Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur Vallée d’Illiez (VS), juin 2020
Par l’abbé Jean-Michel Moix | Photo: DR
On peut discerner certaines ressemblances entre l’épidémie actuelle du Covid-19 et les différentes épidémies de peste qui ont ravagé l’Europe occidentale au cours des siècles. Citons trois anecdotes à ce sujet.En avril 590, face à la peste qui ravage Rome, le pape Grégoire le Grand, tout juste élu à son corps défendant pour remplacer son prédécesseur décédé de la peste, organise des processions et des prières. Durant trois jours, sept processions partant de sept églises différentes, convergent vers la basilique de Sainte-Marie-Majeure où les prières et supplications se poursuivent. Le pape y fait vénérer l’icône de la Vierge Marie qu’on attribue à l’évangéliste saint Luc. Au 3e jour (selon la pieuse tradition), lors de la procession de cette icône de la Vierge Marie sur le chemin de la basilique Saint-Pierre, un ange (saint Michel archange), étincelant de lumière, apparaît au-dessus du tombeau-mausolée d’Hadrien (appelé depuis lors « château Saint-Ange ») et remet son épée au fourreau. Dès ce moment la peste cesse !
En 1522, à nouveau, la peste répand la mort en la ville de Rome. Des religieux « Servites » s’emparent alors d’un crucifix retrouvé miraculeusement intact, trois ans plus tôt, lors d’un incendie qui détruisit l’église San Marcello. Et des jours durant, dans une procession qui se veut priante et pénitente, ce crucifix va être porté à travers les rues de Rome pour aboutir à la basilique Saint-Pierre. Lorsque ce crucifix revient à sa place, la peste cesse, là aussi ! Notons que le 15 et le 27 mars de cette année, le pape François a prié devant ce même crucifix.
En 1720 la peste sévit à Marseille. En quelques mois, près de la moitié de ses habitants, soit 40’000 personnes, sont décédées. La ville a été placée en quarantaine, si bien qu’avec la peste, d’autres maux se sont ajoutés : la famine, le chômage, le vol et le brigandage. Humainement la situation était désespérée. Mais sur les conseils d’une sœur visitandine, Sr Anne-Madeleine Rémuzat (manifestement inspirée par Dieu), l’évêque, Mgr de Belsunce, fit faire des prières publiques de pénitence et de réparation, et le 1er novembre 1720, il consacra la ville de Marseille et son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus, promettant aussi de célébrer solennellement, chaque année, la fête du Sacré-Cœur (huit jours après la Fête-Dieu). Dès ce même jour la mortalité diminua de façon « prompte, sensible et continuelle ». La peste ne cessa véritablement que deux ans plus tard, lorsque les échevins (autorités civiles, bourgeoisie dominante) de la ville, sur la demande de l’évêque, s’engagèrent publiquement à faire amende honorable et à prendre part chaque année à la Fête du Sacré-Cœur, en assistant à la messe, au couvent de la Visitation (des Grandes-Maries).
Puissent ces quelques exemples nous inciter, en ce temps de « grande pitié », à nous tourner vers Dieu et à le prier, implorant de Lui, (entre autres bienfaits) la cessation de cette épidémie de Covid-19 (sans négliger les moyens médicaux) ainsi que la conversion des pécheurs !