Servir l’autre pour servir Dieu

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), octobre 2020

Par Anne-Laure Gausseron | Photo: Ldd

Par une belle journée d’été, ont déboulé les uns et après les autres, des hommes et des femmes venant au Prieuré demander un petit quelque chose: un peu d’argent, un peu de réconfort, un peu de nourriture… J’ai l’habitude, c’est mon travail. Mais ce jour-là, c’était particulièrement dense : un véritable défilé improvisé de bras cassés.

Dans l’après-midi c’est un homme qui a sonné. En descendant pour l’accueillir, j’étais un peu moins fraîche et disponible qu’en début de journée. Légèrement agacée aussi d’être encore une fois interrompue dans ce que je faisais. Nous avons un peu parlé. Il ne voulait pas prendre un café. Mais comme il n’avait plus rien à manger, je lui ai préparé un sac de nourriture. Il est reparti content et moi aussi. Ça n’avait pas traîné. Service rendu, devoir accompli, bravo ma fille ! Hop-là, je pouvais retourner à mes occupations en espérant fort secrètement que ce soit le dernier importun de la journée. 

Mon gaillard avait de quoi manger ce soir-là et c’était déjà une bonne chose. En apparence avec mon tablier de service, j’avais été charitable, accueillante et même efficace. Mais au fond de moi, je savais que j’avais laissé aux abonnés absents le plus précieux de tout : l’amour. Ce jour-là, j’ai préparé un sac de nourriture à la va-vite et sans tendresse. Ce jour-là, j’étais pressée d’en finir au plus vite. Ce jour-là, j’avais bien mon tablier de service mais j’étais – soyons honnêtes – indisponible à la rencontre et indisposée par la détresse de cet homme.

J’ai aidé sans aimer. Ce n’est ni la première fois et ce ne sera certainement pas la dernière. Je suis une apprentie. Comme vous. Nous le sommes tous : apprentis de Dieu, de l’amour, de la rencontre. Ce que l’on fait pour aider l’autre, si utile, si urgent et indispensable soit-il, n’est pas l’essentiel. C’est l’amour qui est premier ! Sans amour, le pain donné reste du pain. Mais s’il est donné dans l’amour et par amour, il devient sans fanfares ni trompettes ce grand festin qui brûle l’âme et le cœur. Notre seule mission c’est d’aimer !

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