PAR AMANDINE BEFFA
PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER
Nous avons parfois l’impression que les églises médiévales étaient sobres. En effet, la majorité des églises qui restent aujourd’hui ont des murs nus. Pourtant, c’était loin d’être le cas, en particulier à la période romane. Les techniques architecturales ne permettant pas de percer de grandes fenêtres, il était nécessaire de faire quelque chose des grandes surfaces de l’édifice. C’est l’apogée de la peinture et en particulier de la fresque.
L’abbatiale de Payerne a été partiellement détruite à travers les siècles. Elle a subi deux incendies et a servi de grenier, puis de prison et de cantonnement militaire à partir de la Réforme. Toutefois, elle nous donne une idée de ce à quoi ressemblaient les églises médiévales. Elle conserve en effet de nombreux décors peints datant du XIe au XIIIe siècle. Il est impossible de parler de toutes les œuvres en quelques lignes et il vaut vraiment la peine de se rendre sur place en personne pour les admirer.
Au détour du narthex (l’entrée de l’église), on découvre une étonnante représentation de la Sainte Trinité.
En bas à gauche, un homme est à genoux. Il est revêtu d’un manteau à capuche et coiffé comme les moines. Il s’agit probablement du donateur.
Au centre, Dieu le Père soutient le Fils en croix alors que l’Esprit veille sous forme d’une colombe.
La scène est déjà touchante lorsqu’on la contemple, mais elle prend un sens encore plus profond si on lit le texte de la Passion en même temps : « Et vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Eli, Eli, lama sabachthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Matthieu 27, 46)
A nous qui avons parfois envie de demander : « Où étais-tu lorsque je me sentais abandonné ? », le Père semble répondre : « Je portais ta croix… »
Cette peinture est dans le transept.