Une musicienne à la maison

Dans le cadre du Concours National d’Exécution Musicale (CNEM), depuis de nombreuses années, des familles riddannes accueillent dans leur foyer, pour quelques jours, les participantes et participants.

Texte par Frédéric Métroz
Photos: François Delaloye, Frédéric Métroz

Du mercredi 9 au dimanche 13 octobre, nous avons accueilli chez nous, à Riddes, Mengiy Xu. Cette flûtiste talentueuse est étudiante à la haute école de musique à Genève. Elle est originaire de Chine, d’une ville qu’elle qualifiait de « petite », même si elle est quatre fois plus grande que la cité du bout du lac ! Notre hôte prenait part au concours national d’exécution musicale dans le majestueux cadre du centre culturel de La Vidondée à Riddes. Ce concours est ouvert à la flûte, la clarinette, la trompette et au trombone.

Dans un premier temps, j’avoue que je n’étais pas très enthousiaste à l’idée d’accueillir quelqu’un dans cette période déjà passablement chargée, mais l’expérience s’est avérée extrêmement positive, en particulier pour nos enfants. En effet, ils trépignaient d’impatience au moment d’accueillir chez nous une artiste dont nous ne connaissions rien. Imaginez notre désarroi pour répondre à leurs assaillantes questions : « C’est un garçon ou une fille ? Il joue de quel instrument ? On pourra l’écouter ? Il s’appelle comment ? Il vient d’où ? Il pourra dormir avec moi ? » Eliah et Lina étaient très curieux et très impatients. Le voile est tombé le mercredi à midi lors d’un repas que nous avons partagé avec Mengiy. J’ai vu des étoiles dans les yeux de mes enfants au moment où elle est passée la porte. Quand ma fille a appris qu’elle jouait de la flûte, elle s’est empressée de grimper à l’étage pour aller chercher sa petite flûte en bois afin de montrer à notre invitée qu’elle aussi « savait » jouer de la flûte. Autant dire que son petit solo a tout de suite permis de briser la glace, dans un fou rire général.

Mon épouse Lauriane a eu la chance de faire ses corrections du mercredi après-midi sur des airs enchanteurs. Pour ma part, j’ai été surpris par l’appétit de cette frêle jeune femme. Quand je l’ai vue se servir, j’avoue que je suis resté stupéfait. Puis, en découvrant le nombre d’heures qu’elle passait inlassablement à répéter dans notre bureau, je me suis rendu compte que son investissement s’apparentait à celui d’un sportif d’élite, qu’il réclamait un effort physique et une concentration intenses et j’ai alors mieux compris l’énergie que cela demandait.

Nous avons eu l’occasion d’aller en famille assister à son épreuve qualificative du jeudi soir. Elle était la dernière à passer et la tension se sentait. Nous avons bien remarqué qu’éloignée des siens, notre présence était pour elle très précieuse. J’avais peur que les enfants ne dérangent durant son interprétation, je me demandais à quel point une petite fille de deux ans et demi et un garçon de quatre ans et demi pouvaient rester attentifs durant une dizaine de minutes en écoutant de la musique classique. Eh bien, ils ont écouté religieusement de la première à la dernière note, captivés et transportés par les merveilleuses mélodies produites par notre hôte. Quelle joie ce fut pour nous tous d’apprendre que Mengyi s’était qualifiée pour la finale du vendredi !

Après avoir récupéré les enfants à l’UAPE et à la crèche en début d’après-midi le vendredi, je leur ai proposé d’aller voir à quelle heure notre artiste jouait. Quelle surprise en arrivant devant la Vidondée : elle était justement devant la porte et s’apprêtait à entrer en scène. Un timing parfait ! A nouveau, j’ai perçu que le fait de pouvoir compter sur quelques supporters dans le public lui conférait de la confiance et de l’énergie. Le niveau d’exigence des morceaux du vendredi était très impressionnant, je ne suis pas spécialiste, mais j’ai été soufflé de découvrir une palette technique ahurissante.

Finalement, Mengyi a terminé deuxième du concours dans la catégorie flûte. Au-delà de ce résultat, c’est l’expérience de l’accueil, de la rencontre, de la découverte qui nous a tous enrichis et l’émotion était forte au moment des adieux, alors même qu’elle était une parfaite inconnue pour nous quelques jours auparavant. Mengyi est repartie avec quelques dessins dans sa valise et nous sommes restés avec des airs féériques dans nos cœurs.

Dès son départ, Lina m’a demandé : « Elle revient quand ? » et Eliah d’ajouter : « L’année prochaine, je voudrais une fille blonde qui joue de la harpe.  » Je leur ai rétorqué que je ne pouvais rien garantir quant à l’instrument et à l’identité de l’artiste, mais qu’il était certain que nous referions de la place à une nouvelle rencontre musicale et humaine dans notre foyer.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp