Le 17 octobre dernier, notre évêque a ouvert la phase diocésaine du synode sur la synodalité que le pape François avait lui-même ouvert une semaine plus tôt pour l’Eglise universelle. Mgr Lovey nous invite à y prendre une part active.
Une Etoile dans les étoiles !
Mirka Dessauges, astrophysicienne d’Aigle
PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE BLUMENTHAL
PHOTOS : SYLVIE BLUMENTHAL, DR
Qui est Mirka ?
Je viens de Slovaquie et suis arrivée en Suisse, à Aigle, avec mes parents et ma sœur en 1984, où j’ai grandi et étudié. Attirée par le ciel, j’ai profité de la chance d’être proche des montagnes et d’être dans une ville sans trop de pollution lumineuse, pour observer le ciel. Je suis docteure en astrophysique depuis 2003 ; j’ai la chance d’avoir un poste de maître d’enseignement et de recherche en astrophysique à l’université de Genève, tout en habitant Aigle. J’ai ainsi pu rester dans ma région tout en exerçant le métier qui me passionne. Je suis mariée et maman de petites jumelles.
En quoi consiste votre métier ?
Le métier d’astrophysicien, qu’on appelait autrefois astronome, est très ancien. Déjà avant Jésus Christ, les gens observaient les astres dans le ciel pour comprendre la place de l’homme et de la terre dans l’univers. Ils étaient à la fois astronomes et philosophes. Actuellement, on étudie la physique de tout ce qui nous environne – planètes, étoiles, systèmes plus gros qu’on appelle galaxies et la formation et l’évolution de ces astres dans l’univers.
Qu’est-ce qui vous a motivée à choisir cette voie ?
Vers 10-11 ans, j’ai regardé tout à coup le ciel et j’ai vraiment eu envie de connaître et comprendre les étoiles. De plus, je pense qu’on aimerait bien savoir si la vie se trouve uniquement sur Terre ou non – des questions fondamentales qui n’ont pas encore de réponses aujourd’hui. Depuis la découverte des exoplanètes, on sait qu’actuellement il y a énormément de planètes orbitant autour d’autres étoiles que le soleil et on essaie toujours de comprendre s’il peut y avoir aussi de la vie. Vu leur grand nombre, il y a des milliers de possibilités.
La science place la création du monde à partir du big bang ; en tant que chrétienne, comment arrivez-vous à concilier science et foi ?
En astronomie, ce n’est pas trop difficile. C’est vrai qu’on arrive à expliquer énormément de choses. Tous les phénomènes observés dans l’univers – gravitation, effets quantiques, relativité générale, etc. – sont régis par des lois physiques scientifiquement expliquées, ce n’est pas du hasard. On a aussi des preuves observationnelles d’un big bang. On peut remonter jusqu’à quelques minutes /secondes après le big bang et expliquer ce qui s’est passé ; on ne peut donc pas en douter. Malgré tout, il reste de la place pour beaucoup de mystères ; par exemple, on sait que le big bang a eu lieu, mais pas ce qui l’a déclenché. Est-ce que le temps s’est créé à ce moment ou existait-il déjà avant ? Je dirais que dans ma carrière en astronomie, je n’ai pas de problème avec la foi chrétienne, car il reste ce mystère de la genèse de l’univers qu’actuellement on ne peut pas expliquer et qu’on n’arrivera probablement jamais à expliquer.
Après, au quotidien, la vie scientifique, c’est bien ; mais, si on veut grandir dans l’amour – on peut l’appeler christianisme, taoïsme, bouddhisme, islam, etc. – dans un monde où vivent plus de 8 milliards de personnes, il faut trouver une ligne de conduite, une morale importante, chrétienne ou autre, qui va au-delà de la science. C’est un fait d’expliquer la médecine, la biologie ou l’astronomie ; mais je pense que pour l’esprit humain, on a besoin de plus et cela, la science ne l’apporte pas forcément.
Pour observer les planètes il faut beaucoup de patience. Est-ce que vous arrivez à appliquer la même rigueur dans la pratique de la foi et comment la transmettez-vous ?
J’ai longtemps été une catholique très pratiquante, surtout grâce à mes parents. J’ai même fait partie des Focolari. Actuellement, avec moult occupations et mon métier très prenant, je ne suis plus assidue à la messe. Mais mes filles ont beaucoup de plaisir à aller à la catéchèse. J’essaie de leur transmettre ma foi en les éveillant à l’émerveillement face à la beauté de ce monde, lors de nos balades en montagne ou en observant le ciel, la nuit. On est très sensible au problème de la conservation de cette planète, ce cadeau qui nous a été confié. Comment la préserver ? Aimer son prochain même s’il n’est pas très agréable, trouver cette force dans l’Amour pour pouvoir pardonner, ne pas rendre le coup qu’on reçoit, sont des valeurs importantes qu’avec mon époux, nous essayons de vivre en famille. On se rend compte que pour une de nos filles, c’est important d’avoir Dieu dans la vie – cette tierce personne qui est là, à qui elle parle de ses soucis, à qui elle se confie. Avec Dieu, elle sait qu’elle n’est pas seule, même dans les moments difficiles, car Il est toujours présent.
Préserver la planète : est-ce que cela a un impact au niveau de l’astronomie ?
Non ! L’écologie ou l’effet de la sauvegarde de la planète en soi n’influence pas le reste de l’univers. On peut même dire qu’actuellement, le fait que la température augmente et qu’il y a des effets de serre sur la terre, c’est complètement indépendant du cycle solaire. Il est vrai que sur une très longue échelle géologique, des périodes chaudes et froides ont toujours existé. Mais actuellement, il y a une très forte accélération de ce phénomène d’augmentation de température, non par effet géologique, mais à cause de l’industrialisation et de l’activité humaine. Néanmoins, cela n’impacte pas encore l’observation des étoiles partout sur la terre. Par contre, la tendance actuelle d’envoyer de nombreux satellites en orbite gâche l’observation du ciel en créant des parasites dans nos images. C’est de nouveau l’impact humain, et vu qu’on est majoritairement tributaire de rester sur terre pour observer le ciel, ça peut devenir problématique.
Avez-vous un message à faire passer à nos lecteurs ?
Oui, un message en lien avec l’écologie, la préservation de notre monde. Je suis fondamentalement persuadée que l’univers est suffisamment vaste pour qu’il y ait de la vie ailleurs. Mais c’est impossible d’aller vers ces mondes, car ils sont simplement trop lointains. Même avec le développement scientifique, jamais on ne pourra atteindre une autre planète hors du système solaire et on ne pourra y vivre. Je dirais donc : prenons soin de ce qui nous a été offert et qui est là, à côté de nous, parce qu’on ne pourra pas voyager vers un autre monde. Ceci passe par notre comportement quotidien – le partage, la modération et aussi par une éducation chrétienne. Je crois qu’être chrétien, ça va avec le fait de vouloir rester humble et ne pas abuser de ce qu’on a.
Au commencement Dieu
Le progrès est devenu une sorte d’espoir pour l’humanité détachée de la compréhension chrétienne de l’homme. La perspective d’une humanité inscrite dans un monde issu du hasard, mécaniquement orienté vers le progrès, a séduit par son apparent positivisme.
Montée vers Pâques au Sinaï
Suivre les pas des hommes et des femmes de la Bible, marcher et éprouver la beauté et le silence du désert, célébrer Pâques et la semaine sainte de manière inédite…. Du 9 au 19 avril 2022. Pour bons marcheurs. Inscriptions jusqu’au 31 décembre 2021 auprès de didier.berret@jurapastoral.ch
Bienvenue à Sviatoslav !
Il s’appelle Sviatoslav Horetskyi, il est prêtre marié et nous est confié comme stagiaire pour les Unités pastorales de La Seymaz et Champel-/ Eaux-Vives, pour cette année pastorale (novembre-juin 2022). Laissons-le se présenter:
Photo : DR

Né en Ukraine centrale dans la ville de Zhytomyr, je suis prêtre au sein de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, une Eglise catholique de rite byzantin.
Après avoir obtenu un master d’ingénieur en mécanique agricole, je suis parti travailler à l’étranger pendant près de quatre ans et notamment en Irlande, dans une exploitation agricole laitière. C’est durant ces années de dur labeur que j’ai senti l’appel à devenir prêtre. J’ai alors décidé de retourner dans mon pays afin d’entrer au Séminaire du Saint-Esprit de Lviv.
Au terme de 7 ans d’études, j’ai rencontré ma future épouse à Paris, lors de l’intronisation de notre évêque – dans la tradition orientale, un homme marié a le droit d’être ordonné prêtre. Ma femme étant Française (Savoyarde), j’ai été amené à effectuer mon service diaconal, puis mes premiers pas en tant que prêtre, dans l’Eparchie (diocèse) de Saint-Volodymyr, le Grand de Paris. Puis j’ai été envoyé en Alsace pour servir quatre communautés gréco-catholiques de l’Est de la France, à Metz, Algrange, Saint-Avold et Reims. On m’a également confié la mission de redonner vie à un ancien centre spirituel ukrainien à Mackwiller.
Au cours de ces cinq années passées en Alsace, j’ai donc exercé mon service pastoral tout en travaillant en semaine à la rénovation et l’entretien de ce lieu. Il y a quelques mois de cela, mon évêque m’a demandé de devenir l’aumônier des fidèles gréco-catholiques de Lausanne, de Genève et de Haute-Savoie. Mon emploi du temps me permet également de me rendre disponible pour les communautés catholiques de rite romain.
Je me réjouis d’entamer ce mois-ci un stage pastoral au sein de l’Eglise locale, où je dois apprendre le rite romain, découvrir et me familiariser avec la vie pastorale de plusieurs communautés de Genève. J’espère ainsi pouvoir vivre pleinement mon sacerdoce au service des chrétiens de différents horizons.
Précisons que Sviatoslav et Justine ont trois enfants de 6, 4 et 1 an et demi : Luka, Anastasiya et Pavlina.
A l’heure où revient le sujet d’un clergé marié dans l’Eglise catholique de rite romain, il conviendrait d’être plus précis :
il existe DÉJÀ des prêtres catholiques mariés – et qui ne sont pas d’anciens pasteurs d’Eglises protestantes ou prêtres de la Communion anglicane ! Car les Eglises dites d’Orient – qui s’étend de l’Ethiopie à l’Inde en passant par le Caucase et l’Irak, sans parler de leur diaspora sur tous les continents – ont un clergé marié tout comme célibataire – des moines qui vivent seuls ou en couvent – depuis des lustres !
Construction de la crèche de Chamoson
Six scouts d’Europe de la patrouille du Colvert mettent généreusement leur temps et leur savoir-faire à disposition de la paroisse de Chamoson pour la construction de la crèche.
TEXTE ET PHOTO PAR NICOLE CRITTIN
Qu’est-ce que le scoutisme ?
Le scoutisme, mot d’origine anglaise
qui signifie éclaireur, lui-même issu de l’ancien français « escoute » signifiant écoute, est un mouvement de jeunesse mondial et compte plus de 40 millions de membres, de toutes les religions et de toutes les nationalités. Le scoutisme repose sur l’apprentissage de valeurs telles que la solidarité, l’entraide et le respect. Le but étant d’aider le jeune à construire sa personnalité tout en contribuant à son développement physique, mental et spirituel.
Pour y parvenir, le scoutisme s’appuie sur des activités pratiques dans la nature et chacun est tenu de respecter une loi et de tenir une promesse. La tenue se compose entre autres d’une chemise beige sur laquelle on trouve le drapeau du pays et en dessous une bandelette avec la mention scouts d’Europe, le drapeau du canton ainsi que la bande de la troupe. On y trouve aussi les progressions personnelles.
La construction de la crèche,
un chef-d’œuvre
Comment construire une crèche avec seulement du bois et comme outils, scie à main, hachette, ciseau à bois et vilebrequin ? Au mois de novembre, les patrouilleurs partent en forêt repérer des hêtres rectilignes d’une hauteur de 2 à 3 mètres, puis enlèvent les branches qui seront utilisées pour le tressage des parois. Pas de gaspillage. La technique scoute
de construction d’installations, mise au point par Michel Froissart, commissaire de district des Scouts de France à Fontainebleau, dans les années 1930 s’appelle le froissartage.
Fin novembre et pendant au moins trois jours, les scouts s’activent pour la construction en enchevêtrant les piliers qui reposent à même le sol. Des clous en bois sont fabriqués afin de maintenir plus fermement la charpente de la crèche. Le tressage des parois est soigneusement effectué avec les branches. Un rouleau de paille est déroulé sur le toit. Des fétus de paille sont agencés à l’intérieur de la crèche qui viendra accueillir la Sainte Famille au complet le 24 décembre. A la suite du prophète Ezéchiel qui voit l’eau jaillir du côté droit du Temple, qui assainit tout ce qu’elle touche (Ez 47, 1-12), les scouts ont à cœur de faire ressurgir de l’eau sur le côté de la crèche. Pour
la touche finale, des sapins et des guirlandes lumineuses sont disposés autour de la crèche.
Vous êtes chaleureusement invité·e·s à venir découvrir ce chef-d’œuvre tout
le mois de décembre dans l’église de Chamoson. Et si vous êtes intéressé·e·s
à rejoindre la patrouille des scouts d’Europe, contactez Nathan Dayer, nathandayer17@gmail.com, 077 425 77 61.
L’être humain dans l’univers. Quel sens ?
PAR PASCAL GONDRAND
PHOTOS : WIKIMEDIA COMMONS
La contemplation du ciel, l’observation et la rêverie ont de tout temps été associées à la science et à la spiritualité. L’astrophysique interroge l’univers. La théologie, pour sa part, explore la relation entre l’être humain et le cosmos. Qu’est-ce que l’univers ? D’où vient la vie ? A quelle fin ? Ces questions font l’objet du programme intitulé « A ciel ouvert – Science et spiritualité », actuellement en cours, une collaboration entre des membres de la Faculté de théologie et des membres du Département d’astronomie de la Faculté des Sciences pour un partage de connaissances au bénéfice du grand public. Une table ronde a été organisée à l’occasion du lancement de celui-ci, dont voici un bref résumé.
Georges Meynet est physicien stellaire. Son travail au Département d’astronomie de l’Université de Genève consiste à étudier les étoiles massives. Sans les étoiles, y aurait-il la vie telle que nous la connaissons ?
Sa réponse, bien entendu, a été : non. Un célèbre astrophysicien américain, Carl Sagan (1934-1996), répétait : « Si vous voulez faire une tarte aux pommes à partir de rien, il vous faudra d’abord créer
l’univers. » En fait, tout ce qui est et existe dans notre univers est issu de processus qui se sont déroulés dans les 13,8 milliards d’années qui nous séparent du big-bang.
La vie et l’être humain sont également
issus de ces processus, de cette succession de maillons. Les étoiles ont un rôle particulier. Ce sont un peu les alambics du cosmos, ou encore, ses pierres philosophales. C’est là que les éléments se transforment. A partir d’éléments légers se forment des éléments plus complexes apparus au cœur des étoiles
puis dispersés par l’explosion de celles-ci dans l’univers. Selon lui, on peut dire que les étoiles sont nos ancêtres.
Il a encore rappelé que, reprenant les vers de Paul Valéry,
« Patience, patience,
Patience dans l’azur !
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr ! »,
Hubert Reeves, astrophysicien, a écrit : « Paul Valéry, étendu sur le sable chaud d’une lagune, regarde le ciel. Dans son champ de vision, des palmiers se balancent mollement, mûrissant leurs fruits. Il est à l’écoute du temps qui sourdement fait son œuvre. Cette écoute, on peut l’appliquer à l’univers. Au fil du temps se déroule la gestation cosmique. A chaque seconde, l’univers prépare quelque chose. Il monte lentement les marches de la
complexité. »
Poussière d’étoiles
Pour Christophe Chalamet, professeur en théologie systématique et doyen de la Faculté de théologie de l’UNIGE, l’univers nous rappelle évidemment notre petitesse, le fait que nous soyons là pour un instant seulement. Alors que l’être humain a tendance à vouloir être au centre de tout. Cela coupe court à cette velléité, à cette hubris, à cette démesure qui est celle de l’être humain, une poussière d’étoiles en quête d’intelligence.
Pour le professeur Trinh Xuan Thuan, astrophysicien, le Big Bang n’est pas un Dieu barbu. Il a rappelé que l’univers a été réglé de façon extrêmement précise dès les premières fractions de seconde après le big-bang. Les étoiles massives sont alors apparues et l’alchimie nucléaire qui conduit à la vie et à la conscience s’est produite. C’est ce que nous nommons le principe anthropique. Bouddhiste, le professeur Trinh Xuan Thuan parie, pour sa part, sur un principe créateur et a tenu à souligner que Bouddha est un être éveillé, mais qu’il n’est pas Dieu.
Beauté de l’univers
L’univers suscite l’étonnement. Et l’étonnement, c’est le début de la connaissance, de la curiosité, a encore fait valoir Georges Meynet. C’est un merveilleux terrain de jeu pour la recherche. Jean Rostand, a-t-il rappelé, disait que chercher était un superbe verbe, bien plus beau que savoir. « Beau mot que celui de chercheur et si préférable à celui de savant ! Il exprime la saine attitude de l’esprit devant la
vérité : le manque plus que l’avoir, le désir plus que la possession, l’appétit plus que la satiété. »
Pour Ghislain Waterloo, professeur de philosophie, de religion et d’éthique, doyen de la Faculté de théologie de l’UNIGE, nous sommes capables de déchiffrer beaucoup de choses, entre énigmes et mystères. Et ce qui est extraordinaire, c’est que plus on déchiffre, plus on s’aperçoit que des questions inattendues, de nouvelles énigmes se posent. Et nous savons que, peut-être, nous ne pourrons pas répondre à tout. Tout cela ne nous donne-t-il pas le sentiment d’être écrasés par cette immensité, aussi belle soit-elle ?
Georges Meynet a répondu à cette question en citant Blaise Pascal (1623-1662), mathématicien, philosophe et théologien : « Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point, par la pensée je le comprends. » L’être humain est minuscule, ce qui ne l’empêche pas de vouloir comprendre l’univers. Pascal insistait sur ce mot, comprendre.
Ghislain Waterloo a proposé pour sa part d’évoquer Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe, et le sentiment du sublime.
Pour Trinh Xuan Thuan, le vide est plein, le vide n’est pas néant comme on pourrait le penser. Dans la théorie du big-bang, l’univers est parti d’un vide primordial. Mais ce vide est rempli d’énergie qui sera convertie en matière. Et cette matière va être structurée en milliards de galaxies. Il y a bien sûr une vie et une conscience. Un univers vide de conscience n’aurait aucun sens.
Alors, pourrait-on dire, pour conclure brièvement, que notre état d’être conscient nous fait porter la responsabilité de comprendre et de chanter la beauté et l’harmonie de cet univers ? Mais oui, bien sûr !
Cinq jours avec ma fille
Paola m’a accueillie un jour à sa table, pour me parler de son expérience dans le cadre de l’Association Vacances familiales. Vous connaissez ? Il s’agit d’une association martigneraine qui permet à des parents en situation de précarité de partager des vacances avec leurs enfants. Merci à elle pour ses paroles sans artifices ni détours…
De Gryon à Beyrouth: expérience d’un jeune bénévole
PROPOS RECUEILLIS PAR FABIENNE THEYTAZ
PHOTOS : TANGUY VACHEYROUT ET PAUL MUNSCH-PFAENDER
Bonjour !
Je m’appelle Tanguy Vacheyrout, de Gryon, j’ai 21 ans et j’aimerais vous parler de mes quatre mois de bénévolat à Beyrouth.
Après avoir commencé des études d’informatique à l’EPFL, j’ai réalisé que cela ne me convenait pas. Les relations internationales et la géopolitique me passionnaient; c’était dans ce domaine qu’il fallait me réorienter. J’ai alors décidé d’arrêter l’EPFL, ce qui me donnait plusieurs mois de disponibilité. Le Moyen Orient m’attirait – surtout le Liban. J’avais également envie de faire une expérience de don de soi, de venir en aide, de me donner totalement à une mission humanitaire chrétienne au Liban. Le curé de ma paroisse m’a mis en contact avec un prêtre maronite de Beyrouth, le Père Hani Tawk.
Je suis parti en mars et suis revenu début juillet 2021. Je suis arrivé sous des trombes d’eau, il faisait froid, tout était inondé. Mais en partant, il faisait très chaud et il y avait beaucoup de moustiques !
En arrivant, j’ai été frappé par le très mauvais état de toutes les infrastructure – routes, pas / plus de chemin de fer, coupures d’électricité et d’eau, etc. Le contraste était saisissant avec la Suisse !
Au port, c’était encore plus choquant, car les bâtiments avaient été soufflés, complètement détruits, comme une zone urbaine exposée à la guerre et anéantie, avec des gravats dans les rues. Il n’y avait que les habitants, des organisations humanitaires et de jeunes volontaires qui s’organisaient pour remettre en état ce quartier. Je n’ai jamais vu d’employés du gouvernement – sauf pour des services minimum (poubelles).
Là-bas, j’ai rencontré d’autres bénévoles français qui vivaient comme moi chez le P. Hani et sa famille. On habitait près de Byblos, en zone chrétienne, à 20-30 km du port. Du lundi au vendredi, nous allions au port avec lui et nous l’aidions – principalement à la cuisine populaire dans le quartier Karantina.
Le Père Hani avait créé cette cuisine au lendemain de l’explosion dans l’urgence pour nourrir les habitants qui avaient tout perdu. Il n’y avait rien ; le Père et sa femme ont réussi à se faire prêter un petit hangar. Ils sont arrivés avec leur matériel puis, grâce aux dons reçus, ils ont pu acheter des tables, réchauds, marmites et autres ustensiles de cuisine. Au fil du temps, elle est devenue cuisine populaire pour accueillir les ouvriers du quartier, sachant qu’il y avait un besoin constant dû à la crise permanente.
Je cuisinais facilement chez moi, mais là, c’était pour 600-700 personnes, avec des marmites immenses et des denrées variant en fonction des apports (dons privés ou de la Croix-Rouge, et aussi légumes du jardin du P. Hani). Les plats servis : pâtes ou riz avec légumes, ou le mugrabié (poulet avec boulgour-blé concassé) ou taboulé (la fête) !
La viande coûte très cher, et avec la crise, c’était exceptionnel d’avoir du poulet – alors que c’était ce qu’il y avait de meilleur marché avant !
Les plats étaient distribués sur place aux personnes venant avec leur récipient et le reste était envoyé dans deux quartiers plus pauvres de Beyrouth.
A la cuisine, en plus de nous, les volontaires, il y avait une équipe de 4-5 Libanais à qui le Père Hani versait une indemnité mensuelle pour qu’ils puissent se nourrir et acheter des biens essentiels.
Petite anecdote : un jour, une délégation de la chaîne Bocuse avec le chef – gardien des brasseries Paul Bocuse – est venue dans notre cantine. On a pu cuisiner avec lui !
Voici notre horaire : on partait à 7h30 de Byblos, on arrivait vers 9h-9h30 au port – la circulation étant toujours très difficile vu l’état des routes et le trafic ! Nous nous mettions aussitôt à nettoyer, éplucher, couper les légumes. A midi, il y avait énormément de travail : distribution de la nourriture aux personnes qui arrivaient, puis préparation et fermeture des centaines de boîtes pour les quartiers voisins. Ensuite, nettoyage de la cuisine ; on terminait vers 14h30 et on distribuait du chou et du pain à des gens du voisinage. C’était sympa et on pouvait communiquer un peu avec eux. On terminait cette tournée vers 15h30 ; ensuite on aidait le Père soit dans ses terres (tomates, poivrons, oignons – poules et chèvres), soit dans son entrepôt, où nous préparions des colis avec tout le nécessaire (huile, sel, sucre, pâtes, féculents, sauce tomate, boîtes, etc). On préparait jusqu’à 50 colis par jour et on les distribuait aux familles qui en avaient besoin – surtout des chrétiens – ceux-ci étant réticents à se présenter à la cuisine ; l’aide passait ainsi par un canal plus discret.
Ceux qui venaient à la cantine étaient principalement des ouvriers syriens musulmans. C’est d’ailleurs le but de cette action interconfessionnelle : donner un message de cohésion au-delà des religions et des cultures – une manière de construire la paix entre tous ceux qui vivent au Liban, ce qui provoquait parfois des tensions dans l’équipe de cuisine et avec les gens du quartier.
Retour chez le Père vers 17h30 ; un peu de temps libre pour apprendre le libanais et lire le journal local. J’aimais bien aller courir, mais la chaleur écrasante et le peu de trottoirs, c’est dangereux ! Ce n’était pas vraiment de la détente, car il fallait toujours être attentif aux voitures et à ce qui se passait (détonations, voitures qui frôlent, travaux avec des choses qui tombent, etc.) Entendre des coups de feu, ça surprend !
Le week-end, nous avons visité plusieurs sites – le Liban a un patrimoine fantastique ! Tripoli, les Forts des Croisés, Tyr, etc. Ce qui m’a énormément attristé, c’était l’état d’abandon dans lequel le patrimoine est laissé – même si cela peut s’expliquer vu la crise et le regard différent des Libanais par rapport aux Européens pour ce genre de patrimoine.
J’ai pu aussi visiter la Plaine de la Bekaa – avec le site historique de Baalbek mondialement connu – et aller dans la Vallée Sainte. Là, j’ai fêté Pâques dans un monastère avec le Père Hani qui célébrait la messe. Et bien sûr, la visite du tombeau de saint Charbel – les Libanais en sont fous ! Tous les chrétiens s’appellent Charbel, Elie ou Georges !
Cette vallée est magnifique du fait que la nature y est préservée. C’était superbe de voir ces beaux arbres après toute la pollution, les déchets par terre, les maisons éventrées de Beyrouth !
Depuis mon retour, j’ai pris conscience de la chance qu’on a, en Europe. On vit dans une bulle, bien isolé de tous ces dysfonctionnements et problèmes d’électricité, d’eau, d’internet, etc.
Je suis revenu avec une vision claire des priorités ; on saisit l’essentiel, comme la liberté, la chance de pouvoir étudier, manger tous les jours, pouvoir faire du sport. Ma foi a été renforcée par cette expérience.
J’ai maintenant entrepris un bachelor en relations internationales à Genève et j’espère pouvoir repartir au Moyen Orient les étés prochains.
3 questions à… Jésus !
Pourquoi pas ? Le mois de décembre est celui qui pointe vers la célébration de sa naissance – bien qu’Il ne soit pas né un 25 décembre ! Comment voit-il cette période ?
PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : DR
Cher Jésus, tu vas voir une fois encore les temples et les églises se remplirent de gens qui viendront écouter des concerts, des veillées, des Carols, des messes et des cultes bien préparés, pour familles ou avec chœur… qu’en penses-tu ?
Cela me réchauffe le cœur de voir que c’est par la beauté que l’être humain se laisse émouvoir et mouvoir… Pour ma part, c’était la beauté du lys dans les prés qui m’avait le plus ému. Et mu, car j’ai parcouru des kilomètres dans mon propre pays, jusqu’à ses frontières décriées par les bien-pensants et j’y ai toujours trouvé la beauté de la nature, simple et sobre, à l’image de Dieu…
Comment vis-tu le fait que toi et nous savons bien que tu n’es pas né un 25 décembre ?
Eh bien moi non plus, comme des milliers de personnes aujourd’hui dans le monde, spécialement dans des pays où l’administration est déficiente, je ne sais pas exactement ma date de naissance. Mes parents me disaient que c’est à 12 ans, lors de ma Bar Mistvah, que je suis né véritablement : à la communauté juive, à notre village, aux yeux de Yahvé. Pour ma part, il me semble être né des centaines de fois : quand, au matin, contemplant le soleil se lever de derrière les montagnes – j’aimais bien aller seul, tôt, dans la solitude des collines –, le premier rayon me caressait le visage comme un « Shalom » de Dieu mon Père ; quand, le jour où mon cousin Jean-Baptiste m’immergea dans les eaux du Jourdain ; quand mes disciples revenaient, fatigués et tout heureux d’avoir reçu l’annonce que le Royaume était tout proche et changeaient le cœur des écoutants ainsi que le leur…
Que souhaiterais-tu dire à la communauté de Saint-Joseph ?
Chaque matin est un Noël car je ne dors pas mais veille à tes côtés, ô paroisien.ne ! Chaque jour est un Noël car donner est facile et apprendre à recevoir encore mieux. Chaque soir est un Noël car la nuit n’est point ténèbre, mais appelle à la confiance et à l’espérance car demain me porte vers un nouveau jour… de Noël ! Et puis, fais simple cette année, tu veux bien ?
Ces sourds qui savent écouter
Marlène Pochon vit à Chamoson. Elle est maman et grand-maman. Elle a travaillé plus de 20 ans comme infirmière. Il y a 16 ans, elle a ressenti le besoin de changer d’orientation professionnelle. Marlène donc a choisi de se mettre au service des personnes sourdes et
malentendantes. Elle travaille comme codeuse interprète en LPC, c’est-à-dire langage parlé complété …
Mosaïque d’Alexandre Blanchet
Eglise Saint-Joseph, Genève
PAR AMANDINE BEFFA | PHOTO : JEAN-CLAUDE GADMER
L’œuvre que je vous présente ce mois-ci est toute particulière pour moi : Saint-Joseph est l’église de mon enfance. J’ai grandi, dimanche après dimanche, en regardant Jésus marchant sur un établi qui ressemblait beaucoup à celui qui se trouvait dans l’atelier de mon papa encadreur. Cette mosaïque nous parle précisément de cela : d’une histoire d’enfance, d’une photo de famille, de quelques instantanés de la vie d’un enfant et de ceux qui ont pris soin de lui.
Chaque année, pendant la période de l’Avent, nous écoutons les mêmes textes. Avec le temps, nous oublions peut-être de nous laisser émerveiller par l’extraordinaire message de l’ange : « Voici que la Vierge concevra et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit: ‘‘Dieu-avec-nous’’. » (Mt 1, 23)
L’œuvre d’Alexandre Blanchet nous invite à nous arrêter sur ce qu’est l’Incarnation. Le Dieu qui a fait le ciel et la terre, celui qui a fait sortir Israël du pays d’Egypte, qui a fait toutes ces grandes choses… nous rejoint sur terre. Il aurait pu venir directement en tant qu’adulte. Il choisit cependant de le faire, non comme Mary Poppins qui apparaît portée par le vent pour aider les familles qui en ont besoin, mais comme un bébé. Et même comme un embryon qui grandit dans le ventre de sa mère. Notre Dieu se remet, fragile parmi les fragiles, entre les mains de ses créatures. Il choisit de tout recevoir de deux êtres humains.
Ici, Jésus apprend à marcher, tenu par les mains de Joseph; la Sainte Famille est rassemblée autour de l’établi où Joseph travaillait. On rétorquera peut-être que ces scènes ne sont pas bibliques. C’est vrai, elles ne font pas partie de celles qu’il a semblé essentiel de transmettre par les Evangiles. Toutefois, elles nous aident à (re)découvrir des aspects auxquels nous ne pensons peut-être pas tous les jours. Cet enfant qui marche sur l’établi, c’est notre Dieu…
22ème Journée de la presse paroissiale – Novembre 2021
Thèmes et rubriques 2022
Radio R : la radio positive et souriante !
Radio R est un projet de radio chrétienne lancé en Suisse romande sur le DAB+ et sur Internet en 2015. Il est porté par Radio Réveil, une association du canton de Neuchâtel qui produit des contenus radiophoniques chrétiens depuis 1949.
Sépulture dans l’intimité
PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS : CATH.CH/FLICKR
Paris 9 décembre 2017: le décès de Johnny Hallyday crée une émotion nationale. Lors de ses obsèques, un «hommage populaire» lui est rendu avec une descente des Champs-Elysées en musique, par le cortège funéraire, devant près d’un million de personnes. Suit une célébration religieuse en présence de nombreuses personnalités politiques, de la chanson, du cinéma et des médias. Le tout est retransmis en direct par les chaînes d’information, en continu.
Authon (France), samedi 5 décembre 2020 : une quarantaine de personnes – famille et cercle proche – assistent à la messe de sépulture de M. Valéry Giscard d’Estaing. Une assemblée réduite, imposée par les mesures sanitaires, mais qui correspond au « souhait et à la volonté » d’intimité de l’ancien président de la République.
Sion, 11 janvier 2021 : « Je désire que ma mort soit annoncée et accueillie comme une fête, celle de la rencontre du Père dans les cieux, la troisième naissance », avait écrit le cardinal Henri Schwery dans son testament spirituel. Malgré ce désir, les normes imposées par la pandémie ont drastiquement limité la participation à ses funérailles : cardinal ou pas, c’était 50 personnes, pas plus.
L’intimité, une pratique de notre temps
Trois événements, trois manières différentes de vivre un deuil. La pandémie du Covid a contraint les familles à vivre leur deuil dans l’intimité. Pourtant, cette pratique n’est pas nouvelle. Elle était en progression constante depuis quelques années. Ce phénomène montre une approche totalement inédite de la façon d’appréhender et de vivre l’évènement de la mort. On assiste actuellement à une modification de l’attitude des gens face aux rituels qui accompagnent la mort ; les funérailles sont de plus en plus fréquemment célébrées dans l’intimité de la famille, voire dans la plus stricte intimité, dans une église, dans un centre funéraire ou dans les locaux aménagés des entreprises de pompes funèbres elles-mêmes. La dimension sociale est progressivement écartée. Par ailleurs, on ne fait plus systématiquement appel au prêtre pour la célébration.
Cette évolution est plus particulièrement perçue en milieu urbain. Dans un village où société civile et communauté religieuse se recoupent souvent plus largement, la sépulture est un événement qui revêt à la fois un caractère social et religieux. En effet, de près ou de loin, une large partie de la population se sent concernée par la mort d’un membre de la communauté villageoise, en raison de sa proximité avec lui. Très souvent, beaucoup ont partagé un bout d’histoire avec le défunt ou sa famille.
En ville, il en va autrement. Cela ne fait pas toujours sens de célébrer des funérailles à l’église si le défunt n’était pas croyant ou si sa proche famille ne l’est pas non plus. Après discussion avec les services funèbres, avec le prêtre, on opte alors pour une célébration dans l’intimité ou dans la plus stricte intimité. Cela met en évidence un élément qui m’interpelle : la famille ne prend plus nécessairement en compte le lien social de son défunt, aussi petit soit-il, pour laisser la possibilité aux personnes ayant, d’une manière ou d’une autre, été proches de celui-ci, de lui dire « à Dieu ». Cela n’est pas toujours bien accepté par ces personnes qui expriment parfois leur regret et leur désapprobation.
L’intimité vue par les professionnels
Comment en est-on arrivé là ? Pour un employé des pompes funèbres : « Certaines familles vivent des ruptures, des déchirures en leur sein et n’envisagent pas d’être exposées au regard de tous : comme mises à nu. La célébration dans l’intimité est alors une protection. » Pour un autre : « L’aspect financier pèse lourd : par exemple, l’argent manque et il apparaît impossible d’honorer la présence de chacun à travers une invitation à une agape largement ouverte. » Pour d’autres enfin, la participation importante ou faible aux obsèques risque de mettre à nu les bonnes ou mauvaises qualités relationnelles du défunt. Ils choisissent alors une cérémonie privée de public.
Georges Mottiez, ancien directeur de pompes funèbres, « considère que la perte, ou l’absence, de pratique religieuse parmi les jeunes générations explique en grande partie la demande d’intimité. Il n’y a plus aucun repère. Les gens viennent à l’église avec leur playlist pour la cérémonie, ignorant qu’il y a souvent un chœur pour l’enterrement. On se fait sa propre religion. C’est « à la carte » », précise-t-il. Même si le défunt était pratiquant, il arrive que les enfants changent parfois les dernières volontés du parent, en demandant l’intimité. La célébration n’a plus la même dimension. La famille souhaite une célébration simple, pas trop longue. Par ailleurs, on ne veut plus trop s’afficher à l’église dont on s’est éloigné ou qu’on n’a jamais fréquentée. Les gens ne participent plus à l’assemblée dominicale, notamment après avoir été forcés dans leur enfance ou leur jeunesse.
Citée par le Journal de Cossonay en 2013, la pasteure Christine Nicolet regrette cette situation : « Nous sommes tous touchés par l’individualisme de notre société, et nous nous en plaignons. Alors pourquoi contribuer encore à la montée de la solitude en demandant à partir tout seul ? La mort n’est pas une affaire privée, elle est affaire de société. En tout cas si on veut que cette société continue d’être humaine. »
L’intimité imposée
Voilà ce qui est pour une intimité choisie et assumée. Mais qu’en est-il lorsque celle-ci est imposée par les circonstances ? La pandémie du coronavirus a profondément impacté la façon de vivre de notre société et aussi celle de l’Eglise. Nous avons été contraints d’aller contre nos réflexes naturels de solidarité avec les familles en deuil en les laissant seules assumer une « double » peine : celle de perdre un être cher et celle de ne pas pouvoir célébrer avec la communauté des amis et des connaissances.
De tout temps, la réaction spontanée des personnes humaines a été de présenter à la famille endeuillée ses condoléances soit par une présence physique, soit par des messages et des offrandes de messes. Au temps de Jésus déjà, les sépultures rassemblaient une affluence considérable comme le souligne saint Luc : « Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. »
Soit en tant que prêtre, soit en tant que famille, lors des célébrations dans l’intimité, jamais nous n’avons autant cruellement ressenti l’absence de nos proches et connaissances ainsi qu’un désir d’être entourés et consolés par des poignées de main ou des accolades sincères. Il est donc précieux de redire ici le rôle essentiel de la communauté paroissiale dans le processus de deuil. Pourtant, j’ai ressenti que les brèves cérémonies vécues dans un décor plus restreint que l’église paroissiale, avec une approche plus personnalisée notamment avec des textes et des musiques que le défunt appréciait, a mis du baume au cœur des familles. Beaucoup ont quand même trouvé une réelle consolation dans ces moments de prière.
Quel avenir pour le processus de deuil ?
La question se pose donc : verra-t-on une augmentation de l’intimité amorcée avant la pandémie ? Ou au contraire, assistera-t-on à un retour de belles cérémonies vécues par de grandes assemblées ? Verra-t-on les célébrations comme celle de Johnny Hallyday devenir monnaie courante ou alors assistera-t-on à un renforcement de celle vécue pour Valéry Giscard d’Estaing et pour le cardinal Schwery qui auraient, à coup sûr, rempli trois églises ? La réponse est à lire d’ici peu dans les faire-part des familles endeuillées de nos quotidiens.
Une prière exaucée
Une dame de 90 ans, fille unique et célibataire, m’a confié qu’elle priait tous les jours pour qu’il y ait du monde à son enterrement. J’ai accueilli cette confidence sans lui rétorquer que c’était humainement impossible. Le jour de son décès, nous fixons la cérémonie pour le mercredi suivant.
Deux heures après, un autre décès m’est signalé. La famille désire également le mercredi. Je réponds que c’est impossible, la place est déjà prise. La famille insiste :
«Ne peut-on pas s’arranger avec la famille de la dame pour une cérémonie commune?» «Bien sûr», acquiesce le curateur de la nonagénaire. L’église fut remplie et la prière de la dame pleinement exaucée !
La veuve et la foule (Luc 7, 11-17)
PAR FRANÇOIS-XAVIER AMHERDT | PHOTO : DR
Quand il est question de funérailles, dans les évangiles, et que Jésus y est mêlé, la famille du défunt est toujours fort bien entourée: ainsi de nombreux Juifs sont venus auprès de Marie et Marthe, les proches du Christ, pour les consoler de la mort de leur frère (cf. Jean 11, 45). De plus, ils restent avec elles quatre jours après la mise au tombeau de Lazare. Si bien qu’ils peuvent assister au miracle du retour à la vie de ce dernier, grâce à l’intervention priante de Jésus : après avoir vu pleurer Marie et les Juifs qui l’accompagnaient, le Maître frémit, il pleure lui aussi, il invoque le Père et arrache son ami à la mort (cf. 11, 33-44). C’est devant l’assemblée des personnes présentes que le Fils de Dieu opère, si bien d’ailleurs que certains vont le dénoncer auprès des pharisiens pour qu’il soit arrêté et mis à mort.
Quand la veuve de Naïn porte en terre son fils unique, une foule considérable de la ville est là et fait route avec la femme désespérée (cf. Luc 7, 11-17). Les gens deviennent ainsi eux aussi témoins de l’acte de résurrection du Christ, lorsque celui-ci s’approchant, touchant le cercueil, intime l’ordre au jeune homme de se lever et qu’il le rend à sa mère. Le deuil et l’œuvre du Fils de l’homme se vivent en groupe.
C’est en peuple que le Seigneur sauve Israël, c’est en communauté que la populace se laisse alors saisir d’admiration devant l’événement inconcevable et glorifie Dieu pour le prophète qui s’est levé de la sorte et a visité la nation élue. C’est toujours en communauté que la Trinité nous rejoint, lorsque nous sommes frappés d’abattement et de malheur et qu’elle nous remet debout par l’espérance.
Ne restons jamais seuls, dans nos épreuves. L’Esprit nous donne des frères et des sœurs « con-solateurs » (c’est le sens du terme latin cum-solus, être avec ceux qui sont seuls). Laissons-nous porter et soutenir par eux. Et donnons à tous la possibilité de dire adieu à la personne décédée.
Trois questions à… Marianne Delporte
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), novembre 2021
PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY SCHELLING | PHOTO : THIERRY SCHELLING
Marianne, catéchiste à Saint-Joseph, quel bonheur de t’avoir ! Comment es-tu arrivée dans cette paroisse dans le fond ?
Je suis arrivée dans cette paroisse il y a 20 ans lorsque jeune mariée j’ai emménagée aux Eaux-Vives. A l’époque, je n’allais pas souvent à la messe mais de chez moi, j’entendais les cloches de Saint-Joseph sonner le dimanche matin, et elles m’ont attirée vers elles. Puis, les prêches de Thierry Fouet me touchaient au cœur à chaque fois, ce qui a rallumé le feu de la foi en moi.
Comment vois-tu en quelques mots les enfants d’aujourd’hui, spécialement dans le cadre de ta catéchèse ?
Ce sont des enfants qui savent ce qu’est le libre arbitre de par leur éducation libérale : ils sont habitués à faire des choix tout jeunes donc il est impossible d’être dogmatique et c’est parfait puisque aimer Dieu se choisit mais ne s’impose pas.
Ainsi, les accompagner sur le chemin de la foi est passionnant car ils se questionnent beaucoup mais en même temps, ils ont soif de l’amour de notre Père et aspirent tant à un monde meilleur. Or, la Trinité est un concept abscons et lointain pour eux. A nous de leur montrer sa proximité par la prière et la lecture de la Bible, leurs deux seules armes pour devenir meilleurs.
Que souhaiterais-tu dire à la communauté de Saint-Joseph ?
Je suis très heureuse de faire partie de cette communauté avec laquelle j’avance sur mon chemin de foi depuis 20 ans. Je suis particulièrement attachée à notre église Saint-Joseph qui est pour moi un cocon ouaté où se recueillir quand la ville grise et stressante me fatigue. C’est comme un phare au milieu de la tempête.
Une année pour faire Eglise
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Nyon-Founex (VD), novembre-décembre 2021
La messe d’ouverture de l’année pastorale, dimanche 5 septembre à la Colombière, et non à l’abbaye de Bonmont, pandémie oblige, a réuni les communautés de notre Unité pastorale (UP) dans une même prière sur le thème «Nous sommes Eglise». Elle a conjugué lancement de l’année pastorale 2021-2022 et envoi en mission de laïcs engagés sur l’UP.
PAR GENEVIÈVE DE SIMONE-CORNET | PHOTOS : PHILIPPE ESSEIVA
En signe de communion entre les communautés de l’Unité pastorale Nyon-Terre Sainte (UP) et les communautés linguistiques, dix cierges ont été allumés sur l’autel en ouverture de la célébration. Gland, Founex, Crassier, Saint-Cergue, Begnins, Nyon et les communautés coréenne, lusophone, hispanophone et italophone étaient ainsi représentées et unies par la même lumière.
L’abbé Jean-Claude Dunand, curé modérateur, a ensuite ouvert l’année pastorale par une réflexion sur le thème choisi, « Faire Eglise » : « Depuis le début de la pandémie, nous sommes affectés par la difficulté de faire Eglise, empêchés de vivre nos rassemblements, habités par la peur de l’autre qui est susceptible de nous transmette le virus, contraints parfois à devoir participer à la prière eucharistique via un écran… » L’inquiétude est là, certes, mais « cette situation de manque ne devrait-elle pas au contraire susciter un désir plus ardent ? Sommes-nous suffisamment ancrés en Christ pour que cette épreuve soit l’occasion de renouveler notre espérance et notre motivation à faire Eglise ? C’est cette ouverture au souffle de l’Esprit que l’Equipe pastorale souhaite favoriser pour cette nouvelle année pastorale ».
Dédicace, soirées, veillées
Une année qui sera jalonnée d’événements importants dont la dédicace de la nouvelle chapelle de Gland avec la consécration de l’autel, dimanche 13 février, par l’évêque, Mgr Charles Morerod, « un événement central susceptible de nous donner un nouvel élan ». Un rituel proche de celui du baptême : « Les baptisés, par la régénération du baptême et l’onction de l’Esprit Saint, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint. » Baptisés, nous sommes habités par la présence de Dieu et nous recevons la vie de l’Esprit.
Le baptême est un trésor à accueillir. Pour aider les paroissiens à en prendre conscience, l’Equipe pastorale organise six temps forts répartis sur l’année : trois conférences – « L’Eglise, corps du Christ », « Vivre l’Eglise en coresponsabilité » et « Marie, mère de l’Eglise, modèle de la communion des saints » – et trois veillées de prière sur les thèmes des conférences à Gland, Nyon et Founex. « Que l’Esprit nous guide durant toute cette année pastorale : nous sommes Eglise » a lancé le curé.
Envoyés en mission
La célébration a aussi vu l’envoi en mission de laïcs engagés sur l’ensemble de l’UP. En lien avec l’Equipe pastorale, le curé a confirmé la création du Groupe solidarité. A partir de témoignages de personnes en précarité et de partages de vécus en pastorale sociale, il s’agira de développer une connaissance concrète sur la question de la précarité; sur la réalité sociale de notre région, les besoins actuels, les ressources déjà en place; sur la place faite au pauvre dans la vie de l’Eglise ; et de dégager des pistes pour l’action. Sont membres du groupe, placé sous la responsabilité de Françoise Gariazzo : Evelyne Pintado, Thérèse N’Galula, Gennaro Larucci, Marie-Josée Desarzens et Olivier Minniti.
L’abbé Dunand a annoncé l’engagement de Charlotte Obez par Mgr Morerod à 50% pour une année de discernement au sein du service de la pastorale jeunesse dans l’UP ; l’engagement d’Emmanuel Milloux par l’évêque comme assistant pastoral à 70% pour la catéchèse de l’adolescence et des projets en lien avec l’Equipe pastorale ; l’envoi en formation de Sandrine Minniti par Mgr Morerod à la FAP (formation des agents pastoraux) pour trois ans.
Il a confié à Esther Bürki le mandat de coordinatrice responsable de la catéchèse dans l’UP et celui de référente pour les projets œcuméniques sur le territoire de l’UP ; et à Marie-Agnès de Matteo le mandat de responsable de la pastorale des baptêmes et la mise en place du pôle spiritualité à Nyon en lien avec l’équipe de Lausanne. Ce pôle développera pour la région un lieu d’écoute, de formation et d’accompagnement spirituel. L’abbé Dunand a confié à Blandine Leyvraz, accompagnée de Marinette Maillard, aumônier en pastorale spécialisée, la mise en route d’un parcours pour personnes en situation de handicap. Enfin, il a nommé Audrey Boussat corédactrice responsable du magazine « L’Essentiel » aux côtés de Geneviève de Simone-Cornet.
S’écouter et communiquer
Dans son homélie, le curé modérateur a souligné que la guérison par Jésus d’un sourd en territoire étranger, dans la Décapole, épisode raconté dans l’évangile de ce dimanche, marque « son attention et sa proximité avec les infirmes et les malades même s’ils n’appartiennent pas au peuple élu ». « En faisant entendre et parler correctement le sourd-muet Jésus l’ouvre, il le sort de son isolement et le fait entrer dans le monde de la communication. »
« Par cette guérison, Jésus nous montre qu’il vient restaurer notre monde aux prises avec toutes sortes de souffrances », qu’« il nous rend capables d’entendre et de parler ». Et « c’est une grâce de pouvoir entendre Dieu, qui a tellement à nous dire, et aussi les appels des personnes qui souffrent et les bons mots des gens heureux. C’est une grâce de pouvoir exprimer notre foi, notre admiration, notre amitié et ce qui nous tient à cœur. Entendre et parler sont des dons merveilleux qui nous permettent de sortir de notre isolement et de communiquer. »
Et nous ? Nous souffrons d’un handicap auditif « lorsque nous prêtons une oreille complaisante aux préjugés, aux racontars, aux propos inutiles et superficiels ». « Il nous arrive aussi de nous boucher les oreilles pour ne pas entendre une parole de vérité, les échos des vrais problèmes et les appels au secours. » Et bien souvent, « nous ne trouvons pas les mots pour témoigner de notre foi », atteints « d’une forme d’aphasie quand il s’agit de dénoncer le mensonge et l’injustice ou de dire des mots d’encouragement et de félicitation ». Car « nous avons tous besoin d’être guéris de notre surdité et de notre mutisme, a relevé l’abbé Dunand. Par les sacrements, qui sont des gestes concrets et sensibles, le Christ ressuscité lui-même nous rejoint et nous guérit maintenant, comme il l’a fait jadis pour le sourd-muet ».
Alors communiquons entre nous « pour réussir nos projets, pour bien bâtir ensemble et rendre nos communautés vivantes. Sachons nous écouter afin d’être à l’aise pour exprimer nos idées et partager nos rêves. Ayons un peu d’audace ! ».
La célébration s’est terminée par la bénédiction et l’envoi en mission des treize personnes ayant reçu une mission au service de l’UP.
Alba: de l’espoir pour l’Albanie !
Bernard et Chantal Falcetti sont des habitués du Vallon de Champex. Ils y ont fait leur nid et y ont de nombreux amis. Ce n’est que depuis juin 2018, après avoir passé des années à «penduler» entre la ville de Lancy (GE) et la banlieue bovernione (Crêtet), qu’ils ont choisi de vivre ici à l’année. Déjà très engagés dans leur communauté chrétienne de Lancy alors qu’ils y vivaient, Bernard et Chantal ont récemment accepté de prendre part à la vie de la paroisse de Bovernier, Chantal en tant que membre du Conseil de communauté. Ils assument par ailleurs tous deux la conduite d’une association nommée «Alba, de l’Espoir pour l’Albanie» qui propose d’assurer un secours matériel à la population défavorisée de ce pays.







