Porteuse de paix

Porteuse de paix

Rédactrice végétale, sculptrice de nouveaux mondes en… pâte à modeler, marathonienne des sacrements d’initiation, Douve Frieden-Spicher déploie maintenant ses nombreux talents à l’institut Philanthropos. Elle contribue à l’accompagnement de ceux qu’elle considère presque comme «ses» enfants. Rencontre avec une Fribourgeoise aux mille vies.

Texte et photos par Myriam BettensUne petite ride se forme sur son front. Son regard me scrute. Elle semble effeuiller les pages mentales d’un agenda. D’un coup, son regard change, elle me gratifie d’un lumineux sourire. « Allons dans la salle des collaborateurs », propose Douve Frieden-Spicher, tout en indiquant la direction. Elle fait quelques pas, s’arrête devant la photocopieuse, collecte les copies, retourne à son bureau, revient, vérifie le bac à courrier, se dirige à nouveau vers ce qu’elle appelle « son bocal » (un bureau vitré, ndlr), pour enfin me rejoindre près de la salle. « Vous connaissez un peu Philanthropos ? » me demande-t-elle. Pour la pétillante Fribourgeoise, la devise de l’Institut européen d’études anthropologiques (Réapprendre le bonheur d’être humain) est à l’origine de son intérêt pour le poste, mais pas uniquement. « C’est le Seigneur qui m’a conduite ici en 2017. Il est la réponse à toutes les questions que l’être humain se pose », développe-t-elle.

De l’état de la nation au service après-vente

Toutes les questions, ou presque. « Un étudiant m’a demandé si Douve était mon prénom ou ma fonction », raconte-t-elle. En contact direct avec les étudiants et le personnel de l’institut, la mission principale de l’assistante de direction consiste à s’assurer que « tout et tout le monde va bien ». La tâche peut sembler à première vue simple, mais ses journées n’en sont pas moins remplies. Les portes de Philanthropos à peine franchies aux alentours de 8h, Douve Frieden-Spicher « fait l’état de la nation » en prenant acte des éventuelles absences des étudiants ou des problèmes rencontrés par le reste du personnel. « L’heure suivante est consacrée au service après-vente », décrit-elle avec un sourire, mandat qu’elle réalise par l’apport de solutions concrètes aux difficultés rencontrées l’heure précédente. Puis généralement, entre 10h et 10h30, elle s’accorde une pause avec les professeurs de l’institut. « Cela permet de se rencontrer de manière informelle », indique l’assistante de direction. Le café avalé, la tranche horaire avant la messe de 11h15 est consacrée au travail de fond, comme la compatibilité ou le site internet. Elle aime particulièrement ce moment de messe, car « il n’y a plus de hiérarchie, nous sommes tous ensemble sur un même pied d’égalité devant la verticalité divine ». Elle participe ensuite au repas communautaire à 12h15, avant d’entamer la seconde partie de sa journée à 13h30, avec de la comptabilité ou la préparation des conférences à l’agenda. Douve Frieden-Spicher n’a pas de mal à passer d’une chose à l’autre, c’est d’ailleurs sa marque de fabrique.

Les mille et une vies

« Etre femme, c’est avoir plusieurs vies », affirme-t-elle en considérant son parcours professionnel. Tour à tour, chercheuse en éthique économique, rédactrice d’une rubrique sur le jardin et la maison pour une revue genevoise et détentrice de sa propre petite entreprise de pâte à modeler, Douve Frieden-Spicher estime que le Seigneur a fait de toutes ces vies une vertu. C’est cette dernière qu’elle essaie de transmettre à ses huit enfants, dont deux « importés et aimés dans sa chair comme les autres », en les accompagnant dans toutes les étapes de la vie chrétienne. « Je vois le Seigneur à l’œuvre, quelque chose se passe dans leurs vies malgré moi », souffle-t-elle émue. Mille vies et un prénom si particulier. Je la regarde. Une question me taraude : si Douve n’est pas la fonction, que signifie le prénom ? « Il vient du livre Du mouvement et de l’immobilité de Douve écrit par le poète Yves Bonnefoy », m’apprend-elle. Quant à moi, je lui dévoile que douve est probablement la traduction de colombe en anglais médiéval. De quoi donner un nouvel envol à un patronyme aux accents de liberté.

Douve Frieden-Spicher n’a pas de mal à passer d’une chose à l’autre.

Un mercredi dans la vie de Douve Frieden-Spicher

8h-9h Traitement des affaires courantes, puis vérification que tout
et tout le monde va bien à l’Institut.

9h-10h Gestion des problèmes détectés l’heure précédente.

10h-10h30 Pause avec les professeurs et le reste du personnel.

10h30-11h15 Tranche horaire dévolue au travail de fond. 

11h15 Messe à la chapelle.

12h15 Participation au repas en commun.

13h30-15h Préparation des conférences à venir et comptabilité.

15h Douve entame sa « seconde journée » auprès de ses enfants.

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