Un Carême en plein temps pascal?

Un Carême en plein temps pascal?
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral de Martigny (VS), juin-juillet-août 2020

Par Jean-Pascal Genoud | Photo : DR

Ç’a été dit et redit : situation exceptionnelle, complètement inédite ! Les plus âgés d’entre vous peuvent témoigner ; de mémoire d’hommes, « on n’a jamais vu ça ! ». Des églises fermées, des messes suspendues pendant près de trois mois ! On rapporte que 10% des footballeurs sont déprimés. Que dire des curés ? L’enquête n’a pas encore été menée… Il est vrai que le tableau est plutôt surréaliste. 

Je me suis surpris un jour à ne pas pouvoir attendre la fin de la messe – célébrée à huis clos – pour commencer à ouvrir les portes de l’église ! Cela me paraissait tellement insupportable de voir cet espace d’accueil barricadé pour empêcher les fidèles d’entrer. Un chef de chœur, qui soumettait un projet de concert pour le Vendredi saint 2021, me demandait comment je vivais tout cela comme curé. Je lui ai répondu que c’était simple à comprendre : un curé sans paroissiens, c’est un peu comme un chef de chœur sans choristes. Décidément, très dur à vivre.

Evidemment, il y a – et ça change beaucoup – tout le registre de l’invisible. Une communion toujours possible dans une prière plus aiguisée que jamais. La privation des signes sensibles de la grâce de Dieu n’équivaut pas à une privation de Dieu lui-même. Mais tout de même, nous sommes « de chair » et les sacrements nous sont donnés pour nous rejoindre justement jusque dans notre dimension physique et charnelle. L’épreuve est crucifiante. C’est un temps de désert et de vide.

Je le vois surtout comme l’occasion de laisser surgir une foule d’interrogations. Et il y a d‘ailleurs pour l’heure plus de questions que de réponses…

– Pourquoi avons-nous si peur du vide ? Serait-ce que nous avons peur d’une rencontre décisive avec le Christ, dans la nudité de la foi ?

– N’avons-nous pas trop souvent considéré l’eucharistie comme un dû, plutôt que comme un don ? Je pense à ces plus de 100 millions de chrétiens qui, du fait de la persécution ou de l’énormité des distances, ne peuvent communier qu’une ou deux fois par année ! 

– Notre vie chrétienne ne s’est-elle pas trop concentrée sur le « rite » plus que sur la sensibilité à l’égard de ceux qui souffrent et un engagement généreux à leur égard ?

Toutes choses dont il nous faudra parler. Toutes choses, en partie douloureuses, par lesquelles Dieu cherche à se dire à nous de façon nouvelle et particulièrement profonde. Patience donc ! Dans la joie de vous retrouver sains et saints ! Dans cet oasis d’humanité que Dieu désire et prépare.

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