Au XVIIe siècle, de nombreux Fribourgeois se rendent à Einsiedeln. En effet, le sanctuaire schwytzois est un des lieux de pèlerinage les plus importants de Suisse. Naît alors la volonté de construire une réplique de la Vierge noire et de la chapelle qui l’accueille. Le but est de permettre à ceux dont les finances ou la santé rendent un long voyage impossible de bénéficier des grâces. Einsiedeln est très lié à la détresse et à la maladie. Les pèlerins ramenaient dans leurs bagages des copies de la statue. Ces répliques en argile étaient porteuses de protection et de guérison.
Jean Ulrich Wild, le fondateur du projet fribourgeois, s’engage par contrat à financer non seulement la construction du sanctuaire, mais aussi le matériel nécessaire à la célébration des messes. Les cordeliers, pour leur part, promettent de chanter en chœur dans la chapelle tous les samedis et à l’occasion des fêtes mariales.
Il existe plus de 500 Vierges noires en Europe. Plusieurs tentatives d’explication de leur couleur ont été proposées. Une relecture ultérieure les lie au verset du Cantique des cantiques : « Noire, je le suis, mais belle. » (1, 5) Toutefois, la théorie la plus probable est celle de l’oxydation des pigments. La peinture blanche contient du plomb qui, avec le temps, noircit. Les fidèles se sont progressivement attachés à la couleur des statues. Ainsi, quand en 1803, la Vierge d’Einsiedeln a été restaurée, retrouvant sa teinte claire d’origine, les pèlerins ne l’ont pas acceptée. La statue a alors été recouverte de peinture noire. Le modèle fribourgeois est peint en noir depuis sa création pour correspondre au modèle.
La Vierge porte Jésus dans ses bras. L’enfant tient dans la main un oiseau. Il pourrait s’agir d’un chardonneret. L’oiseau annonce la Passion. La couleur rouge de sa tête évoque le sang versé et son nom rappelle la couronne d’épines. Cela donnerait un autre sens aux riches atours dont Jésus est paré. C’est un roi, mais pas à l’image de ce monde.
La période du carême que nous vivons en ce moment nous invite à nous pencher, à l’approche de la Semaine sainte,
sur le mystère de la croix et la pratique dévotionnelle du chemin de croix. J’aimerais revenir sur l’histoire de cette pratique et sa représentation dans l’art à partir de l’exemple du chemin de croix du Christ-Roi réalisé par l’artiste
fribourgeois Armand Niquille.
PAR SÉBASTIEN DEMICHEL | PHOTOS : J. MÜLHAUSER
« Car le langage de la croix est folie pour ceux qui vont à leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu. » (1 Co 1, 18) Par ce passage, saint Paul lie le langage de la croix à celui du salut. Les souffrances du Christ crucifié en rachat des péchés humains ramènent à l’essentiel de la foi catholique en la mort et la résurrection.
Histoire du chemin de croix
Le chemin de croix est un exercice de piété qui a traversé les siècles jusqu’à être intégré dans le calendrier liturgique de l’Église. Le symbole de la croix comme représentation de la Passion du Christ remonte aux premières communautés chrétiennes. Au IIe siècle, on constate un intérêt croissant pour les lieux historiques de la Passion du Christ qui deviennent des lieux de pèlerinage. Des chrétiens se rendent à Jérusalem pour faire la via dolorosa et ainsi s’unir à la Passion du Christ.
L’édit de Milan en 313 autorise la liberté de culte et met fin aux persécutions dont les chrétiens étaient victimes. Les pèlerinages en Terre Sainte deviennent alors plus fréquents. Les chrétiens de l’Antiquité reproduisent le chemin suivi par le Christ entre le prétoire (tribunal de Pilate) au bas de Jérusalem et le Golgotha (Calvaire) au sommet de la ville, lieu de la crucifixion.
Au Moyen Âge
Durant les siècles suivants, le chemin de croix ne se pratique qu’en Terre Sainte, mais les récits de voyageurs le font connaître en Europe. Ce n’est toutefois qu’au Moyen Âge, sous l’impulsion de figures marquantes telles que saint Bernard de Clairvaux et saint François d’Assise, que la pratique du chemin de croix se diffuse. À cet égard, le rôle des Franciscains est particulièrement important. Ils se voient en effet confier la garde des lieux saints au XIVe siècle et réalisent des représentations de la Passion du Christ pour permettre la méditation des fidèles sur ces mystères. Soucieux d’offrir le chemin de croix aux pauvres et invalides ne pouvant se rendre en Terre Sainte, les Franciscains souhaitent diffuser sa pratique à l’ensemble de la chrétienté.
D’abord limité à deux points (le prétoire et le calvaire), le chemin de croix est ensuite segmenté en stations dont le nombre varie entre le XVe et le XVIIe siècle pour se fixer à 14 au XVIIe siècle. En 1731, le pape Clément XII reconnaît le chemin de croix comme une prière de l’Église. Dès le XVIIIe siècle, cette forme de dévotion se propage dans l’ensemble du monde catholique. Le privilège franciscain est également levé et sa pratique est généralisée.
Aujourd’hui, le chemin de croix a une triple dimension. Une dimension historique puisqu’il célèbre le dernier chemin parcouru par Jésus du prétoire au Golgotha en se fondant sur les textes des évangiles (Jean-Paul II en a d’ailleurs modifié certaines stations pour mieux respecter le récit évangélique) ; une dimension liturgique puisqu’il s’agit d’une prière célébrée en 14 stations ; et enfin une dimension artistique, puisque le chemin de croix est généralement représenté dans les églises.
Le chemin de croix d’Armand Niquille
L’église du Christ-Roi nous offre un bel exemple de la présence du chemin de croix dans l’art. Construite en 1951, cette église accueille sa première messe en 1953 devant 1500 fidèles et est consacrée l’année suivante. En 1955, sur mandat de l’architecte Honneger, le peintre fribourgeois Armand Niquille (1912-1996) réalise le chemin de croix du Christ-Roi. L’année précédente, il avait déjà réalisé celui de Nuvilly, dans la Broye fribourgeoise. Armand Niquille est particulièrement marqué par le mystère de la croix : « Mon enfance a été ainsi marquée par le Crucifié dont le mystère, fascinant et inquiétant, faisait partie des émois d’un garçon rêveur et bagarreur. Ce n’est pas impunément que l’on représente le Christ crucifié. L’on se pose des questions. On se plonge dans la mystique chrétienne […]. Avec le Christ, il y a toujours la croix. La croix de notre rédemption et de la divinisation de notre âme. »
Le chemin de croix d’Armand Niquille s’articule autour de 14 tableaux de la Passion du Christ qui représentent chacun une station (liste en annexe). Niquille s’appuie sur la technique de l’icône. Fidèle à cette tradition, il insère ses tableaux dans le mur de béton comme dans une iconostase. Les fonds dorés polis à l’agathe, fidèles à la tradition byzantine et médiévale, symbolisent la gloire de Dieu et la lumière céleste, annonces d’une résurrection à venir.
Au niveau artistique, ce chemin de croix est assez dépouillé et représente généralement trois personnages, dont le Christ (voir station I : condamnation), dans une attitude hiératique (sacrée) et expressionniste. Certains personnages, tels que Simon de Cyrène (station V) sont vêtus d’habits contemporains. Cet anachronisme voulu doit illustrer le caractère contemporain de la Passion, que le fidèle revit à travers une méditation lors du chemin de croix. Enfin, l’artiste a veillé à représenter la figure du prêtre (station XIII). Des détails, tels que les fleurs présentes au pied de la croix pour annoncer la résurrection, contribuent à la richesse de l’œuvre.
Le frère dominicain Luc Dumas admire ce chemin de croix peu après sa réalisation et y voit une correspondance, un dialogue entre l’effet sensible et la cause intelligible à faire entendre : « Toute œuvre qui parle exige qu’on lui réponde ; et lorsque cette œuvre dit tout entière la Passion du Christ, lui ôter la chance d’un dialogue c’est lui faire perdre son sens et sa fin. »
14 stations du chemin de croix d’Armand Niquille :
• I : la condamnation à mort de Jésus
• II : le chargement de la croix
• III : la première chute de Jésus sous le poids de la croix
En lien avec le thème «la joie de la vie consacrée», nous avons demandé à deux femmes, originaires de Saxon et de Fully, de témoigner de leur vie de consacrée. Merci à Marie-Jeanne et Joëlle de nous partager leur joie de servir et de se donner à la suite du Christ.
TEXTE ET PHOTO PAR MARIE-JEANNE SEPPEY
La joie du Seigneur est mon rempart ! Le retour d’exil des Israélites ressemble à notre quotidien : rebâtir une communauté, un lieu de vie. L’essentiel est ailleurs : le Seigneur cherche à vivre en nous. Telle est ma joie.
Joie de son choix qui surprend. J’ignorais ce qu’était un institut séculier. Je compris que là serait mon chemin. Etre saisi par l’absolu de Dieu en vivant comme tout le monde, par un travail. Je n’ai jamais regretté un seul jour cet engagement prononcé pour toujours. Ce n’est pas nous qui choisissons notre vocation, il nous revient de choisir le choix de Dieu.
Joie de sa présence dans mon histoire. Le pays et la famille où je suis née, les amis et les rencontres de mon village de Saxon, les professeurs lors de mes études, les personnes rencontrées : autant de médiations qui ont signifié l’attente du Christ à mon égard. Il n’a cessé de me regarder, de m’aimer, de me servir.
Joie des rencontres au quotidien. Tel élève qui découvre ce qu’est la vérité, le bien, qui prend conscience de la responsabilité de son libre-arbitre ; telle voisine qui va mourir et qui dit croire en ma foi ; tels amis invités avec qui nous cherchons à donner un sens à ce que nous vivons ; tel collègue de travail et tel membre de la famille avec qui nous échangeons : Il est là, présent.
Joie de l’expérience intérieure de sa Vie. En m’exerçant à lire la Parole de Dieu, je découvre que nous sommes les perles que le Seigneur cherche. Cela change mon regard. Il habite vraiment en moi, en chaque personne. Il passe par ma présence, mes paroles, mes actes, pour visiter et servir son peuple.
Joie de la prière d’alliance du soir. En faisant mémoire de la présence de Dieu dans ma journée, de mes parts d’ombre, je lui confie le lendemain. Ce qui advient est reçu comme de sa main. Je reste paisible et confiante, dans l’espérance.
Joie de le choisir même en exil. Parfois nous paraissons insensés pour les gens de ce monde, de nos communautés. Ce sont des moments où nous expérimentons différemment la liberté de Dieu. Tout est grâce : que ce soit le don ou la privation. C’est le moment d’offrir ma disponibilité, pour ce qu’Il veut, sans tout comprendre.
Salée ou sucrée, même les maladroits peuvent s’y essayer. Collée au-dessus de l’armoire de la cuisine, elle apportera fortune à l’économie familiale durant toute l’année. Tombera, tombera pas? Petite histoire de la crêpe de la Chandeleur.
Ah bon? Le chandeleur n’est pas celui qui tient la chandelle lorsque deux amoureux font des crêpes? Il s’agit bien ici de chandelles, mais de celles du nom populaire latin de festa candelarum rappelant la date à laquelle on procède à la bénédiction des cierges. Centrée sur la lumière, cette fête, d’abord païenne, rappelait que dans l’hémisphère nord, les jours rallongent, signe de l’arrivée du printemps. Christianisée, le rap- port à la lumière demeure. Elle est célébrée à Jérusalem dès le IVe siècle, dans son récit Peregrinatio Aetheriae (vers 380), la pèlerine Egérie en fait déjà mention. Etendue à l’ensemble de l’Orient chrétien, l’empereur Justinien fixe la date de la fête au 2 février et l’introduit à Constantinople en l’an 542.
Lumière du monde
Cette fête fait depuis référence à Jésus comme lumière du monde. Tel que relaté dans l’Evangile de Luc, le récit narre la Présentation de Jésus au Temple. Comme le voulait la loi de Moïse, les parents conduisaient au temple de Jérusalem tout garçon premier-né pour y recevoir une bénédiction quarante jours après sa naissance. Siméon, un homme juste et pieux, se rend au Temple poussé par l’Esprit Saint. Là, il rencontre les parents de Jésus venant accomplir les rites prescrits par la loi. Il prend alors Jésus dans ses bras et remercie le Seigneur, car il reconnaît en cet enfant la «lumière pour éclairer les nations».
Une préparation simple
Comme d’autres pâtisseries que l’on mange à cette même époque de l’année – beignets, bugnes, gaufres, merveilles – ces préparations requièrent peu d’ingrédients, faciles à se procurer et rappellent qu’après l’hiver, les provisions ne manquent pas. On a tenté de christianiser cette tradition culinaire au Ve siècle en attribuant au pape Gélase Ier la préparation de gaufres pour réconforter des pèlerins venus à Rome… mais pas de quoi se crêper le chignon.
Recette: Crêpes Suzette
Temps de préparation
Temps d’attente
Portions
30 minutes
1 heure
8
Ingrédients pour la pâte à crêpes
75 g de farine blanche
1 pincée de sel
1 ½ dl de lait
½ dl d’eau minérale gazeuse
2 œufs frais
25 g de beurre liquide, refroidi
Cuisson
Un peu de beurre ou d’huile
Ingrédients pour la sauce à l’orange
60 g de sucre
2 cs d’eau
1 cs de beurre
2 oranges bio, le zeste prélevé avec un zesteur, tout le jus
3 cs de liqueur d’orange (p. ex. Grand Marnier)
2 oranges pelées à vif et détaillées en suprêmes • 2 cs de cognac
Préparation des crêpes
Dans un saladier, mélanger la farine et le sel et creuser un puits au milieu.
Mélanger le lait, l’eau, les œufs et le beurre.
Verser le liquide petit à petit dans le puits tout en remuant avec le fouet, jusqu’à obtenir une pâte bien lisse.
Couvrir et laisser reposer env. 30 min. à température ambiante.
Faire fondre un peu de beurre à rôtir dans une poêle antiadhésive ou y mettre un peu d’huile.
Verser juste ce qu’il faut de pâte dans la poêle pour recouvrir le fond d’une couche très fine. Baisser le feu. Lorsque le dessous est bien cuit et se détache facilement, retourner la crêpe et terminer la cuisson.
Couvrir et réserver au chaud. Procéder de la même façon avec le reste de pâte.
Préparation du sirop à l’orange
Dans une grande poêle, porter l’eau à ébullition avec le sucre sans remuer. Baisser le feu et laisser frémir en donnant un mouvement de va-et-vient à la poêle jusqu’à obtention d’un caramel doré.
Retirer la casserole du feu, ajouter le beurre, le zeste et le jus d’orange ainsi que la liqueur, puis laisser réduire le tout en sirop.
Ajouter les crêpes l’une après l’autre, les plier en 4.
Répartir les suprêmes d’orange par-dessus, arroser de cognac, faire flamber, hotte aspirante éteinte.
Dans cette rubrique, L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix. Ce mois, c’est l’abbé Pascal Desthieux qui prend la plume.
PAR L’ABBÉ PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL
POUR LE CANTON DE GENÈVE | PHOTO : SH AGENCY
Les travaux de la future Maison d’Eglise viennent de commencer. Ravagé par un terrible incendie en juillet 2018, nous la construisons au Sacré-Cœur. En ajoutant un étage supplémentaire entre l’église et la salle des fêtes, nous la reconstruisons « plus belle qu’avant » : elle abritera dans deux ans le Vicariat épiscopal (que l’on appellera bientôt Région diocésaine) et les différents services actuellement disséminés dans les paroisses de Genève. Nous envisageons aussi un restaurant et toutes sortes de salles de conférences et de rencontres pour que la future Maison d’Eglise soit un lieu accueillant et convivial.
Un autre événement marquant de ces prochaines semaines sera la messe à la cathédrale. Une première historique depuis la Réforme, grâce à l’invitation réitérée de la paroisse Saint-Pierre ! Elle aura lieu le samedi 5 mars à 18h, à l’entrée du Carême. Nous voulons poser un geste œcuménique fort pour témoigner que la situation a bien changé depuis les tensions d’autrefois et que les
collaborations sont bonnes et multiples, à tous les niveaux.
Dimanches solidaires
J’aimerais aussi vous parler des « Dimanches solidaires » : ces repas organisés pour les sans-abris ont repris depuis le 9 janvier à Sainte-Clotilde. Vous vous souvenez de ces files interminables de gens qui venaient
récupérer un sac de vivre. Plusieurs paroisses se sont mobilisées, et voyant qu’il y a beaucoup moins de possibilités le dimanche pour un repas et un accueil, la paroisse Sainte-Clotilde a mobilisé des bénévoles et des ressources pour offrir une centaine de repas sur place et autant à l’emporter ainsi qu’un vestiaire social. Chaque fois que je le
peux, je me joins à la joyeuse équipe des bénévoles et je suis frappé par la diversité des personnes accueillies. « Il y a des gens qui attendent le dimanche pour pouvoir venir ici où on est si bien accueilli », me confiait un jeune homme pendant que je lui préparais son café. Voilà une bien
belle manière de sanctifier le « jour du Seigneur » !
Romaine Pouget est native d’Orsières. Durant 9 ans, elle a été médecin-chef à l’hôpital de Martigny. En 2020, elle a fait le choix de cesser momentanément sa carrière pour s’engager dans un hôpital de Cotonou au Bénin. Romaine est connue pour avoir les pieds sur terre, un caractère bien trempé, un sourire communicatif et une générosité jamais prise en défaut ! Entretien.
PAR MICHEL ABBET PHOTOS : COLLECTION ROMAINE POUGET
Romaine, l’année dernière fut une année charnière…
Oui et non. Je sentais intérieurement qu’il fallait changer, donner une autre orientation à ma vie. L’épuisement professionnel guettait, il fallait dire stop.
Et vous avez démissionné du poste de médecin-chef de l’hôpital de Martigny, que vous occupiez depuis neuf ans. Vu de l’extérieur, c’était surprenant !
Certainement, puisque je n’avais pas d’autre poste en vue. Toutefois quand on s’épuise dans une situation et qu’il n’y a pas de développement possible malgré tous les efforts fournis, je crois qu’il faut savoir se retirer, quitter. J’ai longtemps hésité avant de prendre cette décision, notamment par souci de ce que cela allait impliquer pour le site de Martigny. J’ai confié mon avenir professionnel à la vierge Marie et finalement il m’est paru clair qu’il fallait aller « plus loin », même si on ne sait pas d’emblée « où » cela va nous mener. Maintenant, avec le recul, je me dis que c’était une « décision inspirée ». Mais cela n’a pas été tout seul.
Vous avez « galéré » quelque peu ?
Disons que dans ma vie, j’ai l’habitude de répondre à un Appel… Et là, à part l’appel à quitter, je n’entendais pas l’Appel avec A majuscule, donc ça me stressait forcément un peu. C’est comme quand on marche en montagne dans le brouillard et qu’on voit un piquet après l’autre mais pas le but. J’avais depuis un moment l’idée de m’octroyer une année sabbatique pour prendre de la distance et donner de ma personne autrement et ailleurs. Des séjours en Argentine, au Togo et au Vietnam étaient envisagés… mais tous ces projets ont été systématiquement contrariés par la pandémie… rien de ce que je programmais ne se concrétisait. Comme je suis peu patiente de nature, je n’ai pas trouvé ça très confortable sur le moment !
Les piquets ?
Un des piquets a été par exemple « Notre Dame du Mont-Carmel ». Mon père Gaspard avait fait l’AVC (qui a conduit à son décès) le 16 juillet 2019, jour de Notre Dame du Mont-Carmel, alors que j’étais précisément à Lourdes (c’est aussi le dernier jour des apparitions). Par la suite, de façon assez incroyable (cf. suite…), je me retrouvais sans l’avoir prémédité très souvent dans des lieux qui lui étaient dédiés.
Et…
En septembre 2020, alors que le « plan Argentine » devenait une nouvelle fois très incertain, le Seigneur a soufflé à ma sœur Bénédicte d’aller demander au prêtre béninois Gildas Chibozo (en poste dans le secteur Entremont) de « prendre Romaine au Bénin ». Il lui a répondu : « Oui, bien sûr, c’est une très bonne idée on va demander au père Théophile Akoha »… qui a dit : « Qu’elle vienne et on verra ! » Une fois de plus il a fallu attendre… La deuxième vague du Covid est arrivée en automne. Evidemment il fallait aider, j’ai repris provisoirement du service à l’hôpital de Martigny pour six mois, pour passer le gros de la crise.
Finalement…
Finalement la situation sanitaire s’est calmée et j’ai enfin pu « mettre les voiles ». Je suis partie pour Cotonou le lundi de Pâques 2021 et y suis restée presque trois mois. La semaine je travaillais à l’hôpital Saint-Luc (qui est le deuxième plus grand hôpital de Cotonou en termes d’affluence et qui dépend de l’archidiocèse de Cotonou), m’occupant surtout de la médecine interne et de la réanimation. J’étais logée à la résidence des prêtres, près de l’institut Jean-Paul II (Institut de formation notamment en pastorale de la famille où les diocèses d’Afrique de l’Ouest envoie des prêtres, agents pastoraux se former pour 2-3 ans), ce qui m’a permis d’avoir la messe quotidienne et de faire communauté avec eux.
Et… j’ai découvert après deux semaines que la statue de l’oratoire qui est dans cour de l’hôpital Saint-Luc est… Notre Dame du Mont-Carmel !
On voit vos yeux briller !
Oh oui ! Rien ne m’a coûté ! J’ai très rapidement réalisé que j’allais devoir longtemps dire merci pour cette Afrique. C’est comme si le Seigneur m’avait mise globalement en été. Je n’avais qu’à soigner les personnes, à prier, à découvrir des frères et sœurs aux magnifiques valeurs humaines et un nouveau pays. Grande joie intérieure de partager avec eux cette simplicité de vie, de découvrir une autre culture, de chanter et prier avec eux et de prendre soin d’eux comme ils ont si bien pris soin de moi.
Magnifiques valeurs humaines ?
La première chose qui m’a sauté aux yeux quand je suis arrivée au Bénin, c’est la vie ! La joie, la relation avec Dieu, avec les autres, en toute simplicité. Je me suis sentie d’entrée bien, dans une société où les valeurs essentielles vont de soi. Les gens parlent naturellement de Dieu par exemple et ceci quelle que soit leur religion. On « rend grâce » parce que l’on a bien dormi, on « bénit » le Seigneur d’être en vie, on demande une « pluie de bénédictions » pour celui qui a son anniversaire, on lui demande de nous soutenir dans tous les passages difficiles, bref, Dieu fait partie du « quotidien ». Le contexte fait que l’on a vraiment conscience que la vie est passagère et qu’elle peut basculer à tout moment.
Et par rapport à nos valeurs ?…
Par rapport aux « couleurs et à la chaleur » africaines, une impression un peu de « gris et de froid » au niveau de l’humanité occidentale, comme si l’on s’était mis un peu en hypothermie générale… Peut-être parce que de ce côté-ci, pour le moment, on a mis de côté la Source de la Vie… en pensant être des sources nous-mêmes et en éludant au maximum les questions existentielles essentielles… en courant dans tous les sens…
Au niveau médical…
Bien sûr, c’est un peu un « désert » au niveau des moyens techniques et il faudra vraiment les aider pour ceci. On peut aussi parfois imaginer une meilleure organisation pour sauver des vies, mais les qualités humaines des soignants sont remarquables, de même que l’attitude des malades et de leurs proches qui se plaignent rarement. Beaucoup de malades relativement jeunes ne peuvent être sauvés, mais quand on a fait « tout ce qu’on a pu » on le confie à Dieu. Il y a très peu de révolte par rapport au départ d’une personne.
Vous allez donc retourner au Bénin ?
Grace à Dieu, oui ! A mon retour, j’ai vraiment ressenti le désir de pouvoir donner un peu de mon temps et de mes compétences à cette chère terre africaine qui me fait d’ailleurs tant de bien. Comme le Seigneur nous fait toujours désirer ce qu’Il veut nous donner, Il m’a trouvé un super plan professionnel « africo-compatible ». Je suis engagée dès septembre comme médecin-chef adjoint dans le service d’urgences de l’hôpital du Jura ce qui me permet de partir deux fois deux mois par an au Bénin, ce qui me permettra, entre autres, de contribuer au développement des soins aigus de l’hôpital Saint-Luc et de former les médecins sur place. La proposition écrite des ressources humaines m’est arrivée…le 16 juillet (jour de Notre Dame du Mont-Carmel)…
Alors, pour en parler, on prend rendez-vous pour un prochain entretien ?
Volontiers. A Cotonou ?
Merci beaucoup Romaine, bon vent et que Dieu vous accompagne !
Voici, à travers mon vécu, les multiples facettes de mon ministère. Une fois par mois, je rejoins le groupe des aînés (retraités) et celui « des ateliers » pour vivre des animations spirituelles reliées par un thème et un objet évolutif ; par exemple, l’ami de Dieu est comme l’arbre avec des boîtes empilables contenant des images, objets et couleurs… pour rejoindre les sens et la compréhension. Je partage régulièrement leurs repas pour vivre des moments informels où ils peuvent se dire en toute simplicité.
En mai 1968, je suis entré au Séminaire de Martigny sans aucune expérience de vie avec des personnes handicapées. Un jour, deux éducatrices de l’Ecole La Bruyère m’ont dit : « Vous devez venir faire le catéchisme chez nous ! » Après la première leçon, dans trois classes un enfant trisomique m’a dit : « Nicolas, ça va la tête toi ? » J’avais réussi « mon examen d’entrée » !
Nous entendons beaucoup de choses sur la situation des personnes porteuses de handicap dans l’Eglise. Il est vrai, même si tout n’est pas encore parfait, que les personnes handicapées ont leur place dans l’Eglise. En effet, nous savons combien dans l’histoire de l’accueil des personnes handicapées, l’Eglise a longtemps joué un rôle essentiel et très important. Mais quelle est aujourd’hui celle que nous leur donnons ? Comment les accueillons-nous ? Comment leur transmettons-nous la Bonne Nouvelle ? Quelle idée nous faisons-nous de leur capacité à accéder à la vie de foi, d’accéder aux sacrements, y compris lorsque le handicap est majeur ? Plus le handicap est global et sévère, plus on est tenté d’en douter. Ces personnes ont-elles une place particulière dans le dessein de Dieu ? Donc quelle devrait être leur place parmi nous dans nos communautés chrétiennes ?
En Suisse, plus particulièrement dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, plusieurs études et enquêtes officielles récentes consacrées à la place des personnes en situation de handicap mettent en lumière qu’il y a une prise de conscience. Cependant des progrès restent à faire en matière d’accessibilité,
d’accueil et de participation à la vie de l’Eglise.
Le bilan est encourageant. Les catholiques pensent en majorité que les personnes handicapées « commencent à être mieux accueillies dans l’Eglise ». Toutefois, cet accueil est perçu différemment selon le handicap et la paroisse n’apparaît pas encore assez comme un lien d’inclusion.
Nous sommes l’Eglise
A l’occasion de la journée internationale des personnes en situation de handicap, le pape François, s’adressant directement à ces dernières, disait : L’Eglise est notre maison. Tous ensemble nous sommes l’Eglise parce que Jésus a choisi d’être notre Ami. Le baptême fait de chacun et chacune de nous un membre à part entière de la communauté ecclésiale et donne à chacun, sans exclusion ni discrimination, la possibilité de s’exclamer : « Je suis l’Eglise. »
Pour un meilleur accès aux sacrements des personnes handicapées, le pape François plaide en faveur de l’accueil des personnes au sein de nos paroisses, de nos associations et de nos mouvements ecclésiaux. Beaucoup a déjà été fait, mais il faut continuer à aller de l’avant. Il demande que soit reconnu leur faculté apostolique et missionnaire et la valeur de leur présence dans le corps ecclésial. Dans la faiblesse et la fragilité dit-il, se cache des trésors capables de renouveler nos communautés chrétiennes.
Sur la question de l’accès aux sacrements, laquelle occupe une place dans l’inclusion de personnes handicapées, le pape François regrette profondément qu’il y ait encore des doutes, des résistances et même des refus. Ceux qui adoptent une telle attitude souligne-t-il, n’ont pas compris le sens authentique des sacrements. La communauté chrétienne est appelée à faire en sorte que tous les baptisés puissent faire l’expérience du Christ dans les sacrements.
Autre défi à relever : la place et la participation active des personnes handicapées aux assemblées liturgiques. Il insiste pour développer une mentalité et un style qui mette ces personnes à l’abri des préjugés, de l’exclusion, de la marginalisation et de favoriser une réelle fraternité dans le respect des diversités appréciées en tant que valeurs.
Oui, beaucoup de chemin à parcourir
Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour un réel accueil et une intégration des personnes en situation de handicap dans nos communautés paroissiales. Il ne s’agit pas de mettre ces personnes handicapées au premier rang et de leur donner la priorité. Il s’agit de les mettre au milieu de nos communautés chrétiennes comme le Christ mettait les enfants au milieu de ses disciples en ayant conscience qu’on a, sans doute, au moins autant à recevoir des personnes fragiles, qu’on espère pouvoir leur donner. Nos expériences pastorales avec les personnes avec handicap, nous montrent qu’une paroisse qui sait accueillir et faire place à une personne en situation de handicap ou à des gens fragiles, est une paroisse qui est toujours plus humaine, plus accueillante, plus fraternelle, plus spirituelle et aussi que, paradoxalement, elle est davantage apte à se réjouir.
Faire place aux personnes handicapées : ce n’est pas seulement les accueillir et les intégrer au sein de nos communautés chrétiennes, mais c’est la mission de l’Eglise, un combat à mener pour toute l’Eglise pour que ces personnes fragiles prennent pleinement part à la vie de l’Eglise.
Le 14 février, les fleuristes ont fort à faire ! Et d’où cela vient-il ? D’un certain Valentin, un grand absent du calendrier liturgique romain actuel. Mais quelle est donc cette date si révérée des amoureux ?
PAR PASCAL TORNAY
PHOTO : PIXABAY
L’encyclopédie participative Wikipédia nous apprend que le 14 février correspondait, dans la religion romaine, aux Lupercales, c’est-à-dire à des fêtes faunesques 1 qui se déroulaient du 13 au 15 février à Rome. On apprend aussi que « l’origine réelle de cette fête est attestée au 14e siècle dans la Grande-Bretagne encore catholique où le jour de la Saint-Valentin était fêté comme une fête des amoureux car on pensait que les oiseaux choisissaient ce jour pour s’accoupler. Restée vivace dans le monde anglo-saxon, comme Halloween, cette fête s’est ensuite répandue à travers le continent à une époque récente ».
Dans l’Eglise catholique, au moins trois Valentin « se sont disputé » les honneurs du 14 février. Cependant, Valentin de Terni – un évêque martyrisé au 3e siècle – prend le dessus sur les autres en 1496. En effet, dès cette date, le pape Alexandre VI l’ancre dans le calendrier romain et lui attribue le titre de « patron des amoureux ». Cela n’a pas empêché l’Eglise de combattre la tradition du valentinage… 2.
Et ceci fut en vigueur… jusqu’en 1969, juste après le Concile Vatican II. C’est à ce moment que Paul VI décide premièrement de faire le ménage dans le calendrier liturgique général et – entre autres – deuxièmement d’y rayer Valentin ! Bien que certains diocèses aient maintenu sa mémoire, on y trouve aujourd’hui en lieu et place les compagnons Cyrille et Méthode, deux frères évêques connus pour avoir apporté l’Evangile chez les peuples slaves d’Europe centrale.
C’est au courant du 20e siècle que la fête liturgique de saint Valentin devient la fête commerciale que l’on connaît aujourd’hui : La Saint-Valentin. Cette récupération commerciale, il va de soi, continue d’en agacer certains et d’en réjouir d’autres. Il n’en reste pas moins qu’au-delà de pratiques commerciales un peu convenues, ce peut être l’occasion d’un geste qui manifeste à l’être choisi et aimé qu’il l’est véritablement (quoique).
Wikipédia nous apprend encore que la fête a pu être « associée plus étroitement à l’échange mutuel de » billets doux » ou de » valentins » illustrés de symboles tels qu’un cœur ou un Cupidon ailé. A l’envoi de billets au 19e siècle a succédé l’échange de cartes de vœux. Cependant, en Amérique du Nord, les échanges de cartes ne se font pas selon la conception européenne où la carte de Saint-Valentin est envoyée à une personne unique. Il n’est pas rare qu’une personne envoie une dizaine de cartes et même que des élèves d’écoles primaires en envoient à leur maîtresse d’école ».
A l’heure actuelle, offrir à son épouse, le 14 février de chaque année, un nombre impair de roses rouges – entre 1 et 9 et plutôt 9 évidemment – reste un must très apprécié… des commerçants ! D’une manière générale pour les épouses, je n’en sais rien. Mais peut-être, me dis-je par expérience, préféreraient-elles parfois, un peu plus souvent, un bon coup de main pour le ménage…
1 « La fête des Lupercales est une fête de purification qui avait lieu à Rome. Les Lupercales ou Lupercalia sont, dans la Rome antique, des fêtes annuelles célébrées par les prêtres romains (luperques) en l’honneur de Faunus, dieu de la forêt et des troupeaux.
2 « Coutume médiévale par laquelle, une fois l’an, les épouses pouvaient avoir des relations sexuelles hors mariage. » On parle plus généralement d’un « espace ponctuel de liberté, où les règles pouvaient être transgressées ».
PAR LÉONIDAS UWIZEYIMANA
PHOTOS : MP | PATRICK DISIÈRE, HOSPITALIER
De tout temps, notre société a été marquée par tant de souffrances physiques ou psychiques. Toute personne humaine, durant sa vie, doit avoir éprouvé l’une des variantes de ces souffrances ou maladies. Une des conséquences positives est que la personne reconnaît ses limites, sa dépendance devant les autres et même devant Dieu. Elle perçoit qu’elle a besoin de la présence et de l’écoute attentive de l’autre pour l’aider en des situations délicates.
Le 11 février – Fête de Notre-Dame de Lourdes – journée mondiale du malade, nous invite à penser aux malades, aux souffrants, à tous les handicapés en prenant le Christ comme modèle. Sous l’impulsion de l’Esprit, nous pouvons exercer la miséricorde et la compassion et cheminer davantage dans l’esprit du service qui est un élément central de la vie de l’Eglise. En effet la présence des hommes et des femmes auprès des souffrants rend visible la véritable présence de l’Eglise auprès des malades, au milieu du monde.
Le dévouement et la générosité qui se déploient à travers tous les bénévoles et les professionnels constituent la manifestation de l’Eglise dynamique et agissante du Christ. Rappelons-nous combien la mission de l’Eglise est de pouvoir rejoindre les souffrants en différents milieux dans la confiance et dans la dignité de chacun. Cette mission implique l’accueil des grâces divines afin de les déployer en différentes situations. A toutes et tous, un bel apostolat auprès des malades et des souffrants.
A l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées 2020, le pape François a relevé, dans son message, trois points : la menace de la culture du déchet, le roc de l’inclusion et le roc de la participation active. Trois pistes valables non seulement pour la société, mais indubitablement pour l’Eglise, peuple rassemblé en un seul corps à partir de ses diversités, de toutes ses diversités.
« La vulnérabilité appartient à l’essence de l’homme », écrivait le pape François en 2017. Concept fondamental non seulement pour l’Eglise, mais aussi pour la société humaine en général. Et le Pape de dénoncer la culture du déchet, de l’exclusion et de l’assistanat – on pense alors bien « gérer » la différence que représente le handicap… – au détriment de la collaboration avec les personnes concernées : « L’attachement de ces personnes, la différence vécue dans le respect, l’amitié dans les relations m’ont touché », partage l’abbé Giovanni Fognini, prêtre collaborateur à la COPH (Communauté œcuménique des personnes handicapées à Genève).
Sur les sites de nos diocèses romands, l’expression employée pour parler du travail d’aumôniers auprès de personnes handicapées est « pastorale spécialisée ». En effet, il convient non seulement d’être formé comme aumônier mais également d’apprendre à communiquer, évangéliser, faire participer, collaborer avec les personnes ciblées.
Se former
Nicolas Baertschi a terminé sa formation comme agent pastoral auprès du CCRFE (Centre catholique romand de Formation en Eglise). Ancien ingénieur du son, il a rebondi en ministère d’Eglise en se consacrant… aux malentendants et malvoyants de nos paroisses : « J’ai à cœur de sensibiliser les paroisses à porter une attention particulière aux personnes souffrant de surdité et de malvoyance – on parle de surdicécité – car il est nécessaire de s’adapter à leur handicap en dialoguant avec elles », souligne-t-il.
Ainsi, des solutions existent : boucle magnétique, bon éclairage, micro cravate plutôt que micro pomme ; mais avant tout ouvrir le dialogue avec les concernés, et donc, parfois, aider à délier les langues entre les paroissien(ne)s et le curé. Pour que tous et chacun se sentent membres de la même communauté : « J’aime à favoriser la possibilité, de part et d’autre, d’exprimer ses propres besoins », explique-t-il ; il convient de privilégier les petits groupes de parole, pour que celle-ci s’exprime, et les binômes pour travailler ensemble, comme les ateliers et autres activités en paroisse qui nécessitent l’usage des mains et des yeux.
Participer
Le pape François l’a rappelé : « Des personnes souffrant de handicap devraient pouvoir avoir accès au ministère de catéchiste » 1. Il lutte contre une tendance à exclure et cacher la faiblesse humaine. « Car lorsque je suis faible, alors je suis fort », pour paraphraser saint Paul. Et l’Eglise est le lieu par excellence où l’on prend soin – devrait prendre soin ! – de la faiblesse humaine. Pas uniquement morale (confession) mais sous toutes ses formes… « Un hôpital de campagne », précisait le pape François.
Sofia, 10 ans, atteinte du syndrome de la trisomie 21, fait son parcours catéchétique avec son frère et ses collègues de kt. Avec enthousiasme – « j’aime bien venir avec Duncan (son frère) » – et fidélité : « Elle ne manque aucun mercredi », sourit sa catéchiste Marianne. Interrogés, ses parents n’auraient simplement pas imaginé une autre façon de procéder quant à son éducation religieuse : « Déjà son école est spécialisée, ses loisirs sont arrangés. Alors il nous a paru nécessaire de lui proposer au moins quelque chose comme tout le monde… de nous proposer », précise la maman. « Notre infinie gratitude va à la coordinatrice en catéchèse de notre paroisse, Anne-Marie, qui a su y faire avec elle… avec nous. »
Adaptations
« A mon âge, je n’ose plus monter les marches à l’ambon pour y lire les lectures, ce que j’ai fait pendant tant et tant d’années », confie un jour, un peu dépitée, sœur Janine au groupe des lectrices. Et si on installait une main courante ? L’église est-elle classée ? Le coût des travaux ? Ces questions concrètes se posent non seulement au bénévolat – respiration essentielle de toute vie paroissiale – mais aussi au Conseil de paroisse pour ce qui est de la gestion du patrimoine… et de ses adaptations aux nécessités de nos usagés… âgés.
Le handicap est visible et invisible, atteint les sens mais aussi l’entendement (cerveau) ainsi que les mouvements. Il peut être graduel (Alzheimer…), soudain (tétraplégie à la suite d’un accident de la route…), ou inexpliqué : « Du jour au lendemain, j’ai perdu la vue ! », raconte Daniel. Devenu quasi aveugle, père de famille, employé dans une succursale bancaire, sportif, le voilà dépendant de tant de bonnes volontés… et obligé de tout réorganiser sa vie : « Je me suis inscrit auprès de l’Association des Aveugles de Genève, pour y apprendre à voir avec les doigts (braille), avec les oreilles et le nez ! Oui, renchérit-il, je vois avec le nez ! » Cocasse rebondissement : « L’encens me manque tellement », susurre-t-il. Cette marque de vénération à la messe lui complétait sa participation. Sa canne blanche lui permet de signaler son handicap, à la messe, dans l’église ; il se met devant, tient à s’avancer dans la file pour recevoir la communion : « Mes jambes ne sont pas impotentes », répète-t-il, « je compte sur la patience de la personne qui me suit à la communion, car je suis un peu plus lent que les autres, mais tout aussi recueilli ! »
Espoir
« J’ai entendu dire que le train Paris-Lourdes de nuit allait être remis en service », fanfaronne Marie-Claire. Cette habituée des pèlerinages à Lourdes, pour les malades, en a été privée depuis 2015 lorsque la SNCF avait décidé de supprimer les convois ambulances. « Peut-être qu’avec l’après-pandémie, je pourrai y retourner une dernière fois… » Le 12 décembre 2021 est réinstaurée la ligne Paris-Lourdes de nuit pour « valides ». Marie-Claire avait vu juste. Peut-elle espérer plus ? Ancienne pétanqueuse, elle s’est rabattue sur la boccia qui lui ressemble, mais surtout peut se jouer ensemble entre valides et handicapés : « Diminués, corrige Marie-Claire. Je suis diminuée mais pas incapable. Il faut juste s’adapter à moi ! » La boccia est en effet, avec le goalball, le seul sport uniquement paralympique (sans équivalent aux Olympiques).
Partenaires
« Relever le défi de la rencontre, oser s’ouvrir et être soi-même, bannir la peur et la crainte, se laisser rejoindre dans ses propres fragilités », voilà les conseils de l’abbé Giovanni. Des attitudes au cœur de l’évangélisation en somme, tout comme Jésus jadis et maints témoins de l’apostolat auprès des personnes souffrant d’un handicap. « Ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi » : maxime de Gandhi à méditer…
«L’amour fait vivre, il gonfle les bourgeons de soleil pour qu’ils s’ouvrent au monde et à la vie. Il accueille l’abeille, puis se transforme en fruit. Un fruit qui transmettra son goût, sa saveur, à qui voudra bien le cueillir. La nature nous montre l’abandon à l’amour. Je désire suivre son exemple, et m’ouvrir à la vie, à ma vie intérieure.»
C’est Caroline qui «ouvre les feux» de cet éditorial du mois de février sur les personnes «en situation de handicap».
Caroline, au-delà de son polyhandicap, est une femme formidable et hors norme… Elle témoigne des possibles et ouvre de nouvelles voies, grâce à ce que l’on nomme «la communication facilitée», une technique qui permet à une personne privée de parole, de s’exprimer. Caroline est unique ! Mais avec les autres cabossés» de la vie, comme elle le dit souvent, elle apporte sa contribution, pour que, dans ce monde, il y ait davantage d’amour, de solidarité, de respect les uns envers les autres.
Dans notre diocèse, sur le territoire Abbatial de Saint-Maurice, comme en bien d’autres endroits, il existe un service de la pastorale spécialisée… Y sont engagés des gens formidables, compétents et vrais: … pour «écouter et accueillir, accompagner et proposer, découvrir et aider» et j’ajouterais « aimer avec ». Les uns et les autres, nous formons une grande et belle famille !
L’Essentiel de ce mois nous en dira plus, donc… à lire sans modération, parce que, sans aucun doute, comme le disent Caroline et bien d’autres amis en situation de handicap: «L’amour fait vivre.»
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Deux petits pas sur le sable mouillé Anne-Dauphine Juilland
Tout commence sur une plage, quand Anne-Dauphine remarque que sa fille marche d’un pas hésitant. Après une série d’examens, les médecins découvrent que Thaïs est atteinte d’une maladie génétique orpheline. Elle vient de fêter ses deux ans et il ne lui reste que quelques mois à vivre. L’auteur lui fait alors une promesse : « Tu vas avoir une belle vie. Pas une vie comme les autres, mais une vie dont tu pourras être fière. Et où tu ne manqueras jamais d’amour. » Ce livre raconte l’histoire de cette promesse et la beauté de cet amour. Tout ce qu’un couple, une famille, des amis, une nounou sont capables de mobiliser et de donner. Il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu’on ne peut pas ajouter de jours à la vie.
Héroïne du film « De Gaulle », la jeune Clémence a bouleversé la France. Dans ce témoignage exceptionnel, sa maman raconte ici comment la trisomie de Clémence a bouleversé la vie de leur famille mais comment elle a également été la source d’un véritable bonheur. Un livre d’une immense tendresse et d’une grande sincérité pour apporter du réconfort et donner des clés pour aider les parents d’enfants en situation de handicap.
Ignace de Loyola Quentin Denoyelle Etienne De Forges
21 mai 1521, Ignace de Loyola est blessé à la jambe au siège de Pampelune. Pendant la longue convalescence qui s’ensuit, le gentilhomme espagnol découvre sa vie intérieure. Vingt ans plus tard, à Rome, Ignace et ses compagnons fondent la Compagnie de Jésus, dont il est élu premier supérieur général. Entre-temps, c’est par des renoncements successifs qu’il s’exercera à voir Dieu en toute chose et fera l’apprentissage de la liberté intérieure.
Plus que jamais, il est nécessaire de nous rappeler l’existence et l’impact de la bonté dans notre monde. Les actes bons ont le pouvoir de guérir, de stimuler, de réjouir, d’ouvrir à plus grand que soi. Nous en avons grandement besoin pour percevoir la douceur de la vie, en ces temps où les mauvaises nouvelles font la manchette. L’auteure de ce livre est partie à la recherche de témoignages de personnes envers qui un geste de bonté a été décisif. Au fil de ces histoires vraies, la bonté prend des visages insoupçonnés. Leur évocation nous aidera à reconnaître les actes de bonté posés envers nous dans notre propre vie et nous inspire à cultiver la graine de bonté qui repose en nous.
Pas de Tik Tok, ni d’Instagram, mais des millions de followers. Tout le monde connaît son histoire, ou presque ! La nouvelle série de Zep, La vie de J.C., croque un Jésus pétri de défauts. Un messie… terriblement humain. Entretien (presque) sérieux avec le bédéiste genevois.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTOS : JEAN-CLAUDE GADMER
Pourquoi avoir choisi de présenter un Jésus maladroit avec des apôtres pas très futés ?
Cela m’intéressait de parler de l’aspect humain de Jésus plus que de sa divinité. Et puis un personnage humoristique doit avoir des failles, sinon il n’est pas drôle. Jésus est animé d’une envie de changer le monde, il se rend compte qu’il possède des dons particuliers. Il entend Dieu et porte un message et une vision pour la société, mais il n’est pas très bon communicant. En plus, il est entouré de copains qui le suivent surtout parce qu’il est sympa et qu’il fait des tours de magie. Nous ne sommes certainement pas très loin de ce qui a dû se passer dans la réalité. Lui doit se battre contre cette image. Il se trouve sans arrêt face à cette incompréhension. Le Christ a un discours ultrarévolutionnaire pour l’époque, je me posais la question du comment le réactualiser.
Jésus, ce n’est pas tellement un sujet à la mode…
C’est un personnage qui, aujourd’hui, est encore connu par tout le monde. Du moins, un ou deux épisodes de son histoire telle qu’elle est racontée. Notre société vit encore sur l’apport du Christ, sur ses idées.
Le public comprend-il encore les références que vous utilisez ?
Je suis curieux de le savoir. Le principe des paraboles est d’être compris aussi en rapport à la vie d’aujourd’hui. Les gens comprennent assez vite que cet homme a une mission, qu’il ne sait pas très bien comment l’annoncer à ses proches. Un apprenti Jésus en quelque sorte. Mon but n’est pas de faire de l’éducation biblique. Je dresse ici une espèce de portrait en creux de Jésus. D’ailleurs, il s’appelle J.C. et non pas Jésus. Ce n’est pas forcément le même personnage.
Quelle influence Jésus a-t-il (ou a-t-il eu) dans votre vie ?
Lorsque j’étais adolescent, l’étude biblique m’a vraiment passionné. J’y ai passé beaucoup de temps. Je me suis inscrit pendant deux ans à la faculté de théologie de Genève en tant qu’auditeur libre. Je trouve toujours ces textes passionnants. Croire à la nature divine de Jésus est un choix, moi j’ai choisi de ne pas croire. Mais j’ai beaucoup de respect pour ceux qui y croient. Ça n’a jamais été mon intention de blesser les croyants avec cette série. Par ailleurs, je pense que nous avons le droit de rire de tout. Une société qui ne sait pas rire de ses dogmes ne va pas très bien.
Dans quelle mesure les religions manquent-elles d’autodérision ?
Je ne crois pas que cela soit les religions, mais les gens. Je ne dis pas que tous les gens doivent rire de ce que je fais et je n’en ai pas la prétention. Umberto Eco décrivait dans Le nom de la rose un Dieu qu’il fallait craindre et les inquisiteurs condamnaient le rire, car il bannit la crainte. Pour moi, le Dieu tel qu’il est raconté dans l’Evangile n’est pas un dieu de crainte. Je ne me moque pas de Dieu, mais c’est de l’humain dont je ris.
« Se battre pour la liberté d’expression »
Commentaire de myriam bettens
Des croyants ont été peinés, voire offensés dans leur foi par la série La vie de J.C. Pour avoir fait une rencontre personnelle avec Jésus, il est vrai que je ne partage pas la même vision qu’en a Zep. Suis-je pour autant heurtée par cette représentation ? Il me (nous) fait part ici de sa compréhension de Jésus, pas de la mienne, donc non ! D’ailleurs, son personnage principal se nomme J.C., ce n’est certainement pas pour rien. Ce choix rédactionnel ne fait certainement pas l’unanimité. Malgré cela, je considère qu’il est crucial, si ce n’est vital, de se battre pour que la liberté d’expression reste garantie sous toutes ses formes. Et vital est à mon sens le terme. L’actualité nous a maintes fois offert la démonstration de ce qu’un argumentaire par les armes peut produire. Pour mémoire, le film Sìrìrì dépeint très bien la manière dont le conflit entre groupes armés chrétiens et musulmans s’est enlisé en Centrafrique. Exemple criant d’une rhétorique expéditive, mais qui a fait ses preuves. Je suis cynique à dessein. Car écouter pour comprendre demande du temps et de la disponibilité. Celle d’être questionné et parfois ébranlé dans ses convictions : tout comme Jésus l’a lui-même fait avec moi et continue de le faire encore aujourd’hui.
Martine Hayoz, de Châtillon, est «proche-aidante» pour l’un de ses fils, âgé de 21 ans, et ceci depuis une dizaine d’années. Grigori souffre d’un handicap mental occasionnant des retards à différents niveaux. Cela ne l’empêche pas d’être passionné de littérature fantastique, de mythologie grecque et de BD d’aviation.
PAR GAËTAN STEINER, RESPONSABLE DE LA PASTORALE SPÉCIALISÉE DU DIOCÈSE DE SION ET DU TERRITOIRE ABBATIAL DE L’ABBAYE DE ST-MAURICE PHOTO : BERNARD HALLET, CATH.CH
Comment accueillir la fragilité comme une bonne nouvelle en notre société tou-jours plus compétitive et élitiste ? Voici une question qui habite le quotidien des personnes engagées dans le service de la pastorale spécialisée de notre diocèse !
Chaque rencontre est un mystère ! Mys-tère de Dieu et mystère de l’être humain ! Oui, il s’agit essentiellement « d’être » plei-nement présent pour découvrir la Bonne Nouvelle que le Seigneur nous révèle.
A travers notre activité, nous nous effor-çons de mettre en lumière une reconnais-sance intégrale de la personne en situa-tion de handicap ainsi que ses nombreux et profonds besoins spirituels. Nous aimons, nous nous laissons aimer, nous construisons de solides amitiés, nous prions avec l’ensemble de notre corps à l’aide de différentes approches senso-rielles, nous creusons la Parole de Dieu et ensemble, nous accueillons l’Evangile de nos propres fragilités.
N’est-ce pas là le cœur de l’Evangile ? N’est-ce pas là le cœur de la mission du Christ qui montre à quel point la fragilité, assumée et aimée est source de salut pour le monde ! N’est-ce pas là le cœur de notre église ?
Alors, comment accueillons-nous dans nos assemblées paroissiales les membres de nos communautés plus fragiles, avec un handicap ? Comment accueillons-nous et soutenons-nous les familles, les parents, frères et sœurs ou encore amis ? Comment pouvons-nous enrichir notre vie terrestre au contact des plus petits qui ont tant d’enseignements à nous partager pour notre propre vie de « valides » ?
Chacune et chacun pourra trouver une bribe de réponse dans son cœur et qui sait, peut-être qu’un jour nous prendrons part, tous ensemble, au festin des invités au repas du Seigneur !
Aujourd’hui la moisson est abondante, mais peu nombreux sont les ouvriers. Aussi, si vous souhaitez, donner un peu de votre temps, 2-3 heures par mois, afin de vivre une fraternité avec nos amis por-teurs de handicap et d’approfondir votre foi, n’hésitez pas à nous contacter ! Nous recherchons ardemment des bénévoles pour nous aider dans cette belle mission au service du royaume de Dieu.
Pour les aumôniers, l’Equipe romande œcuménique de pastorale spécialisée est un organe essentiel à l’exercice de leur ministère. Au-delà des questionnements et des échanges d’expériences, elle leur permet d’affiner leurs approches sensorielles liées aux handicaps, les bénéficiaires n’ayant pas tous accès au langage.
PAR FLORENCE CHERUBINI, ANIMATRICE PASTORALE DU SECTEUR D’AIGLE PHOTOS : STÉPHANIE LABANTI
Approcher et accompagner les familles des personnes handicapées dans le parcours de pré-paration aux sacrements (baptême, communion, confirmation), en paroisse ou en institu-tion, est le ministère diocésain auquel Gaëtan Steiner a répondu par un grand OUI il y a quatre ans déjà. La catéchiste du secteur pastoral d’Aigle a bien voulu nous partager l’article paru dans son journal paroissial.
Gaëtan vient succéder au diacre Eddy Travelletti, responsable de la pasto-rale spécialisée du diocèse de Sion. La pastorale multiple, qui s’adresse à tous les âges, en proposant des temps d’animation spirituelle dans des ins-titutions ou des écoles spécialisées. La préparation aux sacrements, à la demande de familles, de paroisses ou d’institutions, et l’accompagnement au deuil, soit auprès des familles, soit auprès des personnes handicapées pour leur permettre de mettre des mots sur la souffrance et la mort. « Dans ces cas-là, je suis un « grand frère » dans la foi, qui accompagne quand les psychologues, les éducateurs sont démunis… »
Cette pastorale, variée, est un grand défi pour Gaëtan, commercial de formation ! Mais, il reçoit ce nouveau mandat comme « un beau cadeau pour ma propre foi ». Même si, au début, il se sent démuni : « Que pouvais-je faire pour eux ? Comment accepter ma propre vulnérabilité en touchant la vulnérabilité de l’autre ? Comment accepter ces injustices, ces vies si cabossées ? » …
Mais, Gaëtan accepte de surmonter sa sensibilité et se met à l’œuvre. Et, il apprend à s’adapter à chaque handicap car « en Pastorale spécialisée, les concepts cognitifs n’existent pas et ma catéchèse doit permettre de faire expérimenter l’amour de Dieu par le corps ». Pour cette pastorale, construite sur le langage symbolique, un immense matériel que Gaëtan invente, détourne, crée est nécessaire : une couverture toute douce permettra à l’un de sentir la tendresse de Dieu, des pictogrammes inviteront une autre à participer à une célébration, la lumière d’une bougie rendra visible la présence du Christ parmi nous …
Pour chaque rencontre, un immense temps de préparation, aussi, est nécessaire car le message donné ne doit pas être infantilisé mais il doit rendre visible l’essentiel.
Comme « Le Petit Prince », Gaëtan voit donc avec son cœur : « Je rencontre des personnes, pas des handicaps. J’ai beaucoup de déplacements à faire pour me rendre d’un lieu à l’autre. Ces moments sont des temps de prière où j’invoque l’Esprit-Saint pour recevoir de lui le geste, le regard de Jésus qui sera présent à chaque fois. Quand j’arrive dans le lieu, je ne me préoccupe plus de ce que je vais dire. Les gestes, les regards, les paroles viennent. Et, même si parfois il m’arrive de ne pas savoir quoi dire, Dieu est présent ! C’est une grande grâce qui fait grandir ma propre foi et ma confiance en l’Esprit Saint. Je m’approche de Dieu avec eux et c’est une révélation mutuelle. »
Cette belle confiance en l’Esprit aide Gaëtan à vivre sereinement son ministère malgré une grande charge de travail « car c’est un rendez-vous avec Dieu de chaque instant ».
Mais Gaëtan, qui est heureux papa de trois petites filles, sait aussi que sans le « oui » de sa famille qui l’accompagne chaque fois que cela est possible, il ne pourrait pas manifester toutes ces capacités que Dieu a mises en lui pour être au service des « Bénis de Dieu ».
PAR JUDITH BALET HAECKENMEYER
PHOTOS : JUDITH BALET HAECKENMEYER, PIXABAY
Dans les temps anciens, les personnes différentes en raison de soucis physiques ou mentaux étaient mises de côté, rejetées en quelque sorte de la société.
De nos jours heureusement, des efforts d’inclusion, d’acceptation des différences sont mis en œuvre, dans les écoles déjà. Cela ne simplifie probablement pas la tâche des enseignants, mais agrandit le cœur de tous. Me revient en mémoire les années où un enfant différent fréquentait la classe d’un des miens et de la richesse que ça avait amené à tous : écoute, bienveillance, colère parfois aussi, et surtout une plus grande ouverture aux différences, une plus grande ouverture du cœur.
Lorsqu’on regarde la vie d’Alexandre Jollien, quelle perte cela aurait été si on avait continué de cantonner cet homme merveilleux à son handicap! Plus près de chez nous, c’est Marie-Madeleine qui nous époustoufle, qui nous tire en avant. Ce sont ces voisins de la rue de la Taure ou du Home Pierre-à-voir qui nous saluent, timidement ou plus franchement. Comme nous a accueillis Dominique lorsque nous sommes arrivés dans ce village: ces «comme je suis content de te voir» accompagnés d’une franche accolade faisaient si chaud au cœur! Même si parfois les enfants étaient un peu gênés car il serrait fort! Certains de nos voisins sont plus timides, plus réservés. Mais au fait, qu’ils soient bien portants ou non!
Pourquoi dans ce cas parler de pastorale des handicapés ? N’est-ce pas une forme de condescendance de la part des «bien-portants»? Car au fond, nous sommes tous handicapés d’amour ! Ne serait-ce pas ce handicap-là qui serait à mettre en exergue dans la pastorale, plutôt que de marquer encore une fois une différence physique ou mentale ? Et là en toute humilité les bergers n’ont que quelques millimètres d’avance.
Mais l’important n’est-il pas de s’entraider à ouvrir nos cœurs? A tenter d’accueillir tous ces handicapés d’amour que nous sommes, et nous-mêmes en premier?
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