Une heure avec… Didier Berthod

Le prêtre est le guide dans la montagne de Dieu

Propos recueillis par Thérèse Yang
Photo: DRdidier-berthodJ’ai eu un changement de vie radical il y a douze ans, lors de la fête de la Pentecôte. Cela faisait plusieurs années que j’étais attiré par la vocation religieuse, mais sans avoir la force de faire les renoncements qui s’imposaient. Cela m’a conduit à vivre des années difficiles de déchirement intérieur. Finalement, je me suis tourné vers le Seigneur pour qu’il vienne me sauver. Ma prière a été exaucée. Suite à cette expérience de Dieu, j’ai rejoint la Fraternité Eucharistein que je connaissais un peu, pour approfondir ma foi et discerner ma vocation. Après une année et demie, j’ai décidé de m’engager dans cette communauté.

Même si ma vie actuelle paraît à l’opposé de celle des années antérieures, à mes yeux je suis toujours dans la même dynamique : il y a une profonde continuité entre ma vie d’alpiniste et celle de religieux, puisque dans les deux cas, je marche vers un sommet, encordé en communauté à la suite d’un guide qui ouvre le chemin. Et d’une certaine manière, le prêtre est le guide dans la montagne de Dieu. Sa carte et sa boussole, c’est l’Evangile. Les sucres de raisin qu’il donne à ses clients pour donner de l’énergie, ce sont les sacrements, et tout l’entraînement personnel du guide de montagne se retrouve dans la vie du prêtre, sa vie d’ascèse et de prière. 

Devenir prêtre, tout comme devenir guide, pour moi, c’est le don d’une grande responsabilité. L’Eglise me fait cette grâce de guider les âmes vers Dieu et j’ai à cœur de mettre beaucoup de sérieux dans cette tâche. Je n’ai pas d’angoisse particulière, quand bien même je suis pécheur et fragile comme tous mes frères et sœurs. J’ai une grande confiance, parce que j’ai beaucoup travaillé pour me former non seulement à la théologie, mais surtout à la vie spirituelle. La vie spirituelle se déploie lorsqu’une personne chemine vers Dieu. Dans cette vie, qui est une véritable aventure, il y a des règles, des modèles, des exercices spécifiques, mais aussi des adversaires ou des impasses. Les adversaires, ce sont les esprits mauvais, Satan, mais aussi ces tendances intérieures à nous-mêmes, ce que saint Paul appelle nos « tendances égoïstes ». Les impasses, ce sont des chemins qui ne mènent pas au but, chaque fois que nous nous laissons guider par de fausses doctrines, de fausses croyances sur Dieu ou sur nous-mêmes. Et j’appelle aussi impasse tout chemin qui mène à la tristesse et au désespoir. Parce que je suis profondément convaincu que l’être humain a pour vocation de devenir pleinement libre et heureux, et même si les chemins particuliers sont très nombreux, c’est la vie selon l’Evangile qui mène à ce but. 

Je suis très heureux de devenir prêtre et je souhaite que beaucoup, spécialement les jeunes, puissent découvrir la joie de devenir responsables. Grâce à des témoins du Christ, j’ai pu découvrir la vraie liberté qui consiste à être capable d’aimer, de prendre des responsabilités et de transmettre la vie. Voilà le chemin sur lequel je suis et sur lequel j’espère que de nombreuses personnes puissent également marcher.

Biographie

Didier Berthod, d’origine valaisanne, a toujours été très marqué par le milieu de l’alpinisme. Après une formation d’électricien, il devient guide de montagne. Il est connu comme un as de la grimpe des fissures, ayant tenté ou ouvert plusieurs voies très difficiles dans différents pays, notamment en Italie, au Canada, en Australie, aux Etats-Unis. Il a changé radicalement de voie il y a douze ans : âgé alors de 25 ans, il entre dans la Fraternité Eucharistein. Venu à Fribourg pour étudier la théologie, il a été ordonné prêtre à Vérolliez (VS) le 16 juin, en même temps que Johannes d’Autriche.

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