Peut-on encore parler de sexe dans l’Eglise aujourd’hui?

Peut-on encore parler de sexe dans l’Eglise aujourd’hui?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), juin-juillet-août 2020

Par Frère Michel Fontaine OP

Les évènements auxquels nous pensons tous au sein de l’Eglise catholique, pourraient sans aucun doute, décrédibiliser une parole sur la dimension sexuée de notre condition d’être humain. En effet, comment oser proposer aujourd’hui dans l’Eglise, un discours sur la sexualité, le sexe, l’affectivité, le désir, le plaisir, la relation à l’autre à la fois semblable et différent ? Comment reconnaître la complexité et la beauté de l’acte d’amour pour exprimer le don, l’accueil entre deux êtres et dire « en plus » quelque chose d’essentiel de notre relation à Dieu par son Verbe ?

Et pourtant, depuis les origines, intégrer la sexualité et le sexe dans la réalité du vivant dans toutes ses formes, n’est-ce pas chercher à entrer dans le mystère de la Création « Dieu vit que cela était bon… […] Dieu les bénit… […] Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden… et il y plaça l’humain… » (Gn 1 et Gn 2). Il est intéressant de rappeler que les biblistes rapprochent le mot eden du mot édéna en Gn 18, 12 attribué par l’auteur à Sara, très âgée, à qui on annonce la naissance d’un fils et qui s’exclame « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir (édéna) ? Et mon maître (Abraham) est si vieux ! ». Oui, la jouissance et le désir appartiennent à cette dynamique de la Création et de la présence d’un Dieu qui cherche à nous faire retrouver le chemin du beau, de la joie, du respect, de l’accueil… en un mot de l’amour offert autant à soi-même qu’à l’autre.

Alors n’ayons par peur de revenir à la Source. Rappelons clairement que la foi chrétienne parce que le Verbe s’est fait chair, donc s’est incarné dans une réalité sexuée, identifie positivement cette dimension charnelle bibliquement parlant. 

Nous sommes pleinement dans l’ordre du don qui vient de Dieu et qui va jusqu’à être accompli, comme l’a rappeler notre frère Timothy Radcliffe, ancien Maître de l’Ordre des Dominicains, d’une manière ultime et totale dans les paroles mêmes de la Dernière Cène « Ceci est mon corps, et je vous le donne ».

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