Durant toute votre législature vous avez un peu été l’apôtre du dialogue interreligieux…
Apôtre est un grand terme ! J’ai surtout souhaité avoir un contact avec les diverses confessions présentes en Suisse. J’ai aussi organisé des rencontres systématiques avec les représentants des protestants, des catholiques chrétiens, des catholiques romains, des musulmans et des juifs. J’ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer ces personnes et l’atmosphère était irénique, pour employer un terme à connotation religieuse.
Est-ce plus facile de mettre autour d’une table un chrétien, un israélite et un musulman ou un UDC, un PLR et un PS ?
Tout est possible dans le domaine politique dès l’instant où, partageant des valeurs démocratiques communes, le compromis est nécessaire car personne n’a la totalité du pouvoir. Dans le domaine religieux le dialogue vise d’abord une meilleure connaissance mutuelle et pourquoi pas, la mise en valeur de ce qui est commun.
Le PDC valaisan a perdu quelques plumes aux dernières élections. Une punition divine ?
Je pense que ce n’était pas une grâce divine qu’il ait la majorité. Ce n’est donc pas une punition divine qu’il la perde.
On entend parfois qu’on entre en politique comme on entre en religion. Une affirmation fondée selon vous ?
Non, c’est méprisant pour la religion. Le choix politique est souvent motivé par les opportunités, le hasard et la tradition familiale. Il est aussi le fruit d’une réflexion, de l’expérience et de l’exercice de la vie politique. Par conséquent, ne faisons pas de rapprochement entre le choix des deux.
Aujourd’hui, dans une Suisse sécularisée, le christianisme a-t-il encore une quelconque perspective ?
Que veut dire perspective pour une religion ? Le christianisme existe, il porte des convictions et annonce quelqu’un. Il a donc de toute façon une relevance. Peut-être pour moins de gens qu’autrefois, mais je n’en suis même pas certain. Les valeurs évangéliques ne sont pas moins répandues aujourd’hui qu’il y a cinquante ans.
Comment percevez-vous la situation religieuse en Suisse ?
Je crois qu’il y a une grande différence entre la Suisse allemande et la Romandie. La première est empreinte des principes de la démocratie directe. C’est une Eglise synodale avec tous les risques de conflits que cela comporte. Par contre, en Suisse romande, elle est plus traditionnelle, avec néanmoins un apport important de la culture démocratique suisse. L’attitude à l’égard du Pape est, par exemple, très différente entre la Suisse et la France. En France les prêtres le citent un peu comme les politiciens français font constamment référence au président de la République, tandis qu’en Suisse, le Pape doit rester dans ses attributions.
Quelle est selon vous la contribution la plus importante du christianisme à l’humanité ?
Le christianisme a un message qui ne dépend pas des circonstances. Il a imprégné notre culture avec d’autres apports. Sans le christianisme et les Lumières, le respect de chaque être humain ne serait pas aussi central dans notre culture.
Est-ce que vous vous considérez comme croyant ?
Je suis catholique et j’adhère à ce que dit le Credo.
Qu’est-ce qui fonde votre foi ?
L’expérience personnelle, l’étude et la réflexion. Mais bien sûr, la foi évolue au cours de la vie.
Votre foi a donc évolué ?
Avoir la foi ce n’est pas la gare d’arrivée mais celle de départ. On ne connaît ni le trajet ni l’horaire. Il faut donc s’adapter, faire des découvertes. Au fond, cela rend la vie plus intéressante !
Dernière question piège. Si on vous donne à choisir entre un Diable rouge ou un Plan-de-Dieu, que prendriez-vous (Un Syrah genevois et un Côtes-du-Rhône, ndlr) ?
Je suis œcuménique aussi dans ce domaine-là.