Synode 2021-2023: pour une Eglise synodale

PAR EMMANUELLE BESSI | PHOTOS : DOMINIQUE LUISIER, FABIENNE THEYTAZ, JUDITH WARPELIN

L’Eglise de Dieu est convoquée en synode afin de lancer une réflexion sur le thème: «Pour une Eglise synodale : communion, participation et mission».

Ce synode s’est ouvert à Rome les 9-10 octobre 2021 puis, le 17 octobre 2021, dans chaque Eglise particulière. Cette première phase de réflexion synodale s’achèvera en octobre 2023 au cours de la «XVIe Assemblée Générale des Ordinaires du Synode des Evêques». Toutefois, octobre 2023 ne sera pas l’aboutissement final de cette réflexion sur la synodalité puisque les Eglises locales seront impliquées au-delà de cette date.

Pour le pape François, «Le chemin de la synodalité est précisément celui que Dieu attend de l’Eglise du troisième millénaire»1 et qui est un prolongement du Concile Vatican II. Le but est de réfléchir à vivre davantage la communion, à réaliser la participation dans l’Eglise et à s’ouvrir à la mission. Notre ligne directrice étant notre «marche ensemble» en tant que Peuple de Dieu, peuple missionnaire en se mettant, aujourd’hui, à l’écoute de l’Esprit Saint.

Ce synode se déroule dans notre monde marqué par des changements sociétaux majeurs. C’est pour cela que l’Eglise est appelée à porter une attention particulière aux personnes en souffrance, aux migrants, aux adultes vulnérables, aux victimes d’abus sexuels dans l’Eglise dont la racine se trouve bien souvent dans le cléricalisme. Il s’agit de s’ouvrir aussi aux jeunes, aux femmes.

Notre «Eglise est constitutivement synodale»2 ce qui signifie qu’elle est bien plus que des assemblées d’évêques car l’Eglise est spécifiquement «Peuple de Dieu qui manifeste et réalise concrètement sa communion en cheminant ensemble, en se rassemblant en assemblée et par la participation active de tous ses membres à sa mission évangélisatrice»3. Toutefois au cours du IIe millénaire de l’Eglise, l’accent a été mis sur la structure hiérarchique de cette dernière. Le Concile Vatican II a toutefois insisté sur l’importance de l’égalité des chrétiens qui, par leur baptême, sont tous prêtres, prophètes et rois et en affirmant que «la totalité des fidèles ne peut se tromper dans la foi»4.

Puisant sa source dans les Ecritures5, le processus synodal ne vient pas supprimer le rôle des pasteurs de l’Eglise ni la structure hiérarchique de l’Eglise catholique, mais elle ouvre un cheminement, «où chacun a quelque chose à apprendre. Le Peuple fidèle, le Collège épiscopal, l’Evêque de Rome, chacun à l’écoute des autres; et [où tous sont] à l’Ecoute de l’Esprit Saint»6. Une Eglise synodale est alors un signe prophétique, un sacrement universel de Salut, un instrument de l’union intime avec Dieu et avec le genre humain.

Ce synode est donc à la foi héritier de l’Ecriture et de la Tradition, mais aussi un chantier ou une expérience pilote «qui permet de commencer à recueillir, dès à présent, les fruits du dynamisme que la conversion synodale progressive distille dans la communauté chrétienne»7.

Pour le pape François, l’interrogation fondamentale qui guide cette consultation est la suivante :

Une Eglise synodale, en annonçant l’Evangile, «marche ensemble»: comment ce «marche ensemble» se réalise-t-il aujourd’hui dans votre Eglise particulière? Quels pas l’Esprit nous invite-t-il à accomplir pour grandir dans notre «marcher ensemble»?8

Pour y répondre, il s’agit de nous demander à quelles expériences de notre Eglise particulière cela nous fait-il penser ? Cela nous invite à relire nos ressentis bons ou mauvais et à les analyser pour savoir quelles sont les intuitions qu’elles ont suscitées en nous et pour notre Eglise particulière? Il s’agit aussi de recueillir les fruits, de s’interroger sur ce que l’Esprit nous demande aujourd’hui, sur ce qui est à confirmer, sur ce qui est à changer afin de voir quels chemins de consensus s’ouvrent pour notre Eglise particulière. Chaque Eglise particulière est donc appelée à interroger les fidèles, les prêtres, les religieux, les institutions ecclésiales, etc.

Pour ce faire, le document préparatoire du synode des évêques propose d’approfondir dix pôles essentiels qui sont les suivants9:

1. Les compagnons de voyage: Dans l’Eglise et dans la société, nous sommes sur la même route côte à côte… Il s’agit de savoir qui sont nos compagnons de voyage, qui fait partie de ce que nous percevons comme étant « notre Eglise » ?…

2. Ecouter: L’écoute est le premier pas, mais demande d’avoir l’esprit et le cœur ouverts, sans préjugé… Percevoir qui dans notre Eglise particulière subit un manque d’écoute (minorité, marginaux, exclus, …) ?…

3. Prendre la parole : Tous sont invités à parler avec courage et parrhésie, c’est-à-dire en conjuguant liberté, vérité et charité… Comment favorisons-nous ceci dans notre Eglise particulière ?…

4. Célébrer: «Marcher ensemble» n’est possible que si ce chemin repose sur l’écoute communautaire de la Parole et sur la célébration de l’eucharistie… De quelle manière célébrons-nous ?…

5. Coresponsables dans la mission : La synodalité est au service de la mission de l’Eglise, à laquelle tous ses membres sont appelés à participer… De quelle manière chaque baptisé est-il un acteur missionnaire ?…

6. Dialoguer dans l’Eglise et dans la société : Le dialogue est un chemin qui demande de la persévérance, et comporte aussi des moments de silence et de souffrance, mais qui est capable de recueillir l’expérience des personnes et des peuples… Quels sont les lieux de dialogue dans notre Eglise particulière ?…

7. Avec les autres confessions chrétiennes : Le dialogue entre chrétiens de diverses confessions, unis par un seul baptême, occupe une place particulière sur le chemin synodal… Quelles sont nos relations œcuméniques ?…

8. Autorité et participation: Une Eglise synodale est une Eglise de la participation et de la coresponsabilité… Comment s’exerce l’autorité au sein de notre Eglise particulière?…

9. Discerner et décider: Dans un style synodal, les décisions sont prises via un processus de discernement, sur la base d’un consensus qui jaillit de l’obéissance commune de l’Esprit… Comment la participation de tous aux décisions est-elle favorisée?…

10. Se former à la synodalité: La spiritualité du marcher ensemble est appelée à devenir le principe éducation de la formation humaine et chrétienne de la personne, formation des familles et des communautés?… Comment formons-nous les personnes qui ont des responsabilités au sein de l’Eglise?…

Dans le diocèse de Sion, le processus synodal en est à ses débuts, mais il est possible d’en apprendre plus et de répondre à une consultation diocésaine en ligne sur le site du diocèse de Sion. De plus, afin d’éviter les grands rassemblements en cette période de pandémie, Mgr Lovey a annoncé le 3 novembre 2021 que le chemin synodal diocésain se ferait sous forme de visites pastorales. En attendant, marchons ensemble, unis autour de Jésus Christ, qui est la tête du Corps dont nous sommes les membres.

1 Synode 2021-2023, Pour une Eglise synodale, Document préparatoire, §1.
2 Synode 2021-2023, §10-15.
3 Synode 2021-2023, §10.
4 Synode 2021-2023, §13.
5 Synode 2021-2023, §16-24.
6 Synode 2021-2023, §15.
7 Synode 2021-2023, §25.
8 Synode 2021-2023, §26.
9 Synode 2021-2023, §30.

Nous sommes des êtres de désir

LE BILLET DE PASCAL DESTHIEUX, VICAIRE ÉPISCOPAL | PHOTOS : DR

Nos plus profonds désirs sont la preuve même de l’existence de Dieu, affirme Sophia Kuby, dans un magnifique petit livre « Il comblera tes désirs. Essai sur le manque et le bonheur ». J’ai eu la joie de rencontrer cet été cette jeune théologienne allemande, qui travaille comme formatrice de leaders chrétiens chez ADF (adfinternational.fr).

Elle commence par cette constatation : nous sommes faits de désirs. De grands désirs. Nous ne sommes jamais pleinement satisfaits, nous ne serons jamais entièrement comblés. Même quand nous obtenons ce que nous espérions, il nous arrivera tôt ou tard de désirer d’autres choses. Mais il est bon que nous ayons ces profonds désirs en nous, car c’est ce qui nous rend réellement vivants et nos manques sont le moteur de beaucoup de nos actions. Une certaine spiritualité chrétienne visait à réfréner tout désir, avec le risque de devenir des personnes éteintes. Nous cherchons à apaiser notre désir insatiable par la consommation, la distraction, la recherche de plaisirs. Mais, en fait, notre désir est infini. Comme croyants, nous voyons que seul Dieu peut réellement nous combler et nous croyons qu’il veut notre bonheur. Nos désirs d’infini nous ouvrent à plus grand que nous et au bonheur du Ciel. L’enjeu dès lors est d’orienter vers Lui nos manques et de renoncer à des ersatz de bonheur pour qu’Il puisse nous combler entièrement.

Voilà qui peut éclairer notre Avent, temps de l’attente et de l’espérance, comme le chante magnifiquement cet hymne :

« Voici le temps du long désir,
Où l’homme apprend son indigence,
Chemin creusé pour accueillir
Celui qui vient combler les pauvres.
L’amour en nous devancera
le temps nouveau que cherche l’homme ;
Vainqueur du mal, tu nous diras :
Je suis présent dans votre attente. »

Concert de Noël

Le Chœur d’Hommes, le Chœur des Familles, le Chœur des Jeunes, le chœur Saint-Michel, le Chœur la Romaine et l’Ensemble Vocal de Martigny sont heureux de vous inviter à leur concert de Noël en faveur de l’association « Les Pinceaux magiques » qui aura lieu le samedi 18 décembre à 19h30 à l’église du Bourg. Ouverture des portes dès 18h30. Le certificat covid est requis afin d’accéder à cette manifestation.

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Jeux, jeunes et humour – décembre 2021

Par Marie-Claude Follonier

Question d’enfant

Pourquoi associe-t-on saint Nicolas aux enfants ? 
La fête de la Saint-Nicolas apparaît vers le XIe siècle sur la base d’une légende franco-allemande qui reprend des éléments revisités de la vie de Nicolas de Myre (IIIe siècle) et Nicolas de Sion (VIe siècle). Les trois innocents protégés par ces deux évêques d’Anatolie deviennent les trois enfants égarés chez le boucher Pierre le Noir qui les découpe en morceau pour les mettre dans son saloir. Pris sur le vif, le boucher avoue tout à saint Nicolas qui ressuscite les enfants et devient leur protecteur.

par Pascal Ortelli

Humour

A l’EMS Saint-Joseph, Nestor vient vers son ami Henri et lui annonce :
– Il y a Louis qui est décédé.
– Ah ! Et l’enterrement, c’est quand ?
Nestor retourne vers l’affichoir et revient en disant :
– C’est mercredi !
Soudain, pris d’un doute, il retourne consulter le faire-part.
– Non, c’est vendredi la sépulture.
– Ah, reprend Henri, Louis va mieux, alors !

par Calixte Dubosson

Création et évolution (Genèse 1-2)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Parmi les dossiers où l’on oppose souvent, à tort, la science et la foi, se trouve la belle problématique de la création. Les jeunes y sont particulièrement sensibles, risquant de reléguer le langage biblique à de l’obscurantisme anachronique et de lui préférer le discours scientifique, apparemment plus adapté à notre âge postmoderne. Or les textes de la Genèse disent le « pour-quoi » du monde créé, sans empiéter sur le « comment » scientifique de l’évolution.

Ce serait commettre un véritable contresens que d’opposer les deux regards : ils ne s’excluent pas, ils se complètent. C’est manquer de respect pour les Ecritures que de ne pas prendre en considération les genres littéraires des deux premiers chapitres de la Genèse : ce sont des récits théologiques et épiques et non descriptifs et informatifs.

La preuve que nous ne sommes pas appelés à faire une lecture littérale et « fondamentaliste » des pages inaugurales de la Révélation (contrairement à ce que préconisent certains frères et sœurs chrétiens évangéliques, notamment étasuniens, qui récusent faussement l’enseignement de la théorie de l’évolution dans les écoles), c’est que, précisément, nous avons deux présentations de l’acte créateur divin : Genèse 1 le met en scène comme une grande liturgie par séparations successives, culminant dans l’apparition de l’homme et de la femme à l’image du Seigneur (Genèse 1, 27) et dans le repos sabbatique. En Genèse 2, nous avons l’impression que l’écrivain inspiré « reprend les choses à zéro », qu’il propose la création de l’homme seul (2, 7), puis du grand jardin dont celui-ci est dépositaire responsable, avant de parvenir au couple, avec la femme tirée de la côte de l’homme (2, 23).

Essayez d’en faire le scénario d’un film : c’est impossible. Précisément parce que le texte scripturaire se place sur un autre registre : celui du « sens » des réalités, telles que voulues par Dieu. Quant au langage de l’évolution, plus les sciences dévoilent la splendeur de l’infiniment grand et petit, plus elles chantent l’immensité de celui qui a présidé à leur mise en ordre cosmique !

Croyons de manière intelligente et scientifique, de manière à rendre les approches scientifiques toujours plus humaines et spirituelles !

Coupe du Monde : oui – Exploitation des travailleurs : non

L’ACAT Suisse * lance sa pétition annuelle à l’occasion de la Journée mondiale des Droits de l'Homme le 10 décembre. La pétition demande aux autorités de l’Emirat arabe du Qatar, organisateur de la Coupe du Monde de football 2022, de respecter les droits humains des travailleurs migrants.

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Via Jacobi: Coppet – Genève

Texte et photos par Pascal Ortelli

Le mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà dLe mythique chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle traverse la Suisse romande, de Fribourg à Genève. Au-delà des sentiers battus, la Via Jacobi regorge de curiosités. Chaque mois, L’Essentiel prend son bâton de pèlerin et en réalise un tronçon sous forme d’une balade familiale à faire sur la journée. Aujourd’hui, cap sur Genève pour une dernière étape tout urbaine.

Départ depuis la gare de Coppet, 5h aller simple, 20,15 km

1. Depuis la gare CFF, montez en direction de Commugny et prenez sur la gauche à la 4e intersection le chemin Sous-Gay qui vous permettra de traverser Tannay et Mies.

2. Après avoir atteint le complexe sportif d’Ecogia, descendez sur la gauche pour franchir le Nant de Braille. Vous arriverez alors à Versoix où vous longerez un joli petit « bisse » sur un chemin très apprécié par les enfants. Au bout de la localité, descendez pour rejoindre la voie ferrée et le pont sur la Versoix

3. Le tracé qui vous conduira sans grande difficulté à la gare de Genthod-Bellevue offre d’intéressants coups d’œil sur la rade. Longez la voie ferrée en ne manquant pas de saluer le taureau au regard inquisiteur.

4. Grimpez ensuite à Chambésy-Village où vous entrerez de plein fouet dans la Genève internationale. Villas, châteaux et ambassades se succèdent à un rythme fou. Au
niveau du domaine de Penthes, piquez du nez sur le jardin botanique.

5. Il vous reste alors à rejoindre la gare Cornavin par les quais puis de vous rendre à Bel-Air pour atteindre la vieille-ville.

6. Après une halte obligée à la cathédrale pour contempler le vitrail de saint Jacques, libre à vous de poursuivre en direction de Saconnex-d’Arve jusqu’au château de Compesières, siège d’une ancienne commanderie sur le chemin de Saint-Jacques, aujourd’hui musée de l’Ordre de Malte (comptez 1h45 de marche en plus).

Le retour se fait aisément en transports publics.

Curiosité

L’horloge Malbuisson et son carillon où défilent 42 personnages de bronze, au rythme de 16 cloches, sur le thème de l’Escalade, moment clé de l’histoire genevoise.

Coup de cœur

Le parc de jeux dans la forêt enchantée du jardin botanique.

Des « trésors » à partager

 

PAR MYRIAM BETTENS
PHOTOS : DR

Pour s’essayer au menu de Loïs Auberson, c’est par ici : www.tresorsdesmonasteres.com

A seulement 17 ans, Loïs Auberson fonde Trésors des monas­tères, un site internet réunissant les produits confectionnés par des congrégations de Suisse romande.

Cette initiative vise à venir en aide aux monastères et communautés religieuses, privés de recettes en raison de la crise sanitaire.

Un menu monastique !

En apéro, une bière de l’Abbaye de Saint-Maurice. Un plat principal accompagné de légumes et de la sauce rouge de l’Abbaye de la Fille-Dieu de Romont. Le repas s’achève en douceur(s) avec des biscuits du Carmel et une tisane de l’Abbaye de la Maigrauge. Voilà le menu idéal de Loïs Auberson, car en fin gourmet, il a essayé toutes les spécialités qu’il propose sur le site qu’il a fondé pour promouvoir les produits monastiques du cru. « J’ai tout goûté », lance-t-il avec un ton malicieux dans la voix. Mais c’était pour la bonne cause. Il lui fallait se faire son propre avis afin de conseiller au mieux les futurs acheteurs.

Pour ce jeune Neuchâtelois, tout est allé très vite. A la lecture d’un article de presse, il découvre
les difficultés financières auxquelles les monastères romands doivent faire face à cause de la pandémie. Ni une, ni deux, il les approche pour leur proposer son idée. Et s’ils préparaient des coffrets surprise contenant leurs spécialités ?

Petit coffret deviendra grand

Le projet fonctionne tellement bien que Loïs Auberson décide de créer un site internet pour permettre aux personnes intéressées de s’abonner à ces fameux coffrets. « L’impulsion première était d’aider ces monastères par une action ponctuelle et aujourd’hui cela se prolonge par le biais de la vente en ligne. »

Douze communautés

De « petites mains » lui apportent un certain soutien logistique dans la préparation des coffrets, mais le jeune homme assume la plus grande partie de ce projet. Au-delà de l’aspect de soutien, cet engagement le porte dans sa vie de croyant. « Il y a dans la foi des moments de doute et de questionnement. Là, je sais que douze communautés pensent et prient pour moi. Je vois aussi ces religieuses et religieux comme des modèles. Passer autant d’années enracinées en Christ me rend admiratif. »

 

3 questions à… Jésus !

Pourquoi pas ? Le mois de décembre est celui qui pointe vers la célébration de sa naissance – bien qu’Il ne soit pas né un 25 décembre ! Comment voit-il cette période ?

PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR

Cher Jésus, tu vas voir une fois encore les temples et les églises se remplirent de gens qui viendront écouter des concerts, des veillées, des Carols, des messes et des cultes bien préparés, pour familles ou avec chœur… qu’en penses-tu ?

Cela me réchauffe le cœur de voir que c’est par la beauté que l’être humain se laisse émouvoir et mouvoir… Pour ma part, c’était la beauté du lys dans les prés qui m’avait le plus ému. Et mu, car j’ai parcouru des kilomètres dans mon propre pays, jusqu’à ses frontières décriées par les bien-pensants et j’y ai toujours trouvé la beauté de la nature, simple et sobre, à l’image de Dieu…

Comment vis-tu le fait que toi et nous savons bien que tu n’es pas né un 25 décembre ?

Eh bien moi non plus, comme des milliers de personnes aujourd’hui dans le monde, spécialement dans des pays où l’administration est déficiente, je ne sais pas exactement ma date de naissance. Mes parents me disaient que c’est à 12 ans, lors de ma Bar Mistvah, que je suis né véritablement : à la communauté juive, à notre village, aux yeux de Yahvé. Pour ma part, il me semble être né des centaines de fois : quand, au matin, contemplant le soleil se lever de derrière les montagnes – j’aimais bien aller seul, tôt, dans la solitude des collines –, le premier rayon me caressait le visage comme un « Shalom » de Dieu mon Père ; quand, le jour où mon cousin Jean-Baptiste m’immergea dans les eaux du Jourdain ; quand mes disciples revenaient, fatigués et tout heureux d’avoir reçu l’annonce que le Royaume était tout proche et changeaient le cœur des écoutants ainsi que le leur…

Que souhaiterais-tu dire à la communauté de Saint-Joseph ?

Chaque matin est un Noël car je ne dors pas mais veille à tes côtés, ô paroisien.ne ! Chaque jour est un Noël car donner est facile et apprendre à recevoir encore mieux. Chaque soir est un Noël car la nuit n’est point ténèbre, mais appelle à la confiance et à l’espérance car demain me porte vers un nouveau jour… de Noël ! Et puis, fais simple cette année, tu veux bien ?

Ces sourds qui savent écouter

Marlène Pochon vit à Chamoson. Elle est maman et grand-maman. Elle a travaillé plus de 20 ans comme infirmière. Il y a 16 ans, elle a ressenti le besoin de changer d’orientation professionnelle. Marlène donc a choisi de se mettre au service des personnes sourdes et
malentendantes. Elle travaille comme codeuse interprète en LPC, c’est-à-dire langage parlé complété …

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Mosaïque d’Alexandre Blanchet

Eglise Saint-Joseph, Genève

PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER

L’œuvre que je vous présente ce mois-ci est toute particulière pour moi : Saint-Joseph est l’église de mon enfance. J’ai grandi, dimanche après dimanche, en regardant Jésus marchant sur un établi qui ressemblait beaucoup à celui qui se trouvait dans l’atelier de mon papa encadreur. Cette mosaïque nous parle précisément de cela : d’une histoire d’enfance, d’une photo de famille, de quelques instantanés de la vie d’un enfant et de ceux qui ont pris soin de lui.

Chaque année, pendant la période de l’Avent, nous écoutons les mêmes textes. Avec le temps, nous oublions peut-être de nous laisser émerveiller par l’extraordinaire message de l’ange : « Voici que la Vierge concevra et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit: ‘‘Dieu-avec-nous’’. » (Mt 1, 23)

L’œuvre d’Alexandre Blanchet nous invite à nous arrêter sur ce qu’est l’Incarnation. Le Dieu qui a fait le ciel et la terre, celui qui a fait sortir Israël du pays d’Egypte, qui a fait toutes ces grandes choses… nous rejoint sur terre. Il aurait pu venir directement en tant qu’adulte. Il choisit cependant de le faire, non comme Mary Poppins qui apparaît portée par le vent pour aider les familles qui en ont besoin, mais comme un bébé. Et même comme un embryon qui grandit dans le ventre de sa mère. Notre Dieu se remet, fragile parmi les fragiles, entre les mains de ses créatures. Il choisit de tout recevoir de deux êtres humains.

Ici, Jésus apprend à marcher, tenu par les mains de Joseph; la Sainte Famille est rassemblée autour de l’établi où Joseph travaillait. On rétorquera peut-être que ces scènes ne sont pas bibliques. C’est vrai, elles ne font pas partie de celles qu’il a semblé essentiel de transmettre par les Evangiles. Toutefois, elles nous aident à (re)découvrir des aspects auxquels nous ne pensons peut-être pas tous les jours. Cet enfant qui marche sur l’établi, c’est notre Dieu…

Sépulture dans l’intimité

PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS : CATH.CH/FLICKR

Paris 9 décembre 2017: le décès de Johnny Hallyday crée une émotion nationale. Lors de ses obsèques, un «hommage populaire» lui est rendu avec une descente des Champs-Elysées en musique, par le cortège funéraire, devant près d’un million de personnes. Suit une célébration religieuse en présence de nombreuses personnalités politiques, de la chanson, du cinéma et des médias. Le tout est retransmis en direct par les chaînes d’information, en continu.

Authon (France), samedi 5 dé­cembre 2020 : une quarantaine de personnes – famille et cercle proche – assistent à la messe de sépulture de M. Valéry Giscard d’Estaing. Une assemblée réduite, imposée par les mesures sanitaires, mais qui correspond au « souhait et à la volonté » d’intimité de l’ancien président de la République.

Sion, 11 janvier 2021 : « Je désire que ma mort soit annoncée et accueillie comme une fête, celle de la rencontre du Père dans les cieux, la troisième naissance », avait écrit le cardinal Henri Schwery dans son testament spirituel. Malgré ce désir, les normes imposées par la pandémie ont drastiquement limité la participation à ses funérailles : cardinal ou pas, c’était 50 personnes, pas plus.

L’intimité, une pratique de notre temps

Trois événements, trois manières différentes de vivre un deuil. La pandémie du Covid a contraint les familles à vivre leur deuil dans l’intimité. Pourtant, cette pratique n’est pas nouvelle. Elle était en progression constante depuis quelques années. Ce phénomène montre une approche totalement inédite de la façon d’appréhender et de vivre l’évènement de la mort. On assiste actuellement à une modification de l’attitude des gens face aux rituels qui accompagnent la mort ; les funérailles sont de plus en plus fréquemment célébrées dans l’intimité de la famille, voire dans la plus stricte intimité, dans une église, dans un centre funéraire ou dans les locaux aménagés des entreprises de pompes funèbres elles-mêmes. La dimension sociale est progressivement écartée. Par ailleurs, on ne fait plus systématiquement appel au prêtre pour la célébration.

Cette évolution est plus particulièrement perçue en milieu urbain. Dans un village où société civile et communauté religieuse se recoupent souvent plus largement, la sépulture est un événement qui revêt à la fois un caractère social et religieux. En effet, de près ou de loin, une large partie de la population se sent concernée par la mort d’un membre de la communauté villageoise, en raison de sa proximité avec lui. Très souvent, beaucoup ont partagé un bout d’histoire avec le défunt ou sa famille.

En ville, il en va autrement. Cela ne fait pas toujours sens de célébrer des funérailles à l’église si le défunt n’était pas croyant ou si sa proche famille ne l’est pas non plus. Après discussion avec les services funèbres, avec le prêtre, on opte alors pour une célébration dans l’intimité ou dans la plus stricte intimité. Cela met en évidence un élément qui m’interpelle : la famille ne prend plus nécessairement en compte le lien social de son défunt, aussi petit soit-il, pour laisser la possibilité aux personnes ayant, d’une manière ou d’une autre, été proches de celui-ci, de lui dire « à Dieu ». Cela n’est pas toujours bien accepté par ces personnes qui expriment parfois leur regret et leur désapprobation.

L’intimité vue par les professionnels

Comment en est-on arrivé là ? Pour un employé des pompes funèbres : « Certaines familles vivent des ruptures, des déchirures en leur sein et n’envisagent pas d’être exposées au regard de tous : comme mises à nu. La célébration dans l’intimité est alors une protection. » Pour un autre : « L’aspect financier pèse lourd : par exemple, l’argent manque et il apparaît impossible d’honorer la présence de chacun à travers une invitation à une agape largement ouverte. » Pour d’autres enfin, la participation importante ou faible aux obsèques risque de mettre à nu les bonnes ou mauvaises qualités relationnelles du défunt. Ils choisissent alors une cérémonie privée de public.

Georges Mottiez, ancien directeur de pompes funèbres, « considère que la perte, ou l’absence, de pratique religieuse parmi les jeunes générations explique en grande partie la demande d’intimité. Il n’y a plus aucun repère. Les gens viennent à l’église avec leur playlist pour la cérémonie, ignorant qu’il y a souvent un chœur pour l’enterrement. On se fait sa propre religion. C’est « à la carte » », précise-t-il. Même si le défunt était pratiquant, il arrive que les enfants changent parfois les dernières volontés du parent, en demandant l’intimité. La célébration n’a plus la même dimension. La famille souhaite une célébration simple, pas trop longue. Par ailleurs, on ne veut plus trop s’afficher à l’église dont on s’est éloigné ou qu’on n’a jamais fréquentée. Les gens ne participent plus à l’assemblée dominicale, notamment après avoir été forcés dans leur enfance ou leur jeunesse.

Citée par le Journal de Cossonay en 2013, la pasteure Christine Nicolet regrette cette situation : « Nous sommes tous touchés par l’individualisme de notre société, et nous nous en plaignons. Alors pourquoi contribuer encore à la montée de la solitude en demandant à partir tout seul ? La mort n’est pas une affaire privée, elle est affaire de société. En tout cas si on veut que cette société continue d’être humaine. »

L’intimité imposée

Voilà ce qui est pour une intimité choisie et assumée. Mais qu’en est-il lorsque celle-ci est imposée par les circonstances ? La pandémie du coronavirus a profondément impacté la façon de vivre de notre société et aussi celle de l’Eglise. Nous avons été contraints d’aller contre nos réflexes naturels de solidarité avec les familles en deuil en les laissant seules assumer une « double » peine : celle de perdre un être cher et celle de ne pas pouvoir célébrer avec la communauté des amis et des connaissances.

De tout temps, la réaction spontanée des personnes humaines a été de présenter à la famille endeuillée ses condoléances soit par une présence physique, soit par des messages et des offrandes de messes. Au temps de Jésus déjà, les sépultures rassemblaient une affluence considérable comme le souligne saint Luc : « Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. »

Soit en tant que prêtre, soit en tant que famille, lors des célébrations dans l’intimité, jamais nous n’avons autant cruellement ressenti l’absence de nos proches et connaissances ainsi qu’un désir d’être entourés et consolés par des poignées de main ou des accolades sincères. Il est donc précieux de redire ici le rôle essentiel de la communauté paroissiale dans le processus de deuil. Pourtant, j’ai ressenti que les brèves cérémonies vécues dans un décor plus restreint que l’église paroissiale, avec une approche plus personnalisée notamment avec des textes et des musiques que le défunt appréciait, a mis du baume au cœur des familles. Beaucoup ont quand même trouvé une réelle consolation dans ces moments de prière.

Quel avenir pour le processus de deuil ?

La question se pose donc : verra-t-on une augmentation de l’intimité amorcée avant la pandémie ? Ou au contraire, assistera-t-on à un retour de belles cérémonies vécues par de grandes assemblées ? Verra-t-on les célébrations comme celle de Johnny Hallyday devenir monnaie courante ou alors assistera-t-on à un renforcement de celle vécue pour Valéry Giscard d’Estaing et pour le cardinal Schwery qui auraient, à coup sûr, rempli trois églises ? La réponse est à lire d’ici peu dans les faire-part des familles endeuillées de nos quotidiens.

Une prière exaucée

Une dame de 90 ans, fille unique et célibataire, m’a confié qu’elle priait tous les jours pour qu’il y ait du monde à son enterrement. J’ai accueilli cette confidence sans lui rétorquer que c’était humainement impossible. Le jour de son décès, nous fixons la cérémonie pour le mercredi suivant.
Deux heures après, un autre décès m’est signalé. La famille désire également le mercredi. Je réponds que c’est impossible, la place est déjà prise. La famille insiste :
«Ne peut-on pas s’arranger avec la famille de la dame pour une cérémonie commune?» «Bien sûr», acquiesce le curateur de la nonagénaire. L’église fut remplie et la prière de la dame pleinement exaucée !

La veuve et la foule (Luc 7, 11-17)

PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR

Quand il est question de funérailles, dans les évangiles, et que Jésus y est mêlé, la famille du défunt est toujours fort bien entourée: ainsi de nombreux Juifs sont venus auprès de Marie et Marthe, les proches du Christ, pour les consoler de la mort de leur frère (cf. Jean 11, 45). De plus, ils restent avec elles quatre jours après la mise au tombeau de Lazare. Si bien qu’ils peuvent assister au miracle du retour à la vie de ce dernier, grâce à l’intervention priante de Jésus : après avoir vu pleurer Marie et les Juifs qui l’accompagnaient, le Maître frémit, il pleure lui aussi, il invoque le Père et arrache son ami à la mort (cf. 11, 33-44). C’est devant l’assemblée des personnes présentes que le Fils de Dieu opère, si bien d’ailleurs que certains vont le dénoncer auprès des pharisiens pour qu’il soit arrêté et mis à mort.

Quand la veuve de Naïn porte en terre son fils unique, une foule considérable de la ville est là et fait route avec la femme désespérée (cf. Luc 7, 11-17). Les gens deviennent ainsi eux aussi témoins de l’acte de résurrection du Christ, lorsque celui-ci s’approchant, touchant le cercueil, intime l’ordre au jeune homme de se lever et qu’il le rend à sa mère. Le deuil et l’œuvre du Fils de l’homme se vivent en groupe.

C’est en peuple que le Seigneur sauve Israël, c’est en communauté que la populace se laisse alors saisir d’admiration devant l’événement inconcevable et glorifie Dieu pour le prophète qui s’est levé de la sorte et a visité la nation élue. C’est toujours en communauté que la Trinité nous rejoint, lorsque nous sommes frappés d’abattement et de malheur et qu’elle nous remet debout par l’espérance.

Ne restons jamais seuls, dans nos épreuves. L’Esprit nous donne des frères et des sœurs « con-solateurs » (c’est le sens du terme latin cum-solus, être avec ceux qui sont seuls). Laissons-nous porter et soutenir par eux. Et donnons à tous la possibilité de dire adieu à la personne décédée.

En librairie – novembre 2021

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Myriam, mon amour
Jelle Lemaitre

A 30 ans, on a la vie devant soi. Mais quand le cancer vient bouleverser le bonheur d’une jeune famille, quand la mort vient séparer un couple, comment survivre à une telle souffrance ? Jelle Lemaitre, père de deux jeunes enfants, a vécu ce véritable chemin de croix aux côtés de son épouse Myriam, touchée par un cancer en 2017 et foudroyée en huit mois. Avec pudeur et simplicité, Jelle Lemaitre retrace ce cheminement où l’espérance a fait irruption dans la nuit comme le soleil du matin de Pâques. Ce témoignage bouleversant, mais serein, sur le veuvage précoce est avant tout un hymne à la vie et un appel à saisir les joies de chaque instant. 

Editions Première Partie

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De la mort jaillit la vie
Marguerite Chevreul

Elles sont 300 millions dans le monde dont le conjoint est décédé, mais dont on ne parle guère. Moins nombreux, mais tout aussi éprouvés, il y a les veufs ! Tous doivent assumer la responsabilité du foyer, affronter les difficultés matérielles et psychologiques et souvent assurer l’éducation des enfants. Eprouvées humainement, les veuves sont capables d’une étonnante résilience. De la mort elles font rejaillir la vie en s’appuyant sur le Christ ressuscité. Ce livre, qui s’appuie sur de solides références bibliques, s’adresse à tous ceux qui traversent le deuil ou le veuvage : il leur ouvre des chemins de lumière et de vie.

Editions Salvator

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Les soignants 
Gwenaëlle Boulet

Pasteur, philosophe, organiste, médecin, Albert Schweitzer (1875-1965) est le précurseur de l’action humanitaire. En 1952, il reçoit le prix Nobel de la paix.
Pédiatre et psychanalyste, Françoise Dolto (1908-1988) a consacré sa vie à faire entendre la voix des enfants. Frère Luc de Tibhirine (1914-1996), moine médecin, tenait un dispensaire où il accueillait et soignait la population locale à Tibhirine, en Algérie. Il a été assassiné avec six autres moines en 1996. Cette BD montre comment chacune de ces trois figures incarne à sa manière, l’engagement du médecin au XXe siècle.

Editions Bayard Jeunesse

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Etre là   
Elisabeth de Courrèges

A travers une série de récits bouleversants écrits après son confinement dans un EMS, Elisabeth de Courrèges partage, dans cet ouvrage, les rencontres qui ont jalonné son parcours de chrétienne et de soignante. Pour cette ergothérapeute de 26 ans, il s’agit de faire de chaque parole, chaque main serrée et chaque regard une présence du Christ auprès de ceux qui souffrent. Un livre d’une grande profondeur pour aborder la solitude, la souffrance et la fin de vie.

Editions Mame

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Je t’aime d’un amour éternel

La plupart des philosophies contemporaines visent comme but: «être bien», «être heureux». Nos contemporains se jettent donc vers toutes sortes de propositions pour trouver le «bonheur», cherchant ce qui fait du bien, comme le yoga, la méditation, les pratiques ésotériques, le développement personnel, pensant trouver une réponse au mal-être.

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Enterrer dans l’intimité: témoignage de Sarah Barras

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), novembre 2021

En décembre 2020, en pleine pandémie, Sarah Barras a repris l’entreprise de pompes funèbres de son père Willy, actif pendant 40 ans, lui-même successeur du fondateur Louis. L’occasion pour L’Essentiel de poser des questions sur ce nouveau défi et sur les obsèques dans l’intimité.

PAR HUGUES REY, MONTANA-CORIN
PHOTO: DR

Comment envisagez-vous votre mission au service des familles endeuillées ?
Mes activités d’hôtelière à Crans-Montana, pendant une quinzaine d’années, m’ont formée à l’accueil des touristes en vacances dans un cadre de détente ou de fête. Après ce parcours, j’ai repris l’entreprise de mon père dans le contexte compliqué de la pandémie. Je rencontre alors des personnes éprouvées par un deuil, désemparées et fragilisées. J’essaie avant tout de me mettre à leur service avec authenticité, coeur, discrétion et flexibilité afin de leur apporter un soutien, non seulement pratique et professionnel, mais également de leur exprimer empathie et réconfort grâce à mon écoute et à mes conseils.

Quels changements avez-vous apportés depuis le passage de témoin?
Au niveau de l’infrastructure, avec l’aide de mon mari et de mon père, j’ai aménagé un espace d’accueil pour les familles. J’ai réalisé la mise à niveau du site Internet de l’entreprise. Pour ce faire, j’ai écouté ma sensibilité féminine. Au-delà de l’accueil des familles, qui reste essentiel, je veille, avec soin, aux différentes étapes : veillée, cérémonie, enterrement ou dépôt de l’urne au colombarium.
La gratitude des personnes endeuillées me confirme régulièrement dans cette activité devenue une réelle vocation. En tant que femme, je suis heureuse de participer, à ma mesure, au renouvellement de la profession, d’y apporter douceur et empathie, plus librement exprimées aux familles que par les générations passées, tout en veillant aux exigences de qualité et de disponibilité de la tradition familiale.

Comment se déroulent des funérailles dans l’intimité ?
Il s’agit d’une cérémonie à laquelle participe un nombre restreint de gens informés par un canal privé. Quelquefois, une liturgie de la parole remplace la messe dont le sens se perd de plus en plus.

Pendant la pandémie, les funérailles dans l’intimité sont devenues une obligation, mais comment expliquez-vous cette tendance née avant la crise sanitaire?
L’atténuation de la croyance religieuse et l’incompréhension des rituels expliquent en partie cette demande : dans un premier temps, il arrive que des familles, submergées par l’angoisse et la tristesse, veuillent régler au plus vite les adieux à leur cher défunt. Elles se ravisent généralement après que je leur ai expliqué l’importance de laisser du temps au temps pour entrer dans cette réalité, certes douloureuse, mais qui demande de la patience aussi bien pour commencer le deuil que pour organiser la cérémonie avec sérénité. Parfois, la famille compte peut-être sur plus de recueillement et de liberté, désireuse d’échapper à une curiosité et à des regards mal ajustés de la part de certaines personnes. Enfin, l’aspect financier peut expliquer ce choix qui, en l’absence de rencontres conviviales après la cérémonie, s’avère moins coûteux.

Que ne faudrait-il pas perdre de vue avant d’opter pour des funérailles dans l’intimité?
L’absence de la communauté peut laisser un sentiment de solitude aux familles, qui ne doivent pas oublier la place que leur défunt occupait au sein de la société. L’individualisme ambiant conduit à négliger cette réalité-là. Les chants de la chorale, la prière et les réponses des croyants soutiennent grandement la famille qui peut s’appuyer ainsi sur la communauté.
Il arrive que des personnes expriment leur tristesse de ne pouvoir assister à la cérémonie ; elles s’y joignent discrètement en se tenant dans le fond de l’église.

Comment l’absence de la communauté aux funérailles peut-elle être compensée ?
C’est le plus souvent lors de la messe de septième, un samedi ou un dimanche, à un moment où l’on est moins sous le coup de l’émotion. La fraternité communautaire peut s’y exprimer et être accueillie avec plus de sérénité. Quand les visites au défunt se sont faites en l’absence de la famille, la sortie de la messe permet enfin aux connaissances de poser des gestes de sympathie envers la famille affligée et d’inscrire le deuil dans un temps fort en communauté.

Un grand merci pour votre témoignage et cet éclairage sur les funérailles dans l’intimité.

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