Petite révolution dans l’Eglise

Petite révolution dans l’Eglise

Première femme à occuper le poste de déléguée épiscopale «au nom de l’évêque» pour la partie germanophone du canton de Fribourg, la nomination de Marianne Pohl-Henzen reste encore assez exceptionnelle dans l’Eglise catholique. Rencontre avec une «vicaire épiscopale» pas comme les autres.

Par Myriam Bettens
Photos : Myriam Bettens, DRUne agréable fraîcheur enveloppe le visiteur dès son entrée au 38 du boulevard de Pérolles. Après une première volée de marches, la porte vitrée du premier étage s’entrouvre sur le regard interrogateur de Marianne Pohl-Henzen. La surprise laisse rapidement place à un chaleureux sourire. Elle avoue qu’avec cette soudaine notoriété, beaucoup de journalistes ont pris contact avec elle. Quelques instants lui ont donc été nécessaires afin de se remémorer lequel d’entre eux se trouvait face à elle. Depuis le 1er août dernier, cette théologienne engagée occupe le poste de déléguée épiscopale « au nom de l’évêque » pour la partie germanophone du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. Cette nomination féminine est un fait encore rare au sein de l’Eglise catholique. Elle a d’ailleurs provoqué quelques haussements de sourcils en Suisse et à l’étranger, le poste ayant toujours été occupé par des hommes, et prêtres de surcroît.

De multiples missions

Bien que ce choix s’inscrive dans une volonté de donner plus de responsabilités aux laïcs et aux femmes, « s’il y avait eu un prêtre remplissant toutes les conditions, peut-être que je n’aurais pas obtenu le poste », avance prudemment Marianne Pohl-Henzen. Aucune velléité de pouvoir ne l’anime, affirme-t-elle, et rien dans son parcours professionnel ne la destinait à occuper une telle fonction. Elle entame des études de philologie classique et ce n’est que plus tard qu’elle se forme en théologie et s’engage en paroisse. Sa route la conduit ensuite à assister trois vicaires épiscopaux en tant qu’adjointe. Aujourd’hui, outre l’administration du vicariat et les ressources humaines, la déléguée épiscopale est chargée de promouvoir une pastorale en adéquation avec les besoins du terrain. « Nous avons par exemple discuté de la possibilité de poursuivre les messes télévisées initiées durant la période du coronavirus ou encore de l’organisation de l’aumônerie dans les homes pour personnes âgées », indique-t-elle. Un autre volet, plus délicat, lui incombe aussi. Celui de veiller à prévenir toute forme d’abus (sexuel, spirituel ou d’autorité) dans la partie germanophone du diocèse. Marianne Pohl-Henzen est à la fois personne de contact lorsqu’un abus est soupçonné, mais aussi en charge de l’élaboration d’un code de conduite afin de les prévenir à l’avenir.

Outre l’administration du vicariat et les ressources humaines, elle est chargée de promouvoir une pastorale en adéquation avec les réalités du terrain.

Du changement, mais en douceur

Marianne Pohl-Henzen a été nommée par Mgr Morerod, évêque du diocèse.

Les premiers temps de l’engagement de la Fribourgeoise d’adoption ont été marqués par les chamboulements induits par la pandémie. Avec le relatif retour à la normale, un rattrapage des événements annulés ces derniers mois a pu se mettre en place. Les diverses réunions et rencontres se sont donc enchaînées, souvent jusque tard dans la soirée. Elle est souvent sollicitée pour animer les rencontres des équipes pastorales. Au début de l’été dernier, Marianne Pohl-Henzen a été invitée à en coanimer une à Morat. « Cette rencontre a commencé à 9h30. L’équipe ne se connaissait pas encore très bien et souhaitait ma présence afin de faciliter le démarrage », relate-t-elle. De retour à Fribourg une séance avec les curés modérateurs de la partie alémanique du diocèse l’a occupée la majorité de l’après-midi. Ce n’est qu’aux alentours de 16h qu’elle s’est attelée à la préparation du Conseil pastoral qui s’est tenu le soir même à Saint-Antoni. La nouvelle déléguée épiscopale apprivoise encore son cahier des charges et n’exclut pas que ce dernier, déjà chargé, se remplisse encore ! Marianne Pohl-Henzen considère que sa nomination marque un petit changement dans l’Eglise et que l’engagement de femmes à des postes à responsabilités pourrait changer la vision des jeunes vis-à-vis de l’institution.

Un tour d’horloge

→ 8h
Traitement des affaires courantes au vicariat

→ 9h30-12h30
Coanimation de la rencontre de l’équipe pastorale à Morat

→ 13h30-16h
Réunion des curés modérateurs à Fribourg

→ 16h
Préparation du conseil pastoral

→ 18h30 à 22h
Conseil pastoral à Saint-Antoni

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