
Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF, est l’auteur de cette carte blanche.
Par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF
Photo : cath.ch
Cette année, nous avons eu l’occasion de beaucoup parler de plusieurs Papes. Je vais en citer un autre. En 1984 Jean-Paul II est venu rencontrer les jeunes à Fribourg. J’en faisais partie… J’ai été fortement frappé par une phrase : « Je suis venu vous annoncer une vie qui vaut la peine d’être vécue ! » Je me suis dit : « Mais qui d’autre nous dit ça ? »
Cette phrase me revient durant une année de l’espérance voulue par le pape François en lien avec les inquiétudes de notre temps. Nous connaissons les motifs d’anxiété, qui frappent plus particulièrement les jeunes : beaucoup ne veulent plus avoir d’enfants dans un monde qui se réchauffe et sombre dans la violence. Le pape François parlait d’une troisième guerre mondiale déjà commencée.
Certes, il y a un décalage entre l’Eglise et notre société. En tant qu’Eglise, nous avons à nous interroger sur notre responsabilité : masquons-nous la bonne nouvelle en la rendant opaque ? Un aspect du décalage est cependant aussi une bonne nouvelle. A nos contemporains qui se demandent si la vie vaut la peine d’être vécue, et qui ne voient pas dans notre société de paravent à leur angoisse, nous pouvons donner une réponse positive, qui est Jésus-Christ vivant et présent. Nous ne nous contentons pas de parler de Jésus-Christ, nous sommes rassemblés autour de sa présence. L’Evangile signifie toujours et encore Bonne Nouvelle. Dès lors, il incombe à l’ensemble des membres de l’Eglise de manifester que « l’Eglise, c’est l’Evangile qui continue ».
Tout au long de ma vie, j’ai vu une Eglise en rétrécissement progressif et je suis resté convaincu que le Seigneur peut nous renouveler. Maintenant, je vois aussi la joie de nouveaux croyants (en trois ans le nombre de confirmés adultes a triplé dans le canton de Vaud, par exemple). Je lis et rencontre ces nouveaux croyants, aux parcours étonnamment variés. Je prends un exemple qui m’a marqué. Une confirmande a décrit son passage d’un matérialisme absolu à une forme de spiritualité (ayant constaté qu’elle n’était pas comme une pierre, elle a envisagé une autre dimension). Au cours de cette découverte de la spiritualité, elle a éprouvé le choc fondamental quand elle a découvert la prière : cette « force spirituelle » est en fait personnelle et nous pouvons même avoir un dialogue !
Nous avons une Nouvelle et elle répond à une attente radicale !