François Rouiller

François Rouiller

«Si nous tenons compte de la spiritualité des gens, nous sommes meilleurs dans la prise en charge des patients, affirme François Rouiller, responsable de l’aumônerie au CHUV à Lausanne. La spiritualité peut être une ressource, mais aussi une cause de détresse. Dans l’itinéraire thérapeutique du patient, nous pouvons mobiliser les ressources et tenir compte des détresses.»

 

Texte et photos par Véronique Benz
Il est 8h, François Rouiller arrive au CHUV. « La journée d’un membre de l’aumônerie du CHUV varie. Lors des journées de garde, l’accompagnant spirituel est présent de 8h le matin à 8h le lendemain matin », explique le responsable de l’aumônerie œcuménique. « A côté, il y a la journée normale, qui débute à 8h30 par un temps de méditation à la chapelle. Pour faire du soutien spirituel, nous devons nous ressourcer nous-mêmes. Il est important de s’enraciner dans sa propre spiritualité pour pouvoir être ouvert à celle des autres », souligne François Rouiller.

La méditation terminée, les membres de l’équipe d’aumônerie font du travail de bureau, lisent des articles pour leur propre formation, préparent les célébrations du dimanche ou participent à des colloques. En raison des soins, les accompagnants spirituels ne peuvent que rarement se rendre auprès des patients avant 10h.

François Rouiller est en charge d’un service de médecine interne, des soins intensifs et continus de pédiatrie. Revêtu d’une blouse blanche, François se rend dans le service de médecine. En arrivant à l’étage, il se dirige directement vers le bureau de l’infirmière chef, avec laquelle il passe en revue la liste des patients.

Le cœur de la journée

« C’est le médecin ou l’infirmier chef qui priorise avec nous les personnes qu’il est important de visiter. » Puis l’accompagnant spirituel se rend auprès des patients. « La visite aux patients est le cœur de notre journée. Nous sommes là pour découvrir ce qui fait l’essentiel chez l’autre. Chaque rencontre est un buisson ardent. Si le patient souhaite prier, alors nous prions avec lui. Mais la demande est assez rare. Les rites se situent souvent autour de la mort, bien qu’elle ne soit qu’une toute petite partie de notre travail », précise François Rouiller. Les entretiens terminés, l’accompagnant rédige une note pour le dossier du patient. « Nous inscrivons seulement les éléments essentiels et utiles pour les soignants, et avec l’accord du patient », insiste-t-il.

Au CHUV la spiritualité fait partie de la prise en charge globale du patient. « L’être humain est par essence spirituel, tout le monde a une spiritualité, mais plus de 80% des gens pensent que la religion n’est pas importante pour eux », explique François Rouiller. Le CHUV en tient compte en définissant la spiritualité à partir du STIV : Sens (quel sens le patient donne-t-il à sa vie, à ce qui lui arrive en ce moment ?), Transcendance (y a-t-il un lien à une transcendance, laquelle ?), Identité (aspects psychosociaux de l’identité, besoin de chacun de maintenir sa singularité, son identité) et Valeurs (les valeurs fondamentales pour lui : sont-elles connues et prises en compte par les soignants ?).

Interdisciplinarité

Les aumôniers sont rattachés à la direction des soins, au même titre que les infirmiers, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes ou les assistants sociaux. Ils participent aux colloques interdisciplinaires. « Aux soins intensifs de pédiatrie, nous avons un colloque par semaine. Dans un tel service, l’accompagnement de la famille est tout aussi important que celui du patient », commente François Rouiller. En me faisant visiter le service, il me montre une chambre, dans laquelle je ne peux évidemment pas entrer, mais qui est le lieu de vie depuis plusieurs semaines d’un enfant en attente d’une greffe du cœur.

« Nous sommes vraiment attendus dans les soins et auprès des médecins. Cette interdisciplinarité est pour nous un gros challenge. Nous sommes appelés à redéfinir le métier d’accompagnant spirituel dans les soins hospitaliers et à développer sans cesse nos compétences spécifiques. »

Il est 18h, François Rouiller a terminé sa journée. Avant que je le quitte, il insiste sur le fait que les aumôneries d’hôpitaux sont des lieux essentiels dans lesquels il faut investir en per­sonnel.

L’aumônerie du CHUV

L’aumônerie œcuménique du CHUV compte une vingtaine de personnes, pour 13,3 équivalents pleins temps (EPT). Laïcs, prêtres et pasteurs, tous sont des théologiens formés à l’accompagnement des personnes.

Biographie

François Rouiller est au service de l’Eglise depuis plus de 20 ans. Il a été engagé à l’aumônerie du CHUV en 2010. Il partage son plein temps entre la responsabilité du service (poste CHUV) et le travail d’accompagnement. 

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