Pèlerinage de Lourdes: témoignage d’un père et d’un accompagnant

Le départ.

Par Edouard Crestin-Billet, président du Conseil de paroisse de Sainte-Thérèse | Photos : DR

Jeudi 1er mai 2025, notre famille est animée par l’effervescence d’un jour très attendu, le départ pour Lourdes. Pour la troisième fois, je vais vivre avec notre fille, Marie, cinq jours privilégiés et de Grâce au pèlerinage de Lourdes, organisé par le Service Hospitalier de l’Ordre de Malte (SHOMS). Lorsque nous partons en vacances, nous sommes habituellement tous les quatre avec Sophie, mon épouse, mère de Marie. Comme notre entourage et surtout Marie peut en témoigner, Sophie est beaucoup plus qu’une mère. Elle est sa référente pour un grand nombre d’activités, qu’elles soient médicales, professionnelles, culturelles ou religieuses. Elle est aussi son proche-aidant. Lourdes est un autre temps, au cours duquel, dans une confiance absolue et une plénitude partagée, nous nous retrouvons fille et père, à la fois pèlerins, malade pour l’un et accompagnant pour l’autre. Cette confiance que Sophie n’accorde que très rarement, ne nous est pas réservée, elle est accordée à l’ensemble de l’encadrement procuré par le SHOMS. Pour comprendre l’importance de cette confiance, il est nécessaire de savoir que Marie exige, en raison de son handicap physique important, des soins particulièrement minutieux. Ne pouvant se déplacer qu’en fauteuil roulant, elle a besoin d’une assistance dédiée pour tous les actes ordinaires de sa vie. 

Année du jubilaire, chaque Pèlerin pourra, selon le thème pastoral du Sanctuaire de Lourdes, s’immerger dans l’infinie miséricorde de de Dieu. Pour nous, 2025 est aussi une année particulière. Après avoir été un de ses accompagnants lors de nos deux premiers pèlerinages, Marie se réjouit de pouvoir être prise en charge par Elena, Isabelle, Olympia et Alexandra, dont elle fait connaissance chez elle lors d’une première rencontre préparatoire au cours de laquelle chacune d’entre elles a pu se familiariser aux soins et aux manipulations qu’il fallait pratiquer. Quant à moi j’aurai le privilège de m’occuper d’un autre malade, Claudio, avec trois autres accompagnants, Ralph, François et Federico. Ce changement était une source de joie tout autant pour Marie que pour moi. Alors que pour la majorité d’entre nous, la dépendance vis-à-vis d’autrui représente une contrainte, aux yeux de Marie, il n’en est rien. Sa dépendance se mue dans la confiance à l’autre et s’enrichit du dévouement et de l’affection que chaque accompagnante lui témoigne à travers des actes quotidiens.

Vendredi 2 mai, le jour tant attendu se trouve chamboulé. Marie est atteinte d’une escarre. Son départ semble compromis. Marie pleure, comprenant qu’elle ne pourra pas se rendre à Lourdes. Je me rends seul à l’aéroport et contacte directement un des médecins présents. Il accepte que Marie puisse partir malgré son escarre. 30 minutes plus tard, accompagnée de Sophie, elle nous rejoint avec ses accompagnantes. Ses pleurs se sont transformés en joie (1re photo). Après avoir atterri à l’aéroport de Tarbes, nous nous rendons tous à Saint-Frai, lieu de Résidence des malades. Samedi 3 mai, nous assistons à la messe d’ouverture en la Basilique Saint-Pie X et à la Procession du Saint-Sacrement. Le dimanche 4 mai a lieu, le matin, la messe pontificale internationale. Lors du déjeuner, Marie, très touchée, bénéficie du soutien de la grand-mère d’Eva et de Marie, ses accompagnantes lors du précédent pèlerinage. A 15 heures, nous nous retrouvons sous une pluie battante pour la lecture du Chapelet. Le soir, Véronique, l’infirmière m’annonce avec un large sourire que l’escarre de Maire est en voie de guérison. Lundi 5 mai, nous allons à la Grotte pour assister à une messe trilingue, présidée par Mgr de Raemy. A la suite du dîner, nous participons à la Procession Mariale aux Flambeaux. Mardi 6 mai, le pèlerinage arrive à sa fin. A Cointrin, nous prenons congé de nos malades dans l’espoir de nous retrouver très prochainement. Pour Marie, ce sont les embrassades, les éclats de rire et la joie de se retrouver prochainement, mais aussi le pouvoir d’exprimer à ses accompagnantes son immense reconnaissance pour ces instants de bonheur, de prière et d’affection qu’elle a pu partager. 

Le véritable miracle de Lourdes ne serait-il pas l’expression de l’amour du Christ par l’intercession de la Vierge Marie que les pèlerins offrent aux malades ? Pour nous, parents d’un enfant handicapé, participer au pèlerinage de Lourdes, c’est aussi vivre le handicap à la lumière de l’Evangile. Selon la parabole des talents, ce que Marie n’a pas pu recevoir, elle permet à d’autres de le lui donner en quantité plus abondante. Ce bien, le plus important qu’elle a reçu tout au long du pèlerinage, est celui que nous recherchons tous, c’est d’être aimé et d’aimer.

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