«L’Eglise, c’est l’Evangile qui continue»

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg,
à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Mgr Charles Morerod qui prend la plume.

PAR MGR CHARLES MOREROD OP, ÉVÊQUE DU DIOCÈSE DE LAUSANNE-GENÈVE-FRIBOURG
PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, DR

La phrase que j’ai le plus répétée (dans quatre lettres pastorales) est: «L’Eglise, c’est l’Evangile qui continue »1. Si je tiens à le répéter, c’est que ce n’est pas évident, mais que c’est absolument souhaitable. Il me semble qu’on ne peut pas lire l’Evangile sans être très frappé par la personne de Jésus et que ce choc initial pousse à un approfondissement jamais achevé de cette rencontre. C’est Jésus lui-même qui nous répète: «Venez et voyez.» (Jean 1, 39)

Si on demande ce qu’est l’Eglise, peu de monde pense à citer le Christ, ou l’Evangile. On nous répond généralement en termes de morale. Bien sûr qu’il y a une morale dans l’Evangile ! Mais elle commence par cette conversion qu’est la vie avec Jésus, sans laquelle les « valeurs chrétiennes » ne signifient pas grand-chose.

L’Evangile garde toujours une nouveauté, car le Saint-Esprit est source de jeunesse permanente, même là où l’Eglise donne l’impression d’être déjà connue, voire trop connue, voire même nocive. Et certes nous lisons l’Evangile dans l’Eglise, sans avoir à refaire tout le chemin de la foi sur des questions comme « qui est-il, celui-là ? » (Luc 5, 21 ; 7, 49 et 8, 25), « qui est-il, Seigneur, que je croie en lui ? » (Jean 9, 36), « Mais pour vous, […] qui suis-je ? » (Matthieu 16, 15) et « où demeures-tu ? » (Jean 1, 38)… Nous lisons l’Evangile dans l’Eglise, mais ce n’est pas une raison pour vivre dans l’Eglise sans lire l’Evangile.

«Tous les renouveaux dans l’histoire de l’Eglise ont été des renouveaux de sainteté, marqués par un retour à l’Evangile. C’est ce dont nous avons besoin. Lisons l’Evangile, constamment, écoutons-le et que notre vie en soit marquée.»

En cette période de chemin synodal, demandons ensemble au Saint-Esprit, qui a inspiré les auteurs des Evangiles, de nous permettre d’en découvrir les richesses et d’en vivre!

Charles Journet, L’Eglise et la Bible, Editions Saint-Augustin, Saint-Maurice, 1960, p.45.

Sur un malentendu…

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS: DR

Vårfrudagen… à vos souhaits! Mieux vaut ne pas avoir un ch’veu sur la langue pour prononcer le nom de la fête de l’Annonciation en suédois. Chez nous, il est normalement d’usage de manger du poisson ce jour. En Suède, pays de spécialités marines et de surcroît protestant, il est coutume de préparer… des gaufres.

Quittons un peu nos romandes contrées pour nous diriger vers le pays du prinsesstårta, du surströmming et des våfflor suédoises. L’anecdote liée à cette tradition culinaire se base pour ainsi dire… sur un malentendu. La fête de l’Annonciation se traduit par Vårfrudagen, le jour de Notre Dame. La gaufre se dit, quant à elle, våffla, dont la forme våffel n’est utilisée que dans les mots composés. Entre la pronon- ciation de vårfru et våffel, il n’y a qu’un pas… le peuple suédois a fait l’amalgame entre les deux. Le 25 mars, commémorant normalement l’annonce de la mater- nité divine de la Vierge Marie par l’archange Gabriel, s’est donc transformé au fil du temps en Våffeldagen: le jour des gaufres!

Mieux vaut deux fois qu’une!

Une chose tout à fait étonnante concernant la fête de l’Annonciation en Suède: le culte à la Vierge Marie n’y est pas très présent, mais les calendriers comportent pourtant deux jours dédiés à cette célébration. Le Marie bebådelsedag ou Våffeldagen (dont nous avons parlé plus haut) toujours fêté le 25 mars, et le Jungfru Marie bebådelsedag qui, dans l’Eglise de Suède, se célèbre le dimanche qui tombe entre le 22 et le 28 mars, sauf si c’est le dimanche des Rameaux ou celui de Pâques.

Petit vocabulaire culinaire suédois

Prinsesstårta: gâteau suédois traditionnel, composé de couches de génoise, de confiture de framboise, de crème pâtissière vanillée et enveloppé d’une fine couverture de pâte d’amandes verte. Le gâteau «IKEA» par excellence!

Surströmming: hareng fermenté durant plusieurs mois et traditionnellement dégusté à Noël ou à Pâques. L’odeur très prononcée de ce met retient souvent d’y goûter…

Våfflor: pluriel de gaufre.

Recette: Les gaufres de Vårfrudagen / Våffeldagen

Temps de préparationTemps d’attentePortions
30 minutes30 minutes8

Ingrédients pour la pâte à gaufres

  • 3,5 dl de farine de blé – vetemjöl
  • 2 c. à c. de levure chimique – bakpulver
  • 4 dl de lait – mjölk
  • 100g de beurre fondu – smör
Våffeldagen: le jour des gaufres

Préparation des gaufres au gaufrier

  1. Dans un saladier, mélanger la farine et la levure.
  2. Ajoutez le lait, fouettez pour obtenir une pâte homogène. Versez-y le beurre fondu.
  3. Faites chauffer le gaufrier. Badigeonnez d’un peu de beurre pour la première gaufre.
  4. Versez une louche de pâte dans le gaufrier, fermez le battant et patientez quelques minutes.
  5. Servez avec de la crème fouettée et de la confiture de fraise pour manger votre gaufre à la suédoise.

Préparation des gaufres à la poêle

  1. Suivez les étapes 1 à 3 de la préparation « au gaufrier ».
  2. Versez une louche de pâte au milieu d’une poêle de façon à la cuire comme des pancakes.
  3. Dorez la pâte de chaque côté jusqu’à ce qu’elle se soulève un peu de la surface de la poêle.

Préparation à la machine à croque-monsieur

  1. Suivez les étapes 1 à 3 de la préparation « au gaufrier ».
  2. Versez une louche de pâte dans la cavité normalement réservée au sandwich, fermez le battant et patientez quelques minutes.

Entrer en résonance avec la Parole

Faire résonner la Parole de Dieu, voilà le grand défi de la catéchèse. C’est au travers de gestes, de vie partagée toute simple mais en vérité que la résonance de l’amour infini de Dieu peut être visible. En ce temps un peu spécial pour partager la vie d’une façon spontanée, la catéchèse est bien vivante...
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Semaine sainte dans nos deux UP et Saint-Paul

Voici la tabelle des célébrations de la Semaine sainte dans les 6 paroisses de nos deux unités pastorales et à Saint-Paul.
Il y a le choix !

PHOTO : CHRYSTOPHE RAKOTODRANAIVO

Dimanche des Rameaux (10 avril)
9h30 à Thônex
10h à Saint-Joseph
10h30 à Saint-Paul
11h à Presinge
11h à Saint-Joseph
11h à Sainte-Thérèse
18h à Choulex
18h30 à Saint-Paul

Jeudi saint (14 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
19h à Puplinge
20h à Saint-Paul
20h à Saint-Joseph
20h à Sainte-Thérèse

Vendredi saint (15 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
10h à Saint-Joseph
15h à Choulex
15h à Saint-Paul
15h à Sainte-Thérèse
19h Chemin de croix à Thônex

Vigile pascale (samedi soir 16 avril)
8h Office des ténèbres à Saint-Paul
20h à Chêne-Bourg
20h30 à Saint-Joseph
21h à Sainte-Thérèse

21h à Saint-Paul

Dimanche de Pâques (17 avril)
9h30 à Thônex
10h à Puplinge
10h à Saint-Joseph
10h30 à Saint-Paul
11h à Saint-Joseph
11h à Sainte-Thérèse
18h à Choulex

18h30 à Saint-Paul

Le diacre Christian Thurre, ambassadeur diocésain pour l’écologie

Inciter toutes les entités paroissiales et ecclésiales à penser et agir écologie : c’est, en résumé, le mandat que l’évêque de Sion a confié à Christian Thurre, diacre, ordonné en juin dernier. Une mission qui permet à ce scientifique de conjuguer écologie et spiritualité. Rencontre.

PAR CLAUDE JENNY | PHOTOS : GÉRARD RAYMOND, RAPHAËL ZBINDEN / CATH.CH

Comme tous les diacres permanents, Christian Thurre parcourt son chemin diaconal d’abord dans le cadre de son univers professionnel, en l’occurrence le Service de l’environnement de l’Etat du Valais. En tant que collaborateur scientifique, il participe aux études d’impacts écologiques pour que les projets mis à l’enquête soient conformes aux exigences légales. Il assure évidemment aussi régulièrement, comme tout diacre, un service à l’autel aux côtés du célébrant. Mais il fonctionne depuis quelques mois également comme mandataire de Mgr Lovey pour effectuer tout un travail de sensibilisation auprès des entités diocésaines pour qu’elles se soucient d’écologie.

Appliquer « Laudato Si’ ». – Un rôle qui est désormais dévolu à tous les diocèses par le Pape lui-même qui s’est souvent exprimé sur le thème de la protection de la Création, de cette « Maison commune » qui ne nous appartient pas mais qu’il nous incombe de protéger. L’encyclique papale « Laudato Si’ » est un texte de référence sur le sujet. Même si son expérience est encore brève, Christian Thurre est à l’évidence l’homme qu’il fallait pour remplir cette mission de sensibilisation que le Pape appelle les « intendants responsables du jardin de la Création ».

Agir via des éco-diagnostics. – Le délégué de l’évêque est, par son mandat, le seul délégué du diocèse au sein d’EcoEglise, l’organe œcuménique qui œuvre au niveau national à favoriser cette prise de conscience que les Eglises ont également leur rôle à jouer en matière d’écologie. Pour Christian Thurre, c’est une évidence : « Les Eglises doivent interpeller leurs communautés ! Chacun doit apporter sa pierre pour avoir une attitude éco-responsable. » Ainsi, l’organisme EcoEglise ( https://ecoeglise.ch) est spécialisé dans l’établissement d’éco-diagnostics qui conduisent à des propositions de mises en œuvre de mesures éco-responsables. Ce qui peut toucher au matériel pour les célébrations et l’administration, aux bâtiments, aux espaces verts gérés par les paroisses, etc.

Opération « Maison de la diaconie ». – Christian Thurre, en collaboration avec son épouse Marie-France, a effectué une première démarche dans ce sens début janvier 2022 avec la « Maison de la Diaconie » à Sion qui abrite notamment l’établissement Verso-l’Alto. Il trouve excellent que ce soit ce lieu diocésain qui lui permette de démarrer son action. Il espère que d’autres communautés, paroisses, etc. feront appel à lui. Il est disponible pour aller à la rencontre de ceux qui veulent agir à leur échelle dans une démarche qu’il qualifie non seulement d’écologiste, mais aussi de spirituelle.

Une dimension spirituelle. – Il cite la parabole du colibri qui apporte sa gouttelette, juste ça, mais déjà ça ! « Dans cette protection de la « Maison commune », il y a quelque part une dimension de conversion spirituelle, de se laisser blesser par cette réalité d’une nature insuffisamment respectée et de décider d’agir, à son échelle, individuelle, associative, paroissiale, etc. » s’enflamme Christian Thurre qui peste contre certains abus, comme la multiplication des canons à neige, par exemple, qui entraîne un gaspillage d’eau : « Nous ne pouvons pas, plus, nous comporter en enfants gâtés. Mais je suis optimiste : je crois qu’il y a une prise de conscience que l’on ne peut pas continuer à surexploiter la nature. De plus en plus de personnes se laissent toucher et décident d’agir ».

Le gaspillage fait des ravages

Pour freiner le dérèglement climatique, il est urgent d’opérer une transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, sans en faire payer le prix aux pays les plus pauvres. Tel est le message clé de la Campagne œcuménique 2022 qui reprend le slogan «Justice climatique, maintenant !»
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Découvrir la bible, cent textes essentiels commentés

Durant le confinement, des membres des Editions Robert Laffont se sont rendu compte que les libraires vendaient un nombre de bibles plus important que d’ordinaire. Les lecteurs cherchaient peut-être des clés pour comprendre ce moment de crise particulier, seulement voilà… en ouvrant la bible, ils ne comprenaient rien !
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Méditer autour de la tenture de Carême

André Besson, de Charrat, a été choisi par les responsable de la Campagne œcuménique 2022 pour écrire la méditation autour de la tenture de Carême. Il s’est laissé inspirer par cette image, ce pied dont l’ossature est blessée, brisée… Il élargit ici sa réflexion sur notre humanité souffrante, à notre terre meurtrie par l’homme. Voici quelques textes sur ce thème, en complément du carnet de méditation de la tenture de Carême 2022.
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Pourquoi quittent-ils la vie consacrée ?

Ils ont dit oui à Dieu en pensant que c’était pour la vie. Il arrive pourtant que certains religieux et religieuses discernent que leur place n’est plus là. Eclairage sur les motivations qui les poussent à quitter la vie consacrée et les implications de la remise en cause de leur engagement.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, PXHERE, DR

Dieu écrit droit avec des lignes courbes.

«Les responsables de l’Eglise ne sont pas vraiment préparés à ce type de situations», affirme Maxime Morand, consultant en ressources humaines et lui-même prêtre ayant quitté le ministère. De nombreuses personnes se sont adressées à lui au moment de quitter une institution religieuse. Pourtant, « cette sortie est canoniquement assez simple à effectuer », se souvient Geneviève*. « La supérieure générale m’a déliée de mes vœux. Elle a également communiqué à l’évêque ma décision de partir. Pour ma part, j’ai rencontré ce dernier au tout début de mon temps d’exclaustration », poursuit-elle. Après plus de trente ans de vie communautaire, elle décide de quitter son Institut qui lui accorde trois ans afin de vérifier que sa décision est juste. Des deux côtés, « il y a un processus de deuil à mener » et cette autorisation à vivre à l’extérieur de sa communauté pour un temps défini fait partie d’un sain(t) cheminement de discernement, juge Sœur Marie-Brigitte Seeholzer, supérieure des Ursulines de Fribourg. «En congrégation, nous osons parler des questions de sortie, de fidélité à notre vocation ou de changement de communauté. Cette démarche me semble importante, à la fois dans une fidélité à soi-même et à l’appel de Dieu.»

Un faisceau de circonstances

« Ma vocation avec le Christ n’est plus dans ce style de vie », reconnaît Geneviève qui refuse dans un premier temps d’accepter cette réalité qui s’impose peu à peu. Elle a également de plus en plus de peine à supporter « de ne pas être simplement Geneviève, témoin du Christ, mais uniquement Sœur Geneviève ». Presqu’à en perdre son identité. Matthieu*, quant à lui, prend conscience qu’il « attendait de la vie religieuse la réalisation de quelque chose qui ne s’est pas donné ». Néanmoins, il reste moine durant plus de vingt ans et ce n’est qu’au moment du premier confinement qu’il reconnaît le sentiment d’oppression et d’enfermement qui le limite. Pour André*, c’est un faisceau de circonstances qui l’ont mené à reconsidérer son choix de vie, dont un important problème de santé. Il quitte sa communauté pour « cet ailleurs où il pourra servir Dieu d’un cœur plus tranquille ». Ces trois anciens religieux considèrent que leur communauté a accepté et accompagné moralement comme financièrement leur choix, ce qui n’est pas toujours le cas.

«Les responsables de l’Eglise ne sont pas vraiment préparés à ce type de situations.»

Maxime Morand
Quitter sa communauté est un choix de vie difficile à évoquer.

Des signes trompeurs

« Du jour au lendemain, je n’avais plus de communauté, plus de travail. Je n’existais plus », raconte Isabelle*. Un douloureux sentiment « d’effacement » qu’elle ne cache pas. La petite communauté de femmes dont elle fait partie traverse alors une crise sans précédent. « A partir du moment où on a cette vocation, on ne veut pas décevoir Dieu, on veut faire sa volonté. Savoir porter sa croix, consentir à des sacrifices fait encore partie de l’enseignement et interpréter les signes qui nous disent de sortir comme une croix à porter mène droit dans le mur. » La jeune religieuse cherche du soutien auprès des frères qui les accompagnent spirituellement. A leurs yeux, c’est elle le problème : elle doit partir. Après le choc de cette annonce, une difficulté plus grande encore se présente. Elle ne peut prétendre au chômage, son emploi auprès des frères n’a jamais été établi contractuellement. En plus de cela, la communauté n’a pas cotisé pour elle à la prévoyance vieillesse. Mis à part Geneviève, dont la communauté a effectué toutes les démarches en ce sens, les autres témoins se sont tous retrouvés au sortir de la vie religieuse avec un trou béant dans l’AVS et le deuxième pilier. Certains d’entre eux ont d’ailleurs eu recours aux conseils de Maxime Morand pour parvenir à une « convention de sortie » avec leur congrégation.

Un texte passé sous les radars

En octobre 2020, la congrégation romaine pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique a publié Le don de la fidélité, la joie de la persévérance. Le texte, passé inaperçu, présente des « orientations » pour prévenir les abandons de vie consacrée ou, le cas échéant, les accompagner au mieux. Une sorte de guide pour accompagner les situations de séparation d’un Institut. Le document comporte trois parties. La première vise à mieux penser les situations de mal-être qui provoquent les crises. La deuxième veut soutenir l’effort de la persévérance par un accompagnement et un discernement adéquat. La troisième donne les normes canoniques en la matière. Cette partie s’achève sur le rappel de l’aide qui devrait légitimement être apportée à celui quittant son Institut et la responsabilité inhérente à chacun : « Celui qui abandonne doit se poser des questions sérieuses sur les raisons de la perte de son choix vocationnel. Celui qui reste, sur la cohérence de son demeurer et ses éventuelles implications dans les causes de l’éloignement et de refroidissement de la persévérance de qui est parti. »

Le regard des autres

Outre l’aspect financier, ce changement de statut a aussi impliqué une grande part de culpabilité pour chacun des témoins. « Revenir sur une parole donnée est extrêmement violent », relève André. Echec, désaveu, infidélité sont quelques exemples d’expressions employées à l’encontre de ces « démissionnaires », tous reconvertis professionnellement. Sœur Marie-Brigitte souligne « qu’on s’imagine parfois la vie religieuse comme quelque chose de trop statique », un idéal de perfection remis en question depuis Vatican II. « L’habit ne fait pas le moine, mais fait l’image qu’on a de lui », abonde Geneviève. Aujourd’hui, elle se dit témoin du « Verbe fait frère » et peut le transmettre sans avoir cette couleur religieuse qui la précède dans toute relation. Comme les autres, elle est convaincue que le chemin emprunté n’est pas une rupture, mais une continuité de sa vocation initiale.

«En congrégation, nous osons parler des questions de sortie, de fidélité à notre vocation ou de changement de communauté..»

Soeur Marie-Brigitte, supérieure des Ursulines de Fribourg

L’après de la vie religieuse

En France, le Réseau Véro (reseauvero@gmail.com), fondé en 2014, accompagne ces « ex » religieux. Il fonctionne essentiellement par le bouche-à-oreille, mais est connu des instances ecclésiales. Il favorise la rencontre amicale et apporte aussi un soutien matériel. Rien de similaire en Suisse. Plusieurs témoins relatent le recours aux conseils de Maxime Morand, appelé en renfort par les instances ecclésiales ou les religieux eux-mêmes. Le consultant accompagne, notamment, les personnes dans la négociation de « conventions de sortie ». Il a d’ailleurs publié en 2020 avec deux pasteurs, Cultures chrétiennes et pratiques ressources humaines, un manuel d’accompagnement dans les situations de la vie ecclésiale.

Une messe radiodiffusée riche d’harmoniques

La messe radiodiffusée sur RTS Espace 2 du dimanche 16 janvier était retransmise de l’église Saint-Robert de Founex. Une célébration tournée vers la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens célébrée par l’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur.
La prédication était assurée par la diacre Christel Hofer.

PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET
PHOTOS : ELISABETH HAUSER

C’est la communauté de Founex qui, dimanche matin 16 janvier, rejoignait par les ondes les auditeurs de Suisse romande. Une messe célébrée par l’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur, et concélébrée par l’abbé André Fernandes, curé répondant. Elle était animée par Nathalie Breault avec à l’orgue Olivier Borer. Quelques paroissiens de Nyon s’étaient joints à la communauté pour apporter leur soutien dans les parties chorales. L’homélie avait été confiée à la diacre Christel Hofer, de la paroisse de Terre Sainte-Céligny de l’Eglise évangélique réformée vaudoise. L’occasion pour elle de souligner la diversité des dons ou charismes, des ministères et des modes d’action.

Ensemble dans nos différences

Dans son homélie, Christel Hofer a commenté la deuxième lecture, tirée de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens, rappelant la diversité dans l’unité de l’Esprit. Les gens à qui Paul s’adresse vivent dans une ville riche « où règnent le pluralisme et le syncrétisme religieux. Au sein même de la communauté des croyants, il existe des divergences d’opinions », a-t-elle précisé en ouverture. Il en est de même aujourd’hui, à l’intérieur de nos communautés et entre nos Eglises, « qu’elles soient protestantes, catholique, évangéliques ou orthodoxe », dans lesquelles nous vivons notre foi de diverses manières : les attentes diffèrent et la difficulté à communiquer est une réalité – sur certains points, comme la Covid-19, cela peut être source de discorde.

Mais la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens nous invite, a poursuivi la diacre, « avec nos similarités et nos différences, à vivre quelque chose ensemble dans l’unité de la foi qui nous anime ». Ainsi, « prenons le temps de partager ce que nous vivons dans nos différentes communautés, de partager sur nos différences et sur nos similarités, et rappelons-nous que nous croyons au même Dieu ». Et que chacun reçoit un ou des dons de la grâce qui « proviennent tous du même et seul Esprit ». Pour Paul, « la diversité des dons de la grâce, la diversité des ministères et la diversité des modes d’action sont offertes à chacun et chacune dans l’unité de l’Esprit pour le bien de tous ».

A l’exemple de la Trinité

Diversité des dons de la grâce, d’abord. Ce sont les charismes, « des dons offerts à tous par l’Esprit. Il n’y en a pas un qui domine les autres. Ils sont tous importants. Ils sont là pour le bien de tous, pour le bien commun de notre communauté, de nos communautés ». Diversité des ministères ensuite : loin d’être « l’apanage des ministres du culte », « ils concernent aussi tous les chrétiens. Et ces ministères sont des services. Chacun d’entre nous est capable de mettre ce qu’il a reçu du Seigneur au service des autres ». Pour cela, il est invité à « suivre l’exemple du Christ, lui qui s’est mis au service des autres et surtout des plus petits ».

Diversité des modes d’action enfin : « Nous avons chacune et chacun des capacités différentes et c’est grâce à cette diversité que nous agissons pour le bien de notre communauté, de nos communautés ». Cette diversité nous est « donnée en vue du bien de tous » : les dons que nous avons reçus « sont nécessaires pour la communauté ». « Il y a diversité des dons de la grâce, mais un même Esprit. Il y a diversité des ministères, mais un même Seigneur Jésus-Christ. Il y a diversité de modes d’action, mais un même Dieu », a affirmé Christel Hofer. Et ces diversités « nous rendent capables, chacun à sa façon, de manifester l’amour de Dieu ».

« La Trinité est pour nous un exemple de la diversité dans l’unité de Dieu, lui qui est à la fois Père, Fils et Saint-Esprit. Et c’est à l’exemple de leur modèle de relation que nous pouvons, nous chrétiens, trouver la juste articulation entre la diversité et l’unité », a relevé la diacre en conclusion.

A l’issue de la messe, un apéritif a été servi dans la salle de paroisse. Une initiative bienvenue pour mieux se connaître entre paroissiens de Founex et de Nyon.

 

Quelle vocation ?

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

Dieu ne (se) trahit jamais et appelle chaque baptisé.e à vivre de sa vocation de base : on pourrait dire laïque. Oui, avant tout, l’Eglise, ce sont les laïcs qui sont appelés à louer, servir et révérer Dieu par leur service de l’autre et leur relecture d’eux-mêmes. Au quotidien. Par les mille et une façons que l’humain a de vivre: métier, amour, passion, prière… Et les religieuses et religieux discernent à partir de cette vocation de base un appel spécifique. Que trois vœux (parfois quatre) viennent scander tout au long de leur vie. Jusqu’au jour où l’un ou l’autre n’épanouit pas, ou plus.

Alors on quitte les Ordres, et s’oriente différemment, non sans mal. Mais toujours appelé.e à vivre sa vocation de baptisé.e, qui, elle ne souffre d’aucune rupture. Et mûrit à chaque étape de l’existence…

On parlait de « défroqué » au temps où le moine portait le froc ! Mais l’expression est définitivement désuète. Désormais, nous portons toutes et tous des jeans !

A prier pour les vocations, on ne saurait cependant être trompé par Dieu : 400 agentes et agents pastoraux laïcs dans notre diocèse de LGF ! La moisson abondante peut s’enorgueillir d’ouvrières et ouvriers nombreux ! Regardons au bon endroit la réponse de Dieu !

«Scrutez les horizons de votre vie»

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : DR

Aux religieuses et religieux (2014), François les exhortait ainsi : « Ne cédez pas à la tentation du nombre et de l’efficacité, moins encore à celle de se fier à ses propres forces. Scrutez les horizons de votre vie et du moment actuel en veille vigilante. » Une façon de centrer ses énergies et objectifs de vie différemment, voire de quitter les Ordres pour plus de cohérence…

Une manière aussi de faire comprendre que le nombre diminuant de vocations religieuses est un signe… positif des temps modernes : on s’engage autrement aujourd’hui, mais toujours au nom de sa foi ! Voyez les jeunes : service humanitaire, ONG, défense de l’environnement, des droits des minorités et autres LGBT+, bénévolat auprès des aînés, des handicapés, des malades… Aux JMJ, il n’a de cesse de leur répéter : engagez-vous sur le terrain social et politique « pour changer le monde » ! Il a eu cette formule à Rio (2013) : « Ne restez pas au balcon de la vie ! Engagez-vous ! »

Pape autrement

Lui-même, comme pontife, fait le pape autrement : premier voyage ? Lampedusa ! Parmi les premières visites romaines, un bidonville ! Il se consacre à mettre les sans-voix, les petits, les victimes de la pédophilie, les femmes battues, les itinérants, les pauvres non pas sur le devant de la scène, mais au cœur de l’Eglise, de sa raison d’être – celle de l’Eglise et celle de son pontificat. Emblématique : la statue du convoi de migrants sur la place Saint-Pierre qui, dépareillant peut-être la vision d’optique voulue par Bernini, focalise le regard non plus sur un triomphe de l’esthétique baroque, mais sur l’essentiel du message évangélique : « J’étais étranger et tu m’as accueilli. » Quitte à froisser un peu…

Laudato si’ !

Extrait, qui résume tout : « La sobriété, qui est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice. Ce n’est pas moins de vie, ce n’est pas une basse intensité de vie, mais tout le contraire ; car, en réalité ceux qui jouissent plus et vivent mieux chaque moment, sont ceux qui cessent de picorer ici et là en cherchant toujours ce qu’ils n’ont pas et qui font l’expérience de ce qu’est valoriser chaque personne et chaque chose, en apprenant à entrer en contact et en sachant jouir des choses les plus simples. »

Le chemin de croix de la Rencontre

L’art pour donner accès au sacré, le sacré pour donner accès à l’art

Ce mois-ci, nous donnons la parole à Romaine Masserey qui partage le chemin de croix depuis plus de 20 ans avec des personnes de tous horizons. A chaque fois, l’Esprit Saint surprend, provoquant la rencontre entre la soif de chacun et l’abondance de la Source divine.
Cher lecteur, aujourd’hui, par ces quelques lignes, c’est à toi qu’elle aimerait faire découvrir ou redécouvrir cet extraordinaire chemin que nous offre le Père par son Fils pour faire de nous des êtres d’Amour.

TEXTE ET PHOTOS PAR ROMAINE MASSEREY

Le chemin de croix est un outil thérapeutique de pointe alliant art, spiritualité et psychologie, de l’art thérapie avant l’heure. Le chemin de croix nous permet de rétablir le lien d’amour qui devrait nous unir à nous-mêmes ainsi que à ce qui est autre que nous-mêmes. Plus ce lien est faible et fragile, plus il y a risque de mal être et de maladie. Le renforcement de ce lien permet à notre dynamique de vie de prendre le dessus sur notre dynamique de mort et de souffrance.

Une œuvre sacrée pour la personne dans sa globalité

Les scènes représentées à chaque station sont des images structurantes chargées de sens. Les stations forment dans leur ensemble une œuvre représentant le processus d’individuation. L’œuvre du chemin de croix est composée pour nous, sur mesure, elle est identitaire de la nature humaine.

Bien souvent, nous ne voyons pas les choses comme elles sont, mais comme nous sommes. Ce que nous voyons et ressentons devant une station relève de ce que nous vivons ou avons vécu ! Les scènes structurantes des stations sont des modèles influents bien plus complets que ce que nous en percevons dans un premier temps. Les scènes nous invitent à rectifier notre pensée. Les émotions qui en découlent alors sont plus positives et influencent positivement l’homéostasie 1 du corps. La Passion du Christ offre un soin englobant le mental, les émotions ainsi que le corps de la personne.

Les artistes qui créent des chemins de croix s’approprient parfois l’œuvre et la falsifient quelque peu. Cela n’a guère d’incidence en soi car l’Esprit Saint qui est derrière le projet fait son propre œuvre.

Derrière l’œuvre, LA Rencontre

Les scènes représentées aux stations sont des supports d’expression de l’Esprit Saint. Au fur et à mesure de la contemplation et des révélations de chaque station, l’œuvre laisse transparaître un processus qui existe sur le plan subtil. Nous ne pouvons pas contrôler ce processus, il est d’un ordre différent de celui de l’imagination ou des connaissances personnelles. Il est bien établi, fondamental, universel.

Petit à petit, devant l’évidence de l’existence de ce processus, la personne entre en relation avec lui et commence à se spiritualiser. Elle découvre alors une intelligence supérieure. Cette intelligence interagit avec notre intellect, mais également avec notre affect. De même qu’elle donne une réponse intellectuelle aux questions intellectuelles, elle donne une réponse affective aux questions affectives que nous nous posons. La douceur et la tendresse émanant d’une source indépendante de nous-mêmes nous touchent peu à peu.

Pour communiquer avec la Source, la Passion du Christ nous réapprend l’art de la prière. Elle nous apprend la sagesse de l’émotion et du sentiment. Cette sagesse est nécessaire à la prière afin que celle-ci ne soit pas qu’un ensemble de mots, la prière est ce que nous sommes. L’intellect ainsi que l’affect de la personne peuvent dès lors fonctionner ensemble, de façon éclairée et nourrie. La relation réciproque avec Dieu s’établit.

Chacune des scènes du chemin de croix met en avant un soin différent. Dieu nous donne l’entier du mystère de la Passion à chaque station même s’il est réparti visuellement et conceptuellement sur les 14 stations. Sans forcément en avoir conscience, nous recevons l’entier de ce mystère en chaque instant.

La Passion du Christ nous livre un extraordinaire mode d’emploi de l’Homme et de sa rencontre fondatrice avec Dieu. Elle rétablit le sens ainsi que le lien, deux éléments indispensables à l’équilibre.

ECCE HOMO

Quelques stations sur le site paroisses-sierre.ch

Chemin de Résurrection »

Par Chantal Salamin-Bérard

Cet ouvrage écrit par Marcel Dürrer nous fait entrer dans le mystère du Chemin de Résurrection qui propose un chemin pour repérer dans nos vies ces signes qui nous « ressuscitent ». C’est un chemin pour aujourd’hui, qui puise sa source dans le chemin de croix et propose 14 pas à franchir à partir des mystères essentiels de la vie : la rencontre, l’amour, la souffrance, la mort et la renaissance. Une étape préalable « La porte, le seuil » nous invite à y entrer autrement et une étape finale « La Table » nous invite à partager plus loin. Le défi de chaque pas est de se laisser transformer par la force de Dieu qui a ressuscité son Fils, à laisser parler l’image en soi.

Chemin de Résurrection, Marcel Durrer, Editions Saint-Augustin.

Rencontre avec Joëlle Carron La vie consacrée, une joie !

La vie consacrée, une joie !

Joëlle Carron, 40 ans, laïque consacrée Responsable de la Maison de la Diaconie et de la Solidarité, un pôle de compétences des Eglises pour le service des plus pauvres, et Déléguée épiscopale à la Diaconie. Dans mon vécu hebdomadaire:

  • Un avant-goût du Royaume au Verso l’Alto, le café social des Eglises
  • Plusieurs répétitions de chœurs
  • Une coloc de jeunes à Cana-Myriam
  • Une équipe incroyable, des frères et sœurs en ministère que j’admire
  • De multiples visages, quelques bouquins, des cours de travail social et beaucoup de crêpes

TEXTE ET PHOTOS PAR JOËLLE CARRON

Parfois on m’interroge sur ma bague d’alliance. Héritée de mes arrière-grands-parents, elle est double. Les deux alliances, aujourd’hui soudées, disent la longue fidélité de Benjamin et Amanda. Cette double alliance, ma marraine de confirmation me l’a offerte lors de ma consécration le 23 août 2015. Elle est signe que nous sommes bien deux à nous être engagés ce jour-là : Dieu et moi.

Peu de gens savent que je suis laïque consacrée. Un état de vie que beaucoup vivent en toute discrétion, dans leur cadre de vie habituel. Quant à moi, mon engagement comme laïque consacrée s’est fait dix ans après mes débuts comme animatrice pastorale. Ce choix de vie unifie mon être, dit quelque chose de ce que j’aimerais vivre, même si, bien sûr, tout n’est pas toujours simple. Il dit mon envie de donner ma vie, de Le suivre dans une certaine radicalité, à travers les mêmes vœux que les religieux.

Adopter une simplicité de vie, savoir que les biens matériels sont donnés à tous à travers nous, comprendre que mon essentiel est bien autre – c’est le vœu de pauvreté. La pauvreté n’est jamais bonne en soi. Et dans mon ministère, je lutte chaque jour pour en combattre les conséquences. Vécue comme un choix, le vœu de pauvreté libère pourtant. Il me permet de passer de l’avoir à l’être.

J’ai fait le choix aussi du célibat consacré, comme une disponibilité à tous, une possibilité de faire famille avec ceux qui n’en ont pas. De vivre pleinement cette fraternité d’Evangile, complémentaire à nos fratries biologiques et tout aussi forte. Je reçois de Dieu des frères à aimer, des sœurs à chérir. Avec la conviction que le lien, déjà tissé en creux, fleurira et qu’il n’y pas de hasard si la route se fait ensemble.

Enfin, mon engagement m’a permis de choisir qui j’ai envie de suivre. « Rabbouni »… dit Marie-Madeleine. Ce maître-là fait grandir ma liberté. A son école, j’apprends à devenir plus pleinement humaine, un peu plus à son image, tout cela avec mes ratés et ma fragilité. Heureusement, il est capable d’écrire droit avec mes lignes courbes.

Mon état de vie de consacrée me rend heureuse. Heureuse car je suis à ma juste place, en famille avec ceux que la société néglige. Heureuse d’expérimenter Sa fidélité – Il est toujours là, même si je ne le suis pas. Heureuse d’oser l’autrement de l’Evangile.

 

Statue de la Vierge noire…

La Vierge porte Jésus dans ses bras.

… église des cordeliers (Fribourg)

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

Au XVIIe siècle, de nombreux Fribourgeois se rendent à Einsiedeln. En effet, le sanctuaire schwytzois est un des lieux de pèlerinage les plus importants de Suisse. Naît alors la volonté de construire une réplique de la Vierge noire et de la chapelle qui l’accueille. Le but est de permettre à ceux dont les finances ou la santé rendent un long voyage impossible de bénéficier des grâces. Einsiedeln est très lié à la détresse et à la maladie. Les pèlerins ramenaient dans leurs bagages des copies de la statue. Ces répliques en argile étaient porteuses de protection et de guérison.

Jean Ulrich Wild, le fondateur du projet fribourgeois, s’engage par contrat à financer non seulement la construction du sanctuaire, mais aussi le matériel nécessaire à la célébration des messes. Les cordeliers, pour leur part, promettent de chanter en chœur dans la chapelle tous les samedis et à l’occasion des fêtes mariales.

Il existe plus de 500 Vierges noires en Europe. Plusieurs tentatives d’explication de leur couleur ont été proposées. Une relecture ultérieure les lie au verset du Cantique des cantiques : « Noire, je le suis, mais belle. » (1, 5) Toutefois, la théorie la plus probable est celle de l’oxydation des pigments. La peinture blanche contient du plomb qui, avec le temps, noircit. Les fidèles se sont progressivement attachés à la couleur des statues. Ainsi, quand en 1803, la Vierge d’Einsiedeln a été restaurée, retrouvant sa teinte claire d’origine, les pèlerins ne l’ont pas acceptée. La statue a alors été recouverte de peinture noire. Le modèle fribourgeois est peint en noir depuis sa création pour correspondre au modèle.

La Vierge porte Jésus dans ses bras. L’enfant tient dans la main un oiseau. Il pourrait s’agir d’un
chardonneret. L’oiseau annonce la Passion. La couleur rouge de sa tête évoque le sang versé et son nom rappelle la couronne d’épines. Cela donnerait un autre sens aux riches atours dont Jésus est paré. C’est un roi, mais pas à l’image de ce monde.

Le chemin de croix

La période du carême que nous vivons en ce moment nous invite à nous pencher, à l’approche de la Semaine sainte,
sur le mystère de la croix et la pratique dévotionnelle du chemin de croix. J’aimerais revenir sur l’histoire de cette pratique et sa représentation dans l’art à partir de l’exemple du chemin de croix du Christ-Roi réalisé par l’artiste
fribourgeois Armand Niquille.

PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : J. MÜLHAUSER

« Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. » (1 Co 1, 18) Par ce passage, saint Paul lie le langage de la croix à celui du salut. Les souffrances du Christ crucifié en rachat des péchés humains ramènent à l’essentiel de la foi catholique en la mort et la résurrection.

Histoire du chemin de croix

Le chemin de croix est un exercice de piété qui a traversé les siècles jusqu’à être intégré dans le calendrier liturgique de l’Église. Le symbole de la croix comme représentation de la Passion du Christ remonte aux premières communautés chrétiennes. Au IIe siècle, on constate un intérêt croissant pour les lieux historiques de la Passion du Christ qui deviennent des lieux de pèlerinage. Des chrétiens se rendent à Jérusalem pour faire la via dolorosa et ainsi s’unir à la Passion du Christ.

L’édit de Milan en 313 autorise la liberté de culte et met fin aux persécutions dont les chrétiens étaient victimes. Les pèlerinages en Terre Sainte deviennent alors plus fréquents. Les chrétiens de l’Antiquité reproduisent le chemin suivi par le Christ entre le prétoire (tribunal de Pilate) au bas de Jérusalem et le Golgotha (Calvaire) au sommet de la ville, lieu de la crucifixion.

Au Moyen Âge

Durant les siècles suivants, le chemin de croix ne se pratique qu’en Terre Sainte, mais les récits de voyageurs le font connaître en Europe. Ce n’est toutefois qu’au Moyen Âge, sous l’impulsion de figures marquantes telles que saint Bernard de Clairvaux et saint François d’Assise, que la pratique du chemin de croix se diffuse. À cet égard, le rôle des Franciscains est particulièrement important. Ils se voient en effet confier la garde des lieux saints au XIVe siècle et réalisent des représentations de la Passion du Christ pour permettre la méditation des fidèles sur ces mystères. Soucieux d’offrir le chemin de croix aux pauvres et invalides ne pouvant se rendre en Terre Sainte, les Franciscains souhaitent diffuser sa pratique à l’ensemble de la chrétienté.

D’abord limité à deux points (le prétoire et le calvaire), le chemin de croix est ensuite segmenté en stations dont le nombre varie entre le XVe et le XVIIe siècle pour se fixer à 14 au XVIIe siècle. En 1731, le pape Clément XII reconnaît le chemin de croix comme une prière de l’Église. Dès le
XVIIIe siècle, cette forme de dévotion se propage dans l’ensemble du monde catholique. Le privilège franciscain est également levé et sa pratique est généralisée.

Aujourd’hui, le chemin de croix a une triple dimension. Une dimension historique puisqu’il célèbre le dernier chemin parcouru par Jésus du prétoire au Golgotha en se fondant sur les textes des évangiles (Jean-Paul II en a d’ailleurs modifié certaines stations pour mieux respecter le récit évangélique) ; une dimension liturgique puisqu’il s’agit d’une prière célébrée en 14 stations ; et enfin une dimension artistique, puisque le chemin de croix est généralement représenté dans les églises.

Le chemin de croix d’Armand Niquille

L’église du Christ-Roi nous offre un bel exemple de la présence du chemin de croix dans l’art. Construite en 1951, cette église accueille sa première messe en 1953 devant 1500 fidèles et est consacrée l’année suivante. En 1955, sur mandat de l’architecte Honneger, le peintre fribourgeois Armand Niquille (1912-1996) réalise le chemin de croix du Christ-Roi. L’année précédente, il avait déjà réalisé celui de Nuvilly, dans la Broye fribourgeoise. Armand Niquille est particulièrement marqué par le mystère de la croix : « Mon enfance a été ainsi marquée par le Crucifié dont le mystère, fascinant et inquiétant, faisait partie des émois d’un garçon rêveur et bagarreur. Ce n’est pas impunément que l’on représente le Christ crucifié. L’on se pose des questions. On se plonge dans la mystique chrétienne […]. Avec le Christ, il y a toujours la croix. La croix de notre rédemption et de la divinisation de notre âme. »

Le chemin de croix d’Armand Niquille s’articule autour de 14 tableaux de la Passion du Christ qui représentent chacun une station (liste en annexe). Niquille s’appuie sur la technique de l’icône. Fidèle à cette tradition, il insère ses tableaux dans le mur de béton comme dans une iconostase. Les fonds dorés polis à l’agathe, fidèles à la tradition byzantine et médiévale, symbolisent la gloire de Dieu et la lumière céleste, annonces d’une résurrection à venir.

Au niveau artistique, ce chemin de croix est assez dépouillé et représente généralement trois personnages, dont le Christ (voir station I : condamnation), dans une attitude hiératique (sacrée) et expressionniste. Certains personnages, tels que Simon de Cyrène (station V) sont vêtus d’habits contemporains. Cet anachronisme voulu doit illustrer le caractère contemporain de la Passion, que le fidèle revit à travers une méditation lors du chemin de croix. Enfin, l’artiste a veillé à représenter la figure du prêtre (station XIII). Des détails, tels que les fleurs présentes au pied de la croix pour annoncer la résurrection, contribuent à la richesse de l’œuvre.

Le frère dominicain Luc Dumas admire ce chemin de croix peu après sa réalisation et y voit une correspondance, un dialogue entre l’effet sensible et la cause intelligible à faire entendre : « Toute œuvre qui parle exige qu’on lui réponde ; et lorsque cette œuvre dit tout entière la Passion du Christ, lui ôter la chance d’un dialogue c’est lui faire perdre son sens et sa fin. »

14 stations du chemin de croix d’Armand Niquille :

I : la condamnation à mort de Jésus

II : le chargement de la croix

III : la première chute de Jésus sous le poids de la croix

IV : la rencontre avec Marie

V : le portement de croix par Simon de Cyrène

VI : le visage du Christ essuyé par Véronique

VII : la deuxième chute de Jésus

VIII : Jésus consolant les saintes femmes

IX : la troisième chute de Jésus

X : le dépouillement des vêtements

XI : la mise en croix

XII : la mort de Jésus

XIII : la déposition

XIV : la mise au tombeau

Rencontre avec Marie-Jeanne Seppey

En lien avec le thème «la joie de la vie consacrée», nous avons demandé à deux femmes, originaires de Saxon et de Fully, de témoigner de leur vie de consacrée. Merci à Marie-Jeanne et Joëlle de nous partager leur joie de servir et de se donner à la suite du Christ.

TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-JEANNE SEPPEY

La joie du Seigneur est mon rempart ! Le retour d’exil des Israélites ressemble à notre quotidien : rebâtir une communauté, un lieu de vie. L’essentiel est ailleurs : le Seigneur cherche à vivre en nous. Telle est ma joie.

Joie de son choix qui surprend. J’ignorais ce qu’était un institut séculier. Je compris que là serait mon chemin. Etre saisi par l’absolu de Dieu en vivant comme tout le monde, par un travail. Je n’ai jamais regretté un seul jour cet engagement prononcé pour toujours. Ce n’est pas nous qui choisissons notre vocation, il nous revient de choisir le choix de Dieu.

Joie de sa présence dans mon histoire. Le pays et la famille où je suis née, les amis et les rencontres de mon village de Saxon, les professeurs lors de mes études, les personnes rencontrées : autant de médiations qui ont signifié l’attente du Christ à mon égard. Il n’a cessé de me regarder, de m’aimer, de me servir.

Joie des rencontres au quotidien. Tel élève qui découvre ce qu’est la vérité, le bien, qui prend conscience de la responsabilité de son libre-arbitre ; telle voisine qui va mourir et qui dit croire en ma foi ; tels amis invités avec qui nous cherchons à donner un sens à ce que nous vivons ; tel collègue de travail et tel membre de la famille avec qui nous échangeons : Il est là, présent.

Joie de l’expérience intérieure de sa Vie. En m’exerçant à lire la Parole de Dieu, je découvre que nous sommes les perles que le Seigneur cherche. Cela change mon regard. Il habite vraiment en moi, en chaque personne. Il passe par ma présence, mes paroles, mes actes, pour visiter et servir son peuple.

Joie de la prière d’alliance du soir. En faisant mémoire de la présence de Dieu dans ma journée, de mes parts d’ombre, je lui confie le lendemain. Ce qui advient est reçu comme de sa main. Je reste paisible et confiante, dans l’espérance.

Joie de le choisir même en exil. Parfois nous paraissons insensés pour les gens de ce monde, de nos communautés. Ce sont des moments où nous expérimentons différemment la liberté de Dieu. Tout est grâce : que ce soit le don ou la privation. C’est le moment d’offrir ma disponibilité, pour ce qu’Il veut, sans tout comprendre.

Le Christ est mon rempart. Telle est ma foi.

Une seconde conversion (Marc 10, 17-22)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Cela n’est pas propre aux religieux, religieuses et personnes consacrées, qu’elles demeurent dans leur communauté ou qu’elles changent de vie. Tout être, à un certain moment de son chemin spirituel, est invité à vivre comme une seconde conversion, celle par laquelle, après l’enthousiasme des débuts, où il a l’impression de faire des choses POUR Dieu, il en vient à se laisser pleinement conduire par l’Esprit Saint, à lui donner le gouvernail de sa vie, et donc à faire désormais l’œuvre DE Dieu (opus Dei, en latin, au sens premier de l’expression).

C’est le cas du jeune homme riche (Marc 10, 17-22) dont aucun des trois évangiles synoptiques ne mentionne qu’il était « jeune ». Son désir, tel qu’il est formulé à l’adresse de Jésus en accourant vers lui et en se mettant à ses genoux, est plus que recommandable : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Il appelle même le Christ « Bon Maître », entraînant la première partie de la réaction du Fils de Dieu qui le renvoie au seul Bon Maître, le Père.

Puis l’homme abonde dans le sens de la deuxième partie de la réplique du Seigneur, en affirmant que « dès sa jeunesse », il a accompli les commandements du Décalogue (Exode 20, 12-16) : il n’a ni tué, ni commis d’adultère, ni volé, ni proféré de faux témoignage. Admirable fidélité qui provoque un regard d’amour porté sur lui par Jésus !

Et pourtant, cela ne suffit pas, car voilà que retentit le second appel : « Une seule chose te manque, si tu désires te faire un trésor dans le ciel : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis suis-moi. » Quelle radicalité ! Quelle exigence ! Le Seigneur veut que nous lui donnions tout, que nous lâchions la maîtrise de notre existence, que nous quittions la toute-puissance et que, comme Thérèse de Lisieux, nous nous jetions dans ses bras. Le texte ne dit pas si l’homme riche a accepté finalement de solder tous ses biens, qu’il avait abondants. Marc dit simplement qu’il s’en alla tout triste.

Quelque orientation que nous prenions dans notre vie, que nous options pour un autre chemin ou que nous poursuivions dans la ligne de la vocation première, un abandon décisif dans les mains de Dieu est requis. Avec l’assurance que le Seigneur ne nous laisse jamais tomber.

A Corpataux, des «Bonjour» et des «Au revoir»

Des visages souriants à nos portes

 

 

PHOTOS : CATHERINE SOLDINI
TEXTE ET PHOTO PAR CATHERINE SOLDINI, POUR LE CONSEIL PASTORAL DE CORPATAUX

Le 28 novembre 2021, tout un petit monde gravite autour de l’autel, certaines personnes, on les voit régulièrement, d’autres, on les aperçoit au loin, d’autres encore se font discrètes… mais toutes ces personnes permettent aux célébrations de se dérouler harmonieusement et dans un beau cadre.

Ainsi lors de cette célébration, nous avons à la fois accueilli et à la fois dit aurevoir !

Ce furent des instants remplis d’émotions: Mélissa et Jessica quittaient le service à l’autel et la communauté a accueilli Agathe, Albane, Naomi et Louanne qui ont reçu officiellement la croix et le « certificat » de servant de messe même si elles avaient commencé depuis un certain temps.

De même, les responsables des servants de messe:
Florence Butty et Catherine Soldini ont tiré leur révérence pour laisser la place à Adeline et Anne Meuwly !

Ces dernières porteront plusieurs casquettes : sacristines (avec l’appui fidèle de Thérèse Monney), responsables des servants de messe et auxiliaires de communion ! En particulier, Adeline s’occupe de l’animation musicale quand il n’y a pas le chœur et Anne décore désormais l’église à la place d’Alice.

Justement, nous adressons un merci tout particulier à Alice Schouwey qui s’est occupée de la décoration et de l’entretien de l’église durant 35 ans. Tous ces bouquets ont varié au gré des saisons et ont été confectionnés avec beaucoup d’amour. Un bouquet géant de merci pour toi Alice.

Quant au nettoyage de l’église, c’est Judith Geinoz qui remplace dorénavant Alice.

Merci à toutes ces grandes et petites mains. Bonne continuation sur votre chemin de vie ! Qu’il soit lumineux et fleuri !

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