ainsi que Patrick Cerchia définit sa vocation. 

L’efficacité de la prière
Depuis 10 ans, c’est donc par la prière qu’il vit sa mission de diacre et de fidèle engagé dans l’Église. « Je ne prie pas d’abord pour moi, mais pour tous ceux qui en ont besoin, même si je ne les connais pas. Je crois énormément à l’efficacité de la prière. Elle est essentielle à ma vie. »

Depuis deux ans, il est devenu animateur et coordinateur du groupe des supporters priants. Des supporters ? Une allusion aux supporters des matchs de football pour la terminologie, mais des supporters qui portent dans leurs prières les intentions des paroisses. Certains d’entre eux se rencontrent une ou deux fois par mois dans la chapelle de l’église Sainte-Thérèse et tous reçoivent chaque mois une liste d’intentions, envoyées par courriel ou par poste, rédigées par Patrick Cerchia, pour lesquelles ils vont prier. Ces intentions sont tirées de la vie des paroisses: rencontre des catéchistes, baptêmes, messe en famille ou rencontre des servants de messe, pour ne citer que quelques exemples. 

Certes la situation sanitaire actuelle a pas mal modifié le fonctionnement du groupe, mais la prière reste toujours. « La prière est un chemin sûr pour donner un sens à ma vie, vivre et surtout transmettre et offrir aux autres ce que j’ai reçu. Je ne m’ennuie pas une seconde aujourd’hui » conclut Patrick Cerchia. 

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