«Tant crie-t-on Noël qu’il vient!» (François Villon vers 1450)

«Tant crie-t-on Noël qu’il vient!» (François Villon vers 1450)

Texte par Pierre-Georges Produit
Photo: Véronique Denis

Pour nous, c’était vers 1950. Début décembre, à l’école, des images de pères Noël commençaient à passer d’un banc à l’autre. Ils portaient des houppelandes vertes, rouges ou brunes, de grosses bottes et une belle barbe blanche. Décollées de pains d’épices… et glissées dans le livre de lecture, ces images s’y recollaient parfois. Situation embarrassante certes, mais ça commençait surtout à sentir Noël… A l’église, on chantait « Venez divin Messie… venez, venez, venez… » C’était l’Avent. Autour du 6 décembre, un soir, au détour d’une ruelle, vous pouviez surprendre un Saint-Nicolas de Myre ou…un père fouettard, s’en allant avec hotte ou sac visiter quelques enfants pas sages du quartier pour les inviter à le devenir d’ici Noël faute de quoi… oh, ils trimbalaient avec eux quelques « vouistes » pour impressionner, mais ils distribuaient plutôt mandarines, cacahouètes ou autres petits chocolats histoire d’allumer dans les cœurs l’espérance… de Noël.

Des jours, depuis l’école, vous entendiez les cris aussi désespérés que stridents d’un cochon qu’on sortait de son « kramouo » ; dans le Petit Chemin l’attendaient une peu rassurante « koble » et… le boucher de campagne… 

Bon, c’était pour une bonne cause : à Leytron les saucisses grasses faisaient partie du réveillon… de Noël.

Une autre fois, entre arithmétique et histoire sainte, le régent nous faisait redire la petite poésie « Le ciel est noir, la terre est blanche, cloches carillonnez gaiement ! » Le problème était que la réalité ne correspondait pas toujours aux paroles… alors, « tant crie-t-on la neige qu’elle vient ! » Alors, oui, on criait la neige en chantant « Les anges dans nos campagnes », « Il est né le divin Enfant » devant le sapin planté dans un angle de la classe. Quelle joie lorsqu’un soir, dans le halo lumineux de l’unique lampe publique du coin, commençaient à tourbillonner les premiers flocons. Déjà on s’imaginait la neige crisser sous nos souliers sur le chemin de l’église pour la Messe de Minuit…
A l’église, l’autel latéral de droite était désormais caché derrière des sapins sous lesquels une grande crèche de papier rocher et de mousses occupait toute la place. Près de l’étable avec Marie, Joseph et l’Enfant-Jésus, il y avait toujours un petit torrent qui descendait avec un petit pont de bois et une petite vache dessus. Au-dessus de Bethléem, un ciel bleu foncé tout étoilé et tout en haut une inscription en grandes lettres majuscules lumineuses GLORIA IN EXCELSIS DEO !

Le chœur d’hommes chantait : « Minuit chrétiens, c’est l’heure solennelle où l’Enfant Dieu descendit jusqu’à nous ! » C’était Noël !

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