Sœur Regina

Sœur Regina

Lorsqu’elle parle de Madagascar, les yeux de Sœur Regina brillent. Des noms inconnus résonnent à mes oreilles et j’essaie de les placer sur une carte du monde. Après y avoir passé 47 ans, la religieuse se sentait chez elle au milieu des Malgaches. «Si j’étais en bonne santé, je serais encore là-bas», affirme avec conviction Sœur Regina.Propos recueillis par Véronique Benz
Photo: V. Benz

« La vie consacrée est une grâce qu’on ne peut que recevoir, c’est une réponse à un appel qui ne se fait pas une fois pour toutes, mais qui est à renouveler chaque jour », souligne Sœur Regina. Cependant deux facteurs ont aidé Sœur Regina à répondre à cet appel : le scoutisme et la montagne. « J’ai commencé le scoutisme toute petite. J’ai été longtemps cheftaine des louveteaux. J’ai fait dans ma jeunesse beaucoup de montagne et d’alpinisme. »

Elle choisit d’entrer au Carmel Saint-Joseph. « La spiritualité du Carmel avec l’enseignement de ses grands saints, notamment Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux, m’a attirée. L’Ordre du Carmel n’a pas de fondateur, mais ses origines remontent à l’Ancien Testament avec le prophète Élie qui est l’image de notre vocation : une vocation à écouter Dieu, à se livrer à l’écoute de sa Parole pour en vivre et être transformé par elle, et une vocation à le dire dans l’apostolat, trouvant dans ce témoignage une nouvelle source de prière. J’ai été attirée par cette vie de prière et d’action comme le dit Élie : « Je suis rempli de zèle pour le Seigneur » », explique Sœur Regina.

Dès le départ, Sœur Regina désirait aller en mission dans les pays lointains. Elle savait que le Carmel Saint-Joseph était implanté en pays de mission. Après trois ans de formation à Saint-Martin Belle-Roche, elle est envoyée deux ans à Casablanca au Maroc. « Ce n’est pas ce que j’avais souhaité au départ, mais ce fut une riche expérience. » En 1966, elle part pour Madagascar. Sœur Regina l’avoue avec émotion : le moment le plus important de sa vie fut celui de son départ pour Madagascar. « Enfants, on nous disait que la mission c’était aller convertir les gens. Or ce n’est pas cela. A Madagascar, j’ai très vite compris que ma place était d’aider à implanter le Carmel Saint-Joseph dans le pays en vivant simplement avec les gens. »

A Madagascar, où elle fut active pendant 47 ans, Sœur Regina a travaillé dans l’enseignement en ville et en brousse. Elle a transmis de la pédagogie à des enseignants. Elle s’est occupée de petits enfants et de jeunes filles dans un foyer. Elle a participé à la formation des jeunes religieuses malgaches et a accompagné de nombreuses étudiantes. « Les évêques du pays ont demandé aux congrégations d’investir dans l’enseignement, car l’éducation des jeunes c’est l’avenir du pays. Dans l’un des pays les plus pauvres du monde, le vœu de pauvreté prend une autre dimension. On apprend à se passer de tant de choses et à aller à l’essentiel. En brousse, nous n’avions pas d’électricité et pas toujours l’eau courante. Ici cela semble normal d’ouvrir un robinet et d’avoir de l’eau chaude ; là-bas, si nous voulions de l’eau chaude, il fallait la chauffer au feu dehors ! Madagascar est un pays magnifique. La vie n’était pas toujours facile, mais j’y étais très heureuse. Les Malgaches sont extrêmement accueillants : dans la plus grande misère, vous avez toujours un sourire. J’ai appris à écouter et à prendre le temps. »

En 2013, lorsqu’elle rentre en Suisse pour raisons de santé, elle a dû se réadapter à la vie occidentale. Heureusement elle peut continuer à parler la langue qu’elle aime, le malgache, avec deux de ses consœurs malgaches qui vivent dans la communauté de Fribourg.

Biographie

Native de Fribourg, Regina Müller est d’origine alémanique. Après la maturité, elle a fait une formation d’enseignante à l’Université de Fribourg et a enseigné deux ans à l’école secondaire de Gambach. Elle est entrée dans la congrégation du Carmel Saint-Joseph en 1961. Après 47 ans passés en mission à Madagascar, elle rentre à Fribourg en 2013 pour raison de santé. Elle est prieure du Carmel Saint-Joseph au Schoenberg. La communauté est composée de cinq religieuses plutôt âgées, mais néanmoins très actives dans la paroisse et le quartier du Schoenberg.

Le Carmel Saint-Joseph
Le Carmel Saint-Joseph a été fondé en 1872 en France, à Saint-Martin Belle-Roche dans la banlieue de Mâcon, où se trouve la maison généralice. Il a été implanté en Suisse dans le canton de Fribourg en 1901. Une maison s’est ouverte en 1902 à Seedorf près de Rosé, et une en 1951 au Schoenberg à Fribourg.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp