Le pape François bénissant des séminaristes français en décembre 2023 lors d’une audience à Rome.
RIP pape François 1936-2025.
Par Thierry Schelling Photos : Antoine Mekary / I.Media, DR
On en parle de moins en moins, mais quand on l’évoque, c’est celui des prêtres en priorité : le célibat ! En décembre 2023, s’adressant aux 600 séminaristes français en visite à Rome, François l’avait rappelé : « Personne n’a le droit de changer la nature du sacerdoce et personne ne la changera jamais. » Mieux : « Le célibat est au cœur du sacerdoce, une exigence qui n’est pas d’abord théologique mais mystique. »
Certes. Un phrasé radical : car « sacerdoce » désigne d’abord le don à chaque baptisé d’être « prêtre, prophète et roi » (rituel du baptême) ; les hommes préparés comme préposés au sacrement sont des presbytres, vocation spécifique. Ensuite, est-ce un déni de l’existence de milliers de prêtres mariés dans les rites orientaux catholiques (byzantin, arménien, copte…) ou pire, une considération de Second class pour ces prêtres mariés ? Enfin, quand on appuie sur le clou avec autant de « fin de non-retour », c’est bien qu’on ressent les failles indubitables dans le système. La crise des abus n’a-t-elle pas aussi enseigné la maigreur de la maturité affective de bien des membres du clergé… célibataire ?
Célibat ?
Or, le même François avait parlé de ce célibat des prêtres comme « d’une prescription temporaire » et ce, en mars… 2023 ! Il avait dit réfléchir, dès 2017, à l’optionnalité du célibat pour le clergé, notamment en accueillant les viri probati – réclamés depuis bientôt… 60 ans ! – avant de se rétracter, semble-t-il. Le chantier est-il trop grand ? Après les finances, la Curie et le Synode, réformer cette discipline ecclésiastique pouvait effectivement être un lourd fardeau à accompagner à 88 ans…
Célibataires…
Mais quid de la majorité des célibataires catholiques qui sont des fidèles de paroisse, bénévoles ou même engagés – et qui ne sont pas mariés ? Aucun discours à leur égard ; seuls ne semblent exister que ces célibataires consacrés : laïcs, laïques, religieuses et religieux, moines et moniales… Il serait temps d’en parler, non ?
Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. L’abbé Paul Martone, porte-parole de l’Evêque de Sion pour la partie germanophone du diocèse, est l’auteur de cette carte blanche.
Par l’abbé Paul Martone | Photos : Vatican Media, DR
Comme beaucoup d’autres, j’avais spéculé avant le conclave sur l’identité du nouveau Pape. Le 8 mai, lorsqu’il est apparu sur la loggia de la basilique Saint-Pierre de Rome, j’ai dû me rendre à l’évidence : tous mes pronostics étaient faux. Je n’avais pas du tout pensé au cardinal Robert Francis Prevost. Une fois de plus, le proverbe s’est avéré juste : l’homme pense et Dieu dirige ! Oui, je crois que de nombreux prophètes, qui pensaient connaître avec précision le résultat du conclave, ont appris que Dieu joue effectivement un rôle important dans l’élection d’un Pape : Il montre aux cardinaux qui Il a choisi. Parce que je crois cela, je peux aussi avoir confiance dans le fait que Léon XIV sera un bon Pape.
Lors de sa première apparition en tant que Pape nouvellement élu, le Saint-Père a déjà esquissé son programme. Il a souligné l’importance d’une Eglise synodale, ouverte au dialogue, qui se caractérise par la paix, l’amour du prochain et la proximité avec ceux qui souffrent. Il a donc également appelé à la paix et à aller de l’avant ensemble.
De nombreux souhaits sont adressés au nouveau Saint-Père par tous les pays du monde. La liste des souhaits est longue et le nouveau Pape ne pourra pas tous les satisfaire. Il y a un souhait qu’il a lui-même défini il y a quelques années, celui de voir les qualités d’un évêque se réaliser : « En premier lieu, il doit être catholique : le risque existe parfois que l’évêque se concentre uniquement sur la dimension locale. Mais un évêque doit avoir une vision beaucoup plus large de l’Eglise et de la réalité et faire l’expérience de l’universalité de l’Eglise. » Puisse-t-il être ce que son nom de Pape, Leo (lion), exprime : un lion qui s’engage de toutes ses forces pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ – non seulement aux extrémités de la terre, mais aussi en Europe, qui était aux yeux de François une mère stérile. Mais en Europe aussi, il y a une faim, une faim de spiritualité, de religion, et finalement de Dieu. Une faim que seule la Bonne Nouvelle du Christ peut vraiment combler. Alors, Saint-Père : Avanti !
Un travail de bénédictin Un travail intellectuel et / ou minutieux
Cette expression fait référence aux ouvrages d’érudition écrits par les moines bénédictins de Saint-Maur aux XVIIe et XVIIIe siècles. On pense en effet, à tort, spontanément aux moines du Moyen Age qui ont, pendant des siècles, recopié et enluminé une quantité incroyable de manuscrits dans leur scriptorium. Ils étaient eux aussi bénédictins et leur travail a permis aux grandes œuvres de l’Antiquité de parvenir jusqu’à nous. Mais, visiblement, leur œuvre n’était pas assez minutieuse ou pas assez connue pour mériter une expression !
Par Véronique Benz
Humour
Un homme arrive au commissariat et demande à parler au cambrioleur arrêté qui s’est introduit chez lui la semaine précédente.
– C’est impossible, dit le policier, il est en garde à vue.
– Mais j’ai juste une petite chose à lui demander.
– N’insistez pas Monsieur, c’est strictement interdit.
– Dommage, je voulais juste savoir comment il a fait pour rentrer dans notre maison à 2h du matin sans réveiller ma femme. Moi ça fait quinze ans que j’essaie…
Parole humaine et divine, la Bible fait autorité en matière de foi et de pratique. Mais, soyons honnêtes, nous ne débordons pas d’enthousiasme lorsqu’il s’agit d’aborder certains passages « difficiles » des Ecritures. Qu’ils soient inaudibles, décapants, dérangeants, le frère Pierre de Marolles a proposé un cycle de conférences pour « affronter » ce type de textes.
La Bible est un monde à explorer.
Par Myriam Bettens Photos : Jean-Claude Gadmer
Qu’entend-on par « textes difficiles » ? J’ai dû me poser cette question suite à la demande d’un paroissien d’étudier les « textes difficiles » de la Bible. Voulait-il parler des textes dont l’exégèse est plus « technique », que les spécialistes de la Bible ont l’habitude de traiter ? Il m’a semblé qu’il s’agissait plutôt des passages choquants dont on a du mal à reconnaître comme parole de Dieu, car leur lecture remet en question notre compréhension de Dieu et notre foi.
Qu’est-ce que ces difficultés produisent sur la lecture (ou la non-lecture) du texte ? Justement, la tendance serait de ne pas lire ces passages-là pour ne pas les affronter, car on a du mal à y voir une parole de Dieu. Il y a aussi cette tentation de dire que ce Dieu qui demande de massacrer la population de certaines villes, commande de mettre à mort les adultères ou s’énerve, n’est pas le Dieu de Jésus, mais celui de l’Ancien Testament. Or, Jésus lui-même n’a jamais renié la moindre ligne de cette loi. Bien plus, il se revendique de ce Dieu-là comme étant son père. On ne peut pas simplement se limiter aux passages sympas de la Bible, parce que les autres nous dérangent.
Où se situent généralement les obstacles ? Beaucoup de ces textes expriment une forme de violence dont on peut trouver l’origine en Dieu. Il y a donc véritablement une question d’image de Dieu. Ces passages présentent un visage de Dieu qui n’est pas celui que nous croyions connaître. Il y a aussi des questions de contextes, au sens où nos mentalités modernes et très égalitaires ne sont plus à l’aise avec certains discours.
Calvin affirmait que la Bible est claire. Ses contradicteurs lui rétorquaient que si l’Ecriture était si claire, pourquoi passer tant de temps à la commenter… Justement, en préparant ces conférences, je ne voulais pas tomber dans le travers du professeur qui explique pourquoi, en fin de compte, ces textes ne sont pas si difficiles à comprendre. Il était plutôt question de reconnaitre leurs difficultés, le fait qu’ils peuvent être choquants, tout en montrant que d’autres avant nous se sont battus avec ces texte et qu’ils ont trouvé cela fécond. Parcourir l’histoire de la réception est, à mon sens, une manière intéressante d’aborder ces passages. Cette méthode ne cherche pas à établir « la » seule bonne explication du texte, mais elle explore les différentes « stratégies » qui ont été élaborées au cours des siècles pour mieux comprendre ces textes.
Quelles sont les clés pour aborder les passages difficiles, avec le bon esprit ? A l’école des Pères de l’Eglise, ce qui me semble être une belle clé, pour nous chrétiens, c’est de faire des ponts entre l’un ou l’autre texte de l’Ecriture. Les passages difficiles sont souvent repris ailleurs dans la Bible. En d’autres termes, cela signifie que si un texte est difficile, il nous faut persévérer et lire davantage, car la Bible est un monde à explorer !
Personne ne lit la Bible d’une manière neutre. Nous l’abordons avec les notions qui nous habitent. Est-ce que la lecture du texte peut évoluer… avec le lecteur ? J’irai même plus loin, une lecture neutre de la Bible serait extrêmement triste ! Non seulement, j’espère que la lecture de la Bible transforme la vie de ceux qui la lisent, mais comme le dit le philosophe Paul Ricœur, le texte n’existe pas en dehors de sa Communauté interprétative qui le transmet. Donc chaque lecteur de la Bible fait, d’une certaine manière, grandir la Bible.
Bio express
Né à Versailles en 1987, Pierre de Marolles a obtenu un master en théologie à l’Université de Fribourg. Il a été ordonné prêtre en 2017. Depuis 2019, Frère Pierre a entamé une thèse de doctorat sur le livre de l’Apocalypse en cotutelle entre l’Université de Genève et l’Université catholique de Louvain-la-Neuve en Belgique. Il est aujourd’hui prieur du couvent des dominicains de Genève.
Dans la partie centrale du vitrail, le saint est entouré d’hommes aux atours médiévaux.
Par Amandine Beffa | Photo: Jean-Claude Gadmer
Le vitrail réalisé par Alexandre Cingria, pour ce qui était alors l’église Notre-Dame de l’Assomption, est composé de sept parties. Il présente des aspects de la vie de saint Nicolas de Flüe.
Avant son appel, Nicolas était marié et père de famille. Cette première partie de sa vie est symbolisée par la zone située en bas à gauche de la rose. La ferme représentée dans les tons rouges évoque la maison familiale du saint. Comme en réponse, en bas à droite, se trouve la chapelle de l’ermitage. Il n’est pas anecdotique que Cingria ait choisi de faire figurer ces deux lieux, Flüe et le Ranft. En effet, ces deux maisons font partie d’une même mission confiée par Dieu à Nicolas.
Dans la partie centrale du vitrail, le saint est entouré d’hommes aux atours médiévaux. Le personnage à droite, coiffé d’un chapeau à la plume imposante, semble prêt à dégainer son épée. Nicolas se tient les mains élevées, comme pour appeler au calme ou pour prier. L’épisode rappelle la Diète de Stans en 1481. Intervenant par courrier, le saint avait alors permis d’éviter une guerre entre les confédérés.
Les parties en haut à gauche et en haut à droite évoquent des scènes contemporaines à la période de création de l’œuvre. Le vitrail date de 1941. Cingria a représenté des militaires ainsi que la population, tous en prière, tournés vers Nicolas de Flüe. Dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, tous se tournent vers le saint pour qu’il intercède pour la paix.
Tout en haut du vitrail, le Christ est représenté en gloire, couronné. Une épée et un casque médiéval (à droite) ainsi qu’un crâne et un fusil sont représentés.
Tout en bas, la dépouille de Nicolas est déposée dans une châsse. Juste au-dessous est inscrit en latin : « ALTARE NICOLA DE FLU PATRIAE PATRIS », autel du Bienheureux Nicolas de Flüe, patron de la patrie (il n’a été canonisé qu’en 1947). Le saint est aujourd’hui patron principal de la Suisse.
A la fin du XIXe siècle, l’électricité était considérée comme un « jus occulte » qui « coulait comme par magie ». Ses utilisations restaient très limitées et seules de très grandes bobines étaient utilisées à l’époque pour produire du courant continu alimenté par des batteries.
Trois scientifiques se distinguent alors dans leurs recherches autour du phénomène électrique. Thomas Edison, Guglielmo Marconi et Nikola Tesla. Ce dernier, bien que n’ayant pas achevé ses études d’ingénieur (ce qui lui vaudra de nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique), se distingue par ses intuitions géniales (qui conduiront au dépôt de plus de 300 brevets) comme la mise en œuvre du courant alternatif ou la transmission sans fil.
Elevé dans la religion chrétienne orthodoxe, Nikola Tesla attribue ses idées géniales à la puissance de l’Esprit. Il dit : « Le don de force mentale vient de Dieu, de l’Etre divin, et lorsque nous accordons notre esprit à cette vérité, nous sommes en harmonie avec cette Grande Puissance. Ma mère m’a appris à chercher toute la vérité dans la Bible. » Gravement atteint par le choléra dans son enfance, il déclare : « Je suis convaincu que mon sauvetage n’était pas un hasard, mais l’œuvre d’une puissance divine. L’effort d’un inventeur est essentiellement salvateur. Qu’il rassemble des forces, améliore des appareils ou crée de nouvelles commodités, cela contribue à la sécurité de notre existence. »
Ainsi, l’œuvre de Nikola Tesla s’inscrit dans une longue quête de la compréhension de l’énergie de l’univers qu’il attribue aux phénomènes électriques et électromagnétiques. Il fonctionne suivant ses intuitions générant critiques, rejets, jalousie jusqu’à le décrire de savant fou. Les critiques ne sont pas toujours infondées : Nikola Tesla n’était pas d’accord avec la démarche scientifique consistant à représenter les expériences scientifiques et les théories associées par des modèles mathématiques. Nikola Tesla, bien qu’il appréciât sincèrement son travail, n’était pas convaincu par la théorie de la relativité d’Einstein. Pourtant, ce même Einstein dira de lui, en réponse à la question qui lui était posée : « Qu’est-ce que ça fait d’être l’homme le plus intelligent de la planète ? », « Je ne sais pas. Il faut le demander à Nikola Tesla ! »
Nikola Tesla est un mystique scientifique cherchant les moyens de comprendre l’Univers et la Création par la maîtrise de l’énergie. Son œuvre, incroyablement féconde, fait écho à Maurice Zundel déclarant : « Des techniques raffinées, aux mains de savants de premier ordre, ouvrirent la voie aux plus étonnantes découvertes et firent germer les hypothèses les plus imprévues. »
« Il faut faire l’expérience de Dieu. Certaines personnes la font en allant à la messe, tandis que d’autres ont besoin d’un événement, d’une adoration ou d’un pèlerinage. C’est pour cela que je me mets au service de l’Eglise », souligne Yves Crettaz, créateur de l’Agence Imani.
Par Véronique Benz | Photos : DR
Assis à une table, son sac à dos et sa casquette à côté de lui sur le banc, Yves Crettaz est décontracté. Il sirote un thé tout en parlant à bâtons rompus de l’Eglise et de la communication.
Le jeune homme de 30 ans aime le sport, mais surtout l’Eglise. « Je m’intéresse à tout ce qui touche à l’avenir de l’Eglise dans la société actuelle : la jeunesse, les nouvelles technologies et l’événementiel », avoue Yves Crettaz. Après avoir fait plusieurs expériences comme journaliste notamment dans le milieu de l’Eglise (RTS religion, KTO et les messes à Canal 9), il accomplit son stage de journaliste RP à Rhône FM.
« J’ai aimé mon travail de journaliste, mais ce que j’apprécie le plus c’est la communication en général, les réseaux sociaux, l’événementiel et le marketing. Je suis un peu touche-à-tout », reconnaît Yves. Estimant que la communication et l’événementiel fait parfois défaut dans l’Eglise, Yves Crettaz quitte son job et fonde l’Agence Imani. « Il y a beaucoup de belles choses qui se font, il y a le public cible, mais il manque parfois un organisateur au milieu qui fait le lien entre les deux. » Un des buts de l’agence Imani est de faire le lien entre les activités et le public. « C’est élaborer des événements, proposer quelque chose en ligne sur les réseaux, faire un flyer, etc. »
Imani signifie « foi » en swahili, langue africaine. « J’ai choisi ce nom pour mon agence, car la foi en Afrique est extrêmement vivante, dynamique et joyeuse. » Le jeune entrepreneur constate qu’il y a énormément d’événements en Eglise et qu’il faut les communiquer. « Dans l’Eglise nous avons le plus beau des produits, le Christ, mais nous ne savons pas toujours le vendre. »
Pour Yves Crettaz les plus grands défis sont les difficultés de relations humaines qu’il y a au sein de l’Eglise. « Dans certaines paroisses il y a beaucoup de conflits de ressources humaines. Parfois nous pensons plus à critiquer le prêtre, l’agent pastoral ou la grand-maman qui chante de manière décalée plutôt que d’accueillir la joie de l’Evangile. »
Cependant, Yves Crettaz croit en l’avenir des paroisses et de l’Eglise. « Il y a un énorme potentiel de développement et un large retour à la spiritualité », relève-t-il. Il soutient que l’Eglise catholique doit être présente pour réagir à ces demandes. « L’Eglise a des réponses, mais il faut les rendre audibles. »
Yves Crettaz a participé à trois JMJ. « Les JMJ à Madrid ont sans doute été pour moi un événement déclencheur. J’y ai découvert l’importance de la communication, du rassemblement et de la joie ! Mon engagement donne du sens à mon travail et à ma foi ! »
L’Agence Imani
Basée en Valais, Imani est destinée aux paroisses et organisations catholiques de Suisse romande. Elle est spécialisée dans le domaine de la communication, de l’événementiel et de l’innovation. Plus d’infos sur agenceimani.ch Instagram : instagram.com/agence.imani
Un souvenir marquant de votre enfance Les temps de prière avec papa et maman le soir. Mes parents nous ont éduqués dans la foi catholique tout en nous laissant libres.
Votre moment préféré de la journée Le soir lorsque je rentre à la maison, que je retrouve mon épouse et que nous nous racontons nos journées autour du souper.
Votre principal trait de caractère Je suis quelqu’un d’entreprenant. Je n’ai pas peur. Lorsque j’ai décidé de quitter mon boulot pour lancer mon entreprise, je n’ai pas réfléchi longtemps. Je me suis dit vas-y lance-toi !
Votre livre préféré Je ne suis pas un grand lecteur. En ce moment un livre me passionne : « l’Eglise a besoin de créatifs », d’Amarù Cazenave.
Une personne qui vous inspire Mon évêque, Mgr Lovey. J’ai eu l’occasion de le côtoyer et j’ai découvert une bonne et sainte personne. Il porte la charge du diocèse et recherche la vérité dans tout ce qu’il fait.
Une citation biblique qui vous anime Le thème des JMJ 2013 à Rio de Janeiro : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. C’est un peu le leitmotiv d’Imani.
Yves Crettaz
• Yves est né en 1995. Il est originaire du Val d’Anniviers.
• Il fait une école de commerce, puis travaille aux service marketing & communication du Nouvelliste.
• Il suit une formation de journaliste à Rhône FM et devient journaliste RP.
• En 2024, il lance l’Agence Imani, spécialisée en événementiel et en communication.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Célibataires, votre vie a un sens Collectif
Il existe aujourd’hui une diversité de situations de vie. Nous assistons à la disparition des grands modèles de vie, doublée d’une fragilité des êtres humains qui cherchent des images réussies dans la société de consommation. Cette diversité de situations est l’enjeu d’une véritable conversion pastorale et théologique : la tradition chrétienne peut en ce sens montrer des chemins de vie aux célibataires. Chacun peut attendre de l’Eglise et de la communauté chrétienne une aide pour découvrir son charisme unique. Ce livre profite de l’expérience de laïques et de religieux pour mieux comprendre comment le charisme particulier du célibat, consacré ou non, peut être source de fruit pour l’Eglise.
Célibataire ? Pas pour toujours ! Marie-Liesse Malbrancke
Nous évoluons dans une société où le célibat est de plus en plus présent : il en devient même un marché alléchant ! Pourtant, nombreux sont les célibataires qui souffrent de cette situation, ne sachant plus comment avancer pour enfin rencontrer une personne avec laquelle vivre une belle relation. Dans ce livre, Marie-Liesse Malbrancke indique un chemin hors des sentiers généralement explorés. S’adressant aux célibataires et à leurs proches, elle donne de nombreuses clés, associées à des exemples vécus aussi bien personnellement que dans ses accompagnements. Ce livre met vraiment en mouvement les célibataires qui souhaitent une vie amoureuse épanouie.
Des amitiés pour l’éternité Will Conquer – Mathilde Montovert
L’amitié est une des plus belles expressions de l’amour de Dieu pour nous sur Terre. Jésus lui-même et de nombreux saints ont vécu des relations d’amitié fortes et profondes, ancrées dans la foi. Mais à l’heure où les relations virtuelles ont pris le dessus sur les relations humaines, où la séduction est devenue un incontournable pour exister, où les références à la sexualité et l’érotisation viennent remplir notre quotidien, est-il encore possible de construire de véritables relations d’amitié, appelées à durer et jusque dans l’éternité ? Les auteurs viennent apporter une réponse à cette question au travers de 15 célèbres duos d’amitiés de l’Eglise, mixtes, féminins et masculins.
Un soir de foudre et de ténèbres, le Christ s’éteint. Trois jours plus tard, Marie Madeleine découvre le tombeau vide. Aussitôt, la Bonne Nouvelle se répand, on murmure : « Il est ressuscité ! » Jésus apparaît sur la route d’Emmaüs. La rumeur enfle, le message se diffuse. Cette BD raconte comment, concrètement, s’est organisée la communauté des premiers chrétiens. Très vite, les fidèles de Jésus ont été lapidés, persécutés, pourchassés. Comment, malgré ces premières persécutions, les chrétiens ont-ils peu à peu façonné leur Eglise et commencé à évangéliser sur toutes les routes, à travers l’Orient et tout l’Empire romain ? La BD y répond.
Lors d’une émission à la radio, j’avais entendu un prêtre, qui venait de quitter le sacerdoce, donner la racine du célibat qui provient du latin caeli beatus qui se traduit par : « Heureux comme au ciel. » Lui qui venait de prendre femme regrettait-il son choix ou voulait-il souligner que le célibat serait mieux que le mariage ? Toujours est-il que chaque situation que nous vivons apporte son lot de satisfactions et d’inconvénients.
Pour un célibataire, la vie peut devenir pesante à la retraite en raison d’une solitude laborieuse due à la raréfaction des relations professionnelles. L’absence d’enfants et de petits-enfants à chérir peut aussi créer un manque et un vide regrettables.
On connaît pourtant des situations où le célibat a été choisi par charité, pour prendre soin d’un membre de la famille devenu malade chronique. Cela mérite toute notre admiration.
Pour les consacrés, le célibat vécu seul ou en communauté peut être une source de joie et d’épanouissement. Certains veulent abolir la loi du célibat pour les prêtres. C’est un grand débat dans lequel je ne veux pas entrer. Mon point de vue se trouve dans l’affirmation de Jésus en Mt 19, 12 : « Il y en a qui ne se marient pas en vue du royaume des Cieux. Comprenne qui pourra comprendre ! »
Fruit de l’impulsion donnée par le jubilé du cinquantenaire de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT). Le livre Changer de regards. Balises Œcuméniques, d’Anne Deshusses-Raemy, propose de fixer son regard sur la vie qui demeure, malgré les pierres d’achoppement au dialogue œcuménique. Entretien.
Par Myriam Bettens | Photos : Mathias Deshusses
« Arrêtons de nous dire : C’est fichu ! », lance d’emblée Anne Deshusses-Raemy lorsqu’on aborde avec elle les motivations qui l’ont poussée à l’écriture du livre : Changer de regards. Balises Œcuméniques (Ed. Saint-Augustin et Ouvertures). L’ouvrage, disponible depuis la mi-mai en librairies est le fruit d’une réflexion menée avec l’équipe enseignante de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT), à l’occasion du jubilé (2023) de l’association. « Nous ne voulions pas nous complaire dans l’autosatisfaction de ce qui avait été fait ces cinquante dernières années ». Malgré « l’élan extraordinaire impulsé par Vatican II, les gens s’essoufflent et pointent l’immobilisme apparent de l’œcuménisme aujourd’hui ».
Des pistes pour construire ensemble
Car, en effet, des pierres d’achoppement au dialogue œcuménique subsistent « que seules les institutions peuvent résoudre ». Le livre choisit d’en nommer quatre : l’Eucharistie, la question des ministères, la place des femmes et les débats éthiques concernant, entre autres, le début de la vie, la sexualité ou encore le mariage.
Toutefois, le souhait premier de l’ouvrage n’est pas de faire un état des lieux de l’œcuménisme actuel, mais bien de « donner des balises, afin d’ouvrir des perspectives en vue de continuer à construire ensemble tout en confrontant les points de vue ». Ces pistes de réflexion s’articulent toutes autour de verbes et donc d’actions « réalistes et réalisables ». Anne Deshusses-Raemy parle, notamment, de « dépasser l’idolâtrie, car l’Eglise, le livre Bible et les institutions peuvent devenir des idoles », ou encore de « s’atteler à travailler ensemble sur une vraie anthropologie chrétienne ».
De la vie à faire fructifier
Pour illustrer son propos, elle désigne la photo de couverture du livre. « On y voit un chemin avec des rails qui conduisent quelque part, les cailloux du ballast de ces voies de chemin de fer et un coquelicot qui pousse là, au milieu de toute cette aridité. Arrêtons de ne regarder que les pierres, mais attardons-nous plutôt sur la vie qui pousse. C’est cette vie-là que nous devons faire fructifier. » Comme un clin d’œil supplémentaire, Anne Deshusses-Raemy cite la Trinité. « Il n’y a pas plus différent que le Père, le Fils et l’Esprit. Pourtant, il n’y a pas plus uni qu’eux ! »
Partir au vent
Dès la rentrée 2025, l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) proposera une nouvelle formule de formation flexible et progressive. L’AOT offrira désormais une formation par modules permettant à chacun de construire son propre parcours de formation, selon ses disponibilités, compétences et centres d’intérêt. Les modalités de formation changent, mais l’ADN de l’AOT demeure ! La formation conservera toujours son caractère œcuménique et la dynamique participative et interactive des sessions est également maintenue. Chacun pourra composer son propre parcours, en déterminer le rythme et la durée. Au menu, du contenu pour découvrir la Bible et son histoire, la théologie, l’œcuménisme ou encore des modules sur les enjeux éthiques ou la sensibilisation au dialogue interreligieux. Des travaux de recherche individuels, notamment dans le cadre des ateliers, permettront aux participants d’affiner un intérêt ou une intuition personnelle.
« Il y a des groupes pour fiancés, pour enfants, des ateliers pour aînés, des sessions pour catéchistes et… rien pour nous célibataires catholiques ! » Ce cri du cœur est parvenu aux oreilles du curé et, lors d’une rencontre, tous les deux concoctent une proposition pastorale « pour célibataires catholiques ».
Par Thierry Schelling | Photos : Adobe Stock, Unsplash, DR
Depuis, des rencontres à intervalles réguliers (une tous les trois mois environ) existent, le vendredi soir, dans la salle du sous-sol de Saint-Joseph à Genève (Eaux-Vives). Un temps spirituel ouvre la rencontre, puis le curé laisse les participantes et les participants seuls continuer les échanges, autour d’un apéro.
C’est la formule choisie : un apéro, d’où l’heure – 19h-21h – et le jour, vendredi. Car outre le fait d’être célibataires, les présentes et les présents ont en commun d’être souvent très affairés : travail, business trip, études post-doc… Du coup, l’agenda vite rempli laisse peu de place à la spontanéité ; mais la volonté de se rencontrer semble avoir pris : dès la première rencontre, plus de vingt personnes se pointent et se « tassent » dans le salon curial. Les réseaux sociaux font le reste quant à l’information.
Un moment spi
L’originalité de ces rencontres apéritives est d’être ouvertement… chrétienne. Et œcuménique. Mais pourquoi ?
« Cela permet de se retrouver entre frères et sœurs », raconte une participante, « et donc dans un climat bienveillant. Qui crée de la confiance. » Elle a raison. Protestants et Catholiques trentenaires sont de cette génération de chrétiens assumés : se retrouver entre adhérents de la même religion autour d’un même statut, « célibataire », permet de faciliter les échanges dès les premières fois – car à chaque rencontre, de nouvelles personnes débarquent…
Mais le « moment spi » se veut aussi fédérateur : déposer les semaines actives, les fatigues et les joies passées, pour être là. Se poser et, un peu, se reposer. Et méditer : qui suis-je pour le Seigneur ? Qui est Jésus pour moi dans ma condition actuelle ?
La première fois, ce fut une méditation autour de Jésus, « homme affairé et célibataire » ; la deuxième, « quelques principes ignatiens pour orienter sa vie » ; la troisième et la quatrième, une série de questions adaptées et retravaillées à partir de l’ouvrage d’une théologienne américaine, Alicia Akins, « Le catéchisme du célibataire ».
La formule semble prendre. Pour le plus grand plaisir des coorganisatrices et des participants : « Une moitié revient et l’autre moitié est composée de nouveaux arrivant. » La dernière a eu comme originalité de déplacer les troupes, après le moment spi, dans un bar du quartier. La formule d’une « Eglise en sortie » se réalise également dans ce groupe…
Célibataire, so what ?
En Eglise, il est vrai, l’accent est mis pour les laïcs sur la vie conjugale ; le célibat semble être toujours considéré comme transitoire, c’est-à-dire « en vue du mariage », ou subi, avec le questionnement souvent tacite qui l’entoure. Seul le clergé et les moines obligés d’être célibataires ont leur place en Eglise comme tels, « célibataires consacrés », sauf pour les prêtres des rites orientaux (maronite, byzantin…) qui eux, peuvent se marier 1. Car en Orient, le choix est laissé au séminariste : mariage ou célibat ; pour ce dernier, c’est quasiment toujours la voie du monastère qui est ouverte. Pour ceux qui optent pour le mariage, ils seront curés de communautés.
En Eglise, l’accent est mis pour les laïcs sur la vie conjugale ; le célibat semble être toujours considéré comme transitoire.
L’un des participants racontait comment, en famille, il avait eu l’impression de devoir se justifier de son célibat « à son âge » et ce d’autant plus que… catholique ! Ainsi donc, être laïc, ou laïque, catholique et célibataire semble troubler le paroissien de base.
A chercher de quoi nourrir la réflexion d’un point de vue chrétien, il est vrai qu’on ne tombe (du moins à ma connaissance) sur aucun traité, aucune dissertation, aucune thèse en théologie du célibat assumé par un fidèle catholique lambda ; il n’y a que des références au « célibat consacré », y compris des laïcs, à l’Ordre des Vierges, au presbytérat dans l’Eglise latine, au monachisme.
La reconnaissance ecclésiale et ecclésiologique manque donc ; on peut deviner pourquoi : « Il n’est pas bon pour l’humain de rester seul », affirme Genèse 2, 18. Ou bien : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme. » (Gn 2, 24) Ou encore : « Soyez féconds, multipliez-vous ! » (Gn 1, 28)
Mais la solitude dans le Jardin des origines est soulignée par Dieu pour mieux entériner la nécessité, la vocation, à devenir créatures de relations avant tout : avec la flore, la faune et les congénères.
D’où vient ce malaise vis-à-vis d’une ou d’un catholique célibataire trentenaire ? Du sentiment de culpabilité généré par un entourage pressé, de devenir grands-parents ? Un curé de paroisse serait-il enclin de voir « ses » jeunes adultes seuls trouver l’âme sœur dans une société au fort marketing « familial » : abonnements, vacances, voyages, formules ?
Trouver l’âme sœur : une pression sociale ?
Pourtant, l’amitié comme valeur de rapports humains existe, l’amour pour son animal de compagnie existe, les clubs, associations et autres lieux de rencontre sportive, culturelle, cultuelle, ludique ne sont pas là d’abord pour créer des couples mais pour partager ses capacités, ses aptitudes et… le plaisir d’être ensemble 2 !
Nommer, c’est exister
Dans le récit de la Genèse, c’est nommer les créatures qui orchestre et organise le réseau des êtres vivants entre eux. Donner un nom fait exister, constater telle ou telle réalité la rend visible. Est-ce ce qui manque aux célibataires chrétiens au sein de leurs Eglises, être « appelés par leur nom » et ainsi reconnues et reconnus comme tels pour faire partie du tout ? Peut-être.
Rappeler qu’avant tout plan à deux, l’être humain est appelé à être en lien avec toute la création dans un esprit d’amitié, dans l’esprit de l’encyclique Laudato si’ du pape François. Sa vocation, son appel, viennent de Dieu et le baptême permet d’entendre pour chaque concernée et concerné : « Tu es mon enfant bien-aimé ! » Et j’ajouterai : quel que soit ton chemin de vie…
1 Nous en avons quelques-uns dans le Diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg : Ukrainien, Libanais, Roumain. 2 A voir la résistance de certains girons à demeurer uniquement masculins, on pourrait aussi voir une limite de l’entre-soi !
Avant la création d’Eve (ici « Le Paradis terrestre avec la création d’Eve» , par Jan Brueghel le Jeune), la solitude d’Adam est soulignée pour mieux entériner la nécessité de devenir créatures de relations avant tout.
Tout état de vie bénéficie de la grâce du Seigneur : que nous soyons célibataires, en couple ou mariés. Pourvu que cela soit pour le Royaume. Il y a d’ailleurs des diacres permanents (et des prêtres dans les Eglises orientales), mariés ou célibataires, qui restent dans la situation où ils se trouvent au moment de leur ordination. Ainsi, le célibat n’est pas « supérieur » aux yeux de Dieu et de l’Eglise par rapport à l’état matrimonial.
Quand Jésus parle du couple et du divorce, il ajoute des réflexions sur les « eunuques » en distinguant ceux qui sont nés ainsi dès le sein de leur mère (sans pouvoir avoir donc de descendance), ceux qui le sont devenus par l’action de l’homme (comme dans les harems orientaux ou pour garder une voix de falsetto, d’enfant) et ceux qui le choisissent pour signifier le don total d’eux-mêmes dans le célibat consacré au sein de la vie religieuse ou presbytérale (Matthieu 19, 10-12). Ce qui compte donc pour le Christ, c’est de vivre sa situation de vie au mieux, en cherchant à accomplir la volonté du Père et en œuvrant pour la venue de son Règne.
Qu’en est-il dès lors des « célibataires malgré eux(elles) » et des veufs et veuves supportant mal leur solitude ? Faut-il constituer des groupes de partage et de rencontre, y compris en Eglise, pour les aider à trouver l’âme sœur et à (re)constituer un couple ? « Il n’est pas bon que l’homme (ou la femme) soit seul(e) », dit le Créateur, qui ensuite amène à Adam une répondante qui lui correspond, parce qu’elle est « l’os de ses os et la chair de sa chair » et qu’elle s’appelle « la Vivante » (Eve) (Genèse 2, 23).
A part les célibataires heureux(ses) de l’être parce que l’ayant choisi et les consacrés, tous ceux et celles qui « subissent » cet état sont donc invités à tisser des relations et pourquoi pas, à bâtir un amour qui comble leur cœur. Tout est une question alors, évidemment, de discernement : mieux vaut rester seul(e) dans un « cadre supportable » que de vouloir à tout prix se risquer dans un engagement hasardeux et de connaître ensuite une existence pénible, voire une rupture.
Les sites dits « de rencontres » peuvent conduire parfois au bonheur, mais ils sont encombrés de personnes dont l’équilibre affectif et psychique ne leur permet pas de rendre heureux(se) un(e) partenaire. Confiance et prudence donc.
Nous sommes tous égaux devant Dieu. Et sous la bannière olympique ? Sportif professionnel dans une autre vie, Pascal Thurnherr n’a toutefois pas quitté le monde du sport. Aujourd’hui, il le commente pour la RTS. Spécialiste des questions de dopage, la thématique de l’équité dans le sport a occupé toute sa carrière.
Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer
Question directe pour se mettre en jambes : l’équité dans le sport existe-t-elle ? Oui et non… Les règles sont les mêmes pour tout le monde. La réglementation du sport en termes de jeu, de matériel, de dopage, tend vers un maximum d’équité. Mais l’inéquité demeure inhérente rien qu’au niveau génétique. Ce sont ces facultés nettement supérieures qui permettent de se démarquer. Après, la recherche d’équité est aujourd’hui très poussée.
La recherche d’équité est aujourd’hui très poussée. Dans quel sens entendez-vous cela ? En 2016, il y a l’arrivée de semelles dotées de lames en carbone. Lors du marathon des Jeux olympiques de Rio, les six premiers étaient équipés de ces nouvelles chaussures. L’avantage sur les autres était très clair. La Fédération internationale d’athlétisme a réagi en fixant des règles concernant les semelles. Il y aura toujours des sportifs qui chercheront à se procurer un avantage par le matériel utilisé, le type d’entraînement, etc. La réglementation court malheureusement toujours un peu derrière la recherche.
La notion d’équité a occupé la majeure partie de votre carrière, pouvez-vous développer ? J’ai effectué toute ma carrière d’athlète au niveau international en ayant le sentiment, voire parfois de vraies indications, que je concourais face à des adversaires dopés. A leur décharge, j’ai grandi dans un milieu où le dopage dans l’athlétisme n’entrait pas en ligne de compte. Simplement parce que je n’avais pas besoin d’utiliser le sport pour m’extraire d’une condition sociale difficile. La tentation du dopage est, de fait, beaucoup moins importante. Néanmoins, on se demande toujours si on est en train de se battre à armes égales avec nos adversaires.
Justement, quand on parle de se battre à armes égales, les athlètes hyperandrogènes questionnent notre rapport à l’équité. Comment résout-on la tension inhérente à cet « avantage » ? Cette thématique pose un problème quasi insoluble à ceux qui réfléchissent à la réglementation du sport. Pour être honnête, je pense qu’il n’existe pas de bonnes solutions. Autoriser ces femmes avec un avantage hormonal à concourir, suppose qu’on se retrouvera avec certaines disciplines où elles seules s’imposeront. Leur interdire de participer n’est pas tenable non plus. Et créer une catégorie à part rendra le sport, qui se veut universel, complètement illisible.
En même temps, au basketball, la taille est un atout. Demande-t-on à un basketteur professionnel de rapetisser pour ne pas défavoriser les autres ? Je pense que c’est beaucoup lié au fait que le sport a été exclusivement réservé aux hommes pendant très longtemps. Cela a fait partie de l’émancipation des femmes d’avoir le droit de faire du sport, puis de pratiquer les mêmes disciplines olympiques que les hommes. L’autre enjeu important reste de pouvoir concourir tout en conservant sa « féminité ». Il n’y a pas de miracles, les athlètes « féminines » sont plus bankable [ndlr. monétisable] que les autres. Il y a probablement aussi une association inconsciente entre athlètes féminines dopées aux stéroïdes anabolisants et athlètes hyperandrogènes, ce qui les dessert encore.
Pour l’ancien journaliste et athlète, « la réglementation court toujours un peu derrière la recherche ».
Sport sans gènes
Lors d’un meeting d’athlétisme à Zurich en 1991, Pascal Thurnherr termine juste devant un jeune Nigérian au 200 mètres. L’athlète est plutôt d’aspect fluet, note-t-il. Le coureur est bon, mais il n’est pas présent au Championnat du monde de Tokyo la même année. Un an après, il retrouve l’athlète lors d’une compétition. Celui-ci a doublé de volume. « Sans aucune surprise, il se fait attraper pour dopage au stéroïde anabolisant et il est suspendu. Au début de la saison 1993, je regarde un meeting à la télévision. Les concurrents du 100 mètres sont sur la ligne. L’athlète en question est là. Il a simplement changé de nom pour échapper à sa suspension et participer. »
Bio express
Pascal Thurnherr est journaliste sportif à la RTS. Il a notamment commenté l’athlétisme, le ski de fond, le cyclisme ou encore le hockey sur glace. « Dans une autre vie », comme il se plaît souvent à le dire, il a été champion suisse de 200 mètres et quart de finaliste aux Championnats du monde d’athlétisme en 1991. Il poursuit sa passion pour l’athlétisme en organisant le meeting AtletiCAGenève, dont la prochaine édition aura lieu le samedi 21 juin prochain. Plus d’informations sous atleticageneve.ch
La statue de Notre-Dame est une sculpture gothique du XV e siècle.
Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer
Notre-Dame des Marches est parfois appelé « le petit Lourdes fribourgeois ». En effet, c’est un lieu de pèlerinage connu pour ses guérisons miraculeuses. Aujourd’hui, il accueille environ 100’000 visiteurs par année. Les deux pèlerinages les plus importants ont lieu au printemps et en automne.
Les origines du lieu ne sont pas documentées, mais on en trouve les premières traces aux alentours du XVIe siècle. Ce n’est qu’au XIXe siècle que le lieu acquiert la renommée qu’on lui connaît. En effet, le 17 mai 1884, Léonide Andrey est conduite à la chapelle sur un brancard. Elle souffrait de plusieurs affections qui l’empêchaient de marcher. Elle repart sur ses deux jambes à la fin de la messe.
La statue de Notre-Dame des Marches se trouve dans le chœur, nichée dans le retable. Il s’agit d’une sculpture gothique du XVe siècle. Elle possède plusieurs manteaux qui changent selon les périodes liturgiques. Ainsi, le crème est celui du temps ordinaire, le rouge celui des pèlerinages… Plus surprenant, pour les temps de l’Avent et du Carême, le manteau est orné de motifs végétaux bleu clair.
Il peut être étonnant pour le visiteur du XXIe siècle de voir une statue posséder un vestiaire de manteaux. Les évangiles ne nous donnent que peu d’indications sur Marie. Les circonstances de la naissance de Jésus nous laissent tout de même imaginer un milieu plutôt modeste. Ces manteaux nous disent bien sûr quelque chose de la Vierge Marie, couronnée reine des Cieux. Mais, ils nous parlent surtout de l’amour des enfants pour leur Mère.
Au XXe siècle, la chapelle est restaurée par le groupe Saint-Luc. Alexandre Cingria crée des vitraux, Marcel Feuillat des ouvrages d’orfèvrerie et Marguerite Naville un manteau en broderie de laine pour la statue. La collaboration des artistes permet un travail d’harmonisation de l’ensemble du lieu. Le retable du dix-huitième siècle est restauré.
Aujourd’hui, le sanctuaire est un bien culturel suisse d’importance nationale.
Lors de la Pentecôte, les disciples reçoivent l’Esprit sous la forme de « langues de feu » (Actes 2, 3).
Par Pierre Guillemin | Photo : DR
La chaleur, dans son sens physique, a toujours eu une dimension symbolique importante et notamment dans le christianisme. Lors de la Pentecôte, par exemple, les disciples reçoivent l’Esprit sous la forme de « langues de feu » (Actes 2, 3). Ainsi, la chaleur est associée à des notions de purification, de souffrance, de lumière divine et de transformation spirituelle contribuant à notre confort matériel et spirituel.
D’un point de vue scientifique, la diffusion de la chaleur est un phénomène physique fondamental présent dans de nombreux processus naturels et technologiques. La chaleur se diffuse principalement de trois manières : par conduction, convection et rayonnement. Chacun de ces mécanismes joue un rôle distinct en fonction du milieu et des conditions environnementales.
La conduction est le transfert de chaleur par contact direct entre les molécules ou les atomes d’un matériau. Lorsque la température d’une partie d’un objet ou d’une substance augmente, les particules de cette région vibrent plus rapidement et transmettent leur énergie cinétique à celles qui les entourent. Par exemple, dans un métal, les électrons libres facilitent la conduction thermique, ce qui fait des métaux de bons conducteurs de chaleur.
La convection est un processus qui implique le mouvement de matière dans un fluide (liquide ou gaz). Lorsque le fluide est chauffé, sa densité diminue, ce qui le fait monter, tandis que le fluide plus froid descend pour le remplacer. Ce mouvement créé des courants de convection dont les vitesses dépendent de la différence de température, des propriétés thermiques du fluide et de la configuration géométrique du système. Dans l’atmosphère, la convection est responsable des phénomènes météorologiques tels que la formation de nuages et des courants océaniques.
Le rayonnement thermique, enfin, est un mode de transfert d’énergie par onde électromagnétique. Contrairement à la conduction et à la convection, le rayonnement ne nécessite pas de support matériel et peut se propager dans le vide. Tous les systèmes physiques qui nous entourent émettent des radiations, principalement sous forme d’infrarouges. C’est ainsi que le Soleil chauffe la Terre, en envoyant des rayonnements à travers le vide spatial.
L’étude de la diffusion de la chaleur est cruciale pour améliorer l’efficacité énergétique et mieux gérer les ressources thermiques des systèmes qui nous entourent.
« Lorsque nous avons des invités à la maison, nous la rendons accueillante. Nous faisons de même avec l’église », souligne Odette Garin. Comme tous les vendredis matin, les fleuristes sont à l’œuvre à la paroisse Saint-Joseph de Genève. Odette et ses deux collègues, Pauline et Marie, ornent l’église pour les célébrations du week-end.
Textes et photos par Véronique Benz
La foi d’Odette Garin est très incarnée. « J’ai grandi dans une famille simple avec un grand frère et une grande sœur. Mon papa était charpentier et ma maman mère au foyer. Mon papa, d’origine fribourgeoise, avait une foi très concrète, une foi de terrien. » Odette a vécu son enfance dans une paroisse très dynamique. Elle se souvient notamment des colonies de vacances et du catéchisme.
Odette Garin a travaillé avec des enfants souffrant de psychose, puis avec des familles d’accueil multiculturelles. « J’ai retrouvé dans cette activité la dimension familiale de mon enfance avec des partages simples. » C’est à cette période qu’Odette Garin ressent le besoin de se resituer dans sa foi. Elle participe à une semaine de jeûne qui a lieu à la paroisse Saint-Joseph. « C’est grâce à Mme Chatelain, aujourd’hui décédée, que je suis entrée au cœur de la paroisse. » Elle rencontre ainsi des bénévoles et commence à s’engager dans le groupe des fleuristes.
Etre responsable des fleurs est, pour Odette, une manière d’accompagner la liturgie, mais c’est aussi un sujet de méditation. Pour les fleuristes, l’église est une seconde maison. Elles ont à cœur de la rendre belle et propre. « Nous prenons le temps de nous asseoir, de regarder, de discuter, de réaliser des projets. En dehors des célébrations, pendant que nous sommes à l’œuvre, il y a parfois des personnes qui dorment sur les bancs, d’autres qui viennent s’abriter. »
Odette souligne les moments de joie simple : ouvrir l’église, allumer les lumières. La fleuriste responsable s’émerveille devant le soutien des paroissiens. « Une dame donnait chaque semaine deux bouquets de roses à Marie. Nous recevons beaucoup de fleurs, souvent elles sont déposées anonymement près d’un oratoire. Comme fleuristes officielles, notre travail est de les mettre en valeur et d’en prendre soin. C’est une véritable collaboration ! »
Elle relève que l’engagement est très diversifié et qu’elle peut compter sur le soutien de professionnels. Odette constate que tout le monde a son avis sur les fleurs. « Il y a parfois des critiques. Il y a aussi des déprédations, des gens qui se servent de fleurs ou qui les cassent. Ma foi m’aide à être créative et à accueillir la critique et les encouragements. »
Depuis la retraite, Odette est également membre du Conseil pastoral. « Cet engagement enrichit mon travail au sein de l’équipe florale. » Odette Garin souligne qu’elle se met au service de la paroisse Saint-Joseph avec beaucoup de joie. « Nous avons de très bonnes relations, avec le sacristain et le curé. Nous sommes en confiance. C’est très créatif et porteur. »
Un souvenir marquant de votre enfance Les vacances en Valais. Mon papa nous transmettait l’amour de la nature. Ma maman nous lisait des livres et m’a communiqué sa passion pour la lecture.
Vos moments préférés de la journée J’aime un peu tous les moments de la journée. J’essaie de cultiver les beaux moments. J’apprécie particulièrement la marche dans la nature.
Votre principal trait de caractère Ma capacité de pouvoir m’émerveiller des petites choses de la vie.
Votre fleur préférée Ma fleur préférée est celle qui sent bon au moment où je la prends. Chaque fleur a un parfum différent. J’apprécie chaque fleur pour son odeur particulière.
Une personne qui vous inspire Il y a des rencontres qui vous réveillent et qui sont des jalons sur votre chemin. Des personnes ordinaires que vous ne connaissez pas forcément, mais qui vous bousculent dans le quotidien.
Un texte biblique qui vous anime J’aime beaucoup l’Evangile de la Visitation, la rencontre de Marie et d’Elisabeth. Je trouve que ce texte est un concentré de vie et d’espérance.
Odette Garin
• Est née et a grandi à Carouge, elle habite aux Eaux-Vives à Genève depuis 30 ans.
• Après la maturité, elle étudie à l’école sociale à Lausanne.
• Carrière d’éducatrice : pendant plus de 10 ans elle travaille dans un centre pédago-thérapeutique avec des enfants souffrant de psychose. Elle travaille ensuite avec des familles d’accueil multiculturelles et finalement dans une crèche jusqu’à sa retraite en 2020.
L’église Saint-Joseph à Genève.Composition florale.L’autel de l’église.La nef de l’église.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Comme la voix des océans Rémi-Michel – Marin-Lamellet
Le frère Rémi-Michel nous propose la sobriété et la délicatesse pour entrer en amitié avec Dieu : il suffit de penser, regarder, écouter, croire, vouloir et tomber. Six verbes de l’Ecriture sainte. Six verbes élémentaires pour s’approcher de Dieu. Oui, il est toujours possible, dans l’écoute et la simplicité, de Le rejoindre et de se laisser rejoindre par Lui. Sa voix était comme la voix des océans, dit l’Apocalypse. Dieu parle et son verbe revêt bien des formes inattendues pour toucher le cœur des hommes. Un livre de profonde spiritualité qui murmure à l’oreille comme un coquillage marin.
Maman voudrait que je croie en Dieu Adrien Candiard
Dur d’avoir 15 ans. Guillaume en veut aux adultes. A sa mère qui l’a forcé à partir tout le week-end en retraite de confirmation dans un couvent de sœurs loin de tout, et qui veut toujours décider pour lui. Mais c’est encore avec Dieu que Guillaume a le plus de problèmes. Croire en lui ? Mais pourquoi ? Comment ? D’ailleurs existe-t-il ? Avec l’acuité spirituelle qu’on lui connaît et le talent de romancier qu’on lui découvre ici, Adrien Candiard nous fait plonger dans l’univers de la jeunesse, de sa quête intransigeante de vérité et de liberté. Un livre pour tous les âges car il est toujours temps de retrouver la flamme de l’adolescence.
« Si toute la littérature chrétienne regorge d’écrits de religieuses qui ont narré comment elles trouvaient Dieu au cloître, même en ramassant une épingle, il est bien moins souvent raconté comment on le rencontre en mettant des enfants au monde, en les élevant et les chérissant. » C’est le défi que relève Bénédicte Delelis dans ce texte personnel, émouvant et drôle. Elle propose aux mamans de reconnaître ce qui se joue profondément dans leur maternité, même aux instants les plus banals : une expérience de Dieu, une école particulière de foi, d’espérance et d’amour.
L’épopée de la Sainte Tunique du Christ Ducoudray – Guillebon
La Sainte Tunique du Christ est dans l’Evangile selon saint Jean (19, 23-24) ! : « Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » » Conservée par les disciples du Christ, cette relique de la Passion arrive à Constantinople, puis à Argenteuil en l’an 800. Depuis, elle a traversé l’histoire de France. Une véritable épopée historique, religieuse et archéologique que nous raconte cette BD.
Le wokisme désigne le fait d’être conscient des questions de justice sociale, raciale et environnementale et de les dénoncer.
On serait donc tenté de voir dans le wokisme une prolongation de la foi chrétienne qui appelle à l’amour du prochain sans distinction. Pourtant, des divergences sont bien présentes : les thèmes du genre, du mariage, de l’avortement, des traditions et donc du dogme et des règles qui régissent la vie chrétienne, de la justice et de la place de la rédemption et du pardon, et l’universalité de la foi chrétienne face aux luttes de pouvoir de minorités sont des éléments forts d’opposition entre christianisme et wokisme.
Surtout, la foi chrétienne nous invite à dire « oui » plutôt qu’à dire « non », elle nous pousse à ouvrir les bras plutôt qu’à les refermer. Ainsi, c’est certainement là la grande divergence, la tendance systématique qui caractérise le wokisme dans sa quête de justice finit par fermer les portes du dialogue nécessaire à l’amour de son prochain.
N’oublions pas que la foi chrétienne n’est pas aveugle à l’injustice. Grégoire de Nysse (335-395) déclarait : « Si Dieu n’asservit pas ce qui est libre, qui peut établir au-dessus de Dieu sa propre domination ? »
Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : DR
Chère Lectrice, cher Lecteur,
Lors de la table ronde de la Session diocésaine du 14 février dernier, sur le thème « Osons le changement », l’intervention de la Pasteure Laurence Bohnenblust-Pidoux a retenu toute mon attention. Elle nous a présenté le processus visant la transition de 86 à 25 paroisses, d’ici à 2029, de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud.
Ancrant son propos dans « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28), elle a rappelé que proclamer l’Evangile dans le temps présent est l’ADN des réformés. Pourtant, la Pasteure constate trop souvent un confort dans un entre-soi, de groupes de la même classe sociale, bien souvent « bourgeoise-moyenne sympathique ». Ainsi, un ancrage dans le réel est nécessaire (cf. Bonhoeffer) avec des points d’attention pour guider le changement :
1. Pleurer : faire des deuils, notamment d’une église qui n’a jamais existé. Oser dire : on ne le fait plus, non pas parce que ce n’est pas important, mais parce qu’on met les forces ailleurs.
2. Ecouter : on est très forts à penser savoir ce que souhaite l’autre. L’important est d’entendre les raisons de celle/celui qui ne vient pas, et la parole de celle/celui qui vient.
3. Prier-discerner : les uns avec les autres et avec Dieu, identifier les défis à retenir. On ne peut pas être partout, ni se complaire dans la posture « je ne peux rien faire ».
4. Essayer : ne pas attendre que tout soit parfait, pensé dans les moindres détails, pour y aller. Oser échouer pour réussir. Selon la méthode de la recherche-action : poser quelques éléments, puis « bonifier », corriger, améliorer, cheminer ensemble.
5. Se réjouir : de ce qui existe et des actions posées, de toutes les étapes, car « les étapes, c’est la vie ! » Regarder positivement : dire ce qui plaît dans l’idée de l’autre, plutôt que détecter les défauts.
Le projet présenté favorisera des Ecclésioles, en agrandissant des communautés d’une part, et en permettant de diversifier les communautés d’autre part, notamment par centre d’intérêt (Bible, Gospel, famille, etc.). La société est plurielle, nos propositions doivent l’être également. Il y a déjà eu des explorations ; il s’agit de revenir auprès de celles et ceux qui sont restés en arrière, afin d’avancer ensemble. Dans l’idée de ne pas recréer un entre-soi, les Ecclésioles se réuniraient au sein d’une paroisse favorisant les liens. Ces propos devraient nous intéresser, nous qui sommes aussi en changement, comme l’a rappelé notre évêque, Mgr Charles Morerod.
Dans une volonté d’ouverture et de rencontre, à l’opposé de l’entre-soi, réjouissons-nous ce mois-ci tout particulièrement de la Nuit des Eglises ce 23 mai (voir programme avec le QR-CODE ci-dessous): plus de 50 événements sont proposés dans les églises et temples du canton, une nouveauté pour Genève ! Nous avons hâte de vous rencontrer à cette occasion, et pourquoi pas avec vos amis et voisins ?
Woke, voilà un terme en vogue ! Utilisé à toutes les sauces, on ne parvient toutefois pas si bien à le définir, si ce n’est qu’il a une connotation plutôt péjorative. A bien y regarder, il ressemble étrangement à un puritanisme… sans théologie.
Par Myriam Bettens | Photos : AdobeStock, Unsplash, DR
Force est de constater que si ce mot n’est pas celui de l’année, il est au moins celui de ces dernières années. Le terme woke désigne en anglais le fait d’être éveillé, conscient et en alerte face aux inégalités. Plus que toute autre occurrence issue du vocabulaire identitaire, ce terme décrit bien les affrontements politiques et culturels entre une gauche « progressiste » et une droite « conservatrice ». Outre l’aspect politique patent que ce terme revêt, les détracteurs de la « culture woke » – à la fois pour dénoncer et mettre en garde contre son importation sous nos cieux – ont tendance à recourir au lexique religieux dans leur critique. De la simple comparaison jusqu’à, parfois, l’assimilation.
La paresse intellectuellecomme vertu
L’utilisation de l’analogie religieuse comme outil d’analyse de faits sociaux dans le registre des sciences humaines et sociales n’est pas nouvelle. Déjà en 1941, le philosophe et sociologue français Raymond Aron proposait l’expression de « religion séculière »1. Mais on peut se demander si, ici, l’analogie religieuse est propre à nous aider à saisir le phénomène du wokisme en lui-même. Or, dans un essai sur les limites de l’analogie religieuse2, la sociologue française Nathalie Heinich pointait le risque d’un tel procédé, qui, « par un effet d’aspiration, tire vers « le religieux » tout ce qui, de près ou de loin, y ressemble, sans que ne soit jamais discutée la pertinence d’une telle assimilation ».
Pour reprendre ses termes, « l’effet d’aspiration » produit une certaine paresse intellectuelle. Dans ce cas précis, le wokisme n’est plus analysé pour lui-même, mais uniquement par le prisme du religieux. Cette comparaison induit aussi un transfert des attributs de la religion – renvoyant l’image d’un christianisme dans sa version la plus fondamentaliste – au mouvement woke. L’intolérance, le refus du dialogue, le fanatisme ou encore le dogmatisme deviennent alors des qualificatifs de la culture woke. En outre, cette analogie a pour conséquence d’inciter à penser qu’il existe une unité, une vision, voire un programme au sein du wokisme, alors qu’il demeure tout au plus un mouvement.
Dans sa diversité, le wokisme demeure tout au plus un mouvement.
Une rhétorique de saturation
Ce qui devrait rester un outil au service d’une démonstration en devient la fin et « le problème avec l’analogie religieuse n’est pas qu’elle soit fausse, mais bien qu’elle ne soit jamais fausse »3. Les caractéristiques apparentées au religieux de la culture woke – moins pour comparer que pour dénoncer – et son assimilation à une nouvelle religion sont toujours opérées sur le mode de l’évidence. L’exemple le plus emblématique se trouve dans La religion woke 4 de Jean-François Braunstein. Les militants « prêchent », leurs actions sont « des rites » et ils sont conduits par un ensemble de « textes sacrés » regroupés en « missels ». C’est ce procédé rhétorique de saturation du texte au moyen du lexique religieux qui finit par conférer à la culture woke sa dimension religieuse ! Par contre, aucune trace du pourquoi le wokisme serait une religion. Le Mystère se trouve peut-être là…
Il est vrai que la sémantique invite à franchir le pas par son appellation même. Le terme woke [ndlr. éveillé] évoque les vagues de Réveil religieux qui ont marqué toute l’histoire des Etats-Unis depuis le XVIIIe siècle. Si l’éveil peut être une caractéristique de la religion, celle-ci n’en a pas l’exclusivité. Rappelons le philosophe Kant se félicitant d’avoir été « réveillé de son sommeil dogmatique » par son homologue écossais Hume, ou encore les thèses conspirationnistes reprenant à leur compte la thématique de l’éveil. Si un rapprochement semble tout à fait légitime, une assimilation ne l’est en revanche pas.
La couverture du numéro de mai 2019 du magazine Valeurs actuelles, assimilant les revendications féministes à une « inquisition ».
Une « quasi-religion » civile
Dans une longue analyse5 réalisée pour l’Institut Religioscope de Fribourg, l’historien Olivier Moos avance qu’« un certain nombre d’auteurs ont utilisé le modèle du Great Awakening [ndlr. Grand Réveil] pour analyser le phénomène woke à la manière d’un surgissement culturel et révolutionnaire, comme l’émergence d’une nouvelle « religion civile », ou encore la manifestation d’un post-protestantisme débarrassé de sa théologie ». Il souligne que « le wokisme fonctionne à la manière d’un système de croyances, mais n’est pas pour autant une religion. […] Une partie des idées et des attitudes adoptées par les militances progressistes reproduisent des croyances et des comportements que l’on observe plus couramment dans certains groupes religieux fondamentalistes ».
Il cite l’obsession de la pureté et du péché, la certitude de jouir d’une infaillibilité morale, la condamnation de l’hérésie ou encore l’autorité indiscutable des écritures. Le wokisme, tout comme les systèmes religieux, offre à ses adeptes un système interprétatif de la société, avec ses normes, ses valeurs et ses dogmes. « Ayant émergé dans un univers culturel profondément influencé par le protestantisme, il n’est pas surprenant que de nombreuses valeurs et pratiques woke puissent reproduire, inconsciemment, des éléments de cet héritage. Cependant, les intellectuels de cette mouvance revendiquent de produire du savoir et de l’expertise, et non du spirituel. » En d’autres termes, il manque au wokisme sa dimension proprement métaphysique.
Eveil et crépuscule
Le chercheur fribourgeois reconnaît que « tant les comportements des activismes qu’une partie du corpus de la Social Justice prêtent aisément le flanc à une analogie religieuse » en transférant la sensibilité morale du protestantisme dans le champ politique « alors que le cadrage métaphysique s’est étiolé ». Cela a « entraîné non seulement une moralisation de la politique, mais aussi une érosion de la frontière entre cette dernière et le religieux ». Il déplore l’absence de « garde-fous théologiques » dans ce mouvement. A l’image d’un « corpus théologique, qui se serait construit à travers des siècles d’affinage et de conciles, procurant ainsi un cadre normatif à des notions de justice, de péché ou de rédemption. Ces idées, libérées de leur cadre et réintroduites dans une religiosité révolutionnaire, risquent l’emballement ». Le Royaume des Cieux ne demeurerait alors plus que l’ambition d’établir en ce monde une société parfaitement égalitaire, « quels qu’en soient les coûts ».
1 Raymond Aron, L’avenir des religions séculières, in Raymond Aron, Une histoire du XXe siècle. Une anthologie, Paris, Plon, 1996. 2 Nathalie Heinich, Des limites de l’analogie religieuse, Archives de sciences sociales des religions, n° 158, 2012, pp. 157-177. 3 Eric Maigret, Du mythe au culte… ou de Charybde en Scylla ? Le problème de l’importation des concepts religieux dans l’étude des publics des médias, in Philippe Le Guern (dir.), Les cultes médiatiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, pp. 97-110. 4 Jean-François Braunstein, La religion woke, Paris, Grasset, 2022. 5 Olivier Moos, The Great Awokening : réveil militant, justice sociale et religion, sur www.religion.info/2020/12/31/great-awokening-reveil-militant-justice-sociale-et-religion
Le militantisme en faveur de la justice sociale était historiquement porté par les communautés religieuses avant d’être recyclé par le giron politique.
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