Un curé au resto!

Un curé au resto!

Par Nicolas Maury
Photo: DR

Vincent Roos travaille à 20% au Bla Bla.
Vincent Roos travaille à 20% au Bla Bla.

C’est le coup de feu de midi. « Vous cherchez Vincent ? Evidemment, c’est lui la star », sourit Estelle Mayer, la patronne de l’établissement. Si quelque chose différencie Vincent Roos du reste du personnel, c’est son âge – la cinquantaine – et son catogan. Comme les autres employés du Bla Bla à Vevey, il porte un tablier bleu sur une chemise blanche. « Tout le monde imagine que je suis le patron », plaisante l’intéressé. « Mais non. Je ne suis même pas sommelier. J’aide au service. » Il ne pratique cette activité qu’à 20%. Sa vraie profession : curé de la paroisse du Sacré-Cœur à Ouchy depuis un peu plus d’une année. « Je ne cache pas que je suis prêtre, mais je ne l’affiche pas non plus. Je reste discret. » 

Etonner et détonner
« C’est un homme d’Eglise qui sort du commun », confirme Estelle Mayer. Qui indique l’avoir engagé comme gage d’une amitié de longue date. « Elle a compris que je voulais aussi m’insérer hors du milieu pastoral », commente l’intéressé. « Ma démarche est de prendre ce qui vient. Parfois, cela débouche sur des rencontres fantastiques. Ça ne veut pas dire que ceux avec qui je parle viendront à la messe le dimanche. Quand les gens apprennent que je suis prêtre, cela étonne. C’est ce qui parfois manque un peu dans notre mission: étonner, voir détonner. »

Travailler dans la restauration, Vincent l’a déjà vécu lorsqu’il était à Los Angeles à la fin des années quatre-vingt. « Le Times avait même fait un article sur moi », rigole-t-il, coupure de presse à l’appui. « C’était après mon passage à la Garde suisse du Vatican. Je me posais des questions… »

A la fin des années 80, un article dans le Times de Los Angeles…
A la fin des années 80, un article dans le Times de Los Angeles…

 

Au milieu du monde
Les réponses qu’il a trouvées tournent autour d’une même thématique : « Etre au milieu du monde, simplement, en partageant. C’est ce que faisait le Christ. » Et d’interroger : « Vous connaissez Maurice Zundel ? Il fut longtemps vicaire au Sacré-Cœur à Ouchy. Un grand penseur, trop méconnu. Pour lui, il ne s’agit pas de parler de Dieu, mais de le vivre. Idem pour la joie. C’est ce que je tente de faire ici. » 

S’il travaille à la création d’un centre Maurice Zundel dans sa paroisse, Vincent Roos sait déjà où il passera ses vacances d’été. « Ici à Vevey, au cœur de la Fête des Vignerons. Car c’est aussi le moyen de côtoyer les personnes qui ne se tournent pas forcément vers l’Eglise. »

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