Université de la solidarité et de la diaconie

Université de la solidarité et de la diaconie

Les 29 et 30 janvier 2019, plus de 200 personnes ont pris part à Fribourg à la première Université de la solidarité et de la diaconie. Durant deux jours, les participants ont vécu des temps de témoignages, de convivialité, de partage, de prière et d’échange autour de la Bible. Ils sont entrés dans une démarche imprévue pour se laisser enrichir par la rencontre.

Texte et photos par Véronique BenzIls sont venus de toute la Suisse romande : évêques, prêtres, diacres, agents pastoraux engagés dans la solidarité au niveau de leur diocèse, canton ou unité pastorale, étudiants de l’Institut romand de formation aux ministères, séminaristes, personnes interpellées par le sujet ou vivant dans la précarité, catholiques, musulmans ou sans religion. Durant deux jours à l’Université de Fribourg, ils ont essayé de se laisser interpeller et enrichir par ce que l’autre peut leur apporter. 

Les clowns Créa et Miette ont apporté leur touche d’humour au cœur de la réflexion.
Les clowns Créa et Miette ont apporté leur touche d’humour au cœur de la réflexion.

Le programme proposé était varié. De nombreux témoignages, souvent poignants, ont été présentés. Les temps de partages bibliques ont été des lieux d’échange profond. Des ateliers chants, évangile et peinture, théâtre, audio-vidéo… leur ont permis de s’ouvrir, de découvrir des richesses ou des facettes parfois inexplorées de leur personnalité.

Le mardi soir, lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse, les membres de l’assemblée se sont mis sous le regard de Dieu. Ils ont prié les uns avec les autres et les uns pour les autres. Suite à la lecture du texte du lavement des pieds, ils ont été invités, par groupe, à se laver les pieds les uns aux autres. Une action humble, permettant de se découvrir enfant de Dieu, frère et sœur en humanité. Durant la veillée, ils ont également pu vivre une démarche de pardon, soit en allant se confesser vers un des nombreux prêtres présents, soit en priant devant le Saint-Sacrement. La centaine de petits lumignons déposés devant l’autel étaient les témoins de tous ces gestes ou désirs de réconciliation.

L’atelier Evangile et peinture.
L’atelier Evangile et peinture.
Lavement des pieds lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse.
Lavement des pieds lors de la veillée de prière à l’église Sainte-Thérèse.

Quelle place pour les plus vulnérables ?

Le Père Etienne Grieu.
Le Père Etienne Grieu.

Le Père Etienne Grieu, jésuite, président et professeur aux Facultés Jésuites de Paris (Centre Sèvres), était l’invité de cette session. Il a proposé aux participants de réfléchir à la place donnée aux plus vulnérables au sein de nos communautés. « Est-ce vraiment la mission de l’Eglise de s’occuper de solidarité ? Ne risquons-nous pas de faire de l’Eglise une ONG ou de tomber dans l’activisme au détriment de l’essentiel ? » Pour répondre à ces questions, le Père Etienne Grieu a regardé la manière dont le Christ avait répondu à sa mission. « Dans l’évangile de Jean, le Christ se présente comme un envoyé, l’envoyé de Dieu. Qu’annonce-t-il cet envoyé ? Jésus est venu renouer les liens de l’alliance entre l’humanité et Dieu de manière définitive. » En citant quelques passages de l’Ecriture, le jésuite a constaté que le message du Christ s’adresse en premier lieu aux personnes qui sont au bord de l’Alliance, aux personnes en détresse et aux possédés. « Une personne en détresse est entièrement centrée sur sa supplication. Elle se jette tout entière aux pieds de Jésus. Ces personnes nous enseignent à nous remettre à Dieu. Elles nous obligent à mettre la relation au centre, elles nous ramènent vers l’essentiel, vers l’alliance. La Bonne Nouvelle passe par mon frère, précisément par mon frère qui crie vers Dieu. »

Pour nous aider à accueillir les plus vulnérables au sein de nos communautés, Etienne Grieu a esquissé quelques pistes. « La plus simple, que chaque baptisé peut mettre en œuvre, est de voir comment dans l’ordinaire de ma vie j’accueille la personne qui se présente à moi avec ce qu’elle est, avec ses richesses et ses pauvretés. Il faut savoir être attentif aux gens qui vivent autour de nous des situations difficiles. Pourquoi ne pas mettre en valeur dans la liturgie le moment où l’on remet les custodes aux membres de la communauté, afin qu’ils aillent porter le corps du Christ aux personnes âgées ou malades ? La solidarité ne demande pas d’abord de grands engagements, ce sont des gestes simples que l’on peut faire dans notre quotidien de baptisé. L’Eglise est revigorée lorsqu’elle garde le souci de la vraie rencontre », a-t-il affirmé. Une autre piste concerne les politiciens : « Comment soutient-on les gens qui s’engagent et qui portent le bien commun ? » Le Père Grieu questionne : « Faisons-nous confiance aux êtres qui nous semblent plus fragiles ? » 

Diplômés

La session a été clôturée par une messe festive animée par l’atelier chants. Après avoir durant deux jours parlé entre eux, les participants se sont mis à l’écoute de la Parole de Dieu, et sont repartis avec elle. Les évêques leur ont distribué personnellement un livre contenant le Nouveau Testament et les psaumes. Ils ont également reçu un diplôme, signe tangible de leur participation à ce temps fort en échanges et en émotions. 

Organisé conjointement par les services « Solidarité » des diocèses et cantons de Suisse romande et le Centre catholique romand de formations en Eglise (CCRFE) cette première université de la solidarité et de la diaconie a été un véritable succès. A la fin de la rencontre, une seule phrase était sur toutes les lèvres : à quand la prochaine ?

Témoignage d’un participant

Ces deux jours ont été très intenses en émotion. J’ai vécu des journées remplies de bienveillance et de solidarité. Les échanges étaient profonds et très respectueux. Il était facile de parler avec les autres, de s’ouvrir à l’autre. J’ai pu communiquer de manière très simple, mais en vérité. Je me suis senti comme dans une grande famille. Si seulement, c’était toujours ainsi dans la vie quotidienne !

Grâce à cette rencontre, j’ai retrouvé confiance, espoir et espérance. J’ai à nouveau foi en l’humanité et en la solidarité. J’ai le plaisir et l’envie de continuer ma route. Si une prochaine édition est organisée, j’y participerai.

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