Une pasteure engagée et ouverte

Une pasteure engagée et ouverte

Rencontre avec Isabelle Court, pasteure dans la paroisse de Begnins, Burtigny, Le Vaud, Bassins. Une femme profondément engagée dans l’œcuménisme.Texte et photo par Sylvie Humbert

Isabelle Court, votre existence n’a pas été un long fleuve tranquille. Et Dieu vous a surprise plus d’une fois…
Certes ! Je suis née à Genève en 1964 dans une famille protestante très traditionnelle. Ma grand-mère, par exemple, s’habillait en noir le 24 août, jour anniversaire du massacre de la Saint-Barthélemy ! Enfant, j’ai participé à plusieurs camps de la Ligue pour la lecture de la Bible. C’est là que j’ai commencé à lire la Bible et que, pour la première fois, j’ai donné ma vie à Dieu.

L’adolescence et le début de l’âge adulte ont été une période de révolte assez difficile à vivre. Puis j’ai retrouvé la foi lors d’un culte de Noël. Il s’est passé quelque chose de très fort ce jour-là.

Je me suis alors engagée à Radio Cité, la radio des confessions chrétiennes de la région genevoise, en parallèle à mon travail à la banque. J’y ai côtoyé des gens de divers horizons qui m’ont sensibilisée à l’œcuménisme. A cette époque, j’accompagnais une amie à la messe. C’est elle qui m’a fait découvrir les richesses spirituelles de la foi catholique.

Quand la banque dans laquelle je travaillais a été restructurée, j’ai pris une année sabbatique. J’en ai profité pour suivre des cours à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Lausanne et ça a été le coup de foudre !

Malheureusement, très peu de temps après, ma mère est morte d’un cancer fulgurant. Je suis entrée dans un grand combat intérieur : j’étais en colère contre Dieu. Mes études de théologie m’ont été d’un grand secours durant cette période, mais je ne voulais pas devenir pasteure.

A la fin de mes études, je me suis décidée à faire mon stage pastoral, étant trop âgée pour commencer une carrière dans l’enseignement. Nouveau coup de foudre ! C’est ainsi que je me suis retrouvée en septembre 2013 à Burtigny pour mon premier poste. J’ai été consacrée en septembre 2015, à 51 ans. Je suis une vocation tardive.

Comment vivez-vous l’œcuménisme aujourd’hui dans nos villages ?
J’ai trouvé une forte volonté des laïcs, aussi bien protestants que catholiques, de faire des choses ensemble: pour la marche de l’Avent, la kermesse, la prière de Taizé, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la soupe de Carême. Mais je sens, en revanche, des réticences croissantes de la part des curés ; et ils ont beaucoup plus de peine qu’avant à trouver du temps pour préparer les différentes activités œcuméniques, leur charge de travail étant très importante.

L’hospitalité eucharistique ne va pas de soi non plus. On a dû abandonner la prière de Taizé par manque de renouvellement. On a aussi laissé tomber la kermesse parce que trop peu de gens pouvaient donner de leur temps. Elle a été remplacée par un repas communautaire.

La marche de l’Avent est devenue une prière d’une demi-heure suivie d’une raclette. Nous réfléchissons à une manière plus solide de vivre la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Des projets ?
Nous voudrions proposer, avec quelques paroissiens des deux communautés, un temps de prière dans tous les villages de la communauté de Begnins chaque soir de la Semaine de l’unité des chrétiens. Nous commencerions par la chapelle catholique de Begnins, puis nous irions à Bassins, Burtigny, Le Vaud, Marchissy et Longirod, qui ne se trouvent pas dans le périmètre de ma paroisse, mais dans celui de la paroisse catholique.

Nous allons également proposer 24 heures de lecture de la Bible au temple de Begnins. Elles pourraient débuter le samedi à 10h pour se terminer le dimanche à 10h avec le culte qui clôturerait la semaine de prière; un prêtre pourrait prêcher.

Il me paraît important de travailler main dans la main avec la communauté catholique de Begnins sur les sujets qui nous rassemblent : la prière et la Parole.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp