Un prisonnier devient parrain de baptême

L’abbé Adrien baptise le détenu Roland qui a choisi Munyaka Ndjale comme parrain. 

Les prisons congolaises sont malfamées : mouroir, violations des droits de l’homme, malnutrition, tortures… Mais parfois, la vie chrétienne découverte à la Prison centrale de Bukavu redonne espoir et sourire à certains détenus. Alfred Munkegere, catéchiste et membre de l’aumônerie avec l’abbé Adrien Cishugi, témoigne de sa rencontre avec le détenu Munyaka Ndjale.

Par Alfred Mukengere, catéchiste de l’aumônerie à la prison centrale de Bukavu | Photos : José Mittaz

Un samedi de mars à 13h30. La cour centrale de la prison de Bukavu est moins remplie que d’habitude. Beaucoup de détenus sont dans leurs cellules à la sieste. Lorsque nous demandons à voir Ndjale, les agents de l’ordre – des détenus ayant reçu cette fonction – partent à sa recherche, mais en vain : il n’est ni dans sa cellule, ni dans la cour. C’est finalement vers les douches que les agents le trouveront. La cinquantaine, teint noir, avec une calvitie et une dent arrachée, l’ancien chef rebelle des groupes armés Maï-Maï arrive mouillé, en singlet, culotte et babouches : « J’étais au boulot et je n’ai pas eu le temps de me changer », s’excuse-t-il en arrivant. Depuis deux ans, Munyaka Ndjale a fait le choix de soigner et laver les détenus atteints par une maladie cutanée qui crée des démangeaisons et des plaies sur tout le corps : le Kiguci, plus connue sous le nom de la variole du singe (Mpox).

« La vie carcérale est difficile. Mais cela dépend comment tu la vis. Après mon baptême en 2020 ici à la prison, je ne suis pas devenu lecteur, garde paix ou choriste, mais j’ai opté pour le ministère de la Caritas. C’est là que j’ai trouvé ma vocation. Je me charge de soigner et de laver tous les détenus qui souffrent du Kiguci. Moi je suis kada (commandant), et le premier kada (commandement), c’est l’offrande. Je préfère partager ma vie pour une cause commune, que de la vivre pour un bonheur personnel. »

Avant son baptême, Ndjale était un opposant farouche à la vie chrétienne. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) était son premier ennemi. Pour lui, tous les chrétiens étaient des personnes dénuées de patriotisme. Et c’est finalement en prison, après six ans d’incarcération, qu’il découvre ce que signifie être chrétien. 

« Moi-même, je te le dis, je n’avais jamais eu envie de devenir chrétien. Chaque fois que j’entendais parler des chrétiens, je les pourchassais ; certains mouraient, d’autres se cassaient les pieds dans la fuite. Ceux qui étaient pris captifs, je les tabassais comme si l’Etat n’existait pas. Ici en prison, durant les six premières années, j’étais un opposant farouche à l’abbé Adrien. Je dois avouer que Satan m’enchaînait. Je ne savais plus où j’en étais. Mais Dieu m’a envoyé son travailleur : l’abbé Adrien. Il a commencé par m’apprendre des choses, puis je suis allé à la catéchèse chez Alfred et finalement j’ai cru. Je crois que c’est Dieu lui-même qui est venu dans ma vie. »

Inimaginable ! Un an après son baptême, Ndjale a été sollicité par des détenus catéchumènes pour devenir leur parrain. Cet ancien recruteur et chef rebelle Maï-Maï devient parrain pour les catéchumènes. Mais comment est-ce possible ? 

« Je suis fier d’être devenu parrain de baptême, alors que j’avais commis tant de crimes dans ma vie : j’ai beaucoup versé le sang, j’ai volé les choses d’autrui, j’ai violé des femmes. Mais curieusement, Dieu lui-même a envoyé des détenus catéchumènes vers moi et ils m’ont choisi comme parrain. Je considère que c’est un message de Dieu pour moi : il veut que je sois celui qui porte la bonne nouvelle aux autres, un signe pour les autres. »

Le baptême a changé la vie de Ndjale : il a choisi d’apprendre à être libre, même en prison. 

« Depuis que je suis chrétien, je me sens libre. Même si je meurs maintenant, je dois aller au Ciel. Avant je n’étais pas libre, tout le temps préoccupé par le fait de ne pas enfreindre les conditions pour survivre. Mais aujourd’hui, je vis sous la protection du Seigneur, Sauveur de ma vie. Ici en prison, deux choses me font souffrir : je mange mal et je dors mal. Mais intérieurement, je me sens libre, fier et heureux.

Outre la liberté, la vie chrétienne m’a fait deux grâces : la sagesse et la valeur de l’homme. Avant, je ne pouvais pas accepter que quelqu’un me touche dans l’œil sans que je ne morde son doigt. Mais aujourd’hui, quand on le fait, je me tais. Incroyable ! Souvent j’en ris et je me demande si c’est moi ou si c’est une autre personne ! Mais j’en suis fier. La vie chrétienne m’a aussi appris la valeur de la personne humaine, quels que soient son origine, son ethnie, sa race, sa forme. » 

A la fin de son incarcération, Ndjale souhaite continuer à vivre de l’Evangile et à le partager, par-delà les frontières ethniques et les lignes qu’il considérait comme ennemies.

« Si Dieu peut écouter ma demande, je le supplie de faire de moi la personne qui ira évangéliser mes frères Babembe et Rwandais qui sont à la maison, afin qu’ils sachent qui est Dieu. Parce que verser le sang n’a aucun intérêt. En reconnaissant qui est Dieu, nous aurons la paix. Une fois j’ai lu sur un calendrier ici à la chapelle : « Baptisés et envoyés ». Depuis ce jour, j’ai compris que je deviendrai missionnaire. »

La catéchèse pour les adultes est une des activités de l’Aumônerie catholique de la prison centrale de Bukavu. Elle est organisée chaque mercredi pour les catéchumènes qui se préparent à recevoir les sacrements ainsi que chaque samedi pour toute la communauté chrétienne de la Prison. 

A l’heure où vous recevez ce témoignage, Munyaka Ndjale vient d’être libéré de prison. Pour lui, une nouvelle vie commence.

Le catéchiste Alfred remet la Bible et un chapelet à chaque nouveau baptisé.
Les baptêmes ont été célébrés lors de la veillée pascale dans la cour centrale de la prison, sous une pluie diluvienne.

Invitation

A l’occasion du Mois de la Mission Universelle qui est centré cette année sur la solidarité avec les chrétiens de la République Démocratique du Congo, la paroisse de Martigny vous invite à une soirée missionnaire proposée en collaboration avec l’association Amis de Bukavu dont le site vous propose des manières concrètes de soutenir des projets au service de la vie (www.amisdebukavu.com) : 

vendredi 11 octobre à 19h30 à Notre-Dame-des-Champs.

Cette soirée sera animée par l’abbé Adrien Cishugi, aumônier de la prison centrale de Bukavu, et le chanoine José Mittaz. Soyez les bienvenus à cette soirée de témoignage et de partage avec la présentation d’un nouveau film sur la vie chrétienne à l’intérieur de la prison de Bukavu.

La proposition de Dieu

Par Pierre Chatelanat 
Photo : Romeo Beatrice

Au fond, ce que nous transmet le Christ au travers de son message n’est-il pas essentiellement une proposition de son Père et notre Père, d’aimer et de se laisser aimer ?

Ce message a été considérablement alourdi et compliqué par ceux qui ont rapporté les faits et les paroles de Jésus en tentant de les articuler avec le judaïsme et son prophétisme. Ainsi a-t-on attribué au Dieu dont Il nous parle des comportements et des exigences envers nous qui ont masqué le sens profond de ce qu’Il nous propose.

Ce Dieu immense, créateur d’un Univers qu’Il habite et anime avec une générosité sans limites, est la source de l’Amour et de tout ce qu’il génère de beau, de bon, d’harmonieux. Après avoir été durant des millénaires interprété en termes humains, lorsque « les temps furent accomplis » et que l’évolution humaine permettait enfin de le comprendre en Esprit et en Vérité, Il s’est incarné dans Celui en qui « Il a mis tout son Amour », Jésus le Christ, afin que cet Amour nous soit annoncé, expliqué et puisse pénétrer nos vies.

Cet Amour, qui éclaire, colore et fait vraiment vivre toute chose, ne s’impose jamais ! Il est une proposition (« je me tiens à la porte et je frappe et SI quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte j’entrerai chez lui »). On ne peut forcer qui que ce soit à aimer, seule la Grâce peut inspirer ce sentiment, que l’on soit croyant ou non…

Nous avons été élevés avec tout un catalogue de conduites à tenir si nous voulons être « sauvés », avec en prime la contribution du sacrifice du Christ pour racheter notre péché existentiel ou les péchés de nos vies. 

Or le seul péché qui ne peut être remis, nous dit le Christ, est celui contre l’Esprit, soit le fait de refuser l’Amour ; ce faisant nous nous mettons hors-jeu de cette histoire d’Amour qu’est la vie en Dieu et nous nous punissons nous-mêmes ! En fait, Dieu n’y est pour rien : nous ne faisons que refuser sa proposition !

Dans la mesure où nous l’acceptons, la vie prend une autre tournure : l’Amour transforme notre visage, nos pensées et nos actions comme ceux de l’autre et tout prend une coloration différente.

Le discernement qui s’en inspire n’est-il pas de voir et de comprendre, au travers du prisme de l’Amour, les faits de la vie quotidienne et les comportements d’autrui comme de nous-mêmes et de tenter de penser et d’agir dans cette perspective ?

Alors accueillons cette proposition de Vie telle que le Christ nous l’a enseignée en tentant de la comprendre et de la vivre dans son sens originel, avec l’aide de Son Esprit !

Architecture sacrée

L’église Sant’Eusebio et la chapelle de Ronchamp de Le Corbusier mélangent les formes arrondies et angulaires en partant de l’intérieur : les rondeurs se veulent dans les deux cas une évocation de l’harmonie de la nature tandis que les formes angulaires répondent à une vision classique d’un bâtiment.

Par Pierre Guillemin | Photos : DR

L’architecture sacrée c’est la conception et la construction de bâtiments destinés au culte religieux ou aux pratiques spirituelles. Elle englobe une grande diversité de styles, de formes et de symboles, influencée par la culture, la religion, l’époque et la géographie. 

Dans le cas de l’architecture chrétienne, les bâtiments du Haut Moyen-Age, (chapelles, églises, cathédrales, basiliques) ont été le plus souvent construits sur les ruines de temples antiques reconnaissant le lieu sacré de la construction à travers les âges. La cathédrale de Lausanne en est un parfait exemple. 

Le bâtiment exprime une théologie. Les chrétiens signifient leur foi et leur espérance par la manière dont ils organisent l’espace de leur maison commune, l’espace du bâtiment où ils se rassemblent pour célébrer le culte divin.

Le symbolisme de l’architecture chrétienne est très codé comme la croix, les dômes (qui représentent le ciel), les vitraux, les sculptures qui racontent la Bible et les Evangiles et sont toujours présents. Nous pouvons les admirer aussi bien dans l’église Sant’Eusebio du VIIe siècle à Pavie que dans la chapelle de Ronchamp du XXe siècle du très célèbre architecte suisse Le Corbusier.

Pèlerins d’espérance

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photos : DR

Chère Lectrice, cher Lecteur,

La mission de l’Eglise se vit en continu, fidèle à l’envoi que le Christ nous adresse (Mt 28, 19-20) ! Pourtant, l’Eglise rythme le temps en années liturgiques, avec des moments particuliers. 

Avec nos collègues prêtres et laïques, nous ancrons notre mission dans une année dite pastorale démarrée par une rentrée qui a eu lieu, en 2024, à fin août, dans la lignée de la rentrée scolaire. Le fil rouge proposé pour cheminer pour ces prochains mois est celui de l’espérance, en lien avec le jubilé 2025 dont le thème choisi par le Pape est « Pèlerins d’espérance ». 

Notre monde a tant besoin d’espérance ! Cultiver et témoigner d’une saine, voire osons, d’une sainte espérance est un trésor que l’on est invité à offrir à nos réalités chahutées, pour ne pas dire constamment bouleversées. 

Mais qu’est-ce que l’espérance ? L’Eglise nous la présente comme une vertu théologale, soit ayant Dieu pour objet, alors que les vertus, terme qui tend à devenir désuet sous nos latitudes, sont des dispositions fermes au bien, au beau et au bon. Vous le savez, la foi et la charité viennent compléter le trio des vertus théologales.

Il est bon de revenir sans cesse à l’espérance et j’aurais l’occasion d’évoquer ce thème prochainement encore.

Comment témoigner de l’espérance ? Pour l’heure, je vous laisse avec l’une des citations inspirantes travaillées lors de la rentrée pastorale dans l’atelier préparé par nos collègues de la formation (Pastorale des Chemins) et extraite de la bulle d’indiction du Jubilé ordinaire de l’année 2025 publiée par le pape François, le 9 mai 2024 et dont le titre en français est « l’Espérance ne déçoit pas » : « C’est en effet l’Esprit Saint qui, par sa présence permanente sur le chemin de l’Eglise, irradie la lumière de l’espérance sur les croyants : Il la maintient allumée comme une torche qui ne s’éteint jamais pour donner soutien et vigueur à notre vie. » (Spes non confundit n° 3).

Ainsi soit-il.

L’architecture chrétienne au cours des âges

Vue de l’ancienne basilique Saint-Pierre et du Palais apostolique à Rome, par Martin Van Heemskekr. Ce dessin permet de comprendre la genèse de la construction du Vatican.

Si l’on demande à un enfant de dessiner une église, il y a de fortes chances qu’il dessine un bâtiment un peu allongé avec une toiture inclinée et un clocher. Pourtant, l’architecture des églises n’a cessé d’évoluer au cours de l’histoire. De la domus ecclesiae à la diversité des constructions contemporaines, est-ce toujours la même motivation qui guide les choix ?

Par Amandine Beffa | Photos : Jean-Claude Gadmer, Flickr

Jusqu’à une période relativement récente dans l’histoire, nous manquons de traces écrites permettant de comprendre avec assurance comment les édifices étaient construits et parfois même ce à quoi ils ressemblaient. Ainsi que l’explique Gérald Deuber : « Les témoins matériels sont en revanche nombreux, illustrant à travers les transformations et les aménagements divers des monuments une évolution des modèles, des techniques et des goûts […] »1  Plus que les livres, ce sont donc les pierres qui nous racontent l’histoire des églises.

Après l’Ascension, les disciples de Jésus continuent à fréquenter le Temple de Jérusalem ou les synagogues locales. Ils se rassemblent, en plus, dans la demeure d’un riche fidèle pour la fraction du pain.

La destruction du Temple en 70, impose aux chrétiens de développer des lieux dédiés uniquement au culte. Les vestiges les plus anciens de maison-église (~250) se trouvent en Syrie, à Doura Europos. Une pièce comprend un banc de pierre et une petite estrade. Il n’y a toutefois pas trace d’autel.

Lorsque le christianisme devient religion de l’Empire en 380, les églises de maisons disparaissent au profit des basiliques, des édifices inspirés de l’architecture civile. Le chœur est situé à l’ouest. Le prêtre célèbre face au peuple, il regarde en direction de l’est. La basilique Sainte-Marie-Majeure, à Rome, est une excellente illustration de ce style.

En soi, l’architecture chrétienne aurait pu en rester là, le bâtiment répondant aux besoins. Cependant, « avec le temps […], les transformations sociales et politiques et les évolutions artistiques, le lieu de culte ne s’en [tient] pas à ces formes originelles […] au contraire, l’union du christianisme et de l’architecture se [renouvelle] à chaque époque pour des résultats différents ».2 

Les vestiges des églises du VIe au VIIIe siècle sont assez rares. Genève fait exception (voir encadré en page 3).

Aux alentours du XIe siècle, les conditions sont réunies en Europe pour l’émergence d’un nouveau style. Jean-Michel Leniaud explique que « l’époque se caractérise notamment par la grande qualité des matériaux employés : on ouvre des carrières, on fabrique des outils pour la taille de la pierre, on appareille avec un tel soin que l’épaisseur des joints est très mince »3.

Le goût et la nécessité

Les églises sont reconstruites par goût et non par nécessité. On passe des charpentes en bois à des voûtes en pierre, ce qui ne va pas sans difficulté : « Il faut donc utiliser des matériaux et inventer des procédés techniques qui permettent de concilier l’objectif visé avec les limites imposées par la matière. »4 

L’architecture romane ne va pas sans quelques difficultés. Elle fait reposer les poussées sur le mur de l’édifice qui est impérativement très épais. Le résultat est un manque de luminosité et des constructions qui demandent énormément de matériaux.

L’art gothique apporte la solution à ces problèmes en déplaçant les poussées sur les piliers. Jean-Michel Leniaud précise : « On a constaté aussi que les constructeurs du Moyen Age utilisaient largement le fer pour stabiliser leurs constructions […]. On en est donc récemment venu à penser que la stabilité des édifices gothiques découlait moins du principe de contrebutement de la croisée d’ogives par l’arc-boutant que de l’utilisation d’armatures métalliques. »5 

L’imprimerie s’en mêle

A partir de cette époque, il n’y a plus de réelles évolutions dans l’architecture pendant plusieurs siècles.

Fin XVe à mi XVIe, le développement de l’imprimerie (1450) permet de rédiger des traités d’architecture et de les partager. Désormais, on connaît presque toujours le nom de l’architecte qui gagne en notoriété. 

Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, saint Charles Borromée écrit un traité sur la construction des églises, les Instruciones fabricae. Il y indique par exemple : « […] il importe de séparer clairement ce qui est appelé le « Saint Temple » des constructions mitoyennes […] elles risquent d’engendrer de graves abus […]susceptibles de porter atteinte au caractère sacré du culte. »6 

Au XIXe siècle, l’apport des matériaux industriels permet de nombreuses innovations. Certains éléments sont désormais préfabriqués dans les usines, ce qui change radicalement la façon de penser un chantier d’église. Les charpentes métalliques remplacent le bois qui nécessitait un travail titanesque, comme en témoigne la restauration de la charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Pour l’église Saint-Jean-Baptiste de Mogno au Tessin, Mario Botta a travaillé sur la relation entre l’édifice et la nature.

La nef et le chœur

Le XXe siècle connaît une explosion de styles. Les églises ne sont plus nécessairement rectangulaires. C’est par exemple le cas de l’église Saint-Jean-Baptiste de Mogno, au Tessin. Mario Botta travaille sur la relation entre l’édifice et la nature. Au contraire de Charles Borromée qui souhaitait nettement distinguer l’église de son environnement, il joue avec la lumière et le lien avec le paysage.

Laissons à Jean-Michel Leniaud les mots de conclusion : « Contrairement à ce qu’on pourrait penser et même à ce qu’on a dit à certaines époques […], il n’existe pas de plan type pour les églises […]. Une seule donnée s’impose : une église est faite d’une nef et d’un chœur. »7 L’église du Sacré-Cœur, à Genève, le contredit toutefois puisqu’il n’y a pas à proprement parler de nef. Le chœur est situé au milieu de l’assemblée et il n’y a plus de différence de niveau.

1 DEUBER Gérard, La cathédrale Saint-Pierre de Genève, Guides de monuments suisses, SHAS, Berne 2002, p. 15.
2 Ibid, p. 33.
3 Ibid, p. 165.
4 Ibid, p. 119.
5 LENIAUD Jean-Michel, Vingt siècles d’architecture religieuse en France, SCEREN-CNDP, Paris 2007, p. 124.
6 Cité par LENIAUD Jean-Michel, Vingt siècles d’architecture religieuse en France, p. 62.
7 Ibid, p. 118.

Genève, un condensé d’évolution

Les fouilles archéologiques de la cathédrale Saint-Pierre de Genève sont d’une rare richesse. Elles illustrent des siècles d’évolutions architecturales. 

Une première cathédrale est construite vers 350-375.

Un deuxième édifice est ensuite ajouté à la fin du IVe siècle. La fonction précise des cathédrales doubles ne fait pas consensus. Certains avancent que la cathédrale nord pouvait servir aux célébrations alors que l’autre aurait plutôt servi à l’enseignement de ceux qui demandent le baptême. 

Une troisième cathédrale est construite vers le VIe siècle et les deux premières ne sont plus utilisées. 

Au tournant du IXe et du Xe siècle, la façade de la cathédrale principale est déplacée à l’ouest et le chœur est déplacé à l’est. C’est à cette période que les prêtres commencent à célébrer dos au peuple (ils continuent ainsi à célébrer face à l’est).

A la période romane, la multiplicité de bâtiments fait place à une unique cathédrale.

Fin XIIe, début XIIIe, Genève connaît une période de prospérité. Une cathédrale gothique est construite à partir des fondations antérieures. Fait rare, le chantier ne commence pas avec le chœur à l’est, mais avec la façade, à l’ouest.

La cathédrale devient protestante en 1536. Elle cesse alors d’être modifiée au gré des évolutions liturgiques et artistiques catholiques.

Les fouilles de la cathédrale de Genève.

Bibliographie

BONNET Charles, Genève aux premiers temps chrétiens, Fondation des Clés de Saint-Pierre, Genève 1986.

BUTTICAZ Simon, Comment l’Eglise est-elle née ? Labor et fides, Genève 2021.

DEUBER Gérard, La cathédrale Saint-Pierre de Genève, Guides de monuments suisses, SHAS, Berne 2002.

LENIAUD Jean-Michel, Vingt siècles d’architecture religieuse en France, SCEREN-CNDP, Paris 2007.

Gagner ou perdre ensemble

Le jeu de société Koinobia, imaginé, développé et illustré par des frères de la Communauté de Taizé, vient de sortir. Stratégique, simple, voire même déroutant, ce jeu de plateau vous plongera dans la vie des communautés monastiques fondées au IVe siècle, en Egypte.

Par Myriam Bettens 
Photos : Communauté de Taizé

Suivant les intuitions du jeune Pacôme, quelques hommes et femmes décident d’habiter ensemble au bord du Nil. La petite communauté s’installe dans un village abandonné, qui, peu à peu, reprend vie. D’autres se mettent alors à faire la même chose. Nous sommes au IVe siècle, en Egypte. Les premières koinobia se forment : des communautés dans lesquelles les personnes ont tout quitté pour vivre l’Evangile ensemble. 

Joyeuse aventure ou désastre assuré ? C’est la question à laquelle se propose de répondre le jeu de société imaginé par des frères de Taizé en plongeant dans la vie des communautés monastiques fondées par Abba Pacôme, en Egypte. Le jeu s’inspire de la vie de ces communautés monastiques et contient de nombreux détails historiques connus sur les Koinobia – terme signifiant « lieux de vie commune » en grec ancien – ainsi que des éléments spécifiques à ce genre de vie : ce qu’est un Abba ou une Amma, la place de ses décisions, quelques règles communes, le conseil de communauté, etc. 

Koinobia est un jeu coopératif au cours duquel les joueurs gagnent ou perdent ensemble. Doté d’une mécanique assez simple, il n’en demeure pas moins stratégique, car plusieurs niveaux de difficulté sont possibles. Cela permet donc d’intégrer de jeunes joueurs, comme de plus expérimentés. De plus, le descriptif du jeu propose une règle de base, mais celle-ci peut être déclinée en dix autres variantes supplémentaires. Chacune d’elles correspondant à un des villages fondés du vivant de Pacôme. Ces règles alternatives sont autant de petits scénarios qui donnent une nouvelle dynamique au jeu. Plusieurs d’entre elles sont relatives à des questionnements qui ont occupé les communautés monastiques au cours du temps : la collégialité, l’alternance de mandat, l’invariabilité des structures, la consultation de tous les membres, etc.

Aucun prérequis n’est nécessaire pour entrer dans l’imaginaire du jeu. Chacun peut s’y essayer, même s’il n’a pas la moindre idée de ce qu’est la vie monastique, car l’observateur avisé décèlera dans ce jeu toutes les tensions propres à n’importe quelle vie communautaire. Entre le collectif et l’individu ; le souci de soi ou celui des autres ; la recherche du bien commun ; le partage des ressources ; la position de celui qui a des responsabilités : Koinobia sera donc particulièrement bien indiqué pour les personnes qui ont l’habitude de coopérer. Groupe d’amis ou de jeunes, collègues de travail, membre d’une même famille, colocataires… A vous de jouer !

Un jeu à emporter partout

Conçu pour être peu encombrant (15,7 x 12,5 x 7 cm), il se glisse facilement dans un sac. Les règles du jeu sont disponibles en neuf langues (français, anglais, allemand, espagnol, portugais, néerlandais, italien, polonais, catalan). Recommandé pour 3 à 6 joueurs, à partir de 8 ans. Les parties durent entre 20 et 40 minutes. Disponible sur le Taizé shop à l’adresse : https://shop.taize.fr/fr/ sous la rubrique « Autres », au prix de 28,50 €.

Intergénérationnel, vraiment ?

Par Thierry Schelling
Photo : FLICKR

« Vous comprenez, mon Père, mes enfants n’y voient que des vieux, à la messe. On préfère venir chez vous ! » Aveu assumé de parents lorsque je leur demande innocemment d’où ils viennent… 

Ça me donne à réfléchir. Et donne d’autant plus de sens à prendre soin des « célébrations pour familles » afin que les petits, moyens, jeunes ados, puissent communier… à leurs contemporains. Sans compter que bruits, tétées inopinées et balades intempestives à deux ou quatre pattes dérangent les aînés… qui se plaignent de ne plus en voir, des bambins, à la messe ! On nage en plein paradoxe.

Alors, nos paroisses, des « Eglises pour les vieux » ? C’est comme ça. Mais c’est aussi prendre soin des aînés que de maintenir des messes le dimanche matin, même si le regroupement de communautés les invite à se déplacer de quelques kilomètres… non sans maugréer. Esprit de communauté ou confort perso avant tout ?

Cependant, catéchumènes et jeunes avec ou sans parents fréquentent nos « messes en familles » même la semaine (eh oui, il fallait oser !) : un franc succès en pleine expansion… dans certaines régions. Y sont invités les aînés, pratiquants habitués qui – sans surprise – boudent l’affaire… « Trop brouhaha » (parole d’un octogénaire). L’intergénérationnel « sauvera le monde », vraiment ?

Vers une Eglise de retraités?

L’allongement de l’espérance de vie a changé le visage de la population.

Souvent, nos assemblées dominicales ou de semaines sont suivies en majorité par des personnes vieillissantes. Ce phénomène se voit aussi au niveau de l’organisation des paroisses. Allons-nous vers une Eglise de retraités?

Par Calixte Dubosson | Photos : Flickr, Pxhere, DR

Le XXe siècle a été le théâtre de plusieurs révolutions démographiques. Le premier constat est celui de la baisse de la mortalité à la naissance ainsi qu’une baisse générale de la fertilité. Mais le fait le plus marquant est celui de l’allongement de l’espérance de vie, qui a totalement changé le visage de la population en Suisse. Ceux qui bénéficient de la retraite sont de plus en plus nombreux et il est de plus en plus courant que certains ou certaines atteignent l’âge plus que respectable de 100 ans. Avant de parler des conséquences de cette évolution, parlons d’abord du sens et de la valeur de la vieillesse.

Les bienfaits de la retraite

Ceux qui touchent leur retraite sont souvent libérés des soucis de la rémunération, des contraintes liées à la pression des échéances et de la hiérarchie, de la compétition et de l’exigence de performance. Ils sont incités à se réengager dans la société, selon leurs convictions, leurs charismes et les appels de leur foi. Ils perçoivent mieux leur authentique aspiration à « être » plutôt qu’à « faire ». Bref, ils peuvent faire des choix, libres et ouverts, sur l’utilisation et la gestion de leur temps. Ainsi, leur existence s’ouvre sur une période plus apaisée et sur la possibilité de comportements plus naturellement bienveillants, modestes, gratuits et notamment à l’écoute attentive de ceux que la vie place sur leur chemin. Evoquons aussi d’autres valeurs que les Ecritures soulignent.

Les aînés dans la Bible

Ouvrons donc la Bible pour mieux comprendre le sens et la valeur de la vieillesse. Le livre du Lévitique s’exprime ainsi : « Tu te lèveras devant ceux qui ont des cheveux blancs, tu honoreras la personne du vieillard, c’est ainsi que tu révéreras ton Dieu. Je suis l’Eternel. » (Lv 19.32) Plusieurs aînés entourent la naissance de Jésus : Zacharie et Elisabeth avancés en âge donnèrent naissance à Jean-Baptiste, le précurseur. Siméon « vivait dans l’attente du salut d’Israël ». Anne, la prophétesse âgée de 84 ans, « ne quittait jamais le Temple où elle servait Dieu nuit et jour par le jeûne et la prière » (Lc 1.37). Voilà qui démontre clairement que les personnes âgées ne sont ni au chômage, ni exclues du ministère ! Il n’y a pas d’âge limite pour le service du Seigneur.

Les personnes âgées représentent une part essentielle du « public » chrétien actuel.

Les aînés dans l’Eglise

Et en Eglise, qu’en est-il ? D’une manière positive, la sagesse des aînés, leur spiritualité propre, leur témoignage montrant avec simplicité le plus souvent qu’il est possible de tenir dans la foi une vie entière, d’aborder sa propre fin de vie dans un état d’esprit apaisé et confiant, voilà autant de traits qui sont authentiquement et spécifiquement associés à l’édification du corps ecclésial et à son rayonnement au sein du monde actuel. A ces considérations d’allure spirituelle, il est normal d’adjoindre des constatations de bon sens. Les personnes âgées représentent une part essentielle du « public » chrétien actuel. Que deviendraient nos célébrations dominicales si, par hypothèse absurde, on en retirait impérativement tous les fidèles de plus de 60 ans ? Qui resterait-il dans nos grandes nefs ? Le même raisonnement par l’absurde pourrait être aussi appliqué à nos services ecclésiaux, au plus local, mais aussi sur le plan régional voire diocésain. Que deviendrait l’Eglise sans tous ces bénévoles qui la font voir, qui la font vivre ? Et parmi ces généreuses âmes, quelle est la proportion des personnes retraitées et généreuses de leur temps libre ? 

Témoignages

Il est temps de donner la parole à ces aînés engagés dans la pastorale. Sara, dans la septantaine, s’occupe de la décoration florale de son église. Elle témoigne : « Dans ce service d’Eglise qu’est la « décoration florale », ce qui rend cette activité valorisante c’est qu’elle permet à la fleuriste de mettre en valeur les textes de la liturgie tout en aidant la communauté paroissiale à prier. Cette tâche est variée et laisse de la place à l’imagination grâce à la richesse des temps liturgiques : comment exprimer la joie, la douleur, l’espérance ? Le choix des fleurs et de leur couleur, les végétaux et les accessoires qui les mettent en valeur donnent à la composition florale une place de choix dans la liturgie qui contribue à la beauté de la célébration. Nous devons avant tout rechercher la simplicité pour donner au bouquet le vrai sens de la louange, c’est ce qui nous différencie des fleuristes professionnelles. » 

Viviane, préretraitée, participe à la vie de sa paroisse comme chanteuse dans sa chorale, lectrice et présidente du conseil de communauté. Elle nous explique le pourquoi de son investissement : « Ma soif de connaître Dieu m’a conduite sur le chemin des notes de musique et des accords de dièses et de bémols liturgiques. Ma foi a fait de grands pas en m’engageant à la lecture de la parole jusqu’à porter ma paroisse avec fierté en acceptant d’en devenir présidente du conseil de communauté. Une source d’enrichissement, de prières, de partages et de rencontres. »

Où sont les jeunes ?

Les retraités sont conscients qu’ils ne sont pas éternels. J’avais, en son temps, surpris un septuagénaire qui faisait partie du comité d’organisation de la patronale de son village interpeller un adulte dans la quarantaine. Il lui faisait remarquer que la moyenne d’âge de ce comité frisait la soixantaine. Il devenait donc urgent
de penser à la relève. Et c’est là le problème fondamental. Il ne touche pas seulement les paroisses, mais aussi l’ensemble de la société. Pour preuve, la difficulté de trouver des candidats pour les élections communales en Valais. Un parti a même mis une annonce dans un journal en promettant aux intéressés un temps de travail rémunéré de 15 % ! D’autre part, les municipalités valaisannes, inquiètes quant au renouvellement de leurs autorités communales,
ont lancé dans tout le canton, une campagne de recrutement intitulée « Prends ta place ! ». 

La civilisation des loisirs

Comment en est-on arrivé là ? La réponse ne serait-elle pas dans l’avènement d’une société dite de consommation ? La dernière voiture, le dernier smartphone, le dernier parfum d’une grande marque, la dernière veste de telle boutique à la mode, la société de consommation envahit nos chaumières depuis des décennies. Notre société moderne semble s’accomplir dans cette soif effrénée de produire et de consommer et ce, pour le soi-disant grand bonheur de tous !

Il faut ajouter aussi l’émergence d’une autre société, celle du divertissement. Il est bien difficile de faire le tour de toutes les possibilités de loisirs qui sont offertes chaque semaine, en vue du week-end, par les offices du tourisme, de la culture et du sport. On croule sous la panoplie des manifestations de tout genre qui invitent à promouvoir le bien-être et le plaisir de chacun. « Prenez soin de vous », cette expression moderne servie à foison lors des fins d’émission ou de reportage TV montre bien que l’on s’éloigne de l’idéal chrétien qui est de donner sa vie pour que l’autre vive ! 

Enfin, en ce qui concerne notre Eglise qui est en passe de devenir une Eglise de retraités, il est important de souligner que si le monde change, l’Eglise aussi. Les jeunes chrétiens préfèrent un engagement à l’image du flash photographique. Ils sont d’accord de se réunir par millions lors des JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse) mais ils ne vont pas pour autant s’engager dans un conseil de paroisse qui exige un suivi sur le long terme.

L’avenir appartient à Dieu et il se pourrait bien que ceux et celles qui sont étouffés par cette civilisation des loisirs découvrent qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ; que la générosité et le don de soi sont des valeurs qui épanouissent, rendent heureux, les autres et soi-même.

Les jeunes chrétiens sont d’accord de se réunir par millions lors des JMJ mais ne s’engageront pas pour autant dans un conseil de paroisse.

Vie montante

Le Mouvement chrétien des retraités (MCR) est un mouvement d’action catholique créé à l’initiative de laïcs retraités et au service des retraités. 

La retraite est une période d’une trentaine d’années environ. 

La mission du MCR est d’aider les retraités à bien vivre cette étape. La retraite peut être un temps d’enrichissement, d’approfondissement personnels et d’engagement au service des paroisses. Il en existe dans tous les cantons romands. 

Pour plus d’informations consultez le site : www.mcr-viemontante.ch

A la rencontre d’un couple jubilaire

Fêter les jubilaires de mariage est une tradition dans nos paroisses. Une fois par année, les couples qui ont un jubilé de mariage sont bénis pendant la messe paroissiale. Après six années à l’organisation, André et Anne-Marie Premand passent la main à Marianna et Domenico Micale. Eux-mêmes mariés, et jubilaires cette année, ils ont accepté de répondre à nos questions.

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Des assemblées intergénérationnelles (Joël 2,16; 3,1)

Comme toutes les générations, les personnes atteintes dans leur santé reçoivent l’Esprit par le sacrement des malades.

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

« Réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! » (Joël 2, 16) Lorsque Joël, l’un des « douze petits prophètes », appelle le peuple à la pénitence, il s’adresse à la totalité des générations sans exception, non seulement aux personnes âgées et adultes, mais également aux tout-petits !

C’est l’invitation qui retentit au début de chaque Carême, au mercredi des Cendres : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. » (Joël 2, 12-13)

Pour une telle conversion, il est indispensable que la totalité des membres de la communauté se serrent les coudes et procèdent aux démarches de réconciliation nécessaires. Sinon, les conflits et les incompréhensions demeureront. 

Pour ce faire, au terme du temps pascal, à la fête de la Pentecôte, retentit un autre oracle dans le même livre prophétique, avec la promesse du don de Dieu en plénitude : « Je répandrai mon esprit sur tout être de chair, vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens seront instruits par des songes, et vos jeunes gens par des visions. Même sur les serviteurs et sur les servantes je répandrai mon esprit en ces jours-là. Je ferai des prodiges au ciel et sur la terre. » (Joël 3, 1-3a) 

Or les temps sont accomplis, l’heure de grâce est advenue par la mort et la résurrection de Jésus-Christ. L’Esprit Saint est donné avec largesse aux bébés lors des baptêmes, aux enfants dans le pardon et l’eucharistie, aux adolescents et jeunes à la confirmation, aux conjoints à l’occasion des épousailles, aux diacres, prêtres et évêques par le signe de l’ordination. Et également aux vieillards et aux personnes atteintes dans leur intégrité physique et psychique, grâce au sacrement de l’onction des malades.

Impossible donc de faire des compartiments au sein de l’Eglise. Les retraités ont besoin du dynamisme juvénile, les petits portent leurs parents et grands-parents. C’est le même Esprit qui unit absolument tous les membres du corps, quel que soit leur âge (cf. 1 Corinthiens 12, 4-11).

La paroisse de Martigny à l’écoute des jeunes

Etre à l’écoute des jeunes, un souhait souvent entendu dans notre Eglise ! Mais le constat est souvent le même : les forces manquent et les jeunes aussi… A la paroisse de Martigny, une pastorale à leur intention se révèle fort dynamique ! Immersion dans une soirée organisée à leur intention, comme celles qui ont lieu chaque dernier samedi du mois. Mais avant, un petit peu d’histoire s’impose…

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«Ne m’abandonne pas»

Par Thierry Schelling
Photo : vatican.media

Depuis 2021, le pape François a instauré la fête des aïeux, en plein mois de juillet (à la fête de Joachim et Anne, les prétendus 1 grands-parents de Jésus), afin de rappeler l’importance cruciale pour la famille et l’Eglise de prendre soin des aînés, dont il développe, au cours de son « Message », les joies et les affres.

Après Amoris Laetitia

Cette exhortation du Pape sur la vie matrimoniale et familiale a été à l’origine de l’instauration d’un dimanche « pour les aînés » : avec ceux « de la Parole » (3e de janvier), « des Enfants » (4e de mai), et « des Jeunes » (initialement, aux Rameaux, devenu les JMJ) ou des liens avec le judaïsme (Dies judaicus, le 3e de Carême), Rome souhaite inclure tout le monde dans la ronde des dimanches… Dans ses messages, après « Porter du fruit dans la vieillesse » (2e journée, en 2022), « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge » (3e journée), le Pape a opté pour la 4e édition pour : « Ne m’abandonne pas dans ma vieillesse », autrement dit, la solitude de la personne âgée…

« Réseau et sagesse »

Le Pape relève ces deux forces de la personne aînée à faire fructifier pour tous, société comme familles, paroisses comme communautés religieuses. En effet, un.e retraité.e a « un réseau de connaissances, tant personnelles qu’intellectuelles », qui ne peut qu’être bénéfique pour tous – encore faut-il prendre le temps de s’en imprégner. Quant à la sacrosainte sagesse due à l’âge, le Pape n’insiste pas tant sur un moralisme bon enfant qu’enseigneraient nos grands-parents, mais bien sur le fait qu’ils sont une « source de conseils et de propositions » née de leur capacité d’écoute, dont toutes les générations devraient profiter.

Mais on ne peut également s’empêcher de voir, dans cette démarche pastorale vis-à-vis des aînés, comme un vadémécum de l’octogénaire pontife à son Eglise…

1 Seule une source apocryphe les cite comme tels.

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