La Bible en fête

La foi tragique n’est pas une obligation, ni même une option. Pourtant, à voir certains chrétiens, la joie ne semble pas aller de soi, alors que la Bible appelle constamment à la fête. Sylvain Detoc (op.) expose comment se réconcilier avec la vertu de fête.

Pour le dominicain, la fête est l’expression de la joie à travers tous nos appareils de rites.

Par Myriam Bettens | Photos : M. Bettens, DR

La fête ne devrait-elle pas être une option pour le chrétien ?
Je l’ai souligné d’entrée de jeu, c’est même un commandement ! Vu le nombre de fois où la Bible nous invite à célébrer Dieu à travers la fête et à accueillir dans la réjouissance la vie avec Lui, cela démontre que ce n’est pas une proposition accessoire que l’on peut ressortir selon notre humeur. La festivité est vraiment dans le flux de la Révélation et elle court des premières aux dernières pages de la Bible. La caisse de résonance existentielle de cette réalité se trouve pour le chrétien dans la liturgie.

Pourtant, les passages invitant à la fête sont souvent sur le mode impératif. Est-ce à dire que l’humain n’est pas « programmé » pour ça ?
Cela donne en tout cas le sentiment que cette festivité risque de ne pas être spontanée, qu’il va falloir fournir un effort. Ce constat est inattendu, même un peu paradoxal pour nous. S’il y a quelque chose de spontané, c’est bien la fête ? Eh bien, non ! On peut la comparer au commandement de l’amour, car au-delà des sentiments et des impressions immédiates, le vrai amour suppose que nous l’alimentions, le mettions en mouvement. La fête c’est pareil, à un moment donné, on doit y mettre du sien et entrer dans cette dynamique.

D’ailleurs, dans l’anthropologie divine, la fête structure l’espace et le temps des hommes. Celle-ci a donc bien une fonction primordiale…
Il y a de toute évidence un élément structurant de la société, avec des temps de retenue et d’autres qui correspondent à la manifestation de quelque chose qui déborde. Prenez les noces de Cana, les exégètes estiment que Jésus aurait produit six cents litres de vin ! Une quantité complètement démesurée par rapport aux besoins. La fête, dans la Bible, n’est pas teintée de retenue, mais l’expression de l’amour exorbitant, hyperbolique de Dieu. Malheureusement, la théologie, surtout latine, est encore très marquée par l’ombre portée de la doctrine de saint Augustin ou plutôt ce qu’on en a fait, c’est-à-dire l’augustinisme : en ne relevant trop souvent que les accents pessimistes d’une nature humaine blessée par le péché et l’impossibilité que beaucoup soient sauvés.

Les chrétiens ont bien du mal à entrer dans ce commandement biblique et lui préfèrent trop souvent une foi tragique…
Le sujet qui fâche ! (rires). Effectivement, il y a comme une toile de fond tragique dans le christianisme. On peut invoquer plusieurs facteurs. Il y a des verrous culturels, auxquels je ne crois pas trop et d’autres psychologiques. Mais le verrou principal me semble être théologique, en étant persuadés qu’il faut purifier la foi des scories qui n’appartiennent pas à la Révélation biblique. Or, la toile de fond de cette Révélation n’est pas tragique. Au contraire, elle nous parle de la bonté de Dieu, de cet amour absolu et éternel, qui appelle à exister. C’est extrêmement intéressant, car cela signifie que les créatures ont été produites par cet amour. Elles n’en sont donc pas le stimulus puisqu’elles n’existaient pas ! C’est plutôt l’amour de Dieu qui a fait surgir cette existence.

Comment se réconcilie-t-on avec la vraie fête, celle à laquelle Dieu nous invite ?
La fête est l’expression de la joie à travers tous nos appareils de rites et d’usages locaux. L’Evangile appelle à un dépassement de la fête naturelle vers une festivité surnaturelle, mais ce « débordement » ne peut avoir lieu que quand l’homme blessé par le péché se découvre aimé de Dieu et pardonné. Il y a là un haut lieu évangélique de la fête.

Bio express

Sylvain Detoc est né à Rennes, en 1979. Il a effectué un doctorat en littérature et quatre années d’enseignement à la Sorbonne. Il est entré chez les dominicains en 2008, puis a été ordonné prêtre à Toulouse en 2015. Il étudie et enseigne la patristique à l’Université catholique de Lyon durant deux ans (2018-2020) avant de revenir à Toulouse pour terminer sa thèse de théologie (2022). Sylvain Detoc enseigne la doctrine des Pères de l’Eglise à l’Institut catholique de Toulouse et à l’Angelicum, à Rome. Il est l’auteur de La gloire des bons à rien et Déjà brillent les lumières de la fête. 

Calice et crucifix de Jean-Pierre Coutaz

La croix, la montagne et le calice selon Jean-Pierre Coutaz.

Par Amandine Beffa | Photos : Jean-Claude Gadmer, DR

L’exposition Entre terre et ciel, organisée à l’abbaye de Saint-Maurice, est l’occasion de (re)découvrir une partie de l’œuvre de Jean-Pierre Coutaz 1.

L’artiste valaisan a participé à la décoration de plusieurs églises en Suisse romande, faisant appel à des techniques variées. Son travail s’inspire profondément de sa région.

Le cloître de l’abbaye propose un cheminement entre terre et ciel, à travers la thématique de la montagne. Le trésor, quant à lui, accueille trois œuvres religieuses : un calice, une station de chemin de croix et un Christ. Les trois objets sont à la fois très contemporains et très ancrés dans le terroir. 

Il est dit de Jean-Pierre Coutaz qu’il « puise son inspiration dans des vignes désaffectées dont les pieds noueux et tordus de douleur expriment, on ne peut plus naturellement, les souffrances endurées par le Christ dans sa montée au Calvaire ». 

Arrêtons-nous en particulier sur le Christ. Ce qui frappe dès le départ, c’est l’absence de croix. Le Christ n’est pas en croix, il est croix. 

Il n’a pas de visage, son corps est tordu, il a de très grands bras. La collaboration entre l’artiste et la nature donne un résultat très brut. 

Un des chants du Serviteur souffrant résonne dans nos oreilles à la contemplation de cette œuvre : « De même que les foules ont été horrifiées à son sujet – à ce point détruite, son apparence n’était plus celle d’un homme […]. Devant Lui, celui-là végétait comme un rejeton, comme une racine sortant d’une terre aride ; il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. »

Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l’on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement. 

En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées […] et dans ses plaies se trouvait notre guérison. » 2

1 Entre terre et ciel, abbaye de Saint-Maurice, jusqu’au 2 novembre.
2 Es 52, 14-53, 5, traduction œcuménique de la Bible.


La vitesse de la lumière

Par Pierre Guillemin | Photo : Unsplash

La lumière occupe une place centrale dans les Ecritures, Ancien et Nouveau Testament réunis. Dans l’Evangile de Jean (8, 12), Jésus nous parle de cette lumière : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Pourtant, si la lumière du Christ éclaire notre vie spirituelle, la lumière de notre univers physique a des propriétés bien spécifiques. En particulier, sa vitesse est connue, finie. A travers les siècles, de nombreux savants se sont penchés sur l’étude et la détermination de la vitesse de la lumière : le savant arabe Alhazen (965-1039) est le premier à avoir l’intuition d’une vitesse finie de la lumière, suivent Galilée (1564-1639), Cassini (1625-1712), Romer (1644-1710), Bradley (1693-1762), Fizeau (1819-1896), Cornu (1841-1902) et ce n’est qu’en 1983 que la communauté scientifique s’accorde sur la valeur de c = 299 792 458 m/s.

Mais si cette vitesse est finie et surtout constante dans le vide, pouvons-nous aller plus vite que la lumière ?

Non, pas dans le vide, selon Einstein : selon sa théorie de la relativité, tout objet de masse au repos m se déplaçant à une vitesse v acquiert de la masse de telle façon que l’énergie de l’objet est égale à

ce qui revient à écrire que plus l’on se rapproche de la vitesse de la lumière plus l’énergie nécessaire pour y arriver devient infinie donc impossible à atteindre.

Oui dans un milieu non vide. En 1958, le physicien russe Pavel Cerenkov décroche le prix Nobel pour la découverte d’un phénomène auquel on a donné son nom. L’effet Cerenkov se produit lorsqu’une particule se déplace plus vite que la lumière dans un milieu non vide. Ainsi, comme un avion franchissant le mur du son émet un bruit caractéristique, une particule qui dépasse la vitesse de la lumière émet une lumière intense et bleutée, c’est le rayonnement Cerenkov.

Si la lumière nous attire et nous fascine, elle reste un phénomène physique extraordinaire qui nous oblige à regarder notre univers avec humilité. Le chemin de la connaissance de notre univers est long et difficile, mais surtout pas impossible : l’Homme ayant été créé à l’image de Dieu (Genèse 1 : 27), ne doutons pas que son intelligence, sa conscience, son pouvoir créatif et surtout sa capacité à aimer seront les éléments indispensables le conduisant à toujours mieux comprendre le Monde.

Apporter sa pierre à l’édifice

Depuis près de vingt ans, Immaculée Habiyambere est active dans l’unité pastorale de La Seymaz à Genève. D’origine rwandaise, elle est arrivée en Suisse en 1992. Naturalisée Suisse, elle avoue avoir trouvé sa place au sein de la communauté paroissiale.

Par Véronique Benz | Photos : V. Benz, Pixabay, DR

Son regard est doux, son sourire avenant. Lorsque j’interviewe Immaculée Habiyambere, j’ai l’impression, comme de nombreuses personnes œuvrant dans l’ombre, qu’elle a plus l’habitude d’écouter que de parler. « Mon engagement principal au service de l’Eglise est l’accompagnement des enfants dans la catéchèse. Etre enseignante auprès des adolescents m’a facilité la tâche », reconnaît-elle. « J’ai pu ainsi mieux gérer les différents groupes d’enfants dont les comportements changent d’une année à l’autre. » A côté de la catéchèse, Immaculée a encore divers « petits engagements ». Elle anime le groupe de prière saint Padre Pio qui se réunit une fois par mois. Elle chante à la chorale de sa paroisse et assure souvent le service d’accueil pour les célébrations dominicales.

Ses divers engagements procurent beaucoup de joie à Immaculée. « Durant les rencontres mensuelles de catéchèse, j’aime écouter les jeunes et partager avec eux leurs émerveillements et questionnements autour d’un récit biblique. Le service d’accueil me plaît également beaucoup. Nous échangeons un sourire, nous donnons des renseignements et parfois nous apportons quelques mots de consolation. Notre groupe de prière est une occasion de mieux se connaître, de se soutenir et de se recueillir, mais c’est surtout une opportunité de prier ensemble pour diverses intentions. » Immaculée relève que, durant ces temps de prière, elle vit des moments riches et ressourçants. Cependant, elle trouve qu’il manque de structures permettant d’aller plus loin dans l’accompagnement, notamment lors d’une solitude avouée ou d’une visite de personne endeuillée. Immaculée estime que des pistes font défaut dans l’accueil de nouveaux paroissiens ou dans l’aide matérielle ponctuelle au sein de l’Eglise. « Il y a quelques années, nous avions mis un panier au fond de l’église avec des biens de consommation non périssables pour les personnes dans le besoin. Malheureusement, nous avons dû arrêter, car nous avons eu quelques soucis, les gens venaient avec des voitures et prenaient les biens pour les vendre », remarque-t-elle avec regret.

A travers son engagement, Immaculée se sent nourrie spirituellement. « Pour moi, c’est comme une prière en action. Je crois que j’ai le devoir d’apporter ma petite pierre à l’édifice, de soutenir ma paroisse aux côtés des responsables de l’Eglise. Nous sommes tous amenés à fournir quelque chose pour la construction de la communauté et de l’Eglise. »

Un souvenir marquant de votre enfance
Au Rwanda, le passage de mon école primaire au cycle fut une étape inoubliable, car je suis entrée à l’internat tenu par des sœurs franciscaines belges. En plus d’un excellent enseignement de base riche en langues et en sciences, elles m’ont éduquée moralement et spirituellement.

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
Mon moment préféré de la journée est le réveil. Je remercie le Seigneur pour cette nuit et je lui confie la journée qui vient. Le moment de la semaine où je me sens comblée est le dimanche lors de la communion.

Votre principal trait de caractère
Le silence, l’écoute et la bienveillance.

Votre livre préféré
« La petite voix : méditations quotidiennes » d’Eileen Caddy, m’accompagne tous les jours. 

Une personne qui vous inspire
Mère Teresa. Une citation qu’elle a dite me parle particulièrement : « Fais en sorte que chacun soit plus heureux après t’avoir rencontré. » Cette phrase est écrite chez moi dans les toilettes des invités. J’essaie de la mettre en pratique tous les jours.

Votre prière préférée 
J’aime prier le « Notre Père ». 

Son parcours

• D’origine rwandaise, lmmaculée Habiyambere Mukashema est arrivée en Suisse en 1992. Elle est naturalisée. 

• Enseignante de formation, elle a enseigné auprès des adolescents durant 21 ans. Elle est aujourd’hui à la retraite.

• Elle est mariée à Vincent depuis 42 ans. 

• Maman de trois fils (adultes), elle est grand-maman de trois merveilleux petits-enfants.

• Paroissienne catholique bénévole dans les paroisses de Chêne et Thonex (unité pastorale de La Seymaz).

En librairie – juillet-août 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Il posa son regard sur lui et l’aima
Bendo

Bendo nous guide sur un parcours spirituel illustré de ses dessins, jour après jour. Laissez-vous toucher par la tendresse de Dieu révélée par des psaumes, des évangiles. Plus qu’un simple guide, ce cahier est un compagnon de route qui vous permettra de cultiver la tendresse de Dieu au cœur de votre quotidien et de vivre pleinement un temps de retraite spirituelle. Une invitation à entrer dans le silence, écouter la voix de l’Esprit et découvrir la douceur infinie de l’amour divin.

Editions Nouvelle Cité

Acheter pour 23.80 CHF

Soyez toujours joyeux et riez sans cesse
Joseph Challier 

Disciple de Jésus-Christ et de Louis de Funès, Joseph Challier a méticuleusement récolté les petites histoires, bons mots et blagues du monde catholique. Son critère ? Pas seulement rire pour faire rire, mais surtout pour faire grandir. Aussi nous présente-t-il des anecdotes spirituelles dans tous les sens du terme et pleines d’humanité : jeux de mots des saints, bourdes de paroisses, vaticaneries, fioretti de missions… des plaisanteries originales émaillées de réflexions non moins drolatiques de l’auteur.

Editions Emmanuel

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Humour au Vatican
Gilles Jeanguenin

Si l’on connaît le fameux proverbe « sérieux comme un Pape », bien des pontifes se sont employés à le démentir au cours de leur vie. Célèbres pour leur sens de l’humour, la plupart d’entre eux ont gouverné l’Eglise avec habileté, intelligence et zèle, selon les connaissances et mœurs de leur temps. Car au-delà de la drôlerie d’un bon mot ou d’une situation, l’humour n’est-il pas un rappel à l’humilité, aux limites de notre humanité ? D’où la bonne idée du père Gilles Jeanguenin de rassembler, dans ce florilège humoristique couvrant plusieurs siècles de papauté, quelques anecdotes étonnantes émaillées de situations cocasses et de savoureuses reparties. 

Editions Salvator

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En arrivant au Paradis
Richard de Seze

Une religieuse de la Drôme et un intellectuel parisien agnostique meurent. L’une arrive au Paradis, l’autre au Purgatoire. Devant eux se dévoile la grande bureaucratie céleste : la réception des prières et leur traitement, la fabrique des saints et le repos des anges gardiens, les archives des fautes à réparer… Et leurs interrogations se bousculent : quelle est la taille du Paradis ? Ressemble-t-il à la campagne française ? Comment coule le temps au Purgatoire et comment y accomplit-on sa pénitence ? Et surtout, comment venir à bout de toutes les prières promises mais jamais récitées dont le Ciel est notre créancier ? Richard de Seze fait naître ici un merveilleux chrétien empreint d’humour et proche de nous sans jamais faire abstraction des vraies questions. Un conte plein de tendresse qui rend l’au-delà familier.

Editions du Cerf

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Pour commander

Peut-on rire de tout?

La polémique née autour des brandons pose à son tour la question : peut-on rire de tout ?

Par Véronique Benz
Photo : brandonspayern.ch

Lors de la fête des brandons de Payerne, il est de tradition de taguer des messages satiriques sur les vitrines des commerces. Cette année, les inscriptions des barbouilleurs ont suscité la polémique. Certaines ont été jugées racistes et antisémites. 

Cette polémique autour des brandons fait écho à plusieurs autres survenues ces dernières années dont la plus grave était l’attaque de Charlie Hebdo. Indépendamment de la forme qu’elle peut prendre (vitrine, char, journal, etc.) la satire est-elle encore possible dans notre société actuelle ? Peut-on vraiment rire de tout ?

Au vu des réactions de nos contemporains, je constate que nous ne pouvons pas rire de tout. Il y a clairement des sujets tabous sur lesquels les humoristes n’ont pas le droit de s’exprimer ! Pourtant, depuis des siècles, l’humour et la satire permettent de mettre en lumière les vices et le ridicule de son temps. Les gens sont-ils devenus plus sensibles ? Ont-ils perdu leur sens critique et leur sens de l’humour ? N’arrivent-ils plus à prendre du recul et à rire simplement ? 

Comme le disait Joseph Folliet, prêtre du Prado, dans ses Petites béatitudes : « Bienheureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes : ils n’ont pas fini de s’amuser. »

Jésus a-t-il ri?

A part le rire d’Abraham et de Sara, on ne trouve pas grand-chose, dans la Bible, relatif à ce que Rabelais appelle « le propre de l’homme ». Dans le Nouveau Testament, les références sont encore plus rares. Ce qui amène à cette question : Jésus a-t-il ri ?

Par Calixte Dubosson | Photos : Adobestock, DR

« Le rire est le propre de l’homme », cette citation de Rabelais démontre bien que l’humour et le rire font partie de la nature humaine. Pourtant en lisant les Ecritures, on constate le peu de références à ce qui fait le quotidien de l’homme. Il est bon toutefois de mentionner le passage de la Genèse avec Abraham et Sara.

Le rire d’Abraham et de Sara

Un jour Abraham reçut la visite de trois mystérieux personnages qui lui apparurent au Chêne de Mamré. Ces trois hommes annoncèrent que l’an prochain, Abraham aura un fils. Or Sara, sa femme et lui-même étaient fort avancés en âge. Sara ne participait pas au dialogue et se tenait à l’écart dans sa tente. Quand elle entendit cette promesse, elle se mit à rire. « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore enfanter ? Et mon maître qui est si vieux ! » (Gn 18, 12) Elle nia avoir ri alors que l’un des hommes lui avait dit : « Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? » (Gn 18, 14) Peu de versets auparavant, Abraham fait la même constatation : « Abraham se jeta face contre terre et il rit : il se dit en lui-même : « Un enfant naîtra-t-il à un homme de 100 ans ? Et Sara avec ses 90 ans pourrait-elle enfanter ? » » Le Seigneur tint sa promesse et Isaac vint au monde. Au passage, Isaac veut dire : « Celui qui rit. »

Les différentes sortes de rire

Avant d’aller plus loin, il est important de distinguer les diverses formes de rire. Dans le cas d’Abraham et de Sara, c’est un rire moqueur. Sara et Abraham interprètent l’annonce d’une descendance comme une farce et c’est pourquoi ils s’en moquent. Ce rire montre que cela était impossible humainement, mais Dieu leur donnera tort car ce qui est impossible pour l’homme est possible pour Dieu. L’humour dans nos sociétés modernes est très courant et il est souvent irrespectueux des personnes. On s’en prend souvent aux hommes et femmes politiques. L’humour d’Anne Roumanoff et de l’émission « C’est Canteloup », vont dans ce sens et bien d’autres que je ne cite pas ici. Personnellement, je pense que l’humour de notre Emil Steinberger ferait rire le bon Dieu car il ne s’attaque pas aux individus, mais à nos travers.

Il y a bien sûr de multiples formes de rire : le rire sarcastique, le rire jaune… et j’en passe. Je m’arrêterai en parlant du rire nerveux qui est une accumulation de tension émotionnelle qui se relâche pour partir en fou rire. Il s’agit ici d’un type de rire incontrôlé qui fait du bien parce qu’il est spontané. C’est cela le bon rire, tonique, amical et même moral. Les vrais comiques sont des gens qui aiment les autres. Avec eux, rire fait du bien. Chez eux, humour et humilité se tiennent la main ; ils ont la même racine : l’humus de notre commune condition humaine. Auprès d’eux, on apprend non pas la rigolade, mais la joie. On rira peut-être moins, de ce rire qui finalement retombe et nous laisse avec nos tristesses non guéries. Mais on sourira davantage ; le sourire, c’est la joie qui demeure ; il habite le cœur avant d’illuminer le visage

Jésus, le Dieu qui riait

Quand j’évoque l’humanité du Christ, certains me demandent, sur un ton pince-sans-rire, pourquoi l’incarnation aurait-elle fait fi du propre de l’homme, à savoir le rire. Si Dieu le Père est resté impassible, son Fils, Jésus, lui, n’aurait-il pas vécu ces bons moments de vie d’où fusent les éclats de rire ? Dans les Ecritures, le rire de Jésus s’impose par son absence. Nous lisons bien que Jésus a pleuré, mais nous ignorons s’il a ri. On lui reproche d’être un bon vivant mangeant avec les publicains et les pécheurs. Didier Decoin, dont j’emprunte le titre, a écrit un livre savoureux où il nous donne une histoire joyeuse du Christ. Il cite différents passages de la vie du Christ et montre que Jésus a plusieurs fois semé la joie sur sa route. J’en mentionnerai deux.

Le Christ se verra reprocher d’être un bon vivant.

Les noces de Cana

Toute personne un peu cultivée sait ce qui s’est passé à Cana en Galilée. En préparant des mariages, je constate que la jeune génération ne connaît pas forcément ce texte qui est pourtant fondamental quand il s’agit du mariage chrétien. Jésus a donc changé l’eau en vin alors que les convives en avaient déjà passablement consommé. Il l’a fait pour obéir à sa mère Marie. Quand le majordome trouve ce vin délicieux, tous les regards se tournent vers Marie qui, « entre deux éclats de rire, ne peut que balbutier : excusez-moi, mais c’est plus fort que moi !… Et tandis que les serviteurs remplissent les coupes, tout le monde se met à rire avec Marie. Et Jésus rit aussi. » (Didier Decoin, p. 44)

Zachée

L’épisode de Zachée est on ne peut plus comique. Imaginez ce collecteur d’impôts, haï de tous, de petite taille, qui s’agrippe et se cache dans un sycomore pour voir la vedette de l’époque, un certain Jésus. Mais le Seigneur qui a l’habitude de contempler la nature a levé les yeux pour, peut-être, regarder les oiseaux mais c’est un homme qu’il découvre. Jésus l’invite à descendre et s’invite chez lui. On peut imaginer les rires de la foule quand elle voit Zachée descendre de son arbre. Rires certainement moqueurs et revanchards. Tel n’est pas celui du Seigneur qui, maintenant, partage la table de Zachée : « Alors, il regarde la table du festin. C’est très bon tout ce que Zachée a préparé pour lui. Et Jésus a faim. C’est la joie qui donne faim. Il mange et rit de bon cœur. Comme chaque fois qu’il ouvre à quelqu’un les portes du Ciel. » (Didier Decoin, p. 112)

L’épisode de Zachée est on ne peut plus comique.

L’humour des Evangiles

Dans les Evangiles, Jésus ne manque pas d’humour. Nous venons de l’illustrer. Il lui en faut, d’ailleurs, devant la lourdeur des disciples, qui pensent au boulanger lorsque Jésus parle du levain des pharisiens ou qui, après deux multiplications des pains, craignent encore de mourir de faim ! J’aime penser au sourire de Jésus. On le voit dans l’Evangile partager nos joies, partager le babillage des petits enfants que les apôtres, trop sérieux, veulent chasser ; les repas amicaux, même et surtout chez les pécheurs (Zachée) ; l’émerveillement devant les lys des champs, les couchers de soleil, la semence qui devient un arbre… Et aussi la joie liturgique des assemblées à la synagogue ; des pèlerinages au Temple ; de la « première messe », tellement désirée, le soir du Jeudi saint.

Et encore la joie de l’évangélisation : il tressaillit de joie par l’Esprit Saint et se mit à louer le Père, qui se fait connaître aux plus petits. La joie la plus profonde du Père et du Fils, c’est de s’aimer si totalement : en Lui j’ai mis tout mon amour. Dans son humanité sainte, Jésus a éprouvé et rayonné cette joie divine, plus haute que toute autre, et qui veut devenir notre propre joie : « Je parle ainsi en ce monde pour qu’ils aient en eux ma joie plénière. » (Mt 16, 5-12)

Conclusion

Jésus a-t-il ri ? Les Ecritures ne le mentionnent pas. Nous dirons donc que le rire est tellement naturel à l’homme que les auteurs du Nouveau Testament n’ont pas jugé bon de relever le rire du Seigneur mais ils ont montré que partout où Jésus a passé, il a semé la joie et le bonheur. N’est-ce pas là une preuve de plus de son humanité ?

Une série à voir !

Je ne peux que vous recommander le visionnement de The Chosen (en français, L’Elu ou Les Elus) qui est une série télévisée américaine retraçant la vie de Jésus-Christ sous un angle très humain. On le voit rire, danser, semant la joie et le bonheur autour de lui. C’est la parfaite actualisation du livre de Didier Decoin que j’ai cité. Cela nous change du Christ de Zeffireli qui soulignait l’aspect un peu trop solennel et rigide de la personne du Seigneur.

Un glouton rieur? (Matthieu 11, 16-19)

Le Christ a sans doute souri lors des fêtes et ne s’est jamais abstenu de manger avec toutes les catégories de la population (ici une œuvre de Veronese).

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Les évangiles présentent Jésus comme versant des larmes devant le tombeau de son ami Lazare (Jean 11, 35) et même pleurant du sang lors de son agonie au Jardin des Oliviers (Luc 22, 44). Par contre, ils ne le montrent pas formellement en train de rire. Cela signifie-t-il que le Maître de Nazareth soit toujours demeuré grave et sérieux ?

En réalité, le Christ de Matthieu reproche à sa génération de ne pas danser quand il l’invite à la fête et de traiter l’ascète Jean-Baptiste de « possédé » lorsque ce dernier les exhorte. Le Rabbi assume la figure de gamins qui, sur les places des villages, partagent les sentiments de leurs contemporains, autant dans l’allégresse que dans la tristesse (Matthieu 11, 16-19a). Car le Fils de Dieu prend sur lui pleinement notre humanité, dans ses joies les plus vives comme dans ses peines les plus aiguës. Si bien qu’il est même accusé de se comporter en glouton et en ivrogne. Sans doute a-t-il dû sourire lors de ces fêtes. Et a-t-il rejoint de bon cœur la liesse des publicains et des pécheurs avec lesquels les chefs des prêtres et les pharisiens lui reprochent de prendre le repas.

Non seulement il a traversé nos tentations au désert, comme le rude Précurseur, mais il ne s’est pas retenu de manger avec toutes les catégories de la population. Etre chrétien, c’est donc bien s’affliger avec celles et ceux dont l’âme est affligée et se réjouir avec ceux et celles qui rient (Romains 12, 15). Aucun sentiment humain ne doit nous être étranger, sauf ceux qui détruisent et font du mal.

Vivre la joie de l’Evangile (Evangelii gaudium), c’est revêtir l’empathie du souverain pontife venu de l’hémisphère Sud et celle de son successeur Léon XIV, éclater de rire avec les Argentins, se recueillir avec les Birmans, prier pour la paix avec les Ukrainiens, les Palestiniens et les Israéliens, exprimer notre désarroi avec l’ensemble des catholiques et des croyants de la planète. C’est nous sentir proches des pauvres et des vulnérables, des laissés-pour-compte et des rejetés, des riches et des désorientés.

Car les œuvres de la sagesse divine manifestent la justice de l’Esprit dans toutes les « avances » qu’il fait à son peuple, dans ses invitations à la conversion comme à la réjouissance (11, 19b).

Les Papes rient!

Par Thierry Schelling | Photos : DR

Si l’éclairage de cet été se demande si Jésus a ri, les Papes, eux, ont ri ! Maintes images montrent un Jean-Paul II hilare devant les pitreries de gens du cirque accueillis au Vatican en 1991 (une vidéo sur YouTube en témoigne !). Rire implique aussi avoir le sens de l’humour. De manière crescendo, dès Jean XXIII, les pontifes ont osé le trait ironique, le clin d’œil humoristique, la photo drôle et même les blagues…

François

Celui qui, peut-être, s’est le plus « lâché » en la matière, c’est bien Papa Bergoglio. Qui l’a rencontré rapporte souvent une anecdote ; qui regarde le défilé des VIP qui viennent le saluer après l’audience du mercredi remarque que souvent, le Pape parle, l’hôte écoute et tous deux finissent par rire aux éclats.

D’ailleurs, il a confié aimer redire la prière de saint Thomas More : « Seigneur, donne-moi le sens de l’humour », répète-t-il quotidiennement. A une journaliste espagnole, il dit même : « L’humour apaise, te fait voir les choses provisoires de la vie et prendre les choses dans un esprit de rédemption. »

En décembre 2024, pour le New York Times, il a même écrit un essai sur l’humour et ses bienfaits. Il y déclare notamment : « L’ironie est un remède, non seulement pour élever et illuminer les autres, mais aussi pour nous-mêmes, car l’autodérision est un instrument puissant pour vaincre la tentation du narcissisme. »

Crescendo

I fioretti di Giovanni XXIII collectionnent les bons mots de Papa Roncalli. Une première pour un pontife : laisser publier ses traits d’humour. Comme pasteur universel, il ne craignait pas pour son aura… Le nouveau Pontife Léon semble aller tout droit dans la même direction : sourire large et yeux plissés de compréhensive tendresse pour son interlocuteur : une belle continuité avec ses prédécesseurs.

Les vocations au cœur de la pastorale

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Nicolas Glasson, vicaire épiscopal pour la culture de l’appel, les vocations et la formation des séminaristes du diocèse de LGF, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Nicolas Glasson | Photos : DR, CRV

Il y a longtemps qu’on pleure le manque de vocations presbytérales et religieuses dans nos diocèses mais aujourd’hui les effectifs des Séminaires de notre pays sont au plus bas. C’est inquiétant. On le sait, la chute des vocations est la résultante de multiples paramètres : les temps changent et il est illusoire de penser rattraper le passé. 

Et pourtant nous ne pouvons pas en rester là : après tout, il y a encore des chrétiens convaincus qui s’efforcent d’orienter leur existence selon leur foi ; il y a aussi tout un monde à qui annoncer l’Evangile : ne plus être la religion de presque tous devrait donner à l’évangélisation une liberté renouvelée. Peu de temps avant son élection au pontificat le cardinal Robert Francis Prevost affirmait : « Il a des milliers et des milliers de jeunes qui cherchent une forme d’expérience qui les aide à vivre leur foi. Et je pense que cela doit être prioritaire. Notre priorité ne peut pas être de chercher des vocations. Notre priorité doit être de vivre l’Evangile. Je pense parfois que si nous cherchions comment mieux vivre notre foi et si nous apprenions à inviter et inclure les autres dans la vie de l’Eglise, spécialement les jeunes, il y aurait des vocations de manière continue. » Les paroles du futur Pape sont un examen de conscience pour celles et ceux d’entre nous qui assument un ministère pastoral. Nous sommes bien souvent tentés par ce que le pape François appelait la pastorale de guichet et d’entretien, nous savons proposer des « espaces » de rencontres et de partages : est-ce suffisant ? Dans les évangiles le Christ prêche – et il a quelque chose à dire ! – , il apprend à prier à ceux qui le lui demandent – et c’est concret !  –, dans sa compassion il voit la réalité telle qu’elle est et s’implique dans l’existence de ses contemporains. Le livre des Actes des Apôtres raconte comment ses disciples ont prolongé cette mission rédemptrice. Bref, quand la foi change concrètement la vie elle suscite des vocations.

Jeux, jeunes et humour – juillet-août 2025

Mot de la Bible

Dormir comme un bienheureux

Cette expression signifie dormir longtemps et paisiblement. Les esprits bienheureux ou les âmes bienheureuses sont ceux qui jouissent de la béatitude éternelle, ceux qui sont « plongés » en Dieu et partagent sa félicité. Une telle personne, à l’abri de toute inquiétude matérielle ou morale, est assurée de pouvoir dormir d’un sommeil paisible, qui ne soit troublé par aucun souci particulier.

Par Véronique Benz

Humour

Il y a 60 ans, un touriste de passage dans un village de montagne remarque un vieux monsieur qui fait son jardin. La conversation s’engage et le touriste finit par lui demander son âge :

– J’ai 94 ans et j’ai encore mon père. Il est en train de couper du bois derrière la maison.

N’en croyant pas ses yeux, il va chez l’ancêtre qui lui confirme qu’il a dépassé les 120 ans. Incrédule, il descend chez M. le curé pour lui demander si les deux hommes ne lui ont pas fait une farce :

– Non, c’est la vérité, affirma le vieux curé, c’est même moi qui les ai baptisés tous les deux !

Par Calixte Dubosson

Vitrail de saint Nicolas de Flüe, Alexandre Cingria, Basilique Notre-Dame de Lausanne

Dans la partie centrale du vitrail, le saint est entouré d’hommes aux atours médiévaux.

Par Amandine Beffa | Photo: Jean-Claude Gadmer

Le vitrail réalisé par Alexandre Cingria, pour ce qui était alors l’église Notre-Dame de l’Assomption, est composé de sept parties. Il présente des aspects de la vie de saint Nicolas de Flüe.

Avant son appel, Nicolas était marié et père de famille. Cette première partie de sa vie est symbolisée par la zone située en bas à gauche de la rose. La ferme représentée dans les tons rouges évoque la maison familiale du saint. Comme en réponse, en bas à droite, se trouve la chapelle de l’ermitage. Il n’est pas anecdotique que Cingria ait choisi de faire figurer ces deux lieux, Flüe et le Ranft. En effet, ces deux maisons font partie d’une même mission confiée par Dieu à Nicolas.

Dans la partie centrale du vitrail, le saint est entouré d’hommes aux atours médiévaux. Le personnage à droite, coiffé d’un chapeau à la plume imposante, semble prêt à dégainer son épée. Nicolas se tient les mains élevées, comme pour appeler au calme ou pour prier. L’épisode rappelle la Diète de Stans en 1481. Intervenant par courrier, le saint avait alors permis d’éviter une guerre entre les confédérés.

Les parties en haut à gauche et en haut à droite évoquent des scènes contemporaines à la période de création de l’œuvre. Le vitrail date de 1941. Cingria a représenté des militaires ainsi que la population, tous en prière, tournés vers Nicolas de Flüe. Dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, tous se tournent vers le saint pour qu’il intercède pour la paix. 

Tout en haut du vitrail, le Christ est représenté en gloire, couronné. Une épée et un casque médiéval (à droite) ainsi qu’un crâne et un fusil sont représentés. 

Tout en bas, la dépouille de Nicolas est déposée dans une châsse. Juste au-dessous est inscrit en latin : « ALTARE NICOLA DE FLU PATRIAE PATRIS », autel du Bienheureux Nicolas de Flüe, patron de la patrie (il n’a été canonisé qu’en 1947). Le saint est aujourd’hui patron principal de la Suisse.

Nikola Tesla (1856-1943)

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

A la fin du XIXe siècle, l’électricité était considérée comme un « jus occulte » qui « coulait comme par magie ». Ses utilisations restaient très limitées et seules de très grandes bobines étaient utilisées à l’époque pour produire du courant continu alimenté par des batteries.

Trois scientifiques se distinguent alors dans leurs recherches autour du phénomène électrique. Thomas Edison, Guglielmo Marconi et Nikola Tesla. Ce dernier, bien que n’ayant pas achevé ses études d’ingénieur (ce qui lui vaudra de nombreuses critiques de la part de la communauté scientifique), se distingue par ses intuitions géniales (qui conduiront au dépôt de plus de 300 brevets) comme la mise en œuvre du courant alternatif ou la transmission sans fil.

Elevé dans la religion chrétienne orthodoxe, Nikola Tesla attribue ses idées géniales à la puissance de l’Esprit. Il dit : « Le don de force mentale vient de Dieu, de l’Etre divin, et lorsque nous accordons notre esprit à cette vérité, nous sommes en harmonie avec cette Grande Puissance. Ma mère m’a appris à chercher toute la vérité dans la Bible. » Gravement atteint par le choléra dans son enfance, il déclare : « Je suis convaincu que mon sauvetage n’était pas un hasard, mais l’œuvre d’une puissance divine. L’effort d’un inventeur est essentiellement salvateur. Qu’il rassemble des forces, améliore des appareils ou crée de nouvelles commodités, cela contribue à la sécurité de notre existence. »

Ainsi, l’œuvre de Nikola Tesla s’inscrit dans une longue quête de la compréhension de l’énergie de l’univers qu’il attribue aux phénomènes électriques et électromagnétiques. Il fonctionne suivant ses intuitions générant critiques, rejets, jalousie jusqu’à le décrire de savant fou. Les critiques ne sont pas toujours infondées : Nikola Tesla n’était pas d’accord avec la démarche scientifique consistant à représenter les expériences scientifiques et les théories associées par des modèles mathématiques. Nikola Tesla, bien qu’il appréciât sincèrement son travail, n’était pas convaincu par la théorie de la relativité d’Einstein. Pourtant, ce même Einstein dira de lui, en réponse à la question qui lui était posée : « Qu’est-ce que ça fait d’être l’homme le plus intelligent de la planète ? », « Je ne sais pas.
Il faut le demander à Nikola Tesla ! »

Nikola Tesla est un mystique scientifique cherchant les moyens de comprendre l’Univers et la Création par la maîtrise de l’énergie. Son œuvre, incroyablement féconde, fait écho à Maurice Zundel déclarant : « Des techniques raffinées, aux mains de savants de premier ordre, ouvrirent la voie aux plus étonnantes découvertes et firent germer les hypothèses les plus imprévues. »

La communication et l’événementiel dans l’Eglise

« Il faut faire l’expérience de Dieu. Certaines personnes la font en allant à la messe, tandis que d’autres ont besoin d’un événement, d’une adoration ou d’un pèlerinage. C’est pour cela que je me mets au service de l’Eglise », souligne Yves Crettaz, créateur de l’Agence Imani.

Par Véronique Benz | Photos : DR

Assis à une table, son sac à dos et sa casquette à côté de lui sur le banc, Yves Crettaz est décontracté. Il sirote un thé tout en parlant à bâtons rompus de l’Eglise et de la communication. 

Le jeune homme de 30 ans aime le sport, mais surtout l’Eglise. « Je m’intéresse à tout ce qui touche à l’avenir de l’Eglise dans la société actuelle : la jeunesse, les nouvelles technologies et l’événementiel », avoue Yves Crettaz. Après avoir fait plusieurs expériences comme journaliste notamment dans le milieu de l’Eglise (RTS religion, KTO et les messes à Canal 9), il accomplit son stage de journaliste RP à Rhône FM.

« J’ai aimé mon travail de journaliste, mais ce que j’apprécie le plus c’est la communication en général, les réseaux sociaux, l’événementiel et le marketing. Je suis un peu touche-à-tout », reconnaît Yves. Estimant que la communication et l’événementiel fait parfois défaut dans l’Eglise, Yves Crettaz quitte son job et fonde l’Agence Imani. « Il y a beaucoup de belles choses qui se font, il y a le public cible, mais il manque parfois un organisateur au milieu qui fait le lien entre les deux. » Un des buts de l’agence Imani est de faire le lien entre les activités et le public. « C’est élaborer des événements, proposer quelque chose en ligne sur les réseaux, faire un flyer, etc. »

Imani signifie « foi » en swahili, langue africaine. « J’ai choisi ce nom pour mon agence, car la foi en Afrique est extrêmement vivante, dynamique et joyeuse. » Le jeune entrepreneur constate qu’il y a énormément d’événements en Eglise et qu’il faut les communiquer. « Dans l’Eglise nous avons le plus beau des produits, le Christ, mais nous ne savons pas toujours le vendre. »

Pour Yves Crettaz les plus grands défis sont les difficultés de relations humaines qu’il y a au sein de l’Eglise. « Dans certaines paroisses il y a beaucoup de conflits de ressources humaines. Parfois nous pensons plus à critiquer le prêtre, l’agent pastoral ou la grand-maman qui chante de manière décalée plutôt que d’accueillir la joie de l’Evangile. »

Cependant, Yves Crettaz croit en l’avenir des paroisses et de l’Eglise. « Il y a un énorme potentiel de développement et un large retour à la spiritualité », relève-t-il. Il soutient que l’Eglise catholique doit être présente pour réagir à ces demandes. « L’Eglise a des réponses, mais il faut les rendre audibles. » 

Yves Crettaz a participé à trois JMJ. « Les JMJ à Madrid ont sans doute été pour moi un événement déclencheur. J’y ai découvert l’importance de la communication, du rassemblement et de la joie ! Mon engagement donne du sens à mon travail et à ma foi ! » 

L’Agence Imani

Basée en Valais, Imani est destinée aux paroisses et organisations catholiques de Suisse romande. Elle est spécialisée dans le domaine de la communication, de l’événementiel et de l’innovation.
Plus d’infos sur agenceimani.ch
Instagram : instagram.com/agence.imani

Un souvenir marquant de votre enfance
Les temps de prière avec papa et maman le soir. Mes parents nous ont éduqués dans la foi catholique tout en nous laissant libres. 

Votre moment préféré de la journée
Le soir lorsque je rentre à la maison, que je retrouve mon épouse et que nous nous racontons nos journées autour du souper.

Votre principal trait de caractère
Je suis quelqu’un d’entreprenant. Je n’ai pas peur. Lorsque j’ai décidé de quitter mon boulot pour lancer mon entreprise, je n’ai pas réfléchi longtemps. Je me suis dit vas-y lance-toi !

Votre livre préféré
Je ne suis pas un grand lecteur. En ce moment un livre me passionne : « l’Eglise a besoin de créatifs », d’Amarù Cazenave.

Une personne qui vous inspire
Mon évêque, Mgr Lovey. J’ai eu l’occasion de le côtoyer et j’ai découvert une bonne et sainte personne. Il porte la charge du diocèse et recherche la vérité dans tout ce qu’il fait.

Une citation biblique qui vous anime
Le thème des JMJ 2013 à Rio de Janeiro : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples.  C’est un peu le leitmotiv d’Imani.

Yves Crettaz

• Yves est né en 1995. Il est originaire du Val d’Anniviers.

• Il fait une école de commerce, puis travaille aux service marketing & communication du Nouvelliste. 

• Il suit une formation de journaliste à Rhône FM et devient journaliste RP.

• En 2024, il lance l’Agence Imani, spécialisée en événementiel et en communication.

• Marié, il vit à Bramois.

En librairie – juin 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Célibataires, votre vie a un sens
Collectif

Il existe aujourd’hui une diversité de situations de vie. Nous assistons à la disparition des grands modèles de vie, doublée d’une fragilité des êtres humains qui cherchent des images réussies dans la société de consommation. Cette diversité de situations est l’enjeu d’une véritable conversion pastorale et théologique : la tradition chrétienne peut en ce sens montrer des chemins de vie aux célibataires. Chacun peut attendre de l’Eglise et de la communauté chrétienne une aide pour découvrir son charisme unique. Ce livre profite de l’expérience de laïques et de religieux pour mieux comprendre comment le charisme particulier du célibat, consacré ou non, peut être source de fruit pour l’Eglise.

Editions Saint Paul

Acheter pour 28.30 CHF

Célibataire ? Pas pour toujours !
Marie-Liesse Malbrancke

Nous évoluons dans une société où le célibat est de plus en plus présent : il en devient même un marché alléchant ! Pourtant, nombreux sont les célibataires qui souffrent de cette situation, ne sachant plus comment avancer pour enfin rencontrer une personne avec laquelle vivre une belle relation. Dans ce livre, Marie-Liesse Malbrancke indique un chemin hors des sentiers généralement explorés. S’adressant aux célibataires et à leurs proches, elle donne de nombreuses clés, associées à des exemples vécus aussi bien personnellement que dans ses accompagnements. Ce livre met vraiment en mouvement les célibataires qui souhaitent une vie amoureuse épanouie.

Editions Salvator

Acheter pour 26.70 CHF

Des amitiés pour l’éternité
Will Conquer – Mathilde Montovert

L’amitié est une des plus belles expressions de l’amour de Dieu pour nous sur Terre. Jésus lui-même et de nombreux saints ont vécu des relations d’amitié fortes et profondes, ancrées dans la foi. Mais à l’heure où les relations virtuelles ont pris le dessus sur les relations humaines, où la séduction est devenue un incontournable pour exister, où les références à la sexualité et l’érotisation viennent remplir notre quotidien, est-il encore possible de construire de véritables relations d’amitié, appelées à durer et jusque dans l’éternité ? Les auteurs viennent apporter une réponse à cette question au travers de 15 célèbres duos d’amitiés de l’Eglise, mixtes, féminins et masculins.

Editions Première Partie

Acheter pour 26.70 CHF

Les premiers chrétiens
Delalande – Riccadonna

Un soir de foudre et de ténèbres, le Christ s’éteint. Trois jours plus tard, Marie Madeleine découvre le tombeau vide. Aussitôt, la Bonne Nouvelle se répand, on murmure : « Il est ressuscité ! » Jésus apparaît sur la route d’Emmaüs. La rumeur enfle, le message se diffuse. Cette BD raconte comment, concrètement, s’est organisée la communauté des premiers chrétiens. Très vite, les fidèles de Jésus ont été lapidés, persécutés, pourchassés. Comment, malgré ces premières persécutions, les chrétiens ont-ils peu à peu façonné leur Eglise et commencé à évangéliser sur toutes les routes, à travers l’Orient et tout l’Empire romain ? La BD y répond.

Editions Plein Vent

Acheter pour 24.70 CHF

Pour commander

Caeli beatus (Heureux comme au ciel)

Par Calixte Dubosson
Photo : Unsplash

Lors d’une émission à la radio, j’avais entendu un prêtre, qui venait de quitter le sacerdoce, donner la racine du célibat qui provient du latin caeli beatus qui se traduit par : « Heureux comme au ciel. » Lui qui venait de prendre femme regrettait-il son choix ou voulait-il souligner que le célibat serait mieux que le mariage ? Toujours est-il que chaque situation que nous vivons apporte son lot de satisfactions et d’inconvénients.

Pour un célibataire, la vie peut devenir pesante à la retraite en raison d’une solitude laborieuse due à la raréfaction des relations professionnelles. L’absence d’enfants et de petits-enfants à chérir peut aussi créer un manque et un vide regrettables. 

On connaît pourtant des situations où le célibat a été choisi par charité, pour prendre soin d’un membre de la famille devenu malade chronique. Cela mérite toute notre admiration.

Pour les consacrés, le célibat vécu seul ou en communauté peut être une source de joie et d’épanouissement. Certains veulent abolir la loi du célibat pour les prêtres. C’est un grand débat dans lequel je ne veux pas entrer. Mon point de vue se trouve dans l’affirmation de Jésus en Mt 19, 12 : « Il y en a qui ne se marient pas en vue du royaume des Cieux. Comprenne qui pourra comprendre ! »

Sous les pavés… la vie!

Fruit de l’impulsion donnée par le jubilé du cinquantenaire de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT). Le livre Changer de regards. Balises Œcuméniques, d’Anne Deshusses-Raemy, propose de fixer son regard sur la vie qui demeure, malgré les pierres d’achoppement au dialogue œcuménique. Entretien.

Par Myriam Bettens | Photos : Mathias Deshusses

« Arrêtons de nous dire : C’est fichu ! », lance d’emblée Anne Deshusses-Raemy lorsqu’on aborde avec elle les motivations qui l’ont poussée à l’écriture du livre : Changer de regards. Balises Œcuméniques (Ed. Saint-Augustin et Ouvertures). L’ouvrage, disponible depuis la mi-mai en librairies est le fruit d’une réflexion menée avec l’équipe enseignante de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT), à l’occasion du jubilé (2023) de l’association. « Nous ne voulions pas nous complaire dans l’autosatisfaction de ce qui avait été fait ces cinquante dernières années ». Malgré « l’élan extraordinaire impulsé par Vatican II, les gens s’essoufflent et pointent l’immobilisme apparent de l’œcuménisme aujourd’hui ». 

Des pistes pour construire ensemble

Car, en effet, des pierres d’achoppement au dialogue œcuménique subsistent « que seules les institutions peuvent résoudre ». Le livre choisit d’en nommer quatre : l’Eucharistie, la question des ministères, la place des femmes et les débats éthiques concernant, entre autres, le début de la vie, la sexualité ou encore le mariage. 

Toutefois, le souhait premier de l’ouvrage n’est pas de faire un état des lieux de l’œcuménisme actuel, mais bien de « donner des balises, afin d’ouvrir des perspectives en vue de continuer à construire ensemble tout en confrontant les points de vue ». Ces pistes de réflexion s’articulent toutes autour de verbes et donc d’actions « réalistes et réalisables ». Anne Deshusses-Raemy parle, notamment, de « dépasser l’idolâtrie, car l’Eglise, le livre Bible et les institutions peuvent devenir des idoles », ou encore de « s’atteler à travailler ensemble sur une vraie anthropologie chrétienne ». 

De la vie à faire fructifier

Pour illustrer son propos, elle désigne la photo de couverture du livre. « On y voit un chemin avec des rails qui conduisent quelque part, les cailloux du ballast de ces voies de chemin de fer et un coquelicot qui pousse là, au milieu de toute cette aridité. Arrêtons de ne regarder que les pierres, mais attardons-nous plutôt sur la vie qui pousse. C’est cette vie-là que nous devons faire fructifier. » Comme un clin d’œil supplémentaire, Anne Deshusses-Raemy cite la Trinité. « Il n’y a pas plus différent que le Père, le Fils et l’Esprit. Pourtant, il n’y a pas plus uni qu’eux ! »

Partir au vent

Dès la rentrée 2025, l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) proposera une nouvelle formule de formation flexible et progressive. L’AOT offrira désormais une formation par modules permettant à chacun de construire son propre parcours de formation, selon ses disponibilités, compétences et centres d’intérêt. Les modalités de formation changent, mais l’ADN de l’AOT demeure ! La formation conservera toujours son caractère œcuménique et la dynamique participative et interactive des sessions est également maintenue. Chacun pourra composer son propre parcours, en déterminer le rythme et la durée. Au menu, du contenu pour découvrir la Bible et son histoire, la théologie, l’œcuménisme ou encore des modules sur les enjeux éthiques ou la sensibilisation au dialogue interreligieux. Des travaux de recherche individuels, notamment dans le cadre des ateliers, permettront aux participants d’affiner un intérêt ou une intuition personnelle. 

Plus d’informations et inscriptions sur aotge.ch

Catholique, célibataire: et alors?

« Il y a des groupes pour fiancés, pour enfants, des ateliers pour aînés, des sessions pour catéchistes et… rien pour nous célibataires catholiques ! » Ce cri du cœur est parvenu aux oreilles du curé et, lors d’une rencontre, tous les deux concoctent une proposition pastorale « pour célibataires catholiques ».

Par Thierry Schelling | Photos : Adobe Stock, Unsplash, DR

Depuis, des rencontres à intervalles réguliers (une tous les trois mois environ) existent, le vendredi soir, dans la salle du sous-sol de Saint-Joseph à Genève (Eaux-Vives). Un temps spirituel ouvre la rencontre, puis le curé laisse les participantes et les participants seuls continuer les échanges, autour d’un apéro.

C’est la formule choisie : un apéro, d’où l’heure – 19h-21h – et le jour, vendredi. Car outre le fait d’être célibataires, les présentes et les présents ont en commun d’être souvent très affairés : travail, business trip, études post-doc… Du coup, l’agenda vite rempli laisse peu de place à la spontanéité ; mais la volonté de se rencontrer semble avoir pris : dès la première rencontre, plus de vingt personnes se pointent et se « tassent » dans le salon curial. Les réseaux sociaux font le reste quant à l’information.

Un moment spi

L’originalité de ces rencontres apéritives est d’être ouvertement… chrétienne. Et œcuménique. Mais pourquoi ?

« Cela permet de se retrouver entre frères et sœurs », raconte une participante, « et donc dans un climat bienveillant. Qui crée de la confiance. » Elle a raison. Protestants et Catholiques trentenaires sont de cette génération de chrétiens assumés : se retrouver entre adhérents de la même religion autour d’un même statut, « célibataire », permet de faciliter les échanges dès les premières fois – car à chaque rencontre, de nouvelles personnes débarquent…

Mais le « moment spi » se veut aussi fédérateur : déposer les semaines actives, les fatigues et les joies passées, pour être là. Se poser et, un peu, se reposer. Et méditer : qui suis-je pour le Seigneur ? Qui est Jésus pour moi dans ma condition actuelle ?

La première fois, ce fut une méditation autour de Jésus, « homme affairé et célibataire » ; la deuxième, « quelques principes ignatiens pour orienter sa vie » ; la troisième et la quatrième, une série de questions adaptées et retravaillées à partir de l’ouvrage d’une théologienne américaine, Alicia Akins, « Le catéchisme du célibataire ».

La formule semble prendre. Pour le plus grand plaisir des coorganisatrices et des participants : « Une moitié revient et l’autre moitié est composée de nouveaux arrivant. » La dernière a eu comme originalité de déplacer les troupes, après le moment spi, dans un bar du quartier. La formule d’une « Eglise en sortie » se réalise également dans ce groupe…

Célibataire, so what ?

En Eglise, il est vrai, l’accent est mis pour les laïcs sur la vie conjugale ; le célibat semble être toujours considéré comme transitoire, c’est-à-dire « en vue du mariage », ou subi, avec le questionnement souvent tacite qui l’entoure. Seul le clergé et les moines obligés d’être célibataires ont leur place en Eglise comme tels, « célibataires consacrés », sauf pour les prêtres des rites orientaux (maronite, byzantin…) qui eux, peuvent se marier 1. Car en Orient, le choix est laissé au séminariste : mariage ou célibat ; pour ce dernier, c’est quasiment toujours la voie du monastère qui est ouverte. Pour ceux qui optent pour le mariage, ils seront curés de communautés.

En Eglise, l’accent est mis pour les laïcs sur la vie conjugale ; le célibat semble être toujours considéré comme transitoire.

L’un des participants racontait comment, en famille, il avait eu l’impression de devoir se justifier de son célibat « à son âge » et ce d’autant plus que… catholique ! Ainsi donc, être laïc, ou laïque, catholique et célibataire semble troubler le paroissien de base.

A chercher de quoi nourrir la réflexion d’un point de vue chrétien, il est vrai qu’on ne tombe (du moins à ma connaissance) sur aucun traité, aucune dissertation, aucune thèse en théologie du célibat assumé par un fidèle catholique lambda ; il n’y a que des références au « célibat consacré », y compris des laïcs, à l’Ordre des Vierges, au presbytérat dans l’Eglise latine, au monachisme.

La reconnaissance ecclésiale et ecclésiologique manque donc ; on peut deviner pourquoi : « Il n’est pas bon pour l’humain de rester seul », affirme Genèse 2, 18. Ou bien : « L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme. » (Gn 2, 24) Ou encore : « Soyez féconds, multipliez-vous ! » (Gn 1, 28)

Mais la solitude dans le Jardin des origines est soulignée par Dieu pour mieux entériner la nécessité, la vocation, à devenir créatures de relations avant tout : avec la flore, la faune et les congénères.

D’où vient ce malaise vis-à-vis d’une ou d’un catholique célibataire trentenaire ? Du sentiment de culpabilité généré par un entourage pressé, de devenir grands-parents ? Un curé de paroisse serait-il enclin de voir « ses » jeunes adultes seuls trouver l’âme sœur dans une société au fort marketing « familial » : abonnements, vacances, voyages, formules ?

Trouver l’âme sœur : une pression sociale ?

Pourtant, l’amitié comme valeur de rapports humains existe, l’amour pour son animal de compagnie existe, les clubs, associations et autres lieux de rencontre sportive, culturelle, cultuelle, ludique ne sont pas là d’abord pour créer des couples mais pour partager ses capacités, ses aptitudes et… le plaisir d’être ensemble 2 !

Nommer, c’est exister

Dans le récit de la Genèse, c’est nommer les créatures qui orchestre et organise le réseau des êtres vivants entre eux. Donner un nom fait exister, constater telle ou telle réalité la rend visible. Est-ce ce qui manque aux célibataires chrétiens au sein de leurs Eglises, être « appelés par leur nom » et ainsi reconnues et reconnus comme tels pour faire partie du tout ? Peut-être.

Rappeler qu’avant tout plan à deux, l’être humain est appelé à être en lien avec toute la création dans un esprit d’amitié, dans l’esprit de l’encyclique Laudato si’ du pape François. Sa vocation, son appel, viennent de Dieu et le baptême permet d’entendre pour chaque concernée et concerné : « Tu es mon enfant bien-aimé ! » Et j’ajouterai : quel que soit ton chemin de vie…

1 Nous en avons quelques-uns dans le Diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg : Ukrainien, Libanais, Roumain.
2 A voir la résistance de certains girons à demeurer uniquement masculins, on pourrait aussi voir une limite de l’entre-soi !

Avant la création d’Eve (ici « Le Paradis terrestre avec la création d’Eve» , par Jan Brueghel le Jeune), la solitude d’Adam est soulignée pour mieux entériner la nécessité de devenir créatures de relations avant tout.

Pour le Royaume (Matthieu 19, 10-12)

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Tout état de vie bénéficie de la grâce du Seigneur : que nous soyons célibataires, en couple ou mariés. Pourvu que cela soit pour le Royaume. Il y a d’ailleurs des diacres permanents (et des prêtres dans les Eglises orientales), mariés ou célibataires, qui restent dans la situation où ils se trouvent au moment de leur ordination. Ainsi, le célibat n’est pas « supérieur » aux yeux de Dieu et de l’Eglise par rapport à l’état matrimonial.

Quand Jésus parle du couple et du divorce, il ajoute des réflexions sur les « eunuques » en distinguant ceux qui sont nés ainsi dès le sein de leur mère (sans pouvoir avoir donc de descendance), ceux qui le sont devenus par l’action de l’homme (comme dans les harems orientaux ou pour garder une voix de falsetto, d’enfant) et ceux qui le choisissent pour signifier le don total d’eux-mêmes dans le célibat consacré au sein de la vie religieuse ou presbytérale (Matthieu 19, 10-12). Ce qui compte donc pour le Christ, c’est de vivre sa situation de vie au mieux, en cherchant à accomplir la volonté du Père et en œuvrant pour la venue de son Règne.

Qu’en est-il dès lors des « célibataires malgré eux(elles) » et des veufs et veuves supportant mal leur solitude ? Faut-il constituer des groupes de partage et de rencontre, y compris en Eglise, pour les aider à trouver l’âme sœur et à (re)constituer un couple ? « Il n’est pas bon que l’homme (ou la femme) soit seul(e) », dit le Créateur, qui ensuite amène à Adam une répondante qui lui correspond, parce qu’elle est « l’os de ses os et la chair de sa chair » et qu’elle s’appelle « la Vivante » (Eve) (Genèse 2, 23).

A part les célibataires heureux(ses) de l’être parce que l’ayant choisi et les consacrés, tous ceux et celles qui « subissent » cet état sont donc invités à tisser des relations et pourquoi pas, à bâtir un amour qui comble leur cœur. Tout est une question alors, évidemment, de discernement : mieux vaut rester seul(e) dans un « cadre supportable » que de vouloir à tout prix se risquer dans un engagement hasardeux et de connaître ensuite une existence pénible, voire une rupture.

Les sites dits « de rencontres » peuvent conduire parfois au bonheur, mais ils sont encombrés de personnes dont l’équilibre affectif et psychique ne leur permet pas de rendre heureux(se) un(e) partenaire. Confiance et prudence donc.

Célibat!

Le pape François bénissant des séminaristes français en décembre 2023 lors d’une audience à Rome.
RIP pape François 1936-2025.

Par Thierry Schelling
Photos : Antoine Mekary / I.Media, DR

On en parle de moins en moins, mais quand on l’évoque, c’est celui des prêtres en priorité : le célibat ! En décembre 2023, s’adressant aux 600 séminaristes français en visite à Rome, François l’avait rappelé : « Personne n’a le droit de changer la nature du sacerdoce et personne ne la changera jamais. » Mieux : « Le célibat est au cœur du sacerdoce, une exigence qui n’est pas d’abord théologique mais mystique. »

Certes. Un phrasé radical : car « sacerdoce » désigne d’abord le don à chaque baptisé d’être « prêtre, prophète et roi » (rituel du baptême) ; les hommes préparés comme préposés au sacrement sont des presbytres, vocation spécifique. Ensuite, est-ce un déni de l’existence de milliers de prêtres mariés dans les rites orientaux catholiques (byzantin, arménien, copte…) ou pire, une considération de Second class pour ces prêtres mariés ? Enfin, quand on appuie sur le clou avec autant de « fin de non-retour », c’est bien qu’on ressent les failles indubitables dans le système. La crise des abus n’a-t-elle pas aussi enseigné la maigreur de la maturité affective de bien des membres du clergé… célibataire ?

Célibat ?

Or, le même François avait parlé de ce célibat des prêtres comme « d’une prescription temporaire » et ce, en mars… 2023 ! Il avait dit réfléchir, dès 2017, à l’optionnalité du célibat pour le clergé, notamment en accueillant les viri probati – réclamés depuis bientôt… 60 ans ! – avant de se rétracter, semble-t-il. Le chantier est-il trop grand ? Après les finances, la Curie et le Synode, réformer cette discipline ecclésiastique pouvait effectivement être un lourd fardeau à accompagner à 88 ans…

Célibataires…

Mais quid de la majorité des célibataires catholiques qui sont des fidèles de paroisse, bénévoles ou même engagés – et qui ne sont pas mariés ? Aucun discours à leur égard ; seuls ne semblent exister que ces célibataires consacrés : laïcs, laïques, religieuses et religieux, moines et moniales… Il serait temps d’en parler, non ?

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