PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER
On considère parfois les vitraux dits sulpiciens comme des œuvres de moyenne valeur. Il est vrai qu’ils peuvent paraître un peu pâles à côté des verrières médiévales de la cathédrale de Chartres ou celles de Chagall à Zurich.
Il serait toutefois dommage de les délaisser trop vite. En effet, ils sont non seulement le témoignage d’une époque, mais ils ont en plus un intérêt théologique. C’est le cas du vitrail du couronnement de la Vierge réalisé par Claudius Lavergne pour la basilique Notre-Dame de Genève.
Il synthétise toute l’histoire du salut, superposant des événements appartenant à des périodes différentes. Il présente ainsi la façon dont ce qui est annoncé dans l’Ancien Testament s’accomplit dans le Nouveau Testament. C’est ce que l’on appelle un vitrail typologique.
Dans la partie basse, l’ange chasse Adam et Eve du jardin d’Eden. Le visage d’Eve est tourné vers le bas, sous le poids de la condamnation, mais celui d’Adam est tourné vers le haut. Il semble déjà annoncer une forme d’espérance.
La Vierge Marie porte Jésus dans ses bras. Si c’est elle qui terrasse le serpent des origines, elle utilise une lance ornée d’une croix. Elle nous guide ainsi du début des évangiles (la naissance de Jésus) à l’Apocalypse.
Jésus couronne sa mère. Il souligne ainsi la fidélité sans faille de Marie : de son « oui » à la question de l’ange jusqu’à son entrée dans la gloire.
Le Père domine toute la scène. De sa main gauche, il désigne la Vierge et l’enfant. Dans sa main droite, il tient un orbe crucigère, symbole de la domination du Christ sur le monde. Il indique ainsi que cet enfant est le Sauveur.
La colombe rappelle cet Esprit qui planait sur les eaux au moment de la Création et qui a accompagné chaque instant de l’histoire.
Concluons avec les paroles de l’Exultet, qui résument si bien toute la symbolique de ce vitrail : « Bienheureuse faute de l’homme qui valut au monde en détresse le seul Sauveur ! »