Une diversité de pratiques pour prier un même Sauveur

Par Smon Roduit | Photo : DR

Ce numéro de L’Essentiel va nous faire traverser les temps liturgiques de l’Avent et de Noël, en passant des feux de l’Avent par les messes Rorate jusqu’à la Nativité de Jésus, suivie par la fête de la Sainte Famille. Que de belles occasions de rencontres !

La grande fête de Noël, plus que toute autre fête, est par excellence un rendez-vous familial. Je m’émerveille de voir la diversité des manières de célébrer Noël dans les foyers de notre paroisse : chez les uns, on construit une crèche dans laquelle chacun peut s’identifier à un berger en l’approchant chaque jour un peu plus de Bethléem. Chez d’autres, on prépare des cadeaux qui font entrer dans l’action de grâce avec les trois mages. Chez d’autres encore, le repas du soir de Noël est préparé et partagé avec un soin admirable, pour montrer la foi en un Dieu qui se fait nourriture.

J’ai été notamment émerveillé récemment de découvrir la belle tradition de certaines familles polonaises de fêter Noël par une veillée autour d’un repas sobre sans alcool ni viande, pour manifester que l’Emmanuel est venu dans la pauvreté d’une crèche. Il y a de nombreuses manières de fêter Noël, mais c’est toujours le même Jésus célébré, qui vient nous visiter dans nos familles.

Une fois revenus dans le temps ordinaire, le mois de janvier verra la traditionnelle Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens. Comme dans toute maison où l’unité est recherchée, le travail vers l’unité de la famille des chrétiens a besoin de diverses activités pour se construire. Notre Eglise catholique nous recommande de prier pour l’unité, de construire un véritable dialogue théologique, et d’œuvrer avec d’autres chrétiens pour plus de justice dans notre monde. Ce témoignage commun par l’action a été mis en avant l’an dernier avec la pastorale de la rue œcuménique. Cette année, nous voulons spécialement insister sur la prière commune entre baptisés pour l’unité des chrétiens. C’est pourquoi le programme de cette semaine de prière nous invitera à nous rassembler pour trois veillées : une lectio divina et une prière de Taizé avec la communauté réformée et un concert de louange avec des membres d’une communauté évangélique.

Que Jésus, le seul Sauveur, qui est célébré différemment dans les différentes confessions chrétiennes, nous accompagne sur le chemin vers l’unité, chemin qui nous mène à la crèche, à la rencontre des autres.

Retraite au Simplon du Haut-Lac 2024 avec Marie

« Ici le Christ est adoré et nourri .» Voici les mots qui nous ont accueillis ce vendredi 1er novembre 2024 à l’hospice du Simplon. Par la grâce du oui de Marie, les presque nonante participants à cette retraite annuelle du Haut-Lac ont découvert ou redécouvert cet amour du Christ «adoré et nourri».

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Une nouvelle naissance

Sœur Bénédicte est aujourd’hui Geneviève Genoud…

Geneviève Genoud, native de Bourg-Saint-Pierre, a été Sœur Bénédicte dans la communauté du Verbe de Vie où elle a œuvré 30 ans durant. A sa fermeture, en 2022, elle s’est vue contrainte de commencer une nouvelle vie.

Propos recueillis par Pascal Tornay | Photos : DR

Geneviève, êtes-vous une cousine de notre ancien curé Jean-Pascal ?
Oui, nos pères respectifs étaient premiers cousins.

Vous avez donc passé 30 ans au Verbe de Vie. Quelle était votre mission au sein de votre communauté ?
Je suis couturière de métier. Mais j’ai beaucoup travaillé à la beauté intérieure des maisons où je me trouvais, pour les arrangements florauxdes costumes pour du spectacle par exemple. J’ai un petit côté artiste. J’aime le beau ! C’était aussi une caractéristique de la communauté. Par ailleurs, j’avais une attirance pour l’évangélisation de rue. Les plus paumés, les cabossés de la vie c’était pour moi ! Je ne sais pas pourquoi… J’aimais parler aux enfants, mener de petits temps de prière ou d’adoration, participer à faire descendre Dieu dans les cœurs. J’aimais également être présente auprès des jeunes.

En été 2021, l’évêque garant de la communauté a décrété sa fermeture définitive. Avez-vous vu arriver ce tournant dans votre vie consacrée ?
La communauté avait demandé une visite canonique *, ce qui est courant. Mais le résultat a été un choc ! J’attendais une aide de l’Eglise comme beaucoup de mes frères et sœurs. J’ai été en état de choc, pendant longtemps… Qu’allais-je faire de ma vie ?

Quel a été votre sentiment au sortir de cet état de vie ? Qu’avez-vous entrepris ?
Je ne voudrais pas choquer, mais j’ai eu l’impression que l’Eglise avait volé ma vie… Grâce à Dieu, j’ai eu le soutien de quelques personnes en arrivant en Valais et beaucoup de grâces matérielles, ce qui m’a encouragée. C’est très compliqué quand il faut tout recommencer presque  de rien. Les recherches matérielles m’ont aidée à regarder vers le futur, mais le plus difficile a été de retrouver un sens à ma vie…

Qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
Une nouvelle respiration, une liberté ! De nouveaux équilibres de vie sans cesse à trouver et à ajuster !

De quoi est faite votre vie actuelle ?
Je travaille à la Boutique Monsieur comme couturière pour les retouches de vêtements. J’ai conscience d’avoir eu une grande chance de trouver un emploi de ce type en Valais. J’y vois vraiment la main de Dieu.

Votre vocation religieuse ne s’est pas éteinte : quelles dimensions nouvelles vous voyez-vous lui donner ?
Je demeure consacrée. Ces derniers temps, j’ai réalisé que je « suis » une vocation ; que je « suis » une mission. C’est très différent d’« avoir » une vocation ou d’« avoir » une mission ! Je me suis jointe récemment aux responsables de la Pastorale de la rue qui tient le Café du Parvis (mardi et dimanche) à la Maison de la Visitation. C’est une vraie « Visitation » ! Je reçois autant que je donne et même plus, c’est bouleversant ! Cette pastorale me redonne le sens de ma vie que je cherchais : une invitation à être un « morceau d’amour » au milieu de ces enfants que Dieu aime. Que chercher de plus ? Je demande au Seigneur la constance et la fidélité…

* Ce terme désigne une sorte d’audit général d’une communauté religieuse. Ces visites permettent de vérifier si les principes de respect de la personne, de liberté et de sanctification sont respectés. On parle de contrôle, mais c’est surtout un outil pastoral qui vise la protection des personnes.

L’Abbaye Notre-Dame du Mont-Carmel s’ouvre davantage

L’Abbaye Notre-Dame du Mont-Carmel – ou Confrérie du Scapulaire – accueillera dimanche 8 décembre une nouvelle consœur en la personne d’Eliane Chassot, de Bussy, et un nouveau confrère, César Mosquera, sacristain à la collégiale d’Estavayer-le-Lac, de nationalité espagnole.

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Thèmes et rubriques 2025

Thèmes 2025

Mois Sujet
Janvier Le Jubilé (Véronique Benz)
LLe pape François a annoncé une Année sainte ou jubilaire pour 2025. Mais qu’est-ce qu’un jubilé ? Que nous propose l’Eglise pour vivre cette année jubilaire ? Quand célébrons-nous les jubilés ? Quels sont les signes du jubilé ? … Un éclairage qui vous permettra de comprendre et d’approfondir ce qu’est un jubilé et qui vous aidera à vivre ce grand évènement qui a pour thème « Pèlerins d’espérance ».
Février Les coachs à l’heure d’Insta ! (Myriam Bettens)
Que l’on soit débordé, burn-outé, en pleine reconversion professionnelle, les coachs promettent des résultats avec bonheur à la clé. Les maîtres spirituels chrétiens n’ont pourtant rien à envier à ces « gourous » des temps modernes.
Mars Du rien à la création (Pierre Guillemin)
Lorsque l’abbé Georges Lemaître imagine la théorie du Big Bang en 1927, la science moderne admet la notion de création de l’Univers. Mais est-il possible que l’Univers ait été créé à partir de rien ? Comme le dit l’astrophysicien Johann Richard : « Ce n’est pas exclu mais c’est très, très compliqué de répondre à cette question. » Si la science moderne date la création de l’Univers à 13.7 milliards d’années, qu’y avait-il avant ? Nul ne peut y répondre aujourd’hui : c’est le mur de Planck.
Avril Le Credo (Thierry Schelling)
1700 ans que le Credo a été approuvé dans sa formulation longue. 1700 ans que les chrétiens professent la même foi, non sans quelques variantes dans l’interprétation donnant lieu à la pluralité des Eglises (350 officiellement enregistrées au COE !) qui apprennent à se reconnaître «de même foi» dans leurs diversités…
Mai Le Réveil des éveillés (Myriam Bettens)
Woke, voilà un terme en vogue ! Utilisé à toutes les sauces, on ne parvient toutefois pas si bien à le définir, si ce n’est qu’il a une connotation plutôt péjorative. A bien y regarder, il ressemble étrangement à un puritanisme… sans théologie.
Juin Heureux célibataires… ou pas ! (Thierry Schelling)
En paroisse, il existe quantité de groupes: pour les aînés, pour les visiteuses d’EMS, pour la catéchèse, pour les adultes qui demandent un sacrement de l’initiation, pour… Or, les célibataires chrétiens ne sont pas considérés comme étant aussi un groupe d’Eglise : hyperbookés, ces trentenaires ont besoin de rencontres « entre eux », pas d’abord pour « plus si affinités » mais simplement comme paroissien.ne.s aussi.
Juillet-aoûtJésus a-t-il ri ? (Calixte Dubosson)
« Le rire est le propre de l’homme », cette citation de Rabelais démontre bien que l’humour et le rire font partie de la nature humaine. Pourtant en lisant les Ecritures, on constate le peu de référence à ces éléments qui sont utilisés par les chaînes de radio ou de TV pour attirer l’auditeur et mettre un peu de détente dans notre monde trop sérieux. A part le rire d’Abraham et de Sara, il n’y a pas grand-chose. Dans le Nouveau Testament, c’est encore plus rare, ce qui nous amène à la question : Jésus a-t-il ri ou considérait-il cette réalité comme quantité négligeable ?
Septembre Béni soit mon cartable ! (Véronique Benz)
Lancée à la rentrée 2023, l’initiative pastorale de la bénédiction des sacs d’école ou des cartables pour les écoliers de 3H à 8H a connu un grand succès un Suisse romande. En2024, 12’300 badges ont été distribués aux écoliers des cantons romands. Il s’agit de bénir les enfants et de confier à Dieu leur nouvelle année scolaire. On accroche un badge au sac d’école et on envoie les enfants en mission. Une mission qui dure toute l’année à travers diverses activités.
Octobre Les pèlerinages (Amandine Beffa)
L’année du Jubilé est sur le point de prendre fin (14 décembre 2025). Beaucoup auront eu la chance de se rendre en pèlerinage à Rome. C’est l’occasion de nous pencher sur les démarches de pèlerinage à travers leur histoire et l’influence qu’elles ont exercé sur l’art et l’architecture chrétienne.
Novembre Les idoles : mythe ou réalité ? (Calixte Dubosson)
Une idole, nous dit le dictionnaire, est une chose ou une personne qui est l’objet de vénération ou de culte. Si vous allez un jour à Rosario en Argentine, vous découvrirez qu’il existe une église maradonienne, fondée sur le souvenir d’un des plus grands footballeurs de tous les temps, Diego Armando Maradona. Presque tout le monde, dans sa jeunesse, voulait ressembler à un modèle qui rayonnait dans le domaine qui lui était cher. Arrive pourtant le jour où un choix doit être posé: Dieu qui peut donner à la personne humaine un avenir éternel, ou les idoles qui s’effaceront avec le temps.
Décembre Le crépuscule des étoiles (Pierre Guillemin)
Les étoiles naissent, vivent et meurent. Notre soleil a une durée de vie limitée : encore entre 3 et 5 milliards d’années, avant d’avoir épuisé tout l’hydrogène qui alimente sa fournaise nucléaire. Lorsque ce combustible sera épuisé, le noyau s’effondrera sur lui-même en provoquant l’augmentation de sa température dans ses couches profondes. Les couches gazeuses de la surface se dilateront et le diamètre du soleil augmentera considérablement. Si la Terre parvient à échapper à cette absorption, la température s’y élèvera de plusieurs centaines de degrés et la vie disparaîtra totalement. Que penser alors de la survie l’humanité ?

Rubriques 2025

Les rubriques constituent le fil conducteur de chaque magazine. Voici celles que la Rédaction romande vous propose en 2023.

En 2025, Ecclésioscope voit double et la page «Jeunes et humour» évolue

sous la plume de Véronique Benz

Ecclésioscope – La rubrique qui permet de partir à la rencontre des femmes et des hommes laïques engagés dans les diverses paroisses de Suisse romande gagne en amplitude et voit double, en prenant aussi la place précédemment dévolue à « Ciel ma médaille ». C’est désormais Véronique Benz – journaliste au service communication de l’Eglise dans le canton de Fribourg – qui en assurera la rédaction.

Les mots de la Bible – La langue française regorge d’expressions, de dictons ou de proverbes tout droit sortis de la Bible, de l’histoire et de la tradition de l’Eglise. Nous les utilisons souvent sans connaître leur origine. Cette petite rubrique, de la page « Jeunes et humour », vous propose d’en décrypter quelques-uns.

Magazine au format B5

Pages Rubrique Auteur
1 Edito Tournus de la rédaction
2-5 Eclairage Tournus de la rédaction
6 Ce qu’en dit la Bible François-Xavier Amherdt
7 Le Pape a dit… Thierry Schelling
8 Carte blanche diocésaine Tournus externe
9 Jeunes et humour M.-C. Follonier
Véronique Benz
Calixte Dubosson
10-11 Small Talk Myriam Bettens
12 Au fil de l’art religieux Amandine Beffa
Jean-Claude Gadmer
13 Merveilleusement scientifique Pierre Guillemin
14-15 Ecclésioscope Véronique Benz
16 En librairie Calixte Dubosson

Magazine au format A4

Pages Rubrique Auteur
1 Edito Tournus de la rédaction
2-3 Eclairage Tournus de la rédaction
4 Ce qu’en dit la Bible François-Xavier Amherdt
4 Le Pape a dit… Thierry Schelling
5 Au fil de l’art religieux Amandine Beffa
Jean-Claude Gadmer
6 Small Talk Myriam Bettens
7 Merveilleusement scientifique Pierre Guillemin
7 Carte blanche diocésaine Tournus externe
8 Ecclésioscope Véronique Benz

Pour les journaux A4, la possibilité existe de reprendre librement les rubriques des magazines B5 qui ne sont pas contenues dans le Cahier romand.

Faire feu de tout bois

On estime que la chasse aux sorcières a fait près de 80’000 morts en Europe. La Suisse détient le sinistre record du nombre de victimes par habitant. Des crimes imaginaires qui mènent à se demander : comment en arrive-t-on à tuer en toute impunité ?

En Suisse, entre six et dix mille personnes ont été envoyées sur le bûcher.

Par Myriam Bettens | Photos : DR

« Son seul crime : être femme, veuve sans souhaiter se remarier et indépendante financièrement », juge Luc-Eric Revilliod, président du Conseil de paroisse de Jussy-Gy-Meinier-Presinge-Puplinge (GE), concernant le destin tragique de son aïeule, Rolette Revilliod. La tisserande est emprisonnée durant onze ans à cause d’une rumeur dans la chapelle attenante au temple de Jussy. En 1626, elle subit « la question » et la douleur parle. Elle est jugée et condamnée à être brûlée vive pour sorcellerie la même année. Jusqu’en 1641, douze femmes et trois hommes subiront le même sort dans le Mandement de Jussy.

En Suisse, de telles rumeurs ont précipité entre six et dix mille personnes sur le bûcher, indépendamment des régimes politiques en place et des confessions religieuses (catholique ou protestante). Difficile d’estimer plus précisément le nombre de victimes, car « beaucoup de procès pour sorcellerie ont été brûlés afin de détruire les preuves et se couvrir », avance Marc Horisberger. Pasteur à la paroisse de Montreux-Veytaux, il a effectué une recherche approfondie sur le sujet dans le cadre du spectacle musical Sorcière ! donné au temple Saint-Vincent lors de la saison culturelle de Montreux. Il ne cache pas son étonnement face à l’ampleur des persécutions en pays protestant et questionne les responsabilités respectives des Eglises, de l’Etat et du peuple.

Une genèse complexe

Remontons dans la première moitié du XVe siècle. C’est plus au sud qu’il faut se rendre, là où débute la chasse aux sorcières en Suisse. Au cœur du Valais épiscopal, la rumeur enfle. Elle se propage et raconte la manière dont les adeptes d’une secte sont capables de se déplacer sur des tabourets volants, dévorer des enfants et provoquer des malheurs à leur guise, telles que catastrophes naturelles et épidémies. Mais « tout cela sort de l’imagination des juges », affirme Chantal Ammann, médiéviste et spécialiste de l’histoire de la sorcellerie en Valais, lors d’une conférence organisée à Sion traitant de la genèse de ces chasses aux sorcières.

Il n’en fallait pourtant pas plus pour embraser la vindicte populaire et faire feu de tout bois. Dans une société de fin de Moyen Age marquée par un climat de violence et de peurs eschatologiques, le terreau est fertile pour que prenne racine la conviction qu’un groupe secret composé de plusieurs centaines d’individus menace les populations et la chrétienté en s’associant au Diable. Propulsés par l’essor de l’imprimerie, les manuels de démonologie finissent de convaincre la population. La dynamique s’autoalimente, si bien que la gravité du danger pousse les autorités civiles et religieuses à une persécution sans merci des actes de sorcellerie.

Tuer en toute bonne conscience

Des milliers de bûchers sont alors allumés dans les campagnes helvétiques entre le XVe et le XVIIe siècle, décimant parfois jusqu’à dix pour cent de la population d’un village, à l’image de Gollion, dans le canton de Vaud. C’est la justice temporelle qui poursuit la sorcellerie, car l’Eglise ne dispose pas du droit de prononcer une sentence de mort. De plus, note Marc Horisberger, pour l’Eglise catholique qui assimile au XIVe siècle la chasse aux
sorcières à une hérésie, « la condamnation à mort est un échec, car l’Inquisition avait pour but de faire revenir l’hérétique dans le giron de l’Eglise ». Toutefois, « au XVIe siècle, la chasse aux sorcières est un phénomène rural qui donne aux autorités civile et religieuse l’occasion d’asseoir leur mainmise ». Et pour « faire » une sorcière, il suffit d’un comportement marginal qui attire l’attention, une dénonciation calomnieuse, un conflit de voisinage ou un malheur inexpliqué. 

« Personne n’était à l’abri », comme le démontrent les procès de sorcellerie du canton de Vaud. Même des citoyens bien installés et fortunés ont été condamnés. Paul Martone, chanoine du Chapitre de la Cathédrale de Sion et intervenant à la conférence sur la genèse de ces chasses en Valais, n’y voit qu’une seule raison : « Celui qui avait déposé la plainte pouvait recevoir la moitié des biens du condamné ! » L’autre moitié – voire la totalité dans certains cantons – revenait au seigneur local, souvent juge et partie, comme cela a été le cas pour Rolette Revilliod. 

Les motivations sont donc aussi bien pécuniaires que territoriales. En Romandie, il existait à cette époque une profusion d’entités politiques et juridictionnelles et les procès en sorcellerie étaient un moyen aisé pour se débarrasser d’un rival et asseoir une souveraineté. « On peut prendre l’exemple de l’Espagne qui possédait une inquisition d’Etat centralisée. Les exécutions de sorcières y étaient plus rares qu’en Suisse », précise Paul Martone. « Lorsque l’Eglise et l’Etat étaient unis et stables, il y avait peu de procès pour sorcellerie. » Quant aux « preuves », la torture s’occupait de les rassembler. De fait, « les aveux se ressemblaient tous », complète Chantal Ammann. 

L’origine du Mal

Ce phénomène, que l’on peut considérer aujourd’hui comme une forme d’hystérie collective, perdurera en Suisse durant deux cent cinquante ans. Loin d’être un phénomène médiéval typique, il est au contraire représentatif de l’Epoque moderne. D’autres holocaustes illustrent ce paradoxe : « L’Allemagne était considérée comme à l’apogée de la modernité », pointe Marc Horisberger. « La vigilance est donc de mise pour chacun de nous », car même si le contenu de la rumeur a changé, « elle continue de briser des vies et une fois lancée, il est difficile de s’en défaire ». Un brin sarcastique, il relève que « le tribunal populaire a encore de beaux jours devant lui ».

L’hérétique et la sorcière changent donc de visages au gré des époques et des camps. Une visite du côté du Musée international de la Réforme (MIR) terminera de nous en convaincre. Deux tableaux y sont conservés et dépeignent Martin Luther et Jean Calvin accueillis triomphalement aux Enfers. Les deux réformateurs étant, bien entendu, entourés de toute une cour de démons et… de sorcières.

Une figure de contre-pouvoir

Le Marteau des sorcières un manuel au service des inquisiteurs.

Contrairement à ce que l’on peut croire, au début des persécutions, les femmes ne représentaient qu’un tiers des condamnés pour sorcellerie. Les hommes et même les enfants n’étaient pas épargnés. Le basculement vers une féminisation des persécutions s’opère à la parution et à la diffusion du Marteau des sorcières (1486), de l’inquisiteur dominicain Henri Institoris. Ce manuel de démonologie établit que la femme dans son essence même est feminus, c’est-à-dire de foi mineure. Une étymologie fantaisiste, qui assied la théorie que la femme se laisserait ainsi plus facilement tromper par le Diable. Aujourd’hui, la sorcière est devenue une figure de contre-pouvoir et de contre-culture valorisée dans les revendications féministes. « La notion d’empowerment est fréquemment utilisée pour décrire ce phénomène par lequel les femmes recherchent davantage d’autonomie, de puissance et une meilleure maîtrise de leur destin », explique la pasteure Vanessa Trüb. Elle a écrit la pièce Brûle sorcière !, jouée lors du festival Mémoire Vive, qui s’est tenu en avril dernier au temple de Jussy (GE). Une sculpture gravée aux initiales des seize personnes condamnées dans le Mandement de Jussy et représentant le « flambeau de la justice » a aussi été installée à l’emplacement de la chapelle qui a servi alors de prison à Rolette Revilliod. Son descendant,
Luc-Eric Revilliod, révèle combien les participants au festival étaient émus. Une amie indienne lui glisse d’ailleurs à la fin du spectacle qu’un « tel sort est encore réservé aux femmes dans [son] pays ».

Vanessa Trüb a écrit la pièce Brûle sorcière ! récemment jouée à Jussy.
Le « flambeau de la justice ».

A la croisée des chemins

En marche… ensemble.

Texte et photo par Marion Perraudin

A la croisée des chemins,
Quand la marche se fait difficile,
Laissons la lumière des saints éclairer notre marche,
Tel un phare, ils nous conduiront malgré la tempête,
Aux rives nouvelles où renaît l’Espérance.

A la croisée des chemins,
Quand la marche devient danse,
Entrons dans la louange des saints,
Tel un ami, ils nous partageront le trésor de leur cœur,
La joie et l’amour de notre Dieu.

A la croisée des chemins,
Quand la marche devient routine,
Mettons-nous à l’école des saints qui ont semé la tendresse de Dieu,
Tel un grand frère, ils nous apprendront dans nos gestes quotidiens,
A grandir dans l’humilité et tout offrir au Seigneur.

A la croisée des chemins,
Accompagnés de la cohorte des saints et des bienheureux,
Cheminons dans la foi vers le Christ,
Au cœur de nos Eucharistie, dans l’intimité de notre prière,

A la croisée des chemins,
Cheminons dans la foi vers le Christ,
Accompagnés de la cohorte des saints et des bienheureux,
Par la grâce de notre baptême,
Ensemble avançons sur le chemin de sainteté.

Voix introspectives

Dans le cadre des propositions du Service de la spiritualité de l’Eglise catholique romaine à Genève, Sophie Parlatano a animé plusieurs ateliers destinés à rédiger son propre journal spirituel. Elle nous explique en quoi consiste ce mode d’enquête spirituelle menée sur sa propre intériorité. Entretien.

Sophie Parlatano Erbrich.

Par Myriam Bettens
Photos : Ass. Vaudoise des écrivains, DR

Le journal spirituel constitue-t-il l’ancêtre du journal intime ?
C’est Saint-Augustin qui a lancé ce type d’écriture autobiographique à fond spirituel. Il y a dans ces deux types de journaux de l’intimité toutefois différentes l’une de l’autre. Dans les journaux psychologiques, on a tendance à « déverser » sans autre orientation que soi-même. De plus, le journal spirituel est destiné à être lu, du moins des extraits. Il constitue donc davantage un témoignage.

Comment définissez-vous le journal spirituel ?
C’est un récit qui part du vécu. Par contre, le Je dont il est question a une portée universelle. Il est ouvert et habité par quelque chose de plus grand que lui. Le journal spirituel constitue à la fois un mouvement vers soi, mais aussi vers les autres et vers ce qui nous dépasse. La finalité n’est jamais le MOI. Ce journal est destiné à être partagé, donc cela change aussi notre manière d’écrire. Une partie de l’atelier est toujours consacrée à réfléchir ensemble à ce qui fait le côté spirituel d’un journal…(sourires).

Se lire aux autres est extrêmement difficile…
Pour la plupart des participants, c’est même plus difficile que d’écrire. Ils sont invités à le faire, mais sans obligation, car je pense que cela a aussi une valeur thérapeutique. Cela permet un engagement entier, y compris du corps par le biais de la voix. J’encourage à oser lire pour surpasser la peur du jugement, accepter sa part de doute ou la peur de ne pas avoir bien écrit.

Valeur thérapeutique, dans quel sens ?
Thérapeutique au sens large. La démarche d’écrire à partir de ce réel qui nous touche et nous anime, aide à prendre conscience du désir essentiel d’être en lien. Cela peut nous aider à nommer ce qui nous pèse, à prendre conscience de ce qui nous habite au-delà des apparences. C’est une double quête : de la Source, mais aussi de nos ressources. Les participants réalisent que même dans le quotidien, on est relié à quelque chose de plus grand.

Comment rédige-t-on un journal spirituel ?
La forme d’écriture est très libre. Je donne néanmoins des clés et des contraintes formelles durant l’atelier. Cela peut sembler paradoxal, mais j’ai remarqué que sans ces règles, le message se dilue…C’est à la fois intuitif et formel, mais cela favorise une sorte de jaillissement.

Quelle est la motivation des participants ?
Certains participants ont besoin d’exprimer des choses qu’ils vivent au quotidien dans des milieux professionnels exigeants, celui du soin par exemple. D’autres ont peu de pratique d’écriture et souhaitent trouver leur propre style pour mieux arriver à s’exprimer par écrit.

 Ateliers d’écriture d’un journal spirituel

Sophie Parlatano Erbrich est formée à l’accompagnement spirituel (AASPIR) et à l’écoute active, joyeuse de vivre sa spiritualité et de la partager à travers l’écriture, le chant et la danse.

Plus d’informations concernant les ateliers d’écriture du Service de la spiritualité de l’Eglise catholique romaine à Genève auprès de sa responsable, Federica Cogo, à spiritualite@cath-ge.ch ou au 077 441 17 80.

Sorciers ou prophètes? (Deutéronome 18, 9-22)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : flickr

Tout est question de discernement : s’agissait-il vraiment à l’époque d’enchanteurs, devins ou sorcier(ère)s qui interrogeaient les fantômes, invoquaient les morts, usaient de charmes pour se concilier les puissances occultes, exercer une volonté de puissance, jeter des sorts et provoquer le malheur de personnes autour d’eux ? Ou de femmes, d’hommes et d’enfants en réalité inoffensifs qui, à cause d’un trait particulier ou d’une manière d’être inhabituelle, se voyaient injustement attacher cette étiquette à leur front ? 

Certes, le passage de Deutéronome 18, 9-22, que reprend à son compte le Catéchisme de l’Eglise catholique dans son paragraphe sur « Divination et magie » (n. 2115-2117) et qui  dénonce les abominations commises par les voyants, les médiums et les mages de nations en opposition à l’action des prophètes choisis par le Seigneur et dépositaires des paroles divines pour le bien de son peuple, a pu servir de base au long des siècles pour légitimer certaines condamnations hâtives et indues. « Si un prophète [ou quelqu’un se présentant comme tel] a l’audace de dire en mon nom une parole que je n’ai pas ordonné de dire et s’il parle au nom d’autres dieux, ce prophète mourra », va même jusqu’à affirmer le livre de la Loi de Moïse (Deutéronome 18, 20).

Le seul véritable enjeu est l’adoration de l’unique Seigneur, soit le respect du premier des dix commandements de l’Ancien Testament (Exode 20, 2-17 et
Deutéronome 5, 6-21). Si de nos jours encore, l’idolâtrie et l’irreligion demeurent sujettes à caution, c’est qu’elles battent en brèche la relation exclusive entre l’être humain et son Créateur et Rédempteur, sur laquelle s’édifie l’ensemble de ses attitudes de justice et de vérité. Le recours à Satan ou à d’autres démons, l’évocation des défunts, les pratiques supposées à tort révéler l’avenir ; l’astrologie, la divination, les phénomènes de voyance, de médiumnité, le recours à la magie et au spiritisme afin de soi-disant domestiquer les puissances occultes, de les utiliser à son propre profit et d’exercer un pouvoir surnaturel sur le prochain, voire de lui causer du tort en exploitant souvent la crédulité d’autrui, tous ces procédés continuent d’être dangereux, de nuire aux relations interpersonnelles et d’éloigner de la vénération du seul vrai Dieu.

Ni chasse contemporaine aux sorcières ni banalisation des innombrables pratiques occultes et sataniques : telle est la ligne de crête que l’Ecriture et la foi ecclésiale nous invitent à emprunter pour que le don de prophétie ne s’éteigne pas et ne soit pas noyé sous de multiples contrefaçons dommageables.

«Méchante sorcière!»

A la Renaissance, qui n’était pas avec le Pape (ici Grégoire XII), était forcément contre lui.

Par Thierry Schelling | Photo : DR

Vous connaissez Clelia Luro de Podesta ? Surnommée la « sorcière du pape François ». Pourquoi ? Parce qu’elle avait prédit qu’il serait Pape alors qu’elle côtoyait le jésuite argentin à Buenos Aires. Qui plus est, cette veuve avait épousé… un évêque argentin, Mgr Podesta qui, évidemment, avait quitté mitre et crosse pour la vie conjugale. Ils ont été à l’origine de l’Association des prêtres mariés latino-américains…

Et parce qu’à son retour après le conclave qui élit Benoît XVI, elle lui avait promis que lorsqu’il y retournerait (à Rome), ce serait son tour : « Méchante sorcière ! », lui assena Bergoglio ! Elle décédera fin 2013 non sans avoir vu l’effet de sa prédiction : un Pape argentin à la loggia de Saint-Pierre !

« Tués bien qu’innocents »

Dans sa méditation à Sainte-Marthe, le 11 avril 2016, en référence au martyre de saint Etienne (le premier dans l’histoire chrétienne), papa Francesco regrette que « l’histoire de l’Eglise soit tissée de tant et tant de gens qui ont été tués bien qu’innocents, avec la Parole de Dieu contre l’esprit de cette même Parole ». Sainte Jeanne d’Arc ou encore les victimes de l’Inquisition ont été condamnées parce qu’elles ne s’ajustaient pas à la Parole de Dieu… selon les juges d’alors ! »

« Sus aux sorcières qui copulent avec les bêtes ! »

Les Papes, dès la Renaissance, ont lutté d’une part contre l’hérésie et la sorcellerie, du moins ce qu’on en comprenait alors : nouvelles « sectes » chrétiennes (Vaudois, Cathares…) ou juives, et, d’autre part, contre les schismatiques : qui n’était pas avec le Pape était forcément contre, même quand trois d’entre eux régnaient simultanément (Alexandre V, Benoît XIII et Grégoire XII) ! A y perdre son latin, effectivement, voire la tête…

Nos Chorales se rapprochent

La chorale de Monthey et l’Echo du Coteau de Choëx ont choisi une collaboration pour cette nouvelle année. Unir leurs forces et leurs voix pour former une chorale dirigée par Guillaume Délèze. Elles espèrent offrir aux paroissiens de belles messes chantées par une grande chorale tant à l’église de Choëx qu’à celle de Monthey.

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Avez-vous peur de la mort?

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. L’abbé Paul Martone, porte-parole de l’Evêque de Sion pour la partie germanophone du diocèse, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par l’abbé Paul Martone | Photos : DR, pixabay

En novembre, nous pensons à nos défunts. Pour beaucoup, le souvenir de parents et d’amis décédés est encore vivant et douloureux. Il faut du temps pour que la douleur du départ cède la place à un souvenir affectueux qui, de temps à autre, parvient à faire naître un sourire sur nos lèvres. La réponse chrétienne à la mort est empreinte d’amour et d’espoir, car la mort peut nous séparer de la personne qui nous appartenait, mais elle ne peut pas nous enlever ce qui nous lie à elle.

Ce mois-ci, nous nous souvenons que nous aussi, nous devrons mourir un jour. Cette pensée est souvent désagréable et effrayante, si bien qu’elle est souvent refoulée et niée. On vit comme si on ne devait jamais mourir. Seuls les autres doivent mourir. Nous oublions alors que notre chemin vers la mort a commencé dès notre naissance. Si un jour, lointain ou proche, la mort frappe effectivement à notre porte, nous n’aurons pas d’autre choix que de franchir cette porte sombre qui s’appelle « mourir ».

Je peux comprendre que même les personnes croyantes en aient peur, car nous ne savons pas vraiment ce qui nous attend après la mort. Mais, doit-on vraiment le savoir ? Je préfère me laisser surprendre ! Si nous croyons que Jésus nous a précédés pour nous préparer une demeure éternelle et que nous sommes convaincus qu’il nous veut du bien et qu’il est notre ami, pourquoi devrions-nous avoir peur ? Nous pouvons croire que Jésus-Christ nous attend au-delà de cette porte obscure et qu’il nous prend tendrement dans ses bras, comme quelqu’un dont le fils ou la fille revient après un long voyage.

J’aime beaucoup une citation du poète allemand Novalis, mort de la tuberculose en 1801 à l’âge de 29 ans à peine. Il a répondu à la question « Où allons-nous donc ? » : « Toujours à la maison ! »

Pour moi, mourir signifie : rentrer à la maison. Et y être attendu par quelqu’un qui a toujours eu de bonnes intentions à mon égard. C’est cela, l’espérance chrétienne !

Jeux, jeunes et humour – novembre 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi au moment de rompre l’hostie, le prêtre en met un bout dans la coupe ?*
Après le geste de paix et avant le chant de l’Agneau de Dieu, le prêtre rompt le pain et laisse tomber un fragment de l’hostie dans le calice. On appelle ce geste l’immixtion, du latin mélanger. A l’époque, cela pouvait servir à ramollir les pains consacrés. Symboliquement, ce geste marque l’unité avec l’évêque qui envoyait aux prêtres dans les villages une parcelle de l’hostie qu’il avait consacrée. Sur l’autel, le Corps et le Sang du Christ, alors séparés, se trouvent à nouveau réunis.

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Un paysan roule avec son tracteur quand surgit une Ferrrari qui le klaxonne. Le conducteur l’apostrophe : « Allez ! Pousse-toi avec ta carriole, moi j’ai 300 chevaux sous le capot pépé ! » Le fermier se range sur la droite et laisse dépasser la Ferrari. Quelques kilomètres plus loin, au détour d’un virage, le paysan aperçoit la grosse voiture (et donc ses 300 chevaux) dans la rivière, le conducteur trempé et bien sûr furieux. Alors le pépé sur son tracteur le klaxonne à son tour et lui dit : « Alors, on donne à boire à ses bêtes ! »

Par Calixte Dubosson

Une église pleine et fervente pour la confirmation!

Nous étions nombreux le 29 septembre dans cette église de Monthey pour accompagner les trente-quatre enfants et neuf adolescents. La veille, ils ont vécu un temps de retraite avec leur parrain et marraine. Ce dernier week-end était riche et intense tant pour les jeunes que leur parrain et marraine, comme en témoigne Mélinda, catéchiste et marraine.

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Calvin sous un jour nouveau

John Glass, un Américain qui propose des tours guidés à Genève !

Rien de mieux qu’une passion partagée avec d’autres. Lorsque celle-ci porte sur Calvin, cela donne Calvin Tours. Rencontre avec John Glass, qui a fait du Réformateur son « métier ».

Par Myriam Bettens
Photo : Jean-Claude Gadmer

Comment vous est venue cette passion pour Calvin ?
L’intérêt est venu de ma passion pour le Seigneur, de la Bible, mais aussi des autres. J’ai grandi à Genève, mais il aura fallu un voyage à New Delhi pour entendre parler de l’Evangile ! C’est après mes études théologiques en Californie, alors de retour à Genève en tant que pasteur, que mes amis américains m’ont appelé pour me demander des « tours de la Réforme ». J’ai étudié le sujet à droite et à gauche, car je ne connaissais absolument rien sur Calvin, puis j’en ai fait mon mémoire de doctorat.

Pouvez-vous m’expliquer en quelques mots ce qu’est Calvin Tour ?
Nous proposons deux tours de la Réforme. Le premier dure deux heures et le second trois. Je commence toujours par expliquer, images à l’appui, ce qu’est la Réforme. Après avoir eu l’histoire sous forme visuelle, nous partons dans les rues de la Vieille-Ville, puis au Musée de la Réforme (MIR) pour les tours de trois heures. Beaucoup de gens ont une très mauvaise opinion de Calvin. Il est considéré comme un tue-joie. Je souhaite montrer la manière dont il a changé le monde, car il l’a réellement bouleversé et nous bénéficions encore aujourd’hui de son apport. 

Genève sans Calvin serait-elle devenue ce qu’elle est aujourd’hui ?
Absolument pas ! L’éthique protestante du travail et la démocratie viennent en grande partie de lui et des Réformateurs de l’époque. La Suisse, la Genève d’aujourd’hui, ainsi que les pays ayant reçu la Réforme et les Huguenots ont été transformés, déjà économiquement parlant, par le protestantisme et ses valeurs découlant directement de la Bible. Le problème aujourd’hui, c’est que l’on a gardé l’éthique protestante du travail, l’argent, mais on a abandonné Dieu. Alors que pour Calvin, travail allait toujours de pair avec générosité… 

A qui vos tours guidés s’adressent-ils ?
Nonante-cinq pour cent de mes tours sont plébiscités par les évangéliques américains. Ils raffolent de tout ce qui a trait à Calvin et la Réforme ! Pour eux, il y a trois lieux à visiter : Israël pour Jésus, Wittemberg pour Luther et Genève pour Calvin. Nous avons neuf guides parlant sept langues différentes, mais la majorité des tours sont donnés en anglais ou en français. A l’heure actuelle, nous n’offrons que des tours privés, mais souhaiterions proposer des tours ouverts auxquels toute personne intéressée pourrait se joindre. De manière générale, les gens ne connaissent vraiment pas leur histoire. A chaque fois que je fais des tours guidés pour des locaux, la même question revient : pourquoi est-ce un Américain qui propose des tours sur la Réforme à Genève ?

Vous avez aussi officié du côté de la patinoire des Vernets comme « guide », pour ainsi dire, mais pas touristique…
En effet, c’est une drôle d’histoire. (rires) Un jour, j’ai reçu un coup de téléphone d’un homme me demandant de devenir l’aumônier du Genève Servette Hockey Club (GSHC). J’étais pasteur, mais le hockey n’était pas mon truc et je n’y connaissais rien non plus… Finalement, je suis resté l’aumônier du club durant 16 ans. (sourires) Mais la seule raison pour laquelle l’équipe m’a accepté si longtemps… c’est les brownies de ma femme !

La Réforme, en avant les histoires…

« J’en ai aussi un, mais j’attends Calvin », lance John Glass à propos du Playmobil à l’effigie de Luther. Produit en 2015 pour célébrer les 500 ans de la réforme protestante, la figurine s’est écoulée à plus de 1,17 million d’exemplaires faisant du réformateur allemand le Playmobil le plus vendu au monde.

Bio express

Né à Paris en 1956 de parents américains, John Glass arrive à Genève en 1957. Il y passe les 15 premières années de sa vie. A l’âge de 19 ans, lors d’un voyage de 6 mois en solitaire, il découvre l’Evangile en Inde. Il termine des études universitaires aux Etats-Unis et devient steward à la Pan Am, puis obtient une maitrise en théologie en 1985 au Talbot Theological Seminary (USA). En 2009, il achève un doctorat en théologie du Master’s Seminary (USA) dont la thèse est le livre intitulé La Genève de Jean Calvin : Sur les pas du grand Réformateur. Aujourd’hui pasteur à plein temps à la Geneva Bible Church, les tours guidés sont pour lui une manière de partager sa passion pour la Bible et le Réformateur.

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