Sœur Marie-Nicole Granges

Sœur Marie-Nicole Granges

Texte et photo par Sœur Marie-Nicole Granges

Sœur Marie-Nicole Granges.
Sœur Marie-Nicole Granges.

En cette mi-été, c’est Sœur Marie-Nicole Granges qui nous partage son témoignage de foi.

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées, dit le Seigneur. » (Isaïe 55, 9)

Personne dans le village n’aurait pensé que Dieu ferait entendre dans le cœur d’une fille de Germaine et Marcelin l’appel à la vie monastique. Mais Dieu appelle qui il veut. Je vous raconte un peu.

Je suis née à Châtaignier (Fully) pendant la guerre de 39-45. Mon père venait de Mazembroz. Quand j’étais enfant, tante Emma nous faisait prier chaque soir : « Nicolas de Flue, protège notre patrie ! » Peu après la guerre, en 1947, l’Eglise a canonisé (reconnu saint) Frère Nicolas. A la messe, le prêtre a parlé de Nicolas de Flue, « protecteur de la patrie, homme de prière ». J’ai tendu l’oreille. « Une vie de prière, c’est très puissant, continuait le prédicateur. La fin de la guerre, c’est peut-être une petite âme, connue de personne, qui l’a obtenue par sa prière. » Croyez si vous voulez : la petite fille de sept ans que j’étais a entendu cette parole résonner dans son cœur et elle a su dès ce moment-là, de façon certaine, que la prière est une force, une force qui peut même être donnée à une « petite âme ». Je n’ai jamais oublié ça. Et Nicolas m’est toujours resté présent.

Mais bien sûr, il n’est pas nécessaire de se retirer comme Nicolas dans la solitude du Ranft pour mener une vie de prière. Une maman peut aussi prier. Et c’était mon rêve, d’être maman.

A quoi Dieu m’appelait-il ? Et d’abord, qui est-il, ce Dieu qui a tellement séduit Frère Nicolas ? C’est par une image, que vous pouvez encore voir dans l’église de Fully, que Dieu m’a peu à peu découvert quelque chose de ce qu’il est vraiment. Je regardais toujours, sur le tabernacle, cet étrange pélican qui se perce le flanc pour nourrir ses petits. Je regardais, je regardais, des années durant. Personne ne m’a jamais expliqué. La réalité est devenue claire en moi, par-delà l’image. La réalité, c’est Jésus, qui verse son sang pour tous les hommes. Dans l’eucharistie, il se donne en nourriture. Il nous aime jusqu’à donner sa vie, tout son sang, pour notre salut. Voilà la merveille : Dieu est amour. Je voulais répondre à son amour.

Thérèse de Lisieux définissait ainsi sa vocation : « Au cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’amour. » Pour moi, ce n’est pas au Carmel, mais dans un monastère cistercien que j’ai trouvé ma voie. Depuis le XIIe siècle, la communauté cistercienne a été appelée « schola caritatis ». On peut dire une « école pour apprendre à aimer ». Exactement ce qu’il me fallait!

La première fois qu’un de mes oncles m’a vue en habit de moniale (religieuse cloîtrée), il en était abasourdi. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Mais à la fin de notre entretien, il m’a dit soudain : « Si tu crois, crois à fond ! » Parole forte, d’un authentique Fuillerain. Je n’ai pas oublié.

A mon tour je vous dis : restez fermes dans la foi. Et que Dieu puisse encore séduire le cœur de vos enfants !

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