
Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion, est l’auteur de cette carte blanche.

Par Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion
Photos : cath.ch, DR
A mesure que l’Année Sainte s’est déroulée, son thème aussi, voulu par le pape François, s’est déployé : « Pèlerins d’espérance. » Et chacun de ces deux mots s’est révélé, précisément en lien avec l’autre, comme la parfaite définition de la mission de l’Eglise en ce temps.
L’espérance, on l’a dit, se distingue de l’espoir. Elle n’est pas le vague sentiment que « tout ira bien ». Pour Bernanos, elle est « une détermination héroïque de l’âme et sa plus haute forme est le désespoir surmonté… On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance ». Dans le monde tourmenté qui est le nôtre, comment mieux dire la force toujours actuelle du message chrétien ? Le pape Benoît XVI l’avait bien expliqué dans son encyclique « Spe Salvi » : l’espérance n’est pas l’apanage des faibles, ni la qualité de ceux qui fuient la complexité de notre temps pour chercher refuge en l’au-delà. Au contraire : l’espérance est le contraire de la naïveté ; elle est la force de s’engager, ici et maintenant, et malgré toutes les épreuves de notre temps, car elle sait que celui-ci s’inscrit précisément dans une perspective d’éternité qui lui confère déjà un sens infini.
Pour espérer, il faut donc marcher. A la recherche de quelque chose, le pèlerin est toujours en quête de Quelqu’un. Il sait que la bienfaisante démarche du départ lui donnera de remettre à leurs justes distances, certaines par rapprochement, d’autres par éloignement, tous les éléments où risquait de l’installer son existence désespérée. On a besoin des routes de pèlerinages pour nous rappeler que tout chemin peut conduire à Dieu. On a besoin de temps particuliers pour nous souvenir que tout temps peut être consacré. Cette Année Sainte nous aura rappelé, à Rome ou à Valère, au Saint-Bernard ou à Fully, l’essentiel de notre vie chrétienne dans l’extrême concision de cette formule : « Pèlerins d’espérance. » Que cela continue de donner vie à notre chemin.
