S’il vous plaît… Merci

S’il vous plaît… Merci

Par Pierre Moser
Photo: DRLe jour se lève sur le golfe Al-Hishan. Une foule bigarrée se presse sur le parvis de la cathédrale de la Sainte-Famille à Koweit City.

Il est 6h et dans une demi-heure sera célébrée la première des quinze messes de ce vendredi.

Les huit cents places seront prises d’assaut tout au long de ce « dimanche ».

Le jour se couche sur la place des Eaux-vives, le soleil est déjà caché par le clocher. Un promeneur solitaire déambule devant l’église Saint-Joseph. Il s’arrête et consulte les horaires de messe.

Nous sommes dimanche et la seule messe régulière a eu lieu à 11h, hélas.

Deux scénarios sans rapports ? Pas si sûr : pendant que nos églises d’Occident se vident, les communautés chrétiennes en situation précaire se réunissent dans des élans de foi que nous ne connaissons plus depuis longtemps.

Afrique, Philippines, Amérique du Sud, Europe de l’est, autant de foyers vivants de la pratique chrétienne. Sans compter toutes les communautés minoritaires en proie, elles, au martyre. L’Eglise a déjà connu cela ? Certes, la Réforme, la Révolution française entre autres, ont mis à jour des crises sans commune mesure avec celle que nous traversons. Mais sa nature n’est-elle pas plus ancrée dans la société d’aujourd’hui ? Les chiffres de l’OFS nous montrent une certaine réalité (figure 1) : la religion aujourd’hui majoritaire est l’Indifférence. Comprenez sans confession, catégorie statistique qui comprend un tiers d’athées et un quart d’agnostiques. Ce serait oublier qu’un bon cinquième de catholiques dit croire non pas à un dieu unique et trinitaire, mais à une puissance supérieure (figure 2).

Quelle est donc la source de ces disparités ? Réponse difficile, mais une piste de réflexion existe : les « petits » qui ont besoin d’une espérance pour survivre, ceux-là sont des pratiquants fervents. Les « grands », cependant, le sont beaucoup moins. On entend souvent, dans nos contrées, des répliques comme « ce que je suis, je ne le dois qu’à mon travail ». Notre dialogue avec Dieu se résumerait-il à des s’il vous plaît ? Serions-nous incapables de dire merci ? Dès lors, la parabole du chameau prend tout son sens (Mt 19 : 24). Si seulement 15% des catholiques romains avoués pratique la prière une fois par semaine, cela signifie un 85% d’échec. Cela ressemble furieusement au chas de l’aiguille. Il est évident que plus notre confort est élevé, plus il nous est difficile de nous détacher de ce dont demain doit être fait.  Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur (Mt 6 : 21).

Désespoir donc ? Peut-être pas. Pour cela il nous faudrait entendre les appels répétés à l’humilité et à la confiance du haut des chaires de nos églises. Et méditer également que nous sommes tous, miséreux y compris, les riches de quelqu’un.

Mt 19 : 24 – Oui, je vous le répète, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux. 

Source chiffres : Office Fédéral de la Statistique

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