La primauté des saveurs

L’anagramme de saveur est « sauver ». La saveur est ce qui nous sauve. Sans saveur nous sommes perdus. Si nous méprisons le réel, au final, nous perdons la saveur qui fait notre vie. La Bible fait référence à la saveur : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi va-t-on le saler ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » (Mt 5, 13) En tant qu’êtres humains créés par Dieu, partageons la saveur du sel de la Parole vivifiante.

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En librairie – juin 2022

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Jésus revient… en Suisse
Philippe Le Bé

Ce 8 novembre 2024, personne ne l’attend. Discrètement, Jésus a choisi la Suisse pour un retour sur notre planète, toujours plus chamboulée par des pandémies qui n’en finissent pas, un climat qui se détraque et une biodiversité qui s’effondre. L’Envoyé a quelques semaines pour dénicher douze nouveaux disciples, de Genève au Jura, qui pourront témoigner qu’un autre monde est possible sur Terre.

Editions Cabedita

Acheter pour 29.00 CHF

Décoder un tableau religieux (Nouveau Testament)
Eliane et Régis Burnet

Comment différencier une Annonciation d’une Assomption ? Que signifie le bleu du manteau de la Vierge Marie ? Pourquoi les premiers chrétiens ont-ils représenté le Christ sous la figure d’un berger ? Nous sommes entourés de tableaux religieux, mais savons-nous encore les lire. A partir d’éléments facilement reconnaissables – un ange à genoux, une corbeille de pain ou une barque de pêcheurs –, Eliane et Régis Burnet élaborent une grille d’identification des épisodes de l’Evangile et décodent pour nous les symboles du christianisme. Sans dogmatisme ni a priori, ce guide offre les clés de lecture indispensables pour apprécier les plus belles œuvres de notre patrimoine.

Editions Cerf

Acheter pour 49.30 CHF

Père Jacques Sevin
Thierry Martinet

Toujours la tête dans les nuages, le petit Jacques grandit à l’aube du XXe siècle. Deux rencontres vont sceller le destin de ce jeune élève, turbulent et artiste, d’un collège jésuite : d’abord sa rencontre avec Jésus, qui guidera son chemin spirituel, puis sa rencontre avec Baden-Powell, l’inventeur du scoutisme en Angleterre. Il met toutes ses qualités au service des jeunes : pédagogie, enseignement biblique, animation, chanson, écriture, peinture, sculpture. Il est l’homme de toutes les situations, toujours en mouvement pour aller à la rencontre de l’autre. Il a marqué durablement ceux qui ont croisé sa route, par sa profonde intelligence et sa grande humilité. Cette BD vous le fera découvrir.

Editions Plein Vent

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L’évangile dans le sable
Mgr Jean-Claude Boulanger

Le 1er décembre 1916, Charles de Foucauld est assassiné à Tamanrasset. Sa mort parle plus que toute sa vie. Non loin de son corps recroquevillé se trouvent à même le sable, l’Hostie que Frère Charles a tant contemplée et l’Evangile qu’il a tant médité.
Mgr Boulanger relit la vie de Frère Charles à la lumière de cet événement. Celui qui sera canonisé à Rome le 15 mai 2022, par sa pauvreté, sa douceur, son désir de paix et de fraternité, son acceptation de la souffrance et de la persécution, est devenu l’homme des Béatitudes, le Frère universel.

Editions Artège

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« Ma peinture, mon destin, ma vie » : rencontre avec Laurence Bender

Laurence Bender est artiste peintre. Les mots prudents qu’elle emploie pour parler de sa peinture sont comme des phares qui jalonnent une côte déchirée. Sa peinture, c’est sa vocation, son destin, sa vie. Cet univers intérieur à partir duquel elle s’exprime et qui relie l’art et la spiritualité, lui colle à la peau depuis son plus jeune âge. Le 15 avril dernier, elle a présenté
à l’église de Martigny-Ville, lors de la célébration de la Passion, les quatorze stations d’un Chemin de Croix qu’elle a mis près de deux ans à réaliser.

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« Dévouer les biens de l’Eglise aux pauvres »

PAR THIERRY SCHELLING
PHOTO : PIXABAY

En 2021, dans le travail de transparence exigé par le pape François quant aux finances de l’Eglise, l’Administration du Patrimoine du Saint-Siège (APSA), sorte de trésorerie du Vatican, a publié pour la première fois une série d’informations sur son immobilier : plus de 5’000 propriétés dans le monde… dont 80 % en Italie quand même !

Un peu d’histoire…

Qui sait ce qui s’est passé le 20 septembre 1870 ? La suppression des Etats pontificaux, la relégation du Pape dans ses 0,44 hectares intra muros Vaticani, et le transfert à l’Etat italien d’immeubles et de terres d’une large bande de terre transversale allant en gros du Latium et de sa capitale, Rome, à la Romagne.

Et le 11 février 1929 ? Les Accords du Latran sont signés entre Mussolini et le cardinal Gasparri, Secrétaire d’Etat, garantissant une quantité des bâtiments dans Rome et banlieue sous extraterritorialité (hors pouvoir italien)… et en compensation des pertes de 1870 ! Du coup, il a fallu gérer, et apprendre à le faire avec les règles du XXe siècle… Pour des clercs exclusivement italiens – jusqu’au fameux Marcinkus ! –, l’amateurisme, le népotisme, le favoritisme et l’à peu près ont souvent défrayé la chronique… jusqu’à récemment, avec l’affaire du cardinal Becciu et d’un bel immeuble à Londres…

Assainissement

Dès 2014, tant le changement des personnes que de statuts a déjà permis… qu’un cardinal soit mené devant les tribunaux, qu’un Secrétariat et un Conseil pour l’Economie soient érigés (2014), qu’un Réviseur des comptes soit nommé (2015) et qu’une mise au pas organisationnelle soit décrétée par la Lettre apostolique I beni temporali (2016). Son incipit : « Les biens temporels que l’Eglise possède ont comme fin le culte divin, le soutien honnête du clergé, l’apostolat et les œuvres de charité spécialement au service des pauvres… » Rome ne s’est pas bâtie en un jour…

Formée à l’Ecole Pierre

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la Valaisanne Laura Pellaud de prendre la plume. 

Par Laura Pellaud | Photos : Raphael Delaloye, DR

Nous sommes tous des pierres vivantes et créatives.
Laura Pellaud.

L’année dernière, j’ai eu la chance de me former à l’Ecole Pierre et c’est de cette expérience que j’ai décidé de vous parler.

L’Ecole Pierre est une école créative pour l’Eglise. Elle propose deux cursus d’étude : la communication et la louange. Ce choix de filière émane du fait que la philosophie de ce lieu est la suivante : « Le message d’amour du Christ est le plus beau message du monde. Il ne faut sous aucun prétexte le modifier. Cependant, pour le partager au plus grand nombre, il peut être intéressant de réfléchir à une forme attrayante de le transmettre. »

C’est pour cette raison que la créativité a une place si centrale et majeure dans ces études. En effet, l’année d’enseignement est rythmée par des projets concrets et artistiques qui permettent aux étudiants de développer leurs compétences créatives et professionnelles. Comme par exemple, la réalisation de clips musicaux, de vidéos pour des communautés religieuses et des festivals chrétiens ou encore la participation à des émissions de radio.

Cependant, comme je l’ai évoqué précédemment, la communication innovante est vaine si le message est désincarné. C’est pour cela qu’une grande partie des cours sont des cours de théologie. Ils aident à en apprendre plus sur le Christ et à se concentrer sur l’essence du message que nous avons tous à partager en tant que baptisés.

Une des forces de cette école est qu’elle se vit en colocation. En effet, tous les étudiants habitent ensemble. Cela permet la création de liens fraternels très forts et d’une vie de prière commune et quotidienne. Cet aspect est vraiment très important, car il permet de nous enrichir de nos diversités, de nous épauler dans les moments plus complexes mais surtout de faire Eglise.

J’aimerais conclure en vous disant que nous sommes tous  des pierres vivantes et créatives remplies de dons et de talents donnés par Dieu. Nous sommes tous appelés à participer à la construction du royaume de Dieu en suivant son plan d’amour pour nos vies. Dans la beauté et la simplicité de nos quotidiens, nous sommes appelés à refléter Jésus.

Et si c’était cela le plus grand et le plus précieux patrimoine immobilier de l’Eglise ? Les pierres uniques et à l’image de Dieu qui, mises ensemble, peuvent former des choses impactantes pour faire rayonner l’amour de Dieu.

Liens utiles : 
https://www.ecolepierre.com
@ecole_pierre (Instagram)

La Communauté Sant’Egidio

De nombreuses communautés composées de religieux ou de laïcs sont présentes en Suisse romande, comme autant de témoins de la vitalité et de la diversité de l’Eglise. Ce mois-ci, cap sur la Communauté S. Egidio à Lausanne.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTO : DR

Fondateur : Andrea Riccardi, professeur d’histoire du christianisme et ministre de la Coopération internationale et de l’Intégration dans le gouvernement Monti (2011-2013), réunit pour la première fois le 7 février 1968 un groupe de jeunes pour lire l’Evangile et le mettre en pratique au quotidien, quand il était élève au lycée Virgile de Rome.

Dates clés :
1973 : La Communauté prend le nom de Sant’Egidio, du nom de l’église dédiée à saint Gilles, à Rome où se réunissaient les premiers membres.
1980 : Actions diplomatiques et pacifistes dans des zones de conflits.
2015 : Mise en place de couloirs humanitaires pour faciliter l’accueil de réfugiés en Europe.
2018 : Marco Impagliazzo, président du mouvement se rend en Corée du Nord où Sant’Egidio soutient un hôpital pédiatrique.

Organisation : Un réseau de communautés présentes dans 70 pays et comptant plus de 70’000 membres, reconnu par le Saint-Siège comme association de fidèles depuis 1986.

Mission : Se réunir par un lien de fraternité dans l’écoute de l’évangile et dans l’engagement bénévole et gratuit pour les pauvres et pour la paix.

Présence en Suisse :
A Lausanne uniquement où un groupe a démarré en 1990 par la rencontre d’enfants qui avaient besoin d’une aide scolaire dans le quartier de la Bourdonnette et entre autres par une prière œcuménique chaque samedi soir à la chapelle du Cénacle (basilique Notre-Dame).

Une particularité : A la suite de la première rencontre interreligieuse d’Assise en 1986, initiée par Jean-Paul II, la Communauté Sant’Egidio organise chaque année une rencontre internationale pour renforcer le dialogue entre les religions et prier pour la paix.

Pour aller plus loin : santegidio.org

« La Communauté S. Egidio, c’est… »

Par Michael Steck, Lausanne

… de pouvoir vivre une amitié et une solidarité sans frontière. Dans la communauté nous essayons de vivre un Esprit de famille, centré autour de la prière et ouverte aux réalités du monde. Nous disons souvent que nous avons deux piliers : la Bible qui nous met en présence de la parole de Dieu et le journal qui nous ouvre à la réalité du monde. C’est ainsi qu’à Lausanne, nous avons une prière hebdomadaire le samedi soir et plusieurs temps de service : cours de français à des étrangers, visites à des requérants d’asile et à des personnes âgées, soutien scolaire à des enfants roms.

Le patrimoine immobilier de l’Eglise

A qui appartiennent les édifices religieux ? Comment gère-t-on ces biens ? Peut-on facilement vendre un terrain paroissial ou désacraliser une chapelle ? Voilà autant de questions faciles à énoncer mais qui cachent des réponses bien plus complexes qu’il n’en paraît, à replacer dans le contexte des rapports entre l’Eglise et l’Etat.

PAR PASCAL ORTELLI | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER, CATH.CH, DR

« Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Une lecture trop simpliste du précepte évangélique pourrait nous faire croire de prime abord que les églises appartiennent aux paroisses et les autres biens non sacrés, comme les établissements scolaires ou les hôpitaux, à l’Etat. De la querelle du sacerdoce et de l’empire au Sonderbund, les aléas de l’Histoire viennent compliquer les choses. Les écoles ou autres institutions de soins ont longtemps été gérées par l’Eglise avant que le bras séculier ne s’en occupe, tandis qu’aujourd’hui, certains édifices religieux comme la cathédrale Saint-Nicolas ou l’église jésuite du collège Saint-Michel de Fribourg, appartiennent à l’Etat. En revanche à Sion, la cathédrale est en main du chapitre des chanoines. Difficile donc de s’y retrouver, de dégager une systématique et d’autant plus d’avancer des chiffres.

Qui reconnaît qui ?

Les deux principales difficultés résident dans le fait que l’Eglise, avec son droit canonique, dispose de normes particulières qui ne se retrouvent pas forcément dans le droit suisse et que la situation peut varier d’un canton à l’autre en fonction des conventions de reconnaissance contractées. Si l’entité « paroisse » est clairement définie sur le plan canonique et jouit de la personnalité juridique, qu’en est-il sur le plan civil ?

Cédric Pillonel est le secrétaire général de la FEDEC, qui s’occupe de la gestion financière de l’Eglise dans le canton de Vaud.

Dans le canton de Vaud, Cédric Pillonel, secrétaire général de la FEDEC 1, institution de droit public qui assure la gestion financière et administrative de l’Eglise ainsi que ses relations avec l’Etat, précise d’emblée qu’il n’y a pas de reconnaissance civile de la paroisse canonique. « On double alors la structure d’une association paroissiale où le conseil de paroisse – entité reconnue par le droit canon et responsable de la gestion administrative des biens – en constitue le comité. »

La même logique s’applique dans les autres cantons du diocèse avec quelques différences notoires qui ont leur importance quant à la possibilité ou non de prélever un impôt ecclésiastique. A Fribourg, on parle de corporations ecclésiastiques plutôt que d’associations, tandis qu’à Genève et Neuchâtel, en raison d’une séparation stricte, les paroisses, tant catholiques que protestantes, sont organisées en association de droit privé, ce qui les oblige à s’autofinancer uniquement par des dons. Seuls les cantons du Valais et du Tessin accordent à la paroisse en tant que telle la personnalité juridique.

Qui contrôle qui ?

Pour Jean-Baptiste Henry de Diesbach, président du Conseil d’administration du diocèse de Lausanne, Genève, Fribourg, « si l’on pousse cette logique à l’extrême, cela pourrait poser des problèmes, car deux régimes diamétralement opposés entrent en concurrence. Une association fonctionne en effet selon un mode démocratique et son assemblée générale peut en théorie à tout moment modifier ses statuts, tandis que l’Eglise est régie par un type de gouvernement monarchique ». Si cela se comprend par la nécessité de préserver l’unité de la foi, à rebours, on pourrait imaginer qu’une assemblée générale décide de salarier, à la place du curé, un assistant social ou de vendre les biens de l’association paroissiale sans en référer à l’évêque. « Fort heureusement, précise-t-il, la bonne volonté de chacune des parties fait que les choses fonctionnent de concert. » Des passerelles existent aussi de part et d’autre. La législation fribourgeoise connait par exemple une spécificité qui oblige le notaire à se référer au droit canon pour certains actes.

Qui peut vendre quoi et à qui ?

Du point de vue de l’Eglise, les transactions relatives aux biens sont très strictes et soumises à un triple veto. Toute vente immobilière dès 1 m2 doit obtenir l’aval de l’évêque. Ce dernier ne donnera son feu vert qu’après avoir obtenu le préavis positif du Conseil diocésain pour les affaires économiques (CDAE) et du Conseil presbytéral. De plus, si la vente dépasse les 5 millions, il faut encore en référer au Saint-Siège. Ces filets de sécurité sont importants pour éviter que des paroisses ou des congrégations religieuses ne se fassent avoir par des agents immobiliers peu scrupuleux. En outre, comme ces biens appartiennent de fait à une multitude d’entités fractionnées, l’évêque dispose d’une prérogative permettant de garder une vision d’ensemble quant à l’utilisation et la valorisation du patrimoine foncier de son diocèse.

Comment générer des revenus pour demain ?

A ce propos, Mgr Morerod a d’ailleurs fait un pas de plus dans la professionnalisation de ces structures. La mise sur pied d’un Conseil d’administration diocésain constitué de membres laïcs ultra compétents dans leur domaine (finance, immobilier, droit…) permet d’élaborer une vision stratégique à long terme pour les affaires temporelles. Comme le relève Jean-Baptiste Henry de Diesbach, « il est important d’anticiper aujourd’hui les revenus de demain, car tôt ou tard, on assistera à une baisse de l’impôt ecclésiastique et des subsides de l’Etat ».

En ce sens, un outil juridique comme le droit de superficie est intéressant. Il donne la possibilité de construire ou modifier un immeuble comme si l’acquéreur en était propriétaire, tout en permettant au véritable détenteur de dégager un revenu sur du long terme jusqu’à 100 ans et de récupérer le bien à la fin.

Ne pas désacraliser

Un bâtiment appartenant à une congrégation religieuse et aujourd’hui inoccupé peut être réaffecté par exemple au canton dans un but d’utilité publique, tout en continuant à générer des produits pour cette dernière. Une fondation ecclésiastique a ainsi mis un ancien couvent à disposition du canton de Fribourg, à long terme et contre une rente annuelle, pour y héberger des requérants d’asile et des réfugiés. L’opération permet l’accueil de migrants sans en gérer les aspects opérationnels, tout en assurant des revenus qui permettent notamment de financer la formation de futurs prêtres.

Ainsi même si l’Eglise catholique en Suisse romande ne vole pas la palme aux CFF en matière de propriété foncière, compte tenu du caractère fractionné de ses possessions, elle n’a néanmoins pas besoin de désacraliser à outrance ses édifices religieux pour trouver de nouvelles liquidités. Il arrive que cela se produise, comme au Locle où une chapelle de quartier a été transformée en villa, mais dans la majorité des cas, une réaffectation sera préférée à une vente pure et simple, tout comme une saine collaboration avec les cantons et les communes qui dans la plupart des cas continuent de la soutenir.

1 Fédération ecclésiastique catholique romaine du canton de Vaud.

L’église jésuite du collège Saint-Michel de Fribourg est en main du canton.

Les Eglises unies au front

Le téléphone ne cesse de sonner. Depuis que la guerre a éclaté dans son pays, Sviatoslav Horetskyi reçoit au minimum cinquante appels par jour. Ce prêtre ukrainien gréco-catholique, officiant à Genève et Lausanne, a malgré tout trouvé le temps de nous accorder un entretien.

PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER

Comment vivez-vous le conflit qui agite votre pays ?

J’aimerais préciser que ce n’est pas un conflit, mais une guerre. C’est d’ailleurs même pire que la guerre, on évoque dans les médias un génocide. Personnellement, c’est difficile de voir les images de mon pays, car elles sont loin de la réalité.

L’Ukraine compte un tiers de fidèles du Patriarcat de Moscou. Comment se passe la cohabitation avec les autres croyants ?

Le Patriarcat de Moscou nous trompe sur le nombre réel de fidèles. Beaucoup de paroisses qui étaient rattachées à Moscou se sont regroupées avec l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Certains fidèles de paroisses russes réfléchissent et se demandent si leurs autorités montrent le bon exemple. Il en résulte que beaucoup de ces croyants ont aujourd’hui une vision plus globale de la réalité et quittent l’Eglise russe.

En quoi la religion contribue-t-elle à la guerre en Ukraine ?

Honnêtement, je ne pense pas qu’on puisse dire que le déclencheur de la guerre en Ukraine soit la religion. Aujourd’hui, beaucoup d’églises à l’ouest de l’Ukraine accueillent des réfugiés et essayent de s’organiser pour être présentes pour tous ceux qui ont besoin d’aide et pas seulement pour leurs propres fidèles.

Dans quelle mesure l’Eglise orthodoxe russe craint d’être dépossédée de son pouvoir en Ukraine ?

Elle perd déjà de son pouvoir ! Et si l’Eglise orthodoxe russe ne se positionne pas pour arrêter ce massacre, elle perdra encore plus.

Quelle influence possède le Patriarcat de Moscou au plan politique ?

On constate cette influence rien que dans la réaction du patriarche Kiril, en tant que chef de l’Eglise russe, il use de cette même propagande, de ce mensonge permanent à l’attention des Russes en Russie. Le fait que l’Eglise ne réagisse pas à ce qu’il se passe est déjà pour moi une réponse à cette question.

Certains croyants ont peur d’un retour des persécutions de l’ère communiste ?

Si l’Ukraine arrive à repousser les soldats russes hors de son territoire, alors la liberté religieuse sera garantie pour toutes les communautés. Depuis la chute de l’URSS, la liberté religieuse n’est pas un vain mot en Ukraine et doit le rester.

Une foi illégale

Selon Portes Ouvertes, une ONG internationale qui soutient les chrétiens persécutés, les Eglises de la région du Donbass, non affiliées au patriarcat de Moscou, subissent une pression croissante depuis 2014. Les autorités des deux Républiques autoproclamées (Donetsk et Louhansk) ont édicté des directives qui obligent les organisations religieuses à se faire enregistrer. Une liste de 195 organisations religieuses enregistrées, établie en décembre 2019 par les autorités de Louhansk, a montré qu’aucune communauté protestante n’avait obtenu d’autorisation. Ne pas être enregistré signifie ne pas avoir accès au gaz, à l’électricité ou à l’eau. Cela rend, de fait, toute activité religieuse impossible.

Les Eglises d’Ukraine

Il est utile de préciser que, outre les communautés protestantes dont parle le communiqué de Portes Ouvertes, il existe dans le pays quatre Eglises : l’Eglise orthodoxe du Patriarcat de Moscou (EOU-PM), l’Eglise orthodoxe du Patriarcat de Kiev (Kyïv) (EOU-PK), l’Eglise autocéphale et l’Eglise gréco-catholique (EGCU).

Biographie express

Né en Ukraine centrale dans la ville de Zhytomyr, Sviatoslav Horetskyi est prêtre au sein de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne (de rite byzantin).
Marié et père de trois enfants, il appartient à l’éparchie (diocèse) de Saint-Volodymyr le Grand de Paris et a été nommé l’an dernier administrateur des centres pastoraux des villes de Genève et Lausanne. Stagiaire dans l’UP de La Seymaz (GE) pour l’année pastorale 2022, il se forme pour célébrer dans le rite romain.

Il est né dans la ville ukrainienne de Zhytomyr.

Que vive le patrimoine bâti

PAR DAVID BAGNOUD, PRÉSIDENT DE LA COMMUNE DE LENS
PHOTO : DR

«Son clocher abrite l’un des plus exceptionnels carillons de Suisse.» David Bagnoud

Autrefois propriété de l’évêque de Sion, Lens devient une commune à part entière au XIVe siècle. Elle tire son charme en grande partie de la richesse du patrimoine bâti de son cœur historique, répertorié dans l’ISOS (Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse) et dont l’église constitue un précieux élément.

Dédiée à Saint-Pierre-aux-Liens, l’actuelle église paroissiale de Lens est érigée en 1843 sur le site des trois édifices précédents. De style piémontais, son plan d’un seul rectangle rappelle les lieux de culte postérieurs au Concile de Trente. Elle possède des orgues de 1903 manufacturés par la maison Kuhn de Männedorf (ZH) dont les origines remontent à 1864. Son clocher abrite l’un des plus exceptionnels carillons de Suisse. Comportant vingt-quatre cloches, il se distingue par le fait qu’il est équipé d’un clavier mécanique de type flamand tout en ayant conservé un actionnement valaisan fait de cordes, poulies et chaînes. Cloches et carillons rythment les événements de notre communauté, les jours de fête et l’année liturgique des paroissiens.

L’église de Lens a été restaurée entre 1968 et 1974. Des travaux de conservation ont encore été réalisés en 2010 lorsque la commune a entrepris de revitaliser son centre historique en parallèle du remplacement de ses conduites d’eaux souterraines. A cette occasion, le parvis a été réaménagé en une véritable place du village, conférant à ce dernier une nouvelle dynamique.

Ne représentant pas seulement notre histoire, les sites construits illustrent notre espace de vie actuel. Ils nous permettent de nous identifier à l’endroit où nous vivons. Leur valorisation et leur développement harmonieux bénéficient à la qualité de notre environnement. En laissant une empreinte durable, le patrimoine bâti participe ainsi pleinement à notre bien-être.

Synode, porte ouverte

Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est Mgr Jean-Marie Lovey qui prend la plume.

PAR MGR JEAN-MARIE LOVEY, ÉVÊQUE DU DIOCÈSE DE SION
PHOTO : CATH.CH / BERNARD HALLET

On ne peut pas ne pas tenir compte de ce qui se passe devant notre porte. Le monde étant devenu un village, ce qui se vit au bout de ce monde se vit en immédiateté devant notre porte. Depuis la semaine après Pâques, la porte semble contenir une double signification. Huit jours plus tard, dit saint Jean, Jésus vient au milieu de ses disciples : ils sont là réunis, Thomas y compris, lui qui avait manqué la semaine précédente au même rendez-vous. Tous les disciples in corpore, dans le même lieu, dans la même peur, dans le même enfermement ! Les portes du lieu où ils se tenaient sont soigneusement verrouillées. Il y a trop de risques à sortir voir ce qui s’y passe, trop de risques à laisser l’inconnu entrer. Cependant il vient. Et c’est une autre porte qu’il ouvre. Une ouverture qui est désormais littéralement à portée de main. Mets ta main dans mon côté. (Jn 20, 26)

L’Eglise, c’est-à-dire nous tous en tant que communauté de foi, se situe, au long des âges et aujourd’hui encore, devant ces deux types de portes. D’un côté, les portes que l’on ferme par peur des autres, une peur qui nous garde prisonniers de nos propres fabrications. De l’autre, une béance, une blessure, porte ouverte au côté de celui qui aime et appelle à se laisser rejoindre « ma main sur son cœur ».

La première phase de la démarche synodale s’est déroulée dans chaque diocèse du monde. Notre Eglise diocésaine s’y est mise, modestement peut-être, mais avec bonheur. Jusqu’ici, des portes se sont-elles ouvertes ? Des peurs et des paralysies en ont-elles fermé d’autres ? Le processus se poursuit, au niveau des pays, des continents puis de l’Eglise universelle, tant il est vrai que le but de ce synode est précisément le chemin qui se vit sans cesse. Autrement dit, ce qui importe est de faire chemin ensemble ; d’oser avancer malgré tout ce que l’Eglise subit de revers, malgré nos infidélités, malgré nos courtes vues étriquées ou partisanes ; d’oser maintenir notre attention prioritaire sur l’abîme du côté ouvert du Christ. A l’écoute commune des battements de son cœur, dans la vie diocésaine, nous resterons des marcheurs en chemin (synode). Le synode ne s’achèvera pas en 2023, mais bien au seuil de l’ultime porte, celle du Paradis.

Rénovation de l’église paroissiale de Saint-Maurice de Laques et de La Chapelle d’Ollon

Les conseils de gestion portent le souci du patrimoine bâti des paroisses. Ainsi, l’église paroissiale de Saint-Maurice de Laques est en cours de rénovation; la chapelle d’Ollon aura des travaux début 2023. Présentation.

Rénovation de l’église paroissiale de Saint-Maurice de Laques

PAR STÉPHANE PONT, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION COMMUNICATION ET RECHERCHE DE FONDS
PHOTO : DR

L’église paroissiale de Saint-Maurice de Laques figure au patrimoine architectural du canton, témoin sacré du début du XVIe et de la fin du XIXe siècle.

Afin de la préserver, il a été décidé d’effectuer d’importants travaux de rénovation qui ont débutés voilà quelques semaines et qui vont se poursuivre au moins jusqu’en décembre prochain.

Grâce au soutien de la commune de Crans-Montana, de l’Etat du Valais et de la Loterie Romande deux tiers du budget de 850’000 francs est déjà couvert. UN GRAND MERCI A EUX !

Il nous reste donc à trouver le solde et nous comptons sur de nombreuses contributions.

Un appel au don est lancé et vous pouvez d’ores et déjà y contribuer en effectuant un virement sur les coordonnées bancaires suivantes: IBAN : CH14 8080 8008 4018 9075 6 – Intitulé du compte « Dons restauration SML »

Rénovation de la chapelle d’Ollon

PAR CÉDRIC VOCAT, PRÉSIDENT DU CONSEIL DE GESTION (COGEST)
PHOTO : DR

La chapelle d’Ollon, dont l’existence est attestée dès 1711, a été agrandie en 1861, puis de 1916 à 1920 par Louis Gard, architecte de la statue du Christ-Roi. De style baroque, cette chapelle est dédiée à la Présentation de Marie au temple.

Les paroissiens ont pu constater que ce bâtiment nécessite un grand entretien. En effet, des fissures sont apparues sur la voûte, la peinture s’étiole, l’éclairage n’est plus à jour, les rambardes des esca-liers ainsi que celles de la tribune ne sont plus aux normes, … Le CoGest a donc décidé de mettre cette rénovation à l’ordre du jour.

Pour ce faire, nous nous sommes réparti le travail. Tout d’abord nous avons demandé des conseils auprès de spécialistes puis nous avons sollicité plusieurs entreprises afin d’obtenir des devis. Ayant reçu ces documents, nous avons pu établir le montant brut de la rénovation. Et, nous fûmes surpris par le montant qui est, tout de même, de 120’000 francs !

Afin de mener à bien cette rénovation, le CoGest s’est mis à la recherche de mécènes et généreux donateurs. Nous avons sollicité plusieurs fondations et, actuellement, nous sommes dans l’at-tente de leur réponse.

Les travaux débuteront, normalement, au début 2023 et devraient être terminés à la fin du printemps 2023.

Si le cœur vous en dit, nous recueillons volontiers tout don pécunier. Un grand merci pour votre précieux soutien.
IBAN : CH82 8080 8002 4644 1292 9 avec la mention « Rénovation chapelle d’Ollon » – Paroisse Saint-Georges Chermignon

«Femme, je vous aime !»

PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : VATICAN NEWS

Le pape François a donné la place à des femmes dans la curie comme aucun de ses prédécesseurs : directrice des Musées du Vatican, secrétaire du Gouvernorat du Vatican (l’organisme qui gère la Cité du Vatican), sous-secrétaire du Synode…

Il a également institué lectorat et acolytat pour les deux sexes ; chez nous, cela passe presque inaperçu, mais dans des milliers de diocèses dans le monde, c’est une occasion bénie d’institutionnaliser la place des femmes en Eglise de manière non plus exceptionnelle, circonstanciée ou opportuniste, mais réellement habituelle.

« L’Eglise est femme »

A la messe du 1er janvier 2022, le Pape s’est écrié : « Que de violence il y a à l’égard des femmes ! Assez ! Blesser une femme, c’est outrager Dieu qui a pris l’humanité d’une femme… » Et de rappeler qu’il faut les protéger comme devoir premier de la société et de l’Eglise, car « l’Eglise est femme ». Dans le contexte de la révélation des abus psychosexuels, c’est sûr que cela sonne… pour le moins rassurant de le souligner. Mais avec modestie…

« Experte en humanité », vraiment ?

Paul VI parlait de l’Eglise comme « experte en humanité »… Le cataclysme des rapports Sauvé de divers pays (France, Allemagne…), ainsi que les enquêtes en cours (Espagne, Suisse…), a fait sauter en éclats cette présomptueuse appellation de soi pour l’Eglise, « experte en humanité »… Désormais, l’Eglise doit incarner le service concret de cette même humanité, comme savent le faire, depuis des millénaires, les femmes, les filles, les mères… Et malgré les adversités, les cruautés, les crimes dont elles sont victimes depuis des siècles dans les sociétés patriarcales sur tous les continents, elles tiennent encore debout, comme Marie au pied de la croix ; elles accueillent et offrent le meilleur, comme Marie dans la crèche ; elles repèrent et encouragent le service d’autrui comme Marie à Cana… Et le Pape de conclure : « Au début de la nouvelle année, mettons-nous sous la protection de cette femme… » ; mettons-nous sous la protection de toutes les femmes, oui !

La consolation d’une mère

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : PXHERE

Au-delà de la réflexion assez étonnante lancée par la compagnie des pasteurs et des diacres de l’Eglise réformée évangélique de Genève à propos du «genre de Dieu» (voir le dossier), nous pouvons constater que la Bible affirme clairement la part féminine de notre Seigneur.

Dès les premiers versets de la Genèse (1, 2), la Ruah Yahweh, son Esprit, au féminin en hébreu, est dit planer sur les eaux. De plus, l’un des attributs principaux du Seigneur, sa miséricorde, s’engendre dans ses entrailles matricielles, comme il l’affirme lui-même à Moïse en Exode 34, 6, lorsqu’il remet à son prophète sa « carte de visite » : « Le Seigneur passa devant Moïse sur le mont Sinaï et il cria : « Yahweh, Yahweh, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité » ». La bienveillance divine s’exprime dans la langue de l’Ancien Testament par le mot féminin pluriel rahamin, la matrice de la femme qui porte la vie. Le terme est repris en grec à propos du Christ, lorsque l’Evangile dit qu’il est « pris aux tripes » en présence des foules qui étaient comme des brebis sans berger (Matthieu 9, 36).

En outre, le troisième Isaïe (chapitre 56-66) nous promet d’être allaités, portés sur la hanche, caressés sur les genoux et consolés par le Seigneur lui-même, comme une maman le fait pour son nourrisson (Isaïe 66, 12-13). Quand la paix coulera vers Jérusalem et que la gloire des nations se portera au-devant d’elle, tel un torrent débordant, ainsi notre cœur sera dans la joie et nos membres reprendront vigueur comme l’herbe, grâce à la tendresse maternelle de Dieu envers ses serviteurs.

Pas besoin donc de transiger sur les pronoms à attribuer au Seigneur. Ils peuvent être sans autres féminins et Dieu peut être invoqué comme « notre mère qui est aux cieux », afin que sa volonté d’aimer soit réalisée sur la terre comme au ciel, que son règne de bonté et de justice advienne, que son pardon se répande en nous en abondance, de sorte que nous le transmettions autour de nous et que le mal soit ainsi vaincu. En Ukraine comme en Romandie.

Les nouvelles chaires numériques

Il est devenu évident que le monde numérique a profondément modifié les habitudes de vie de nos contemporains.
La vie de l’église est bien entendu profondément touchée par cette révolution: de la même manière que l’apparition de l’imprimerie a transformé la façon d’annoncer la Parole de Dieu, la révolution numérique voit apparaître de nouvelles chaires.

PAR PAUL SALLES | PHOTOS : DR

Qu’est-ce qu’une chaire ? Il s’agit de cette petite tribune élevée du haut de laquelle le prêtre prononçait son sermon, avant l’apparition des micros. Elle était donc le lieu et le symbole de la prédication. Si aujourd’hui, dans nos églises, l’homélie est le plus souvent prononcée depuis l’ambon, le monde numérique a suscité l’émergence de nouvelles chaires sur les plateformes et les réseaux sociaux les plus connus (Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, Tiktok…). Sans être exhaustif, voici quelques réalités qui existent dans le monde catholique francophone.

Lancé en 2007 par un trio de jeunes prêtres d’Ile-de-France, le padreblog était à l’origine un blog qui permettait à ces jeunes prêtres une parole directe et à large échelle sur des sujets d’actualité. Depuis l’apparition des réseaux sociaux, ce blog a évolué en une plateforme qui oriente ensuite sur leurs médias en ligne.

Sur Twitter, Mgr Giraud, l’actuel évêque de Sens-Auxerre, fut l’un des premiers à proposer dès 2011 des « twitthomélies » quotidiennes. Désormais, un grand nombre d’évêques se prêtent à l’exercice et ont même des équipes chargées d’animer en leur nom ces réseaux.

Rejoindre les jeunes

L’enjeu de la présence de l’Église sur les réseaux est grand : alors que les jeunes passent de plus en plus de temps derrière les écrans, c’est là qu’il faut être si l’on souhaite les rejoindre. De ce fait, les paroisses de ces nouveaux prédicateurs ne sont plus géographiques, mais numériques. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qui sont ces prédicateurs qui peuvent rassembler de nombreux « followers » sur les réseaux ? Citons le Frère Benjamin, de la communauté des salésiens et ses 13’000 abonnés sur Instagram, ou bien le Père Vincent Cardo, du diocèse de Langres. Son compte « lecuredetiktok » publie tous les jours, pour près de 74’000 suiveurs. Citons encore le dominicain Paul Adrien et ses vidéos qui cumulent plus de 4 millions de vues sur YouTube. Celui qui truste la première place du podium reste le Père Matthieu Jasseron, curé à Joigny dans l’Yonne et qui compte 994’000 abonnés sur Tiktok, le réseau social préféré des adolescents, même s’il est loin des 2,4 millions du prêtre philippin Fiel Pareja.

Répondre à leurs questions

Au-delà des chiffres, quel contenu est ainsi diffusé sur le web ? Sur la forme déjà : les codes du genre sont respectés et collent à la réalité de ce que les jeunes rencontrent tous les jours sur leurs écrans. Quant au fond, il faut comprendre qu’une véritable communauté se forme entre celui qui publie ses vidéos et ses abonnés avec lesquels existent un échange et des discussions. Ainsi, le plus souvent, les thèmes des vidéos correspondent aux questions qui lui sont posées : « Irons-nous au paradis si nous disons des gros mots ? », « Ça veut dire quoi amen ? », « Si Dieu pardonne tout, pourquoi l’enfer existe ? » Sans oublier les questions autour de la sexualité, toujours très présentes dans les préoccupations des jeunes.

Notons enfin que ces nouvelles chaires ne sont pas une chasse gardée des prêtres. À titre d’exemple, nous pouvons citer la chaîne de Benjamin Pouzin (l’un des fondateurs du groupe de pop louange Glorious), ou celle d’un jeune de 21 ans, Victor dans la vraie vie, mais « le catho de service » sur le web et ses 5’000 abonnés.

En route pour la vie

PAR AUDREY BOUSSAT
PHOTOS: DARREN IRWIN, AUDREY BOUSSAT

J’avais prévu d’écrire un éditorial sur le fait d’accueillir sereinement les défis et les difficultés du quotidien, car ils nous font grandir. Eh bien, le Seigneur m’offre l’occasion de vous raconter une anecdote que je suis en train de vivre à l’heure où j’écris ces lignes.

Tout a commencé il y a plusieurs mois lorsqu’on m’a offert l’opportunité de me rendre à Londres pour le travail. Mon premier déplacement seule, un trajet en avion après trois ans sans avoir quitté la terre ferme et une conférence à donner dans une langue étrangère… J’avais de multiples raisons de préférer ma zone de confort à cette aventure anglaise. J’ai pourtant saisi cette occasion de me dépasser et d’affronter mes peurs. Moi qui suis si peu à l’aise au milieu de la foule, à Londres j’allais être servie ! Le voyage s’est merveilleusement bien passé : mon compagnon de route de chaque instant, Dieu, était avec moi.

Et il s’est aussi montré présent le matin où, visitant un musée, j’ai appris que le vol de retour, que je devais prendre quelques heures plus tard, était annulé. Comme je devais impérativement rentrer le jour même, il me fallait trouver rapidement une alternative. Impossible d’obtenir un billet d’avion avant le surlendemain : le voyage se ferait donc en train. La durée du trajet s’en trouvait particulièrement rallongée, mais peu importe !

Ce qui compte vraiment, ce qui a du sens à mes yeux et me procure de la joie, c’est que grâce à ce changement de plan, j’ai pu voir mon oncle qui habite Paris ! J’écris ces quelques mots à bord d’un train qui file dans la nuit. L’arrivée à Genève est prévue à minuit 55 à cause de retards. Je suis fatiguée mais heureuse : heureuse d’avoir vécu un séjour ensoleillé et riche en découvertes dans la capitale anglaise, heureuse de rentrer aujourd’hui, comme prévu, heureuse d’avoir revu un membre de ma famille que je croise rarement.

Parfois nos plans sont perturbés, un imprévu s’invite à la fête, tout ne se déroule pas comme nous l’avions escompté. Ou un défi qui implique de la nouveauté se présente et nous doutons. Rien de dramatique là-dedans, mais cela nous dérange. Ces deux dernières années ont pu nous engourdir ; nous avons aménagé une bulle confortable autour de nouvelles habitudes restreintes. Il est temps de faire éclater cette bulle et de vivre pleinement en acceptant les surprises et les changements de plan qui se présentent à nous : autant de bénédictions que le Seigneur nous offre et qui nous permettent de nous rapprocher de lui. Osons nous engager et disons oui, avec joie et sérénité, à la vie qui nous appelle !

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