Pour le cultiver et le garder

Pour le cultiver et le garder

Par François-Xavier Amherdt
Photo: PixabayOn a souvent reproché à la Bible et à la théologie chrétienne, à tort, d’avoir encouragé l’exploitation de la planète par les humains. Or, c’est « pour qu’il le cultive et le garde » que le Seigneur confie « le jardin de la création à Adam ». Dieu « prend l’homme et l’établit dans Eden » (Genèse 2, 15). Lui dont le nom veut dire le « boueux » (d’adamah, la terre meuble en hébreu), il ne peut capturer pour son propre profit ce qu’il a reçu en cadeau et dont il est lui-même issu : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (Genèse 2, 7), ce que signifie par ailleurs le mot Eve, la vivante. Les humains (le terme vient du latin humus, la terre) sont ainsi par nature solidaires du cosmos et ils sont appelés à respecter toute créature comme une caresse de la tendresse divine.

C’est donc en stéréophonie que les deux récits initiaux de la Genèse doivent se comprendre. L’injonction lancée à l’homme et la femme, conçus à l’image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1, 27, où les deux sont « déjà » présents) sonne donc comme un appel à la responsabilité. « Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la » (1, 28a) ne signifie d’aucune manière « exploitez le globe terrestre, abusez de ses ressources au point de les anéantir, jouez avec l’atmosphère si bien que l’existence de la planète soit menacée », mais au contraire : « entourez-la, domestiquez-la, car vous êtes mes représentants et mes lieutenants, poursuivez mon œuvre bonne, de manière à ce qu’elle porte du fruit et que ce fruit demeure ».

Au service de la floraison infinie
Du reste, toute l’œuvre de création en Genèse 1 célèbre comme une grande liturgie la mise en place de la multitude des espèces de plantes, d’animaux, de poissons et d’oiseaux. C’est au service de cette floraison infinie que l’être humain est placé, et non comme tyran tout-puissant, libre de réduire la biodiversité à néant. Contemplation et action de grâce, respect et protection, justice et paix : telles sont les attitudes insufflées à l’humanité pour qu’elle « sauve-garde » ce qui lui a été confié par le Créateur. Aujourd’hui plus que jamais !

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