En été, les prêtres ont la joie de travailler davantage que durant l’année, avec d’autres agents pastoraux, ils ont la joie de descendre près du lac ou monter sur les hauteurs pour célébrer dans les plus belles des cathédrales : les jumelles, le col du vent (1850 m.), Recon, Miex, Taney, avec ou sans baptême, Chalavornaire, la Jorette, ou la Barge près du canal.
Etienne Klein
Par Pierre Guillemin | Photo : DR
Dans son émission radiophonique sur France Culture intitulée « La Conversation scientifique » (précédemment « Sciences en question »), Etienne Klein, ingénieur, physicien, docteur en philosophie des sciences, directeur du laboratoire de recherche sur les sciences de la matière du Commissariat à l’Energie Atomique, nous fait part de ses questions sur la physique et de ses relations avec nos vies matérielles et spirituelles. Ses chroniques radiophoniques récentes : « L’autre temps des femmes », « Ne pensons-nous qu’avec nos têtes ? », « Naissance, vie et mort des glaciers », « Quels sont les ressorts de nos croyances ? » sont très révélatrices de sa pensée et de ses questionnements.
Interrogé à propos du célèbre livre « Dieu, la science, les preuves » de M.-Y. Bolloré et O. Bannassies publié en 2021, il répond : « Prétendre prouver scientifiquement l’existence de Dieu, c’est faire preuve d’une certaine naïveté. D’abord à l’égard de l’idée de Dieu, car si celui-ci devenait l’aboutissement d’une démarche scientifique, c’est-à-dire s’il était le résultat positif d’une enquête rationnelle menée par la communauté des chercheurs, son prestige se verrait sérieusement rabougri : il n’aurait plus que le statut d’une connaissance. »
Ne pas confondre les registres
Ces propos sont éclairés par Alain Viret (théologien formateur du Centre Catholique Romand de Formation en Eglise, aujourd’hui à la retraite) qui nous rappelle : « Les découvertes de l’existence du Big Bang initial restent des modèles se heurtant de toute façon à une limite qui est actuellement celle du mur de Planck (nous en parlerons dans une prochaine chronique) empêchant de remonter jusqu’à l’instant initial. Confondre les deux registres de pensée de la science et de la foi est aussi absurde que de les opposer. Dieu ne peut se réduire à une équation ou à une cause première. Le respecter est un premier pas vers une connaissance juste et vraie de l’Etre. »
Rappelons-nous de ce qu’écrivait Galilée : « L’intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on va au ciel et non comment va le ciel. »
La Bible au quotidien: changeons nos pensées!
En cette saison de rentrée scolaire, période souvent associée au renouveau, à l’espoir, mais aussi au stress et à la culpabilité de ne jamais faire ou n’être pas assez bien, j’ai à coeur de partager avec vous quelques versets de Philippiens 4.
C’est quoi, mon Eglise?

Par Laurent Ciesielski
Photo : Astrid Belperroud
Le dernier week-end de juin : deux messes, la première, célébrée pour notre unité pastorale, où sur la photo dominent les têtes blanches. La deuxième, à Saint-Paul, au cours de laquelle l’évêque administre le sacrement de confirmation, sur la photo une église bondée et de nombreux visages jeunes, de jeunes gens qui déclarent leur : me voici.
Deux situations différentes, la même Eglise, la même Cène du Seigneur. Le même moment où se réalise notre salut. Au cours du repas, Jésus prit le pain et le donna à ses disciples. N’oublions pas que le moment le plus important pour un chrétien se passe lors d’un repas, dans un acte ordinaire comme manger. Nous rajeunirons l’Eglise si nous écoutons Jésus et à sa demande nous passons sur l’autre rive, si nous sommes prêts aux changements, à la nouveauté, à l’inconnu, avec une pleine confiance en Jésus, qui nous demande de changer d’orientation, de direction. Plus de paroisse, ma préférée, petite, avec mon curé, mais une unité pastorale plus grande, ouverte. Il faut monter dans le bateau et partir, découvrir du nouveau, en ayant confiance, à la demande de Jésus.
Parfois, à la messe, nous sommes une petite poignée de fidèles. Mais juste à côté, près de la grotte de Notre-Dame, quelqu’un veille en permanence, quelqu’un passe et s’arrête pour prier. Et ils sont de tout âge, vieux et jeunes, enfants avec leurs parents. Peut-être que l’Eglise n’est pas uniquement présente dans la sacristie mais aussi dans d’autres endroits, qu’il faudrait reconnaître comme de nouveaux lieux de rencontre : sur un bateau amarré aux Eaux-Vives, lors d’une expédition en montagne, en jouant à des jeux lors des soirées d’automne, en écoutant vraiment les jeunes qui posent des questions, même si je n’ai pas toutes les réponses.
Il ne faut pas s’inquiéter à l’avance, Jésus est avec nous sur le bateau, qui semble couler à cause de la tempête, mais c’est Lui qui peut ordonner au vent et à la mer : « Silence, tais-toi ! Pourquoi avez-vous peur, n’avez-vous pas de foi ? » Il est difficile de rajeunir l’Eglise sans foi.
Et encore une chose : nous sommes tous baptisés, donc chacune et chacun de nous est appelé à la mission sacerdotale, prophétique et royale. Peut-être vaut-il la peine de se demander si je réalise bien cette mission, en m’engageant dans la vie sociale, sans attendre et se plaindre qu’il n’y a pas de prêtre, et que dans l’église il n’y a que des têtes blanches…
La médaille de saint Christophe
L’Essentiel décrypte ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Cap ce mois-ci sur la médaille de saint Christophe. Patron des voyageurs, son nom signifie le « porte Christ ». Sa médaille nous invite à porter notre croix avec humilité et courage.
Par Pascal Ortelli | Photos: DR, Musée byzantin et chrétien d’Athènes

Semi-retraite pour la doyenne de l’équipe pastorale
C’est ce que l’on peut appeler fort justement un événement dans la vie d’une paroisse : Mireille Duc dit « au revoir » à l’équipe pastorale après… quasiment un demi-siècle d’un engagement ininterrompu. Une page se tourne pour le secteur Est, tant elle était un pilier de la vie pastorale pour toute cette partie de la paroisse.
Notre jeunesse au service!
Par Thierry Schelling
Photos : Astrid Belperroud
Nos jeunes qui cheminent vers la confirmation sont au service de nos communautés paroissiales, des EMS, de leurs contemporains, de leur âme et corps (retraite au Simplon pour nos confirmands prévue les 5-7 septembre sous la houlette d’Astrid, de Laurent et du Père Karol). La diaconie est LA forme de catéchèse qui leur correspond bien, tout en ayant un apport sur le Credo et sur saint Paul. Et l’Evangile dans la poche à tout bout d’échanges !
Leur confirmation est prévue en deux temps, le samedi 9 no-vembre (18h) et le dimanche 10 novembre (10h30) avec les abbés Pascal Desthieux et… moi-même, comme délégués par notre évêque.


En librairie – septembre 2024
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres

La grâce de la vieillesse
Pape François
Dans ce livre, qui rassemble l’intégrale de ses catéchèses sur la vieillesse, le pape François propose à tous, et particulièrement aux « anciens », une méditation originale et remplie d’espérance sur le grand âge de la vie, la grâce du temps qui passe, l’importance de la transmission et du lien entre les générations. Un magnifique enseignement sur le sens et la valeur de la vieillesse, qui montre combien nos aînés comptent aux yeux de Dieu et jouent un rôle irremplaçable dans notre société, particulièrement auprès des plus jeunes.
Editions Mame

Les grands-parents, trésors irremplaçables
Guy Gilbert
Prêtre-éducateur depuis plus de cinquante ans, celui qui proclame que « la rue est son Eglise » aide des jeunes en perdition. Dans ce livre, il met en lumière la joie et l’utilité qu’il y a à être grands-parents dans la société actuelle. Il explique que ces personnes sont en pleine forme, pouvant ainsi mettre leur énergie au service de leurs petits-enfants et qu’elles ont tout le loisir de raconter l’histoire des familles ou des villages tout en prêtant une oreille attentive à leurs petits-enfants.
Editions Philippe Rey

Dietrich Bonhœffer
Molly Frye Wilmington – Marcin Piwowarski
L’histoire d’un héros ne comprend pas toujours une guerre mondiale, un ennemi cruel, des missions secrètes audacieuses et un code caché que vous devez découvrir. C’est pourtant le cas de l’histoire de Dietrich Bonhœffer. Dans ce livre unique, Bobby le petit chien de berger raconte l’histoire puissante d’un homme qui a courageusement suivi Jésus pendant une période sombre de l’histoire du monde. L’histoire de Dietrich Bonhœffer aide les enfants à comprendre la foi, la persévérance et la souffrance. Les lecteurs seront encouragés, comme lui, à profiter de la vie dans les bons moments et « tenir ferme » dans les moments les plus difficiles.
Editions Bibli’o

La retraite, un temps à savourer
Mouvement chrétien des retraités
Un guide pratique avec des réflexions de fond pour donner du sens à sa retraite et en déployer les richesses. Un livre écrit par le Mouvement chrétien des retraités, à lire juste avant ou après le départ à la retraite pour réfléchir aux enjeux humains, relationnels et spirituels de cette étape de vie, y trouver de nouvelles formes de fécondité. Anticiper sa retraite, réfléchir à son projet. Savoir faire le deuil d’une période professionnelle qui se termine. Apprécier d’une nouvelle manière ce qui continue (vie conjugale, familiale, amicale, sociale).
Editions Mame
Pour commander
- A la librairie de Saint-Maurice:
librairievs@staugustin.ch ou +41 24 486 05 51 - A la librairie de Fribourg:
librairiefr@staugustin.ch ou +41 26 322 36 82 - Sur notre shop en ligne:
librairie.saint-augustin.ch
Bonne retraite Jean-Pierre!
Venu prêter main-forte à notre équipe pastorale ces deux dernières années, le diacre Jean-Pierre Cantin s’en va à la retraite !
Une proposition…
… pour prendre soin de la création et de sa spiritualité
Journée éco-spiritualité 2024
Avec William Clapier, auteur, conférencier et théologien.
Né à la foi chrétienne au contact des spiritualités orientales, notamment de la pratique de la méditation zen, il a approfondi dans une vie religieuse l’oraison carmélitaine ou prière silencieuse. Suite à un accident et à un long séjour en milieu médical (2016-2019), il communique le fruit de son expérience spirituelle dans « Quelle spiritualité pour le XXIe siècle ? Au fil d’une vie » (2018).
Son essai « Effondrements ou révolution ? Un appel au sursaut spirituel » (2020), aborde la crise écologique planétaire à partir de ses racines éthiques et spirituelles. A l’écoute de notre monde en mutation (voir son dernier essai « L’Esprit, ce grand oublié » (2021)), son engagement est à la croisée de la foi chrétienne, de la quête de sens et des défis sociétaux actuels.
Le samedi 14 septembre de 10h à 12h, conférence de William Clapier, suivie d’un repas pris en commun (Fr. 10.– / personne. Chacun apporte assiette, couverts et verre). Dès 13h15, des temps d’ateliers seront proposés (s’engager à partir de son bilan carbone ; le soin pour la Création en paroisse ; fabrication de savons ; et encore d’autres en préparation). La journée se clôturera vers 16h.
Informations et inscriptions sur https://epg.ch/pages/journee-eco-spiritualite-2024/

… pour des communautés chrétiennes qui s’engagent en faveur de la création
Votre communauté désire-t-elle prendre soin de la création ? Ou changer ses pratiques pour être plus respectueuse de l’environnement ? Ou réduire son empreinte carbone ? Ou encore s’inquiète-t-elle de la solidarité internationale et de la justice environnementale ? Mais… vous ne savez pas par quoi commencer et comment répondre à ces problématiques ?
EcoEglise vous propose de nombreuses idées et vous aide à cheminer dans votre désir de prendre soin de la création dans les divers domaines autour de la vie d’église. En remplissant un éco-diagnostic en ligne, vous allez choisir parmi une grande diversité de mesures, celles que votre communauté a envie de mettre en place. Toutes les actions que vous allez entreprendre vous permettront d’avancer et d’évoluer dans les niveaux de progression.
Démarche du Réseau œcuménique suisse romand pour le soin de la création sur ecoeglise.ch
Un temps de jubilés pour un renouveau
Les occasions de jubilés se succèdent dans notre région : le centenaire de saint Bernard, patron des habitants des Alpes, se clôturera le 15 septembre par une messe solennelle à Martigny-Ville, les 75 ans du martyre du bienheureux Maurice Tornay seront célébrés le 20 octobre à Orsières.
L’abbé André rentre au Togo avec un beau projet pastoral
Fin septembre, notre « vicaire dominical », l’abbé André, master de théologie en poche, prendra congé de notre paroisse et s’en retournera dans son pays, le Togo. Pour y exercer son ministère de prêtre, mais aussi pour y conduire un impressionnant projet agro-pastoral.
Des femmes au cœur de mère

Une trentaine de groupes de Prière des Mères existent à Genève. Ce temps de prière et de partage commun, importé du Royaume-Unis, permet « d’abandonner » ses enfants entre les mains de Dieu. L’Abandon n’étant de loin pas instinctif pour une mère, ces groupes permettent d’apprendre comment le pratiquer.

Par Myriam Bettens
Photos : Pastorale des famillles de Genève, Prière des Mères
Chaque mardi midi, à la Chapelle de la cure de Notre-Dame, la pastorale des familles de Genève organise un temps de prière « pour nos enfants et tous les enfants du monde ». Cette rencontre s’inscrit dans le mouvement de La Prière des Mères, présent à ce jour dans plus de cent-vingt pays et fait partie de l’un des trente groupes se réunissant sur le canton.
La Prière des Mères est née en Angleterre en 1995 sous l’impulsion de Veronica Williams. Ce mouvement n’a pas d’étiquette confessionnelle et se veut œcuménique. Il a d’ailleurs reçu la bénédiction des Eglises. Sa fondatrice, touchée par les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes et par l’angoisse des parents face à de telles situations, s’est sentie appelée à prier de façon particulière pour les enfants. La spiritualité de La Prière des Mères repose sur la certitude que « Dieu nous aime, la totale confiance en Lui et en son action dans nos vies ». Mais cette confiance demande aussi un abandon complet. Or, cette posture n’étant pas naturelle pour une mère, ces groupes permettent d’apprendre comment le pratiquer en étant portées par la prière des autres femmes. Les réunions sont généralement hebdomadaires et la confidentialité demeure la règle de base, car durant la réunion une mère peut être amenée à parler de façon très personnelle, pour partager peines ou angoisses. Elle ne doit donc pas craindre que ses confidences soient répétées à l’extérieur.
Cette prière se déroule toujours selon un canevas bien établi et détaillé dans un livret d’une trentaine de pages. La rencontre débute par l’invocation de l’Esprit Saint, puis la demande de pardon, de protection, la prière de louange, de remerciement, d’unité, la lecture d’un passage de la Bible et enfin, la prière d’Abandon. Ce moment constitue le point d’orgue de la rencontre où chaque mère vient déposer au pied de la Croix ses enfants
préalablement inscrits sur un rond de papier. Ce geste, accompli en prière silencieuse, « place chaque enfant, en toute confiance, dans les bras de Jésus » et résume à lui seul l’essence de ce mouvement conçu pour toutes les femmes ayant un cœur de mère.
Du côté genevois, le premier groupe a démarré en 2000 à l’initiative d’Irène de Escoriaza et Christine Delalande, aujourd’hui coordinatrice de la Prière des Mères pour la Suisse. Par la suite, les deux femmes ont organisé la venue de Veronica Williams à Genève pour une conférence publique à la paroisse Saint-Paul. Depuis lors, le mouvement a aussi pris pied dans le canton. Outre les rencontres hebdomadaires, qui réunissent entre deux et huit femmes, le mouvement propose régulièrement des messes à l’intention de la fondatrice et des rassemblements de prières pour remettre à Dieu tous les enfants du monde.
Envie de consacrer un temps hebdomadaire de prière à vos enfants ?
Un groupe se réunit chaque mardi de 12h15 à 13h (hors vacances scolaires), à la chapelle de la cure de Notre-Dame, 3 rue Argand, 1201 Genève, à 2 min de la gare Cornavin. Renseignements auprès de Marie Montavont – marie.montavont@cath-ge.ch ou Christine Delalande, coordinatrice des groupes de Prière des Mères à Genève – mothersprayers.geneve@gmail.com
Vivre sans l’eucharistie?

Par l’abbé Paul Martone
Photo: flickr
« Nous ne pouvons pas vivre sans l’eucharistie. » C’est ce qu’ont répondu vers 304 les 50 chrétiens d’Abitina (en Tunisie) lorsqu’ils ont été arrêtés alors qu’ils célébraient l’eucharistie pendant la persécution des chrétiens africains.
Les temps ont changé ! Les chrétiens d’aujourd’hui vivent très bien sans l’eucharistie, alors que celle-ci est « la source et le sommet de toute la vie chrétienne ». C’est par sa célébration que l’Eglise devient Eglise. Nous sommes l’Eglise parce que nous recevons et devenons le corps du Christ. Un chrétien qui pense pouvoir vivre sans l’eucharistie est comme quelqu’un qui s’assied à côté d’une source et meurt de soif.
Je pense que toutes les tentatives de rendre la célébration des messes plus attrayante, avec de nouvelles musiques et de nouveaux textes, tombent à l’eau si nous oublions ce qu’est la messe : la rencontre personnelle avec Jésus ressuscité. « Nous ne pouvons pas vivre sans l’eucharistie », nous ne pouvons pas non plus vivre aujourd’hui sans la rencontre avec le Christ qui nous fortifie dans notre quotidien et nous aide à mettre concrètement en pratique notre amour pour nos prochains.
Jeune Bénévole : donne tes mains pour servir
Lors de la messe de la Pentecôte, Aline Jacquier du service diocésain de la jeunesse, est venue pour remettre le diplôme de Jeunes Bénévoles (niveau 1) à sept adolescents de nos paroisses. Durant l’année, ils ont mis les qualités que Dieu leur a données au service des enfants et de nos communautés.
Saint Théodule patron de l’église d’Aumont
Saint Théodule fut probablement un missionnaire venu d’Orient et le premier évêque du Valais à la fin du IVe siècle.
Quoi ma messe? Qu’est-ce qu’elle a ma messe?
« Sommet de la foi chrétienne » selon le Catéchisme de l’Eglise catholique, la messe, depuis le Concile Vatican II, doit permettre, en y participant plus activement, d’en vivre le fruit dans son quotidien – la « messe après la messe ». Et pourtant, au gré des réorganisations paroissiales dans plusieurs de nos diocèses helvétiques, la messe devient parfois cheval de bataille de résistants mécontents du chamboulement. Partage.
Par Thierry Schelling | Photos: flickr, pxhere, dr
« Non, je n’irai pas à l’église d’à côté, ce n’est pas mon église ! » Constat d’une fidèle désabusée qui écrit au curé qu’elle trouve « scandaleux » et « incompréhensible » que les prêtres ne veuillent plus célébrer l’indispensable eucharistie pour les gens ! Elle aurait dû rajouter « à côté de chez moi »…
On nage en plein paradoxe : les contingences liées à la messe (lieu, horaire) changent ; du coup des fidèles contrariés rouspètent contre ces « réductions de prestations » ; ces modifications entraînent effectivement une certaine désaffection alors que d’aucuns rejoignent d’autres églises quand même ! Mais pour certains, c’est niet. Ce comportement par trop « clientéliste » n’interroge-t-il pas sur les raisons qui poussent à aller à la messe ?
Moins pour mieux
A l’heure de la réorganisation des paroisses et après les quasi vingt ans d’expérience pastorale en Unités dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg, il est vrai, le nombre diminuant de prêtres entraîne la diminution des célébrations « localo-locales » en faveur de regroupements nécessitant parfois quelques déplacements ; à l’invitation explicite de Charles Morerod : « J’encourage vivement le discernement régional de possibles regroupements de paroisses et de célébrations », explique-t-il dans sa Lettre pastorale de 2024. Il
en appelle à la mobilité douce qui touche tous les habitants des villes et villages du fait de la régulière relocalisation des mille et un lieux de vie (magasins, cinémas, centres sportifs, etc.) : « Nous devons tenir compte de l’évolution à la fois de l’Eglise et de toute notre société […] pour que plus de monde ait l’occasion de participer à des célébrations joyeuses » et sous-entendu, plus touffues !
A l’heure de la réorganisation des paroisses, les regroupements remplacent les messes « localo-locales ». Mgr Morerod encourage les possibles regroupements de paroisses.
Lors d’une magnifique messe des familles dans une église à 250 places en banlieue genevoise semi-urbaine, un feedback d’un paroissien chevronné sonna haut et clair : « Il y avait presque trop de monde ce soir ! » On a regroupé familles et communauté locale – certes, petite et vieillissante mais très dévouée… à sa paroisse ! – et voilà le retour. De quoi déconcerter : était-ce parce qu’il voyait sa place prise par d’autres ?
La messe, « pousse-fesses » ?
En croisant deux paroissiennes dans le parking de la chapelle, après la messe de semaine (dix personnes), le prêtre entend ce rapide échange : « Oh, contente de te voir, ce matin ! » – « Oui, je suis venue, je n’avais rien d’autre à faire ! » La messe, occupation des aînés désœuvrés, isolés des leurs – affairés, scolarisés – et qui se motivent pour se lever le matin ? La messe, un « pousse-fesses » pour matinées grisâtres ou par ennui dû à la sénescence ?
Des religieuses qui venaient à une messe de semaine que le curé a annoncé vouloir supprimer – son horaire était très impropre à la vie pastorale (réunions, visites…) – se sont fendues d’un courrier pour lui dire combien elles regrettaient cette « injuste décision », tout en avouant qu’elles y venaient « exprès à l’horaire peu pratique pour nous, mais pour qu’il y ait quelqu’un » ! C’est le serpent qui se mord la queue…
Des confrères racontent que, célébrant un dimanche soir à 18h après un week-end chargé (messes, baptême, visites), ils n’ont même pas la consolation d’être salués poliment à la fin de la messe, car les fidèles courent vers leur véhicule pour rentrer au plus vite : « Il se fait tard… » Motivant pour un prêtre ? Non.
Donc, pas étonnant que les équipes pastorales s’interrogent : à quoi bon maintenir une « messounette » dans ces conditions, alors qu’en diminuant et en regroupant, certes, on célèbre moins, mais en plus grand nombre. Ce qui exprime mieux l’ekklesia, l’Eglise locale, plus qualitativement et plus visiblement ?

Habitude, quand tu nous tiens !
« Changer, c’est humain et changer souvent, c’est devenir parfait » (Cardinal Henry Newman) ! Les « bonnes vieilles habitudes » dans certains domaines de la vie quotidienne sont tenaces. Or, l’annonce du Message du Christ et le service d’autrui qui en découle, qui sont les deux fondements de l’Eglise 1, ont toujours subi des changements : messe du latin au vernaculaire ; ministères ouverts aux laïcs/laïques, jusqu’à la représentation de l’évêque par la nomination de femmes (pour Genève et les deux Fribourg !) ; messes « ciblant » familles, jeunes, EMS, etc. Sans parler, dans certaines parties en Europe, de la reconversion de temples et d’églises en d’autres lieux de rencontres humaines (cinémas, restaurants, théâtres…), quand on ne construit pas tout neuf comme à Gland (VD) 2 mais selon une architecture dévoilant la vision d’Eglise d’aujourd’hui !
Néanmoins, on peut comprendre que pour certains paroissiens coutumiers, ces changements soient synonymes de chambardement de leur vision du monde et de l’Eglise ; parfois même, la catégorie du « pratiquant non croyant » trahit son vide intérieur par sa propension à râler, semer la zizanie, entretenir la rumeur : loin d’être juste de la malveillance, ce sont aussi des signes d’un trépas d’une idée d’Eglise, évanescente, qui fait place à une Eglise autrement.
Communier ou consommer ?
Une communauté chrétienne – au contraire d’un agglomérat de consommateurs – ne devrait-elle pas se caractériser par la solidarité et le dialogue – quitte à être d’accord de ne pas être d’accord – portant ensemble le souci commun, y compris vis-à-vis du prêtre, au travers de l’inéluctable changement ?
Des comportements (exprimés ou reçus par courrier) qui expliquent que « parce que le prêtre est noir, je change d’église », ou « parce que l’horaire est modifié, je change d’église », révèlent que « trop de messes tuent la messe » ! L’esprit n’y est plus ; le consumérisme règne… Or, l’eucharistie, Parole et pain partagés, distille en nous la vie de Dieu, dont la souplesse et l’entraide ne sont-elles pas des fruits, des attitudes clefs, spécialement en ces temps-ci ? « Nous sommes à un changement d’époque, pas dans une époque de changement », rappelle le pape François.
A bon entendeur.
1 On parle de la Mission et de la Diaconie.
2 Et dans une architecture définitivement post-Vatican II !
Le prêtre, « machine à messe » !
Le Droit canon régule la vie ordinaire de l’Eglise catholique romaine. A propos de la messe, il est « recommandé » au prêtre de la célébrer chaque jour (can. 904) – mais donc pas obligé ; il est exigé du prêtre qu’il ne dise qu’une messe par jour (can. 905) sauf là où l’évêque aurait autorisé jusqu’à trois messes : « s’il y a pénurie de prêtres » – ce qui est le cas dans nos diocèses suisses – « pour une juste cause » – dimanches et grandes fêtes par exemple – ou « lorsque la nécessité pastorale l’exige », comme quand il y a foule aux confirmations.
Le canon 920, par contre, déclare que le fidèle qui a fait sa première des communions, « est tenu de recevoir la Sainte Communion […] au moins une fois par an [idéalement] au temps pascal ». Un article ignoré, me semble-t-il, de qui assène sa volonté de communier même le lundi, jour de congé habituel du clergé… Est-ce que le modèle monastique hérité du Concile de Trente – célibat obligatoire pour les prêtres séculiers, prière obligatoire du bréviaire pour les clercs, messe dominicale obligatoire pour tous – doit encore inspirer la vie paroissiale du XXIe siècle ? La pratique prouve que l’on s’en éloigne irrémédiablement…
Le diacre protestant Mario Giacomino prend sa retraite
Depuis 24 ans, Mario Giacomino est le diacre de la paroisse protestante. Initiateur de plusieurs projets communs aux paroisses catholiques et protestante de Monthey, il est bien connu dans nos paroisses. Avant son départ à la retraite, il répond à quelques-unes de nos questions.
Montet: l’au revoir aux Focolari
Le samedi 8 juin, une foule immense s’est retrouvée au Centre de formation des Focolari pour entourer de leur présence les permanents et les étudiants qui s’apprêtent à quitter Montet pour une mission au cœur du monde.
«En mémoire de moi» (Luc 22, 19-20)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR
Lorsque le Christ institue l’eucharistie, il est au seuil de sa Passion. Comme le repas pascal juif, commémorant la sortie d’Egypte unique du peuple d’Israël hors de la captivité, Jésus établit la cène pour faire mémoire de tout ce qu’il va traverser dans sa Pâque : son chemin de croix et sa mort sur la croix, récapitulant son existence à l’écoute du dessein du Père et en sacrifice d’amour pour l’humanité ; puis sa sortie du tombeau désormais vide dans la lumière de sa Résurrection. Cet événement accompli une fois pour toutes, il invite les apôtres à le réactualiser en « faisant mémoire » de lui. Mais il ne précise évidemment pas la fréquence des célébrations rituelles à venir.
Le mémorial du mystère pascal au jour du Seigneur, le lendemain du sabbat, le 8e jour ou premier de la semaine nouvelle, s’est imposé dès le début de l’histoire de l’Eglise, en prolongeant le rythme des sept jours de la création et de la libération juive que signifie le repos sabbatique. Et rapidement, l’eucharistie fut vécue chaque jour, selon la demande du Notre Père : « Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien. » Car le Maître de l’histoire veut se rendre réellement présent à nous, jour après jour.
Que faire dès lors au moment où le nombre de célébrants prêtres se montre insuffisant et que celui des fidèles décroît ? Mieux vaut indéniablement, dans la logique de notre foi, diminuer la quantité de liturgies pour n’en garder que quelques-unes, regroupées géographiquement et mieux fréquentées, plutôt que vouloir à tout prix dire une multitude infinie de messes éclatées, avec chaque fois une petite poignée de participants. Quitte à proposer d’autres types de rassemblements dominicaux, comme des célébrations de la Parole, avec ou sans distribution de la communion. Car l’essentiel demeure la qualité et la profondeur de la réalité du mystère de Pâques toujours offerte aux communautés et aux assemblées, afin qu’elles en vivent dans l’ordinaire du temps.