Jeux, jeunes et humour – février 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi, après la prière du « Je confesse à Dieu » et la formule d’absolution du prêtre, nous demandons encore au Seigneur de prendre pitié ? *
Tel est le sens du Kyrie eleison (en grec ancien) : « Seigneur, prends pitié. » Il nous permet d’élargir notre prière et de proclamer la miséricorde de Dieu pour nos frères et sœurs en humanité. Le Kyrie est donc une acclamation du Seigneur ressuscité, victorieux de la mort sous toutes ses formes, y compris le péché et qui vient nous relever.

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Un frère d’un monastère avait des problèmes psychiques. On lui confiait des petits travaux comme donner à manger aux poules. Un jour, il refusa d’aller dans le poulailler, car il s’était mis dans la tête qu’il était un grain de riz. Le supérieur l’hospitalisa et après trois semaines de soin, il retourna au couvent guéri de sa certitude d’être un grain de riz. Le supérieur lui confia à nouveau la tâche de donner à manger aux poules. Il y alla, mais au dernier moment, il renonça. Le Père-Abbé lui dit :
– Voyons, frère Antoine, vous n’êtes plus un grain de riz. Vous pouvez y aller sans peur !
– Moi je sais que je ne suis pas un grain de riz, mais les poules ne le savent pas !

Par Calixte Dubosson

En suaire et en os

La question de la représentation des images de Dieu est légitime et traverse toutes les traditions chrétiennes. Une multitude de visages ont été prêtés au Christ. Chaque artiste lui en a façonné un avec ce qu’il comprenait de Lui théologiquement. Entre le Christ historique et celui de nos mémoires rétiniennes, décryptage avec Daniel Marguerat.

Pour l’exégète, les auteurs du Nouveau Testament mettent en avant l’intelligence de la foi.

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

La quête du Jésus historique fait-elle peur dans la mesure où le résultat de ces recherches pourrait contredire le contenu de la foi ?
Lorsqu’elle ne coïncide pas avec l’image que l’on s’est faite de Jésus, autant empreinte de tradition doctrinale que d’imaginaire, elle peut faire peur. Cette image qui nous désoriente doit être vue comme une chance pour la foi, car elle nous rapproche des Ecritures. Notre compréhension de Jésus vient s’affiner, s’enrichir et s’approfondir. Tous les auteurs du Nouveau Testament mettent en avant ce que l’on appelle l’intelligence de la foi et celle-ci doit grandir, sans quoi, elle se sclérose.

Risquerait-elle de rendre Jésus trop humain ?
Il faut éviter de penser que Jésus serait en partie humain et en partie divin. Tout en lui est à la fois humain et « divin », dans le sens où il s’est fait médium de Dieu. Il est l’icône de Dieu comme nul humain ne l’a été. Mais il est vrai que dans la foi traditionnelle, un peu plus du côté catholique, la part « divine » a été majorée par rapport à la part humaine et c’est un déséquilibre qu’il faut éviter.

C’est justement sur l’humanité (ou l’incarnation) qu’est fondée la permission des représentations du Christ. Un peu paradoxal, non ?
La sacralisation du personnage a commencé extrêmement tôt dans la foi chrétienne, mais toute la recherche sur le Jésus de l’histoire est au service de notre foi en l’incarnation. Il faut avouer que l’ambivalence de la liturgie fausse notre compréhension du Christ, car elle nous fait adresser nos prières autant à Dieu qu’à Jésus. Pourtant, ce dernier n’a jamais été que celui qui nous oriente vers Dieu, il n’a jamais réclamé qu’on le prie. Ni celui de l’histoire, ni celui des Evangiles. Ce flou est théologiquement regrettable, car on en vient à majorer la part divine de Jésus de telle manière qu’il en perd son humanité.

On reproche à la recherche historico-critique d’être incapable de comprendre qui était vraiment Jésus…
La recherche historico-critique n’a qu’un objectif : celui de reconstruire la biographie de Jésus de Nazareth par les moyens de l’histoire. Elle va donc décrire l’humain Jésus et n’a absolument pas pour but de légitimer la foi en Jésus. Ce n’est pas son rôle. Par contre, elle a permis d’énormes avancées dans la compréhension de ce que fut le monde de Jésus et a évité ainsi d’énormes contresens.

Jésus a généré plusieurs lectures, les quatre Evangiles en sont la preuve, mais l’exégèse canonique gomme parfois toute cette diversité, à quelles fins ?
A la fin du IIe siècle, il y a eu une tentative de rédiger une « harmonie » des quatre Evangiles, mais l’Eglise a été bien inspirée de refuser. Cela nous montre que personne ne peut mettre la main sur le Christ en le définissant par une parole unique. Il nous faut absolument respecter cette diversité, car elle nous permet également d’accueillir la diversité chrétienne. Légitimer une seule approche croyante est une posture sectaire. Les événements que représentent la venue de Jésus, son action et ses paroles sont d’une telle richesse qu’aucun courant théologique ni aucune spiritualité ne peuvent les capter tout entier. Dieu, merci !

« Messianique » intelligence artificielle

La start-up AvatarLabs vient de développer un robot conversationnel à l’image du Christ. Cette intelligence artificielle (IA) capable de répondre à des questions théologiques et spirituelles laisse Daniel Marguerat quelque peu… dubitatif. « Ce Personal Jesus a été construit par des ingénieurs ayant leur propre image de Jésus. L’IA n’est que la vitrine de la spiritualité de ses concepteurs. Ce Jésus n’est donc ni neutre, ni scientifique, ni objectif. Une icône en fin de compte, qui ne sert qu’une seule spiritualité et une unique approche. »

Bio express

Daniel Marguerat a enseigné le Nouveau Testament à l’Université de Lausanne de 1984 à 2008. Il est notamment spécialiste de la question du Jésus de l’histoire et de la théologie paulinienne. Auparavant, pasteur dans l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV), il est désormais retraité et divise son temps entre la rédaction de nouveaux ouvrages, ses petits-enfants et… les vacances.

Entrons en Carême

Texte et photo par Marion Perraudin

Entrons en Carême et ouvrons sa porte,
Pour prendre le temps de nous laisser conduire au désert,
Celui de nos doutes et de nos tentations.
Entrons en Carême et ouvrons sa porte,
Suivons les pas du Christ Sauveur,
Afin de suivre un chemin de conversion et de prière.

Entrons en Carême et changeons de cap,
Pour prendre le temps de nous laisser conduire au désert,
Celui de fausses certitudes et de nos masques d’apparence.
Entrons en Carême et changeons de cap,
Fixons la boussole de notre cœur et de notre regard sur le Christ Sauveur,
Pour revêtir un regard de vérité et d’humilité.

Entrons en Carême et écoutons la Parole de Dieu,
En prenant le temps de nous laisser conduire au désert,
Celui où nous nous perdons dans le bourdonnement et le bruit du monde.
Entrons en Carême et écoutons la Parole de Dieu,
Ouvrons les oreilles de notre cœur et écoutons la voix du Christ Sauveur,
Afin de creuser notre faim de la Parole qui donne vie et l’accueillir.

Entrons en Carême et ouvrons-nous à l’Amour de Dieu,
En prenant le temps de nous laisser conduire au désert,
Celui de nos égoïsmes et de nos enfermements.
Entrons en Carême et ouvrons-nous à l’Amour de Dieu,
Accueillons dans notre coeur et notre vie la miséricorde du Christ Sauveur,
Pour oser des paroles de pardon et d’amour.

Quarante jours Seigneur pour t’accueillir dans le silence de la prière.
Quarante jours, Seigneur pour te suivre au désert, et s’ouvrir à ta Parole.
Quarante jours Seigneur pour redécouvrir ta Miséricorde dans le pardon donné et reçu
Quarante jours, Seigneur pour se délester de ce qui alourdit notre marche avec toi.
Quarante jours, Seigneur pour se tourner vers toi, pour se priver du superficiel afin de s’ouvrir à l’essentiel.

Fresque de Severini, Basilique Notre-Dame, Lausanne

Les codes sont proches de ceux de l’icône : le fond doré, les personnages hiératiques et peu expressifs.

Par Amandine Beffa
Photo : Jean-Claude Gadmer

La fin des travaux de restauration de la basilique Notre-Dame de Lausanne, prévue pour fin 2024, est l’occasion de redécouvrir l’extraordinaire fresque de Severini qui s’y trouve. La surface de plus de 200 m2 et la voûte dorée à la feuille en font une œuvre unique en Suisse.

Comme souvent avec le Groupe Saint-Luc, l’œuvre est tout à la fois très traditionnelle et très moderne. Les codes de l’art byzantin sont traduits dans une langue cubiste et futuriste.

Aujourd’hui, nous sommes surpris par les églises entièrement décorées. Mais, ce sont nos édifices sobres qui déconcerteraient les hommes et les femmes de la période byzantine. En effet, il était impossible de laisser un mur vide. Toute paroi était nécessairement peinte ou recouverte d’une mosaïque.

Les codes sont proches de ceux de l’icône : le fond doré, les personnages hiératiques et peu expressifs. De manière très traditionnelle, la Vierge à l’Enfant est le point focal de l’abside.

La couleur de l’arrière-plan, symbole de la sainteté et de la lumière divine, fait le lien avec les scènes qui entourent la Mère de Dieu.

A notre gauche, l’ange désigne la colombe de l’Esprit Saint. Nous entendrions presque Marie, les mains ouvertes, déclarer : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. »

Au premier registre, elle est présente aux pieds de la croix. Contrairement aux codes byzantins, elle est très expressive jusque dans le mouvement des bras qui recouvrent le bas de son visage.

La scène du couronnement de la Vierge, située sur la droite, n’est pas biblique. Elle est toutefois très commune dans l’art sacré, tant en orient qu’en occident.

Le décor citadin de l’œuvre est une note de modernité. Au-dessus de la scène de l’Annonciation, nous reconnaissons la cathédrale de Lausanne. En symétrie, se trouve la basilique Saint-Pierre de Rome.

Dans cette œuvre, la Vierge Marie présente le Fils de Dieu, mort et ressuscité pour nous sauver. Est-ce que la présence d’un édifice protestant et de l’église catholique par excellence ne vient pas nous rappeler que le Salut est donné pour tous en Jésus-Christ ?

CREDO

Par Claude Amstutz
Photo : DR

Prends mes mains, riches de superflu ; 
Prends mes mains confiantes dans les tiennes, sources de toute joie. 
Prends mes yeux, sensibles aux apparences ; 
Prends mes yeux – la présence de mes frères, sources de toute espérance. 
Prends mon corps dont je garde souci ; 
Prends mon corps, tes bontés qui l’habitent, sources de toute louange.

Prends mon cœur que l’orgueil tyrannise ; 
Prends mon cœur ébloui par tes grâces, sources de toute beauté. 
Prends ma foi, ses miroirs déformés ; 
Prends ma foi tournée vers Tes béatitudes, sources de toute paix. 
Prends mon âme, mon rien qui se veut tout ; 
Prends mon âme, dans Ton corps et Ton sang, sources de toute adoration.

Mon Dieu, mon Ami, mon Insaisissable et mon Tout…

L’union fait la force !

Texte et photo par Astrid Belperroud

La jeunesse (jeunes après la communion de plus de 10 ans à 14 ans) vient de vivre son premier TEMPS FORT en région : paroisses de : Choulex-Vandœuvres, Puplinge-Presinge, Chêne-Thônex, Sainte-Thérèse (Champel) et Saint-Joseph (Eaux-Vives), plus de 40 jeunes et 5 catéchistes, 3 prêtres pour entourer, accompagner, écouter, bricoler, prier avec au cœur de la rencontre : Jésus. Il nous veut rassemblés, heureux et enthousiastes et tout était réuni pour une belle première !

Quelques échos :

« J’étais tellement heureux de vous voir toutes et tous engagés pour ce TF. (Thierry)                         

Des jeunes attentifs et participatifs, quelle belle expérience. (Sabrina)                                             

J’ai vu de la motivation entre les jeunes qui pour la plupart ne se connaissaient pas. (Anne Marie)                                

Avec ce dynamisme les jeunes ont mis tous leurs sens en route, le corps et l’esprit ont participé à cette journée. (Laurent)                                                                                                  

La présence d’autant de jeunes a donné une impression d’une belle présence physique et spirituelle, les jeunes étaient contents d’être là même les plus grands. Ils se sont «  reconnus  » surpris parfois d’être dans le même bateau. La joie de l’Evangile ! » (Astrid)

MERCI à Rose, Sabrina, Anne-Marie, Laurent, nos prêtres Sviatoslav, Karol et Thierry, à nos familles des deux UP La Seymaz et Eaux-Vives – Champel ! Osons mettre de la lumière dans nos vies, osons vivre des expériences nouvelles avec la rencontre du Seigneur.

Prochain rendez-vous de nos jeunes en région : découvrir le SEDER (dernier repas de Jésus le mercredi 27 mars et le samedi 27 avril à l’église Sainte-Thérèse de Champel.

Diaconie

La catéchèse d’aujourd’hui, ce n’est plus le catéchisme de grand-mère. La diaconie, le service de l’autre dans la gratuité, font partie intégrante du témoignage chrétien. Et du parcours de nos confirmés et confirmands associés à des bénévoles de nos paroisses : en effet, ils se sont donné rendez-vous le samedi 25 novembre 2023 devant les entrées de nos enseignes commerciales pour donner sacs et cabas, et décharger ensuite les dons des acheteurs généreux en ce temps qui précédait l’Avent et Noël.

Texte et photos par Astrid Belperroud

Un mot assez peu connu et pourtant si indispensable à nos sociétés dans lesquelles nous vivons. C’est un mot qui chante… comme symphonie, harmonie… Mais ce n’est pas la femme du diacre, ce n’est pas non plus une nouvelle philosophie de vie mais tout simplement comme nous le dit Wikipédia c’est l’institution qui organise la charité envers les pauvres et les malades de la communauté. 

Merci aux jeunes « des ados du cycles » « du parcours confirmation 2024 » et « les confirmés de 2023 » sans oublier Françoise et Monique, membres du Conseil pastoral de Saint-Joseph. 

Quelques échos : « merci beaucoup pour cette expérience » ; « merci beaucoup, ça m’a fait du bien de partager ce moment avec tous » ; « merci et à la prochaine ! »

C’est près de 197,5 tonnes de produits alimentaires et d’hygiène qui ont été récoltés sur le canton durant ce fameux Samedi du Partage, les 25 et 26 novembre dernier. BRAVO https://www.partage.ch/

Samedi du Partage : témoignage

Françoise Albert en compagnie de JJ McManus, confirmé 2023.

Par Françoise Albert | Photo : Astrid Belperroud

En pleine après-midi, à l’entrée de la Migros : nous sommes deux ou trois bénévoles qui tendons le sac « Samedi du Partage » aux personnes entrant dans le magasin. 

Il y a : 
– ceux qui passent « sans nous voir »,
– les timides qui n’osent pas,
– ceux qui ne veulent pas, un peu gênés ? peut-être même pas !
– ceux qui cherchent la conversation (ce sont peut-être les seuls mots qu’ils échangeront de la journée ?)
– ceux qui connaissent comment ça se passe et qui d’emblée demandent ce qui manque,
– ceux qui suivent leur chemin par automatisme et qui ne se laissent pas « dérouter » par le sac rose,
– ceux qui « ont déjà donné »,
– ceux qui « viendront demain »,
– mais aussi ceux qui sont heureux de PARTAGER, avec le sourire…

Missionnaire du continent numérique

Pour le missionnaire du web, le meilleur communicant reste le Christ.

Le continent sur lequel évolue ce missionnaire hors norme est… numérique. Cofondateur de l’association Lights in the Dark, Jean-Baptiste Maillard veut évangéliser internet. Pour cela, il prend la communication religieuse sur le web à bras de corps. Une conversion…à triple sens.

Par Myriam Bettens
Photos : Jean-Claude Gadmer

Qu’est-ce que l’évangélisation du « continent numérique » implique concrètement ?
Cela implique d’aller à la rencontre des personnes qui vont sur Internet en mettant en contact des e-missionnaires et les internautes. Ce n’est pas seulement être présent sur le web, mais à l’écoute des aspirations, questions et préoccupations de ceux qui sont loin de l’Eglise, de la foi et même de Dieu. D’ailleurs, les papes ont toujours parlé de l’importance d’utiliser les nouvelles technologies pour annoncer que nous sommes aimés de Dieu.

Elle est également source d’une triple conversion…
En effet, il y a les conversions à proprement parler, mais aussi celles des e-missionnaires que nous sommes. Sans un cœur brûlant d’amour pour Dieu, pas d’évangélisation. Impossible de transmettre l’essence de ce que nous n’avons pas nous-mêmes expérimenté. Nous avons mis en place une plateforme pour les personnes dépendantes à la pornographie. Ce n’est pas un sujet dont nous avons spontanément envie de parler. Nous devons donc nous « convertir » à plus de compassion et d’écoute pour ces personnes. L’évangélisation se trouve aussi sur ces terrains-là. Outre cela, il y a aussi une conversion à la culture du numérique à mener. Les mots ont une importance et le « jargon catho » est à oublier !

Pourquoi avoir choisi spécifiquement ce terrain de mission ?
J’ai commencé à évangéliser sur Internet avec l’avènement du numérique, en 1994. Je me suis vite rendu compte que les gens étaient intéressés par Dieu. Ils avaient plein de questions. Internet pour atteindre les gens fonctionnait ! Pourtant, j’étais loin d’imaginer qu’un jour, je monterai avec d’autres amis, une mission à part entière pour investir ce continent numérique et envoyer des e-missionnaires.

Aujourd’hui nous avons des « communicants » dans tous les domaines. Savons-nous pour autant mieux communiquer ?
Non ! Le meilleur communicant que nous n’ayons jamais eu, c’était le Christ. Tant que nous ne sommes pas à l’école de Jésus, on ne communique pas encore assez bien. Comme on le voit avec la Samaritaine, à qui Il commence par demander à boire, Il est toujours dans la posture de Celui à qui on peut apporter quelque chose et non le contraire. Jésus était à l’écoute des questions et préoccupations des gens. On doit s’en inspirer non pas pour devenir des pros de la communication, mais pour rejoindre l’autre dans ce qu’il est et vit.

On pense souvent que l’évangélisation via le numérique est plutôt l’apanage des évangéliques, à tort ?
C’est vrai qu’ils avaient, et ont peut-être encore, une grande longueur d’avance sur nous. Ils ont toujours eu comme principe de garder la rencontre au cœur d’internet et on ne parle pas de rencontre virtuelle. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’évangélisation sur Internet, en 2011, je m’étais rendu dans les bureaux de TopChrétien, en région parisienne [un précurseur dans l’évangélisation sur internet, ndlr.]. Ils m’avaient expliqué qu’ils travaillaient avec 400 églises partenaires, cela afin de rediriger les personnes rencontrées virtuellement vers des chrétiens de communautés locales. L’Eglise dit depuis plus de vingt ans que la rencontre doit être au cœur de tout processus d’évangélisation, mais c’est aux chrétiens de mettre cela en œuvre. De ce côté, les évangéliques nous interpellent et cela doit nous encourager à aller de l’avant !

Vous avez le code du Li-Fi ?

Le Li-Fi (ou Light Fidelity) est une technologie de communication sans fil reposant sur l’utilisation de la lumière visible pour coder et transmettre des données. 

L’association Lights in the Dark repose sur la lumière de l’Evangile pour décoder et transmettre un message de Vie. Fondée en 2015, elle trouve son nom dans la prophétie d’Isaïe (9, 3) : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » Ses e-missionnaires sont une présence qui « écoute, dialogue, encourage » (cf. pape François) à travers un chat mutualisé à des plateformes thématiques. Quant à son cofondateur, Jean-Baptiste Maillard, il est marié, père de trois enfants et également coauteur du livre Evangéliser sur Internet, mode d’emploi (EDB 2019).

Vitrail de la vie de saint Joseph, Adrien Mastrangelo, église Saint-Hyppolite, Grand-Saconnex (Genève)

Adrien Mastrangelo propose quatre scènes de la vie de Joseph : la nativité, la fuite en Egypte, son mariage et son rêve.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Si saint Joseph prend une place importante dans le temps de Noël, habitant toutes nos crèches et marquant de sa présence le récit de la nativité, il est aussi celui dont on ne sait pas grand-chose. Tout au plus, savons-nous qu’il est de la descendance du Roi David, que c’est un homme bon et qu’il est charpentier. 

Adrien Mastrangelo propose quatre scènes de sa vie : le mariage de Marie et Joseph, le rêve de Joseph, la nativité et la fuite en Egypte. 

L’Evangile nous dit que Marie avait été accordée en mariage à Joseph (Matthieu 1, 18). La coutume voulait qu’après la promesse, les jeunes femmes vivent encore un an chez leurs parents avant de rejoindre leur époux. En bas à gauche du vitrail, l’artiste a choisi de mettre cette promesse en image. Marie est représentée la main droite levée, en signe d’acceptation. C’est elle qui semble prendre la main de Joseph.

« Or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par l’action de l’Esprit Saint » (1, 18) poursuit l’évangéliste. Joseph choisit de répudier Marie en secret. Décision étonnante puisque seule une répudiation publique pourrait le libérer des liens du mariage. Sur le vitrail, Joseph semble bien accablé (partie en bas à droite). L’ange s’approche, lui touchant délicatement le genou de la main gauche et indiquant le ciel de la droite : « Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (1, 20)

En haut à gauche se trouve la nativité. Les représentations plus anciennes – notamment médiévales – ont tendance à mettre Joseph à l’écart, dans une position de protection. Ici, l’époux de Marie est un « père comme les autres », penché sur le berceau de l’enfant qui vient de naître. Point de bergers ni de mages, la scène est familiale et intime.

La dernière scène est celle de la fuite en Egypte. Joseph ne parle pas dans l’Evangile, mais il a des songes et à chaque fois, il écoute et agit en conséquence. Bâton en main, Joseph guide la famille vers la sécurité. On ressent une forme de détermination dans la façon dont l’artiste l’a représenté.

Le nombre 40

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le nombre 40 est souvent associé à des périodes de test, de préparation ou de transformation. Par exemple, il a plu pendant 40 jours et 40 nuits lors du Déluge et Jésus a jeûné pendant 40 jours dans le désert. 

Mais pourquoi 40 ? Y a-t-il une signification à ce nombre ? 

On serait tenté d’interpréter ce nombre 40 en utilisant les codes de la numérologie telle que pratiquée actuellement. Mais ce serait une erreur : le zéro, au moment où, selon les archéologues et historiens, commence l’écriture de la Bible (l’Ancien Testament) sous le règne du roi Josias (640-609 avant Jésus-Christ), ne fait pas partie des connaissances mathématiques de l’époque (il sera introduit au VIIIe siècle par les mathématiciens indiens et sera utilisé en Europe à partir du XIVe siècle – voir L’Essentiel janvier 2023). 

Cependant, en hébreu, les lettres ont une valeur numérique et peuvent être utilisées pour compter. Elles ont aussi une symbolique particulière que les exégèses de la kabbale savent interpréter. 

Le nombre 40 correspond à la lettre Mem. Le symbolisme de Mem est l’Eau ou la Mère. 

Mem évoque le changement, les cycles de la mort (la symbolique des mouvements de l’eau, par exemple, comme le perpétuel mouvement de sac et de ressac de l’eau sur une plage) et de la renaissance (d’où la symbolique de la mère). 

Active ou passive

L’eau est une matière instable, changeante, ressemblant en cela à l’âme humaine. L’eau peut être active ou passive, destructrice ou au contraire porteuse de vie. Solide (emprisonnée par la matière), liquide (libre) ou gazeuse (spiritualisée), elle peut donc aussi bien être attirée vers le bas, c’est-à-dire vers la matière (l’ego, les instincts naturels, l’inconscient), que vers le haut (l’esprit supérieur). 

L’eau peut aussi évoquer la source, la femme qui donne vie, pourvoit, nourrit, aime ses enfants. Le nombre 40 ou son équivalent, la lettre Mem, c’est donc la Nature ou le « Tout » qui est régi par la loi d’Amour, puisque tout dans l’Univers est lié et solidaire.

Le nombre 40 constitue cet appel à retourner à la source, aux eaux matricielles qui diffusent partout la vie et le progrès par-delà la mort, afin de nous redécouvrir comme les enfants de l’Univers créé par Dieu.

La médaille de saint Benoît

« La piété populaire est un trésor pour l’Eglise », affirme le pape François. L’Essentiel décrypte cette année ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Regard sur la médaille de saint Benoît, qui remonte au Moyen-Age et est utilisée pour se protéger des embuches des démons.

Par Pascal Ortelli | Photos : DR

Prière à l’Enfant-Jésus

Avec la fête du saint Nom de Jésus et la fête de l’Epiphanie que nous célébrons au début de ce mois de janvier, l’Eglise nous invite à nous tourner vers l’Enfant-Jésus, à le contempler dans la crèche ou en les bras de sa sainte Mère, Marie, et à lui présenter nos hommages avec les Rois Mages.

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Etre à contre-courant… signe du temps ?

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : DR

Chère Lectrice, cher Lecteur, 

Il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant.

Ce proverbe chinois, tel que je l’ai retenu, était à choix comme thème de dissertations lors de mon collège. Il fait corps avec moi depuis. Nul souvenir des arguments de mes thèse et antithèse de l’époque… pourtant l’interpellation demeure. Comment être « un vivant » dans notre monde ?

Je pense à ce passage énigmatique de l’évangile de Luc où Jésus « passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). Il va littéralement à contre-courant de cette foule voulant le jeter en bas d’un escarpement. Quand et comment le Seigneur nous invite-t-il à l’imiter ?

Toujours dans l’association d’idées émerge cette injonction de la constitution pastorale Gaudium et Spes (« Joie et espoir », 1965, art. 4) « l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée, à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. » Le discernement des signes des temps est demandé par Jésus lui-même (Mt 16, 2-3 ; Lc 12, 54-57) et les évangiles nous montrent le caractère subversif de la Bonne nouvelle, de la Parole de Dieu. 

En écho encore, cette formule de la célébration eucharistique juste avant la communion, prononcée par l’assemblée et le prêtre : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Elles reprennent les paroles du soldat de l’évangile de Matthieu (Mt 8, 5-11) : l’humilité et la confiance de ce centurion romain ne sont-elles pas un exemple de contre-courant total ? Comment cette parole offerte par la liturgie, dimanche après dimanche, jour après jour, peut-elle nous fortifier à oser un contre-courant en examinant les signes du temps ?

En ce début d’année, je demande au Seigneur, pour son Eglise, le discernement, afin de participer à la lecture du temps présent et aller par les voies qu’Il souhaite, sans crainte de ne pas se conformer à « l’air du temps ». Je sollicite la grâce de sa Parole pour guérir tout ce qui empêche d’en être des témoins vivants et d’annoncer sa présence, son royaume déjà de ce monde.

Puisse-t-Il, en cette année qui s’ouvre devant nous, nous bénir et nous faire don de ses grâces afin de poser nos pas dans ceux du Christ qui nous précède. 

Meilleurs vœux pour vos proches et vous !

En librairie – janvier 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Le management… selon Jésus
Florian Mantione – Hervé Ponsot

Qui a dit que, dans l’Evangile, il n’était question que de religion ? Incroyable mais vrai, c’est également un excellent manuel de management ! Voici le livre qu’il nous fallait pour réconcilier l’attaché-case avec l’encensoir, l’homme d’affaires et le prêtre. Le livre qui nous fait comprendre, à la relecture de la vie de Jésus, son rôle de leader et l’efficacité de son discours et de sa stratégie pour convertir le monde.

Editions du Cerf

Acheter pour 15.00 CHF

Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde
Jean-François Chemain

La vieille Europe, la chrétienté, est-elle en train de mourir après avoir rempli sa mission d’ensemencer le monde du christianisme ? On peut s’interroger sur la nécessité d’un tel pessimisme. L’Occident se trouve désormais au banc des accusés. A l’extérieur, on conteste son hégémonie, invoquant des griefs présents et passés. A l’intérieur, les uns, surenchérissant sur le monde, exigent qu’il fasse repentance de ce qu’il a été – conquérant, dominateur, homogénéisateur… tandis que d’autres, nostalgiques de la « chrétienté », lui font grief de ce qu’il ne serait plus assez « chrétien ». A l’heure du doute, Jean-François Chemain livre ici une réflexion puissante et originale sur les apports civilisationnels du christianisme et la légitimité de leur devenir.

Editions Artège

Acheter pour 30.90 CHF

Madeleine Delbrêl
Elisabeth de Lambilly

Madeleine Delbrêl, née dans une famille peu croyante, perd la foi à 15 ans. Elle rencontrera à nouveau le Christ grâce à des amis chrétiens et, à 20 ans, est « éblouie par Dieu », lors d’un passage en l’église Saint-Dominique de Paris. Sa conversion la pousse à s’engager dans le scoutisme puis à travailler comme assistante sociale auprès des plus pauvres, annonçant la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans les banlieues rouges de la capitale. Avec des amies, elle fonde une communauté qui s’attache à rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s’entraider. Une biographie qui se lit comme un roman, pour nourrir l’âme des jeunes et moins jeunes.

Editions Emmanuel Jeunesse

Acheter pour 19.40 CHF

Les plus beaux Récits de la Bible
Katleen Long Bostrom

Ce n’est pas toujours aisé d’initier les enfants à la Bible. Ce livre est l’outil idéal, car il narre, à l’aide d’une langue simple et de magnifiques images, 17 histoires fameuses tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Editions Bayard Soleil

Acheter pour 27.80 CHF

Pour commander

Une individualité catho-compatible

Marie-Laure Durand était invitée à Genève dans le cadre de la formation des agents pastoraux de l’ECR.

Aujourd’hui, le concept de gouvernance fait débat, aussi au sein de l’Eglise. Récemment de passage à Genève, la théologienne Marie-Laure Durand a proposé quelques pistes pour repenser la gouvernance en Eglise, à la lumière de la Bible, lors d’une conférence organisée par l’Eglise catholique à Genève (ECR). 

Marie-Laure Durand.

Texte et photos par Myriam Bettens

Depuis une cinquantaine d’années, la société a évolué d’une masse homogène vers une communauté d’individus. Cette émancipation change radicalement la dynamique du pouvoir et la façon de l’exercer. Elle soulève également de nombreuses questions et pose de nombreux défis à ceux qui étaient communément considérés comme la hiérarchie. A ce propos, Marie-Laure Durand souligne l’importance de la prise en compte des singularités de chaque individu pour « faire communauté ». Elle rappelle encore la « catho-compatibilité » de cette compréhension de l’individuation en revenant à la Bible. 

« La singularité est un processus anthropologiquement biblique, car il n’y a de révélation que dans une situation particulière de préoccupations ». Autrement dit, il n’y a de révélation dans la Bible qu’à partir de la singularité. « Lorsque les gens acceptent d’avoir leurs problèmes, leurs questionnements identitaires, alors la révélation peut avoir lieu. C’est parce que Moïse ne sait pas s’il est juif ou égyptien que Dieu se révèle à lui ». L’enseignante à l’Institut catholique de la Méditerranée (Marseille) estime qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur de cette singularité, « au contraire il faut s’appuyer dessus. La participation n’est jamais en contradiction avec la synodalité. Ce que l’Eglise a mis en mouvement n’est qu’un retour à la Tradition ». La théologienne a tenté de rassurer son auditoire sur la possibilité, malgré tout délicate, de gouverner des individus. Néanmoins, un changement de paradigme s’impose où la gouvernance ne serait plus un rapport de force entre imposant et subissant, mais l’adhésion entre un proposant et un acceptant. La construction de décisions demandera, certes, plus de temps et de patience, mais ouvrira une porte où l’opposition entre singularité et vivre-ensemble n’aurait plus lieu d’être. 

Toutefois, un participant à la conférence s’étonne des propositions de l’oratrice. « Les pistes que vous proposez sont déjà connues depuis le pape Léon XIII dans le Rerum Novarum. Pourquoi sont-elles restées confinées à un cercle très restreint ? ». Celle-ci répond que l’Eglise a fait des choix en préférant insister sur la Doctrine morale aux dépens de la Doctrine sociale, car « ces questions-là doivent être sous-tendues par des mises en œuvre pratiques en termes de gouvernance. Or, ce que l’on vivait dans la pratique risquait de contredire les concepts. » Face à ce constat, la théologienne propose de sortir d’un mode de pensée où transcendantalité rime encore trop souvent avec gouvernance, pour se tourner vers une vraie prise en compte de la communauté dans une manière de gouverner plus horizontale.

Le roi déçu… et déchu

Dans Le roi déçu : l’exercice compliqué de la gouvernance (Cerf, 2021), Marie-Laure Durand relit la parabole matthéenne de l’invitation à la noce (Mt 22, 1-14). Dans cette version, le roi veut fêter le mariage de son fils, or il ne se contente pas de lancer les invitations, mais force des inconnus à participer aux festivités et envoie même ses troupes exécuter les invités récalcitrants. L’auteure propose dans ce petit ouvrage (83 p.) une relecture de cette parabole sur le plan de la gouvernance des organisations et les dégâts causés par un exercice trop vertical du pouvoir. Celui-ci ne laissant aucunement la possibilité de s’exprimer librement et brise, de fait, tous les liens de confiance.

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