Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Mgr Jean-Marie Lovey qui prend la plume.
PAR MGR JEAN-MARIE LOVEY, ÉVÊQUE DU DIOCÈSE DE SION
PHOTO : CATH.CH / BERNARD HALLET
On ne peut pas ne pas tenir compte de ce qui se passe devant notre porte. Le monde étant devenu un village, ce qui se vit au bout de ce monde se vit en immédiateté devant notre porte. Depuis la semaine après Pâques, la porte semble contenir une double signification. Huit jours plus tard, dit saint Jean, Jésus vient au milieu de ses disciples : ils sont là réunis, Thomas y compris, lui qui avait manqué la semaine précédente au même rendez-vous. Tous les disciples in corpore, dans le même lieu, dans la même peur, dans le même enfermement ! Les portes du lieu où ils se tenaient sont soigneusement verrouillées. Il y a trop de risques à sortir voir ce qui s’y passe, trop de risques à laisser l’inconnu entrer. Cependant il vient. Et c’est une autre porte qu’il ouvre. Une ouverture qui est désormais littéralement à portée de main. Mets ta main dans mon côté. (Jn 20, 26)
L’Eglise, c’est-à-dire nous tous en tant que communauté de foi, se situe, au long des âges et aujourd’hui encore, devant ces deux types de portes. D’un côté, les portes que l’on ferme par peur des autres, une peur qui nous garde prisonniers de nos propres fabrications. De l’autre, une béance, une blessure, porte ouverte au côté de celui qui aime et appelle à se laisser rejoindre « ma main sur son cœur ».
La première phase de la démarche synodale s’est déroulée dans chaque diocèse du monde. Notre Eglise diocésaine s’y est mise, modestement peut-être, mais avec bonheur. Jusqu’ici, des portes se sont-elles ouvertes ? Des peurs et des paralysies en ont-elles fermé d’autres ? Le processus se poursuit, au niveau des pays, des continents puis de l’Eglise universelle, tant il est vrai que le but de ce synode est précisément le chemin qui se vit sans cesse. Autrement dit, ce qui importe est de faire chemin ensemble ; d’oser avancer malgré tout ce que l’Eglise subit de revers, malgré nos infidélités, malgré nos courtes vues étriquées ou partisanes ; d’oser maintenir notre attention prioritaire sur l’abîme du côté ouvert du Christ. A l’écoute commune des battements de son cœur, dans la vie diocésaine, nous resterons des marcheurs en chemin (synode). Le synode ne s’achèvera pas en 2023, mais bien au seuil de l’ultime porte, celle du Paradis.