En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.
Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRVictor Chappuis, 22 ans, habitant Genève et entrant en 4e année de médecine, a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :
Une question plutôt personnelle pour notre évêque des jeunes : n’a-t-il jamais voulu fonder une famille ? Continuer l’œuvre du Seigneur en donnant la vie ?
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:
Cher Victor,
Fonder une famille. D’après les sondages les plus récents, ce projet de vie garderait tout son attrait. Il reste le rêve d’une grande majorité. Comment aurais-je la prétention de faire exception ! Et pourtant.
J’ai grandi entouré de trois femmes : ma maman et mes deux sœurs, une aînée, l’autre cadette (j’ai bien entendu aussi un père et également un petit frère !). Et il y eut toutes ces jolies filles des écoles mixtes, primaire et secondaire, de cette grande ville sans tabous qu’est Barcelone. Et puis ce fut l’internat en Suisse allemande (de 14 à 19 ans), sans filles en pension, mais quand même une en classe. Ce qui n’empêchait pas d’avoir des contacts à l’extérieur, et à moi de recevoir la visite de Béatrice, une ancienne camarade d’école à Barcelone. Et enfin l’école de recrues, avec les sorties en soirée. Occasion de rencontrer Geneviève, qui m’envoya sa photo. Et une année en faculté de droit à Zurich. Toujours en contact avec Béatrice. Voilà en très, très gros traits, le parcours du jeune adolescent que j’étais au jeune adulte que je devenais.
Et pourtant, ce n’est pas la fondation d’une famille qui me titillait le plus. Je voulais, je devais comprendre pourquoi, l’architecture et le droit ayant finalement été mis de côté, j’avais pour la théologie un tel d’attrait. Qu’est-ce qui se passait en moi, pour être aussi « obsédé » par une envie d’être prêtre, dont aucun exemple ne m’était familier…
En apprenant ensuite à connaître Jésus, en fréquentant les écrits de ses évangélistes, en me confrontant à d’autres jeunes hommes « appelés » et à des jeunes filles amies et confidentes, j’ai peu à peu compris que la manière de vivre de Jésus, déjà incompréhensible à sa culture et à son temps, où seule la fécondité physique était perçue comme bénédiction, que cette manière pouvait devenir la mienne. Je ne l’ai jamais regretté. C’est aussi un combat de fidélité, un peu comme dans le mariage. Mais je continue à y croire. Et j’espère être fécond, Dieu aidant. Mais autrement.
+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes