«Prie et travaille»

«Prie et travaille»

Sœur Marie-Paule est cellérière de la communauté des Bernardines à Collombey. Un monastère qui produit des hosties et gère une sonothèque, mais où l’essentiel reste la prière.

Texte et photos par Nicolas MauryTablier bleu sur son habit de religieuse, Sœur Marie-Paule examine une plaque dont la cuisson vient de se terminer. « Il n’y a pas de recette miracle », note celle qui est cellérière de la communauté des Bernardines depuis onze ans. « Une hostie est composée d’eau et de farine, laquelle est un élément vivant qui ne se comporte pas toujours de la même manière. Il faut aussi un peu de savoir-faire. »

Si la manufacture d’hosties fait la réputation du monastère qui surplombe Collombey, elle n’est pas l’activité principale de cette congrégation de huit sœurs. « La raison d’être d’une communauté monastique est de louer le Seigneur et d’intercéder pour les gens qui nous entourent. Ensuite, il faut bien subvenir à nos besoins ! » D’où une Règle qui prévaut, celle de saint Benoît. « Ora et labora, qu’on peut traduire par prie et travaille. Notre labeur a deux objets : subvenir aux besoins de la communauté et être un soutien pour les gens qui sont dans le besoin. C’est ce que nous essayons de vivre ici. »

Lever avant l’aurore

Chaque matin, le réveil sonne à 4h25, « pour que je puisse avoir une chance de me lever à 4h30 », sourit Sœur Marie-Paule. « Nous commençons la journée avec le premier temps de prière : les vigiles, qui est aussi le plus long et le plus apprécié. Débutant à 5h, il dure une quarantaine de minutes. » Le petit-déjeuner et la Lectio Divina, de 6h à 8h, suivent dans la foulée. « On nourrit l’esprit avant le corps. Moi, c’est ce qui me permet d’assumer les aléas du quotidien. C’est un temps béni, où nous ne sommes pas assaillies de choses matérielles. »

L’office des laudes à 8h, puis la messe à 8h30 précèdent le temps de travail qui débute vers 9h30. « Si je travaille aux hosties, en général je fais la pâte le jour qui précède la cuisson. Sur l’année, il est difficile d’estimer la quantité réalisée. Mais en 2018, nous avons utilisé 3,6 tonnes de farine. »

La main à la pâte

Comme la production comporte plusieurs étapes, les compétences de chacune sont mises à profit. « Les sœurs qui ont 80 ans ne peuvent plus manipuler un sac de 25 kg. Par contre, elles peuvent gérer le tri et le conditionnement. Tout le monde est ainsi concerné. » Et ce, même au-delà de la communauté. « Elvira Morard est une laïque qui nous épaule », indique Sœur Marie-Paule en désignant une femme s’occupant des plaques. « Nous la considérons comme une des nôtres ! » 

La fabrication s’apparente à celle des gaufres. « Le sucre en moins ! La clef, c’est l’humidité. La cuisson finie, les plaques sont humidifiées à 80 % dans une chambre spéciale. Cela permet la découpe. » Une fois conditionnées, les hosties sont envoyées dans les paroisses du diocèse de Sion.

Elvira Morard et Sœur Marie-Paule examinent une plaque d’hosties.
Elvira Morard et Sœur Marie-Paule examinent une plaque d’hosties.

Alors que midi approche, les Bernardines se préparent pour sexte, office qui précède le repas. Suit un temps de pause jusqu’à 14h30 et none, puis le labeur reprend jusqu’aux vêpres (17h15). « Une autre partie de notre activité est liée à l’Etoile sonore. Cette sonothèque permet de proposer des livres audios aux personnes incapables de lire. » Des ouvrages qu’il s’agit d’enregistrer. « Deux de nos sœurs s’en chargent, de même qu’une cinquantaine de bénévoles externes. Pour moi, nos deux activités ont beaucoup en commun. La lecture permet de s’ouvrir et de créer des liens. Tout comme la communion ! »

Après les vêpres, la journée est déjà bien remplie. « Certaines sœurs vont se coucher à 19h, moi parfois un peu plus tard. » Si, à l’écouter, Sœur Marie-Paule n’a pas une minute à elle, elle dit ne pas avoir l’impression d’être stressée. « La vie monastique nous apprend à passer rapidement d’une chose à l’autre. Si je mets 20 minutes pour y parvenir, je ne vais pas m’en sortir. On acquiert au cours du temps la capacité d’être vite opérationnelle. » Et de plaisanter : « Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas menacée par le chômage ! »

Un agenda bien rempli

4h30 –> Réveil
5h –> Vigiles, temps de prière
6h –> Petit déjeuner et Lectio Divina
8h –> Laudes
8h30 –> Messe
9h30 –> Travail en atelier
12h –> Sexte, puis repas
14h30 –> None
14h45 –> Travail en atelier
17h15 –> Vêpres
Le soir –> Complies

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