Un prix Nobel pour deux

Mosaïque de Mariam Thresia exposée au musée du premier couvent qu’elle a fondé au Kerala.

Lorsqu’on pense à l’Inde, ses bidonvilles et ses nécessiteux, la figure emblématique de Mère Teresa s’impose à nous. Or, peu d’entre nous connaissent l’autre Thérèse – Mariam Thresia Chiramel Mankidiyan – précurseure de l’œuvre de sa consœur en Christ.

Par Myriam Bettens | Photo : Augustus Binu

Très tôt déjà, elle souhaite se consacrer à la vie d’ermite, mais sa famille s’y oppose. C’est finalement à Puthenchira, dans le district du Kerala qu’un demi-siècle avant sa consœur et lauréate du prix Nobel de la paix, que Mariam Thresia Chiramel Mankidiyan (1876-1926) œuvrera auprès des exclus et à l’éducation des filles. Cette dernière étant pour elle l’exemple même de la théologie de la libération en action… sans slogan.

Rompant avec la coutume de ne sortir de la maison qu’accompagnées d’hommes, Thresia et ses trois compagnes sillonnent les routes et visitent les familles dans le besoin. Une révolution pour un monde autant séculier que religieux, dont les critiques acerbes ne manquent pas de pointer ces « femmes qui descendent dans la rue » !

En 1903, Mariam Thresia demande à son évêque la permission de construire une maison de prière, mais le vicaire apostolique de Trichur lui suggère plutôt d’envisager de rejoindre une congrégation déjà existante. Elle ne ressent la vocation pour aucune d’entre elles, trop contemplatives face à son désir de servir. Finalement, en 1913, le vicaire l’autorise à construire une maison de prière et envoie son secrétaire pour la bénir. L’évêque discerne dans la vocation de Mariam Thresia qu’une nouvelle congrégation religieuse au service de la famille est en gestation. Le 14 mai 1914, il l’érige canoniquement et lui donne le nom de Congrégation de la Sainte Famille.

En moins de douze ans et avec une énergie indomptable, Mariam Thresia fait construire trois nouveaux couvents, deux écoles, deux foyers, une maison d’études et un orphelinat. A sa mort, en juin 1926, sa réputation de sainteté se répand rapidement et sa tombe devient un lieu de pèlerinage. Elle est béatifiée le 9 avril 2000 par Jean-Paul II. Son intercession est invoquée par les familles en situation difficile et par les couples sans enfant de l’Eglise catholique romaine, syro-malabare et syro-malankare.

De l’athéisme à l’amour

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

Charles de Foucauld a souvent été interrogé sur sa vie d’avant. Il y toujours répondu sans détour. Lorsqu’il déclare : « Je demeurai douze ans sans rien nier et sans rien croire, désespérant de la vérité et ne croyant même pas en Dieu… » et « J’étais dans la nuit. Je ne voyais plus Dieu ni les hommes », que nous dit-il ? L’absence de Dieu dans sa vie le rend aveugle à l’autre : nous ne pouvons pas Le rencontrer quand nous nous enfermons dans la seule satisfaction de nos besoins. Nous allons vers Lui quand nous nous tournons vers autrui pour lui dire nos attentes ou pour répondre aux siennes. C’est donc une quête de son amour à laquelle nous sommes invités.

L’absence originale de Dieu de Charles de Foucauld, son athéisme, se transforment lentement en une foi tournée vers l’autre : « Je suis prêt à aller jusqu’au bout du monde… Mon Dieu faites que tous les humains aillent au ciel ! » Vers quoi nous invite-t-il ? Nos actions n’ont de sens que si elles incluent la dimension de l’autre, c’est-à-dire la pleine conscience de l’Amour de Dieu. Pour l’atteindre, point de fioriture nécessaire, la Vérité, Sa Vérité, sont nos seuls guides.

En librairie – juin 2023

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Conversion d’un athée
Cédric Longet

L’arrivée du sacré catholique, suite à une « effusion de l’Esprit Saint » en 2014, entre en conflit ouvert avec toutes les constructions intellectuelles passées de l’auteur, formées par la philosophie et tout spécialement celle de Nietzsche pour qui « Dieu est mort ». Désormais, Dieu le Père existe vraiment, Jésus existe vraiment, la Vierge Marie existe vraiment. Cédric Longet témoigne : « Mon entrée en Jésus est proprement pour moi une authentique révolution copernicienne : je découvre que tout gravite autour du soleil, et que ce soleil est une personne. » Ce livre est le détail de cette conversion.

Editions Les Unpertinents

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Le défi de Jérusalem
Eric-Emmanuel Schmitt

Après La Nuit de feu, où Eric-Emmanuel Schmitt décrivait son expérience mystique dans le désert du Hoggar, il revient aux sources avec ce récit de voyage en Terre sainte, territoire aux mille empreintes. Bethléem, Nazareth, Césarée, lieux intenses et cosmopolites qu’il saisit sur le vif tout en approfondissant son expérience spirituelle, ses interrogations, réflexions, sensations, étonnements jusqu’à la surprise finale, à Jérusalem, d’une rencontre inouïe avec ce qu’il nomme « L’incompréhensible ».

Editions Albin Michel

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Le Dieu de Dostoïevski
Marguerite Souchon

Dans cet ouvrage, Marguerite Souchon dresse une sorte de biographie spirituelle et intellectuelle de Dostoïevski. Elle reprend les évènements marquants de sa vie et montre comment la foi de l’auteur russe est le fruit d’un long et sinueux cheminement. L’auteur plonge aussi le lecteur dans l’œuvre du romancier russe et y décèle les traces de cette quête spirituelle. Dans ce parcours qui va des œuvres les plus connues, comme Les frères Karamazov, aux plus confidentielles comme Les carnets du sous-sol, le lecteur est conduit dans la découverte d’un esprit amoureux du Christ. Cet ouvrage est une porte d’entrée pour découvrir tant Dostoïevski que son œuvre. 

Editions Première Partie

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L’empreinte transfigurée
Brunor

Pour la première fois, une bande dessinée relate les différentes étapes de cette grande enquête à propos du suaire de Turin. Elle révèle 20 énigmes pour l’intelligence qui constituent non pas des preuves, mais autant d’indices qui permettent au lecteur de se faire sa propre idée sur la question. Nous avons la surprise de découvrir les réponses éclairantes apportées par la recherche à d’autres questionnements essentiels où foi et raison sont en dialogue. Ce grand drap de lin n’a pas fini de nous surprendre et cet ouvrage y contribue pleinement.

Brunor Editions

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Athée souhaits

L’existence de Dieu sera-t-elle un jour confirmée par la science ? Qui sait…

Vous aussi, cela vous fait tousser de lire que les athées sont en voie de disparition alors qu’on parle sans arrêt d’une baisse du sentiment religieux? Paradoxalement, cette classe « d’incroyants » est bien en voie d’extinction selon certaines recherches. Faut-il alors créer un biotope protégé pour la préserver?

Par Myriam Bettens | Photos : DR

« La religion est l’opium du peuple. Aujourd’hui, je dirais plutôt la Ritaline des masses », écrit tout de go Thierry Stegmüller lors d’un échange de SMS. Il fait encore partie de ces 4 % de la population suisse se qualifiant d’athées. « Sommes-nous en voie de disparition ? », répond-il en écho, tout en ponctuant sa réponse d’un rire. L’enseignant au Gymnase de Bienne n’y croit pas : « De la part des croyants, nous avons tout de suite une étiquette. Or, cela dépend où est-ce que nous plaçons le curseur. Les gens que je rencontre ne se disent pas athées, mais le sont de fait. »  Une observation que confirme Thierry Dewier, président de l’Association suisse de la Libre Pensée. « Après une semaine au Salon du livre de Genève à discuter avec de nombreux visiteurs, j’ai remarqué que ces personnes se disent par exemple catholiques, mais ne croient à aucun des dogmes du catholicisme. La religion n’est plus qu’une marque culturelle. » Tout comme son homonyme, il soutient que tout est question de définition. « Très peu de gens affirment être persuadés que Dieu n’existe pas. Ils préfèrent dire qu’ils ne savent pas et souvent, ils ne veulent pas non plus savoir. »

Pourcentages d’athées et d’agnostiques dans le monde.

De l’athéisme à l’indifférence

« Il y a aujourd’hui une indifférence du religieux », pointe Christophe Monnot, maître de conférence en sociologie des religions à l’Université de Strasbourg. « On voit actuellement en Europe que lorsqu’une génération se désaffilie [ndlr., quitte officiellement une Eglise], la génération suivante va plus loin en termes de « non-religion ». » Même si la Suisse semble encore relativement préservée, Thierry Dewier souligne que le renouvellement constant des croyances engendrera une mutation de la société et peut-être même des dogmes. « Ce qu’il se passe en Europe constitue probablement l’embryon de ce qu’il va se produire à l’échelle mondiale. » Ce phénomène ne cesse de prendre de l’ampleur selon les derniers chiffres de l’Office de la statistique suisse (OFS) et « la catégorie des « sans-religion » retient de plus en plus l’attention des chercheurs, à la mesure de l’importance que ces personnes occupent dans les statistiques sur les affiliations religieuses », relève Jean-François Mayer, directeur de l’Institut Religioscope. « En Suisse, dans les années septante, on ne recensait que quelques pourcents de non-affiliés. Aujourd’hui, ils représentent un tiers de la population », développe Christophe Monnot.

Chrétiens, vraiment ?

« Il y a maintenant tellement de personnes qui sont dans la non-croyance que les limites de ce que l’on considère comme l’athéisme peuvent se reconfigurer. Les critères employés pour le définir correspondent à une certaine classe de personnes, alors que l’on constate que dans la population, beaucoup en sont malgré tout très proches. » Pour Thierry Dewier, « toute notre société se rattache fortement aux valeurs humanistes, sans pour autant le reconnaitre ». Il va même plus loin : « La population tient peut-être même plus de la libre-pensée qu’elle ne le pense. » Christophe Monnot explique que la compréhension de la religion est devenue beaucoup plus sectorisée. « Ce n’est plus une religion globale et sociale, mais de l’ordre du bien spirituel privé. Il entre dès lors en compétition avec d’autres biens ou propositions. » Le choix est devenu possible. « Avant, la tradition familiale primait en matière de religion. Ce qui relevait auparavant de l’inné ne l’est plus aujourd’hui. » Thierry Stegmüller abonde dans le même sens, il temporise toutefois : « Ce qui finalement me dérange n’est pas la religion, mais ce que les gens font de leur foi. » En effet, la remise en question de l’utilité de la religion dans la société risque de « pousser les Eglises à devenir plus confessantes et donc en marge », argue Christophe Monnot. Il ne faut donc pas tout jeter, car « l’histoire et la dimension sociale des Eglises démontrent qu’elles ne répondent pas qu’en termes de biens spirituels. C’est un ensemble de facteurs favorisant la cohésion sociale ». Néanmoins, le processus d’effacement du religieux déjà bien entamé ne s’effectuera pas sans tensions sociales.

Analphabétisme religieux

« Nous allons inévitablement vers une rupture entre les religieux et les athées, car ces derniers n’ont presque pas d’enfants, alors que les croyants en ont plus. Au niveau mondial, les croyants seront donc beaucoup plus nombreux. Alors que les athées seront en minorité de population, mais constitueront le groupe dominant dans les pays occidentaux. Le clivage entre ces deux pôles ne peut que s’accentuer. » Le problème principal étant l’analphabétisme (a)religieux : « Les athées ne comprendront pas ce que les religieux entendent sur certaines choses et les religieux auront du mal à dialoguer avec les athées parce qu’ils auront l’impression qu’on leur sert des concepts erronés. » Pour reprendre les mots du philosophe allemand Jürgen Habermas, les religieux et les laïcs doivent entrer dans le langage de l’autre pour maintenir un espace public serein.

De Dieu aux « A-dieux »

Etre « sans Dieu » n’est pas nouveau. Cette occurrence retrouvée dans la Lettre aux Ephésiens en atteste.

Pour certains, Il est l’Alpha et l’Oméga. Pour d’autres, cet alpha, ou ce « A » n’est que la particule signifiant la privation, voire plus intimement la négation. Petit lexique pour s’y retrouver dans cet univers où Dieu ne fait pas loi.

Athéisme : doctrine ou attitude fondée sur la négation d’un Dieu personnel et vivant.

Agnosticisme : doctrine ou attitude philosophique qui considère l’absolu inaccessible à l’intelligence humaine.

Ignosticisme : position philosophique qui considère qu’une définition cohérente d’une doctrine théologique doit être posée avant toute discussion sur la nature ou l’existence de ce concept. Le « I » initial provenant du latin ignoro (ignorer, ne pas savoir).

Areligiosité : attitude de celui qui est étranger à toute préoccupation religieuse.

Irréligiosité : attitude de celui qui conteste ou défie la religion. Employé à tort pour qualifier une personne sans religion.

Voltairianisme : scepticisme en matière religieuse, esprit de dérision exercé à l’encontre des Eglises, notamment chrétiennes.

Libre-pensée : revendication de l’autonomie de la conscience humaine contre les règles qui prétendent la limiter.

Humanisme : attitude philosophique qui tient l’homme pour la valeur suprême et revendique pour chaque homme la possibilité d’épanouir librement son humanité, ses facultés proprement humaines.

Naturalisme : doctrine philosophique qui considère la nature comme principe unique, à l’exclusion de toute intervention divine ou idéale.

Déisme : doctrine selon laquelle la raison peut accéder à la connaissance de l’existence de Dieu, mais ne peut déterminer ses attributs.

Une proposition pour fêter le jubilé de la Saint-Bernard

Le 15 juin 2023, la congrégation du Grand-Saint-Bernard ouvrira une année de festivités qui marqueront le centenaire de la proclamation de saint Bernard, patron des alpinistes et des habitants de la montagne. Quoi de mieux qu’une randonnée spirituelle accompagnée. Une manière de découvrir, se ressourcer tout en faisant place pour l’intériorité et la contemplation.

Par Myriam Bettens | Photo : Hospice du Grand-Saint-Bernard

Randonnée de l’Abbaye de Saint-Maurice à l’Hospice du Grand-Saint-Bernard

Un chemin de randonnée certes, mais également un chemin de témoignage entre deux congrégations historiques. Partant de l’Abbaye de Saint-Maurice, les marcheurs emprunteront les sentiers du Tour des Dents du Midi, puis ceux de la vallée du Trient et du Haut Val d’Entremont pour terminer à l’Hospice du Grand-Saint-Bernard. Du lundi 24 au 29 juillet 2023, tarif Fr. 980.–. Renseignements et inscriptions auprès de rando@gsbernard.com

Randonnée en étoile autour de Thônes

Une semaine de randonnée en étoile dans les paysages variés, parfois sauvages et tourmentés de la région de Thônes. Une semaine avec un fort accent culturel sur les traces de Saint-Bernard de Menthon avec la découverte du château du même nom ou de l’abbaye de Tamié. Du lundi 4 au samedi 9 septembre 2023, tarif Fr. 800.–. Renseignements et inscriptions auprès de rando@gsbernard.com

Athées ou chercheurs de Dieu ?

Par François-Xavier Amherdt | Photo: DR

Cela peut nous rassurer et nous donner élan : même le grand prédicateur Paul connaît un échec cuisant dans sa prédication sur le Christ ressuscité d’entre les morts, à l’aréopage d’Athènes (voir le passionnant épisode en Actes 17, 16-34). Cela veut dire que nous aussi, dans notre pastorale « en sortie », nous pouvons affronter des réticences sans que nous nous en culpabilisions. Nous semons et proposons, les personnes croisées disposent, en totale liberté.

Mais sur l’agora centrale de la capitale hellène, l’apôtre des nations a-t-il rencontré des athées ? Les philosophes qui l’ont abordé étaient-ils opposés à toute conviction religieuse ? Ne se reconnaissaient-ils pas plutôt d’une forme de polythéisme, selon un « panthéon très humain » ? Paul d’ailleurs commence par leur parler du Dieu universel et créateur en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être, de la race duquel nous sommes (Actes 17, 28), plutôt que des idoles semblables à de l’or, de l’argent ou de la pierre taillée (v. 29). Et il en arrive à les interpeller à propos de « l’autel au dieu inconnu » qu’il a rencontré dans la cité et dont il est venu annoncer le vrai visage, en Jésus-Christ Sauveur.

Retour du paganisme

De nos jours aussi, nous constatons que les athées au sens strict sont relativement peu nombreux, alors que nous assistons à un retour du paganisme et du poly-théisme qui redivinise la nature, les astres, l’homme augmenté, les stars du sport et du show-business, les dictateurs et les gourous. C’est donc une prédication à la saint Paul qu’il nous convient de déployer, nous efforçant de répondre à la quête spirituelle authentique des gens et sachant montrer combien Jésus-Christ répond aux interrogations existentielles et fondamentales de l’humanité.

C’est à une nouvelle forme d’« apologétique » positive que nous sommes conviés, capable de donner envie aux « athées, païens et idolâtres » que nous sommes tous de s’ouvrir à la vie dont le Dieu biblique veut nous combler. Cela implique de nous laisser nous-mêmes évangéliser par ceux avec qui nous échangeons.

Aux frontières du réel

Suffit-il juste de voir pour croire ? Le festival de films IL EST UNE FOI de l’Eglise catholique romaine à Genève (ECR) a consacré sa 8e édition à la thématique des miracles dans le cinéma. Entre expériences et interprétations, la conférence inaugurale a mis le miracle à l’épreuve du réel.

Texte et photos par Myriam Bettens

Ce lundi soir de mai, les invités des rendez-vous cinéma de l’Eglise catholique romaine à Genève (ECR) ont expérimenté, dans leur chair, ce que qualifie Thierry Janssen, médecin-psychothérapeute, de « logique de la Vie, qui nous dépasse complètement et suffit pour croire aux miracles ». Paupières closes et main sur le cœur, les spectateurs du théâtre du Centre Espérance ont assisté, en direct, à un miracle ! En effet, c’est, littéralement, les yeux fermés que les participants ont entamé la conférence inaugurale de la 8ème édition du festival IL EST UNE FOI par l’entremise de Marie Cénec, pasteure et modératrice de la soirée. Elle a invité le public « à prendre une minute pour écouter son cœur », rappelant par cet exercice que le premier miracle est d’avoir un cœur battant. 

Au côté de Thierry Janssen, la Fribourgeoise Eliane Baudois acquiesce et partage avec le public sa propre expérience du miracle. Sa fille, Virginie, âgée de vingt-deux mois, a survécu à un accident agricole en 1998. Juchée sur le tracteur que son grand-père conduit, la petite chute et passe sous les roues de l’engin. Inerte, l’aïeul la croit perdue. « La poupée de chiffons » qu’il tient entre ses mains se met alors à pleurer. Le grand-père remercie immédiatement Marguerite Bays dont il avait invoqué le secours. Reconnu comme tel, ce miracle permettra la canonisation par le pape François, en 2019, de la bienheureuse paysanne et couturière de Siviriez (FR) [le village de la famille Baudois, ndlr.]. A ces mots, Thierry Janssen se tourne vers elle : « Il y a toujours une partie de moi qui essaie de détecter dans ce type de témoignage ce qui relève du non-spirituel », car pour lui « ces phénomènes miraculeux sont comme des failles qui viennent interroger notre vision de la réalité ». Il souligne, par ailleurs, le côté rassurant du complexe « procès en canonisation » instruit par la Congrégation pour les causes des saints dont Jean-Pierre Conus, président du Conseil de la Fondation Marguerite Bays, a été l’observateur privilégié. Celui-ci se récrie : « Un miracle, cela ne tombe pas du ciel comme ça ! ». Il réalise une seconde trop tard ce qu’il vient de dire, la salle est déjà hilare. Cet élan spontané fait également sourire Emmanuel Tagnard, journaliste et co-modérateur. « Lorsqu’on entend un témoignage comme celui d’Eliane Baudois et de Jean-Pierre Conus, on devient soi-même témoin », juge-t-il bon d’ajouter.

« Cela vient remuer, mettre une sorte de chaos en moi, mais cela m’invite à trouver une nouvelle façon d’organiser ma pensée », déclare Thierry Janssen. « Qu’est-ce qui est naturel et surnaturel ? A vrai dire, la frontière n’est pas si claire. De nombreux éléments dans notre vie viennent questionner notre compréhension de la réalité et du réel. Nous avons chacun une réalité différente, or le réel englobe toutes ces réalités ». Le miracle oblige à composer avec ce qui est de l’ordre de l’invisible et de l’inexplicable, avec ce qui souvent échappe à la médecine et même à la science « parce qu’il fait brèche dans le réel et fait éclater les limites fixées », glisse la modératrice. Le miracle, de par son étymologie, convoque le regard, puisqu’il provient du latin miraculum, lui-même tiré de mirare et qui signifie regarder et admirer. Il fait « voir l’invisible ». En plus de dévoiler et de bousculer, il peut aussi prendre la forme d’un cadeau empoisonné, voire dangereux, lorsqu’il est instrumentalisé et devient le but de la foi, de la prière ou de l’existence chrétienne. Car le mirage, tout comme son proche cousin le miracle, ne nous propose, lui, qu’illusions.

Paupières closes et main sur le cœur, les spectateurs du théâtre du Centre Espérance ont assisté, en direct, à un miracle…

«Mieux athée que mauvais catholique!»

« Le scandale, c’est dire une chose et en faire une autre… tellement de catholiques sont ainsi ! »

Par Thierry Schelling | Photo: vatican.news

« Mieux athée que mauvais catholique !» Ça, c’est dit ! Et de la part du Pape, qui plus est ! Si ses détracteurs se tapent le front de désespoir, les lecteurs attentifs de l’Evangile reconnaîtront la raison d’une telle affirmation.

Hypocrisie

En effet, François expliquait lors de son homélie du matin (février 2017) qu’on entendait souvent dire : « Je suis très catholique, je vais toujours à la messe, j’appartiens à telle ou telle association… mais sa vie n’est pas chrétienne : les employés sont sous-payés, on ment et vole les gens, on recycle l’argent sale… » bref, tant d’occasions pour trahir ses bonnes intentions. « Le scandale, reprend le Pape, c’est dire une chose et en faire une autre… tellement de catholiques sont ainsi ! »

Et donc, l’athée est peut-être plus cohérent que le catholique hypocrite ! Car celui-ci scandalise tout un chacun, qui le fait préférer se dire athée plutôt que catholique. CQFD.

Respect de la conscience

Dès son élection, s’adressant aux médias, il avait conclu l’entretien ainsi : « Puisque beaucoup d’entre vous n’appartiennent pas à l’Eglise catholique ou ne sont pas croyants, j’adresse de tout cœur ma bénédiction en silence, respectant la conscience de chacun… » Geste inédit pour un pontife, mais très… Vatican II et sa déclaration en faveur du dialogue interreligieux Nostra Aetate !

Dialogue plutôt que diatribe

Ne pas oublier que dès 1965, le pape Paul VI avait confié aux jésuites le maintien de liens et du dialogue avec l’athéisme d’alors… et Jean-Paul II intensifiera la lutte contre l’athéisme pratique avec sa culture caractéristique du déchet, lutte reprise par François en rappelant l’ignorance crasse de bien des catholiques du trésor inestimable que représente la doctrine sociale de l’Eglise. Ce compendium se conclut notamment par ceci : « Celui qui croit se conformer à la vertu surnaturelle de l’amour sans tenir compte du fondement naturel qui y correspond et qui inclut les devoirs de justice, se trompe lui-même. »

La confiance de l’espérance

Texte et photo par Isabelle Roulin

« Athée souhaits », voici le thème de la rubrique centrale. Comme j’ai l’esprit taquin, un peu d’humour pour commencer. En effet, si quelqu’un lit les deux premiers mots de cet article à haute voix, il ne s’agit pas d’une référence à la religion, mais d’une réponse possible à quelqu’un qui a éternué. 😉 Vive la complexité de notre langue française !

Plus sérieusement, que veut dire le mot « athée » ? Se dit d’une personne qui ne croit en aucun pouvoir divin ; contrairement à un agnostique qui refuse de se prononcer et qui émet des doutes sur une existence divine. En résumé : l’athée ne croit pas alors que l’agnostique dit : je ne sais pas.

Si, d’après les statistiques, les athées sont en voie de disparition, je peux constater dans mes connaissances que le nombre des agnostiques augmente. Par contre, il est une catégorie non répertoriée qui, à mon sens, mériterait que l’on s’y arrête. Il s’agit de celle qui correspond à toutes les personnes qui ne se laissent enfermer dans aucune catégorie existante. Elles ont soif de spiritualité, croient en quelque chose ou quelqu’un de plus grand mais qu’elles refusent de nommer ou d’enfermer dans un quelconque dogme ou religion. Ces personnes admettent ne pas savoir mais vivent dans la confiance que la vie ne s’arrêtera pas à la mort. 

J’ai pu lire et entendre plusieurs témoignages de personnes ayant fait une expérience de mort imminente (EMI) ou ayant vécu le phénomène de décorporation qui démontrent que la vie ne s’arrête pas avec notre enveloppe charnelle quand le cœur cesse de battre. 

Pour ceux qui le souhaitent, vous trouverez de nombreuses vidéos abordant le thème de la mort sur le site internet de Christophe Fauré, psychiatre français. 
Son site : https://christophefaure.com/ 

Etre chrétien, c’est avoir la confiance de l’espérance et je vous la souhaite à vous toutes et tous qui me lisez.

Le sens de la couleur blanche

L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.

Par Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion
Photo: cath.ch/Bernard Hallet

«Regardez les champs déjà blanchissent pour la moisson.» (Jn 4, 35)

Donner « carte blanche » à quelqu’un relève manifestement d’une totale confiance remise à la liberté du récipiendaire. Aussi, je remercie les éditions de L’Essentiel de cet espace qui m’est offert, au risque de devoir connaître et assumer l’inquiétude devant la page blanche ! 

Je me propose donc de livrer ici quelques propos inspirés de ce que peut signifier le blanc dans notre vie diocésaine, personnelle, communautaire, bref, dans notre vie chrétienne.

Une prédication vivante

Au cours de la dernière grande veillée pascale, en la cathédrale de Sion, seize catéchumènes adultes ont été revêtus par leurs parrains et marraines du vêtement blanc des nouveaux baptisés. 

Disposés, après leur baptême, en couronne dans le chœur de la cathédrale, ils devenaient une prédication vivante aux yeux de toute l’assemblée ; leur simple présence proclamait à la manière de saint Pierre : « Comme des enfants nouveau-nés, désirez le lait spirituel et pur afin que par lui vous croissiez pour le salut. » (1P 2, 2) Gratitude à l’égard des nouveaux baptisés adultes, témoins de l’œuvre de l’Esprit dans notre Eglise ! 

De la blancheur du baptême à celle du matin de Pâques, c’est le même éclat qui, en nous sautant aux yeux, devrait nous bouleverser autant que les femmes venues au tombeau. L’éclat de l’ange qui avait l’aspect de l’éclair et dont la robe était blanche comme neige. (Mt 28, 3) Gratitude à l’égard de ces tout petits que j’ai suivis en séance de Godly Play et qui savent s’émerveiller de la beauté des anges vêtus de blanc ! (Jn 20, 12)

Un modèle de vie

A l’écart, sur une haute montagne, les vêtements de Jésus devinrent resplendissants, d’une blancheur telle qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sorte. (Mc 9, 3) Ce texte de la Transfiguration a été donné aux consacrés comme modèle de leur vie. Je rends grâce pour le paysage de nos montagnes où Dieu se dévoile à nos yeux. Et gratitude envers les personnes qui luttent non seulement contre l’érosion des glaciers, mais d’abord contre celle de la vie religieuse dans le diocèse. 

Les athées, une espèce en voie de disparition?

Par l’abbé Daniel Reynard, curé | Photo: Raphael Delaloye

La proportion d’individus sans affiliation religieuse pourrait se réduire de 35% d’ici à 2050. Mais pas sûr que les athées périclitent sans résistance.

Les libres-penseurs sont de plus en plus menacés par le retour du religieux. Quand on sait que les croyants font plus d’enfants, il est légitime de s’interroger sur la survie, à terme, des athées. Vont-ils péricliter sans résistance ou bien s’organiser en communauté transnationale pour faire entendre leur voix ?

J’ose dire ici que nous avons besoin des athées, ils nous font avancer. Ils nous empêchent de tourner en rond, ils nous remettent en question, nous obligent sans cesse à nous remettre à l’établi de la foi pour nous confronter au monde, à la vie, alors dans ce sens merci.

Si quelqu’un dit : « J’ai rencontré Dieu, Il existe, fuyez. »

Si quelqu’un dit : « Je n’ai pas rencontré Dieu, Il n’existe pas, fuyez également. »

Dans les 2 cas, ils ne le font pas dans une optique spirituelle, religieuse ou métaphysique, mais dans un but politique au sens large.

Sortons du débat primaire et réducteur de « Dieu existe » ou « Dieu n’existe pas » pour entrer dans la foi qui est du domaine de l’expérience personnelle, d’une rencontre car la foi transcende ce débat pour ou contre.

Celui qui a besoin de nier Dieu devrait se poser des questions sur lui-même tout comme celui qui cherche absolument à convaincre que Dieu existe.

Je crois que nous sommes tous des chercheurs de l’au-delà, d’un monde meilleur. Dans ce sens, on n’est jamais aussi athée qu’on le croit ni aussi croyant qu’on le prétend.

Alors sachez que Jésus entend votre questionnement, Il est vivant et veut venir à votre rencontre, car Il sait que vous avez besoin d’une rencontre personnelle. Il se peut que vous doutiez, que vous soyez dans un temps de déception ou de découragement, que la présence de Dieu vous semble si lointaine. Jésus vous donnera ce rendez-vous que vous attendez. Cherchez-Le et répondez-Lui comme Thomas l’a fait : mon Seigneur et mon Dieu.

Jeux, jeunes et humour – juin 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Que se passe-t-il le dimanche après la Pentecôte ?
L’Eglise fête la Sainte-Trinité. Après avoir reçu le don de l’Esprit Saint, nous sommes à même de mieux saisir l’originalité du cœur de la foi chrétienne : la Révélation d’un Dieu unique en trois personnes. C’est l’occasion de nous rappeler que nous sommes baptisés : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »

par Pascal Ortelli

Humour

Un monsieur se promenait au bord d’un lac quand il remarqua quelque chose d’insolite. Un homme assis dans l’herbe en tenue de pêcheur, mais sans canne à pêche, avec à sa droite une boîte de conserve.

– Que faites-vous mon brave ?
– Comme vous le voyez, je suis en train de pêcher.
– Comment ça ?
– Si vous me donnez 20 francs, je vous explique comment.

Piqué dans sa curiosité, le promeneur sort 20 francs.

– Alors ?
– Je m’approche de l’eau avec ma boîte de conserve et le poisson saute dedans.
– Et vous en attrapez beaucoup ?
– Vous êtes le cinquième aujourd’hui !

par Calixte Dubosson

Athée souhaits

Par Stéphane Vergère | Photo : Raphaël Delaloye

Après un temps pascal riche en célébrations, suivi des premières communions, voici venu le temps de rendre grâces à l’occasion de la Fête-Dieu et d’apprécier encore les événements vécus et d’approfondir notre foi… que ce soit durant ce mois de juin ou alors durant la pause estivale qui pointe à l’horizon.

C’est selon et à tes souhaits !

Car même s’il nous arrive de prendre le large, n’oublions pas que LUI veille constamment dans un coin de notre barque. Et IL attend patiemment qu’on veuille bien l’inviter, qu’on LUI fasse une petite place en nous et qu’on LUI fasse confiance. 

Alors comment ne pas s’inspirer de ce petit récit très éclairant ?

«À tes souhaits ?»

Un maître voyageait avec son disciple qui était chargé de s’occuper du chameau. Un soir, tellement fatigué, le disciple n’attacha pas l’animal et dit à Dieu dans sa prière d’en prendre grand soin. Or le lendemain matin, le chameau avait disparu ! « Où est le chameau ? » demanda le maître. Je ne sais pas, répondit le disciple. « Tu dois le demander à Dieu ! Hier soir j’étais si fatigué que je lui ai confié notre chameau. Ce n’est donc pas ma faute s’il s’est enfui ou s’il a été volé. » Le maître lui répondit : « Oui, c’est bien de faire confiance à Dieu de tout ton cœur, mais d’abord attache ton chameau. Car Dieu n’a pas d’autres mains que les tiennes. »

L’Ascension de Jésus au Ciel et l’envoi de l’Esprit Saint à la Pentecôte sont le prélude d’une présence fidèle et aimante à nos côtés. Mais notre Père compte aussi sur nos mains pour que son Règne vienne…

Sur ce, il ne dépend que de nous pour qu’advienne le meilleur et qu’évolue notre foi jour après jour jusqu’à nous laisser rejoindre par LUI. 

D’ores et déjà BEL ÉTÉ et… à vos souhaits !

Une à une

Par François-Xavier Amherdt | Photo : Pxhere

« Le berger appelle ses brebis une à une et il les mène au dehors. Elles le suivent parce qu’elles connaissent sa voix. » (Jean 10, 3-4)

Le discours du « beau » Pasteur, (selon le grec) dans le 4e évangile, constitue le texte de référence lors du 4e dimanche de Pâques chaque année liturgique, où nous prions spécialement pour les « vocations » religieuses, sacerdotales, diaconales et laïques. Jésus berger n’a qu’une préoccupation : celle de toucher le cœur de chaque être humain, car le Père les lui a tous confiés, de nous permettre de déployer nos potentialités dans l’Esprit et ainsi de cheminer à sa suite vers le véritable bonheur. Car mettre nos pas dans les siens nous conduit vers notre épanouissement selon la volonté divine.

Un appel sans exception

Y a-t-il une baisse des vocations, en Europe notamment ? Pas du côté de Dieu en tout cas, qui continue inlassablement d’appeler chacun(e) sans exception, de manière parfois inattendue. Ce qui manque, c’est la possible « re-connaissance » de sa voix : elle est brouillée par les multiples contre-témoignages ecclésiaux, elle est perdue dans le brouhaha de l’indifférence, elle disparaît face aux sirènes technologiques et consuméristes, elle ne trouve plus place au milieu du concert des néo-paganismes de toutes sortes, elle est étouffée par les idéologies et les autocrates, elle paraît trop humble face aux défis postmodernes…

Le loup dans la bergerie

Il revient donc à chaque disciple-missionnaire que nous sommes tous et toutes de la faire retentir. Les mercenaires pullulent. Ils ne chassent pas le loup, mais le laissent entrer dans la bergerie et s’enfuient. Répondre à notre vocation, c’est ainsi nous laisser connaître en profondeur par le Christ, comme il connaît le Père (v. 15) et aller jusqu’à donner comme lui notre vie pour ceux que nous aimons.

Les enclos sont nombreux, les pâturages abondent. Prions donc le Maître du troupeau d’envoyer des gardes pour ses moutons, brebis, agneaux et boucs (Matthieu 9, 37-38), partout à travers le monde, y compris dans nos contrées.

Le droit à l’identité

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, religieux et laïcs de 8 pays se réunissent pour travailler en réseau à la protection des enfants.Ils créent, en 1948, le Bureau international Catholique de l’Enfance (BICE). Il œuvre aujourd’hui à promouvoir et défendre la dignité de chaque enfant, en tant qu’être humain à part entière et sujet de droits.

Par Myriam Bettens | Photo : BICE

L’association, reconnue par le Saint-Siège, œuvre en faveur des enfants en situation de vulnérabilité. Le Bureau international Catholique de l’Enfance (BICE) effectue un travail de recherche, de mise en réseau, de formation, de plaidoyer auprès de l’ONU pour influencer les politiques publiques et met en place des projets de terrain. Alors que l’Assemblée générale des Nations unies adopte en décembre 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme, un groupe de religieux et de laïcs de 8 pays s’unissent pour que le droit des enfants ne soit pas oublié. Ces derniers ne seront entérinés qu’en 1959 par la Déclaration des droits de l’enfant. Le BICE participe activement à l’élaboration de ce texte constituant le socle de ce qui deviendra en 1989 la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE).

La CIDE a été signée par 196 Etats, et ratifiée par 195 (à l’exception des Etats-Unis). Un grand nombre de pays possèdent aujourd’hui un code de l’enfant dans leur législation nationale et se sont également dotés d’un défenseur des droits de l’enfant. Bien que les Droits de l’enfant progressent dans le monde, sur le terrain, l’application de ces réglementations n’est pas toujours chose aisée. C’est pourquoi, outre son engagement auprès des instances internationales, le BICE poursuit ses actions de terrain au niveau local pour garantir à tous les enfants le droit à grandir dans la dignité.

Les enfants invisibles

« Soglo a été privée d’école pendant près d’un an. Un an à tourner en rond, livrée à elle-même, ou à aider ses parents dans leurs activités professionnelles. La raison de cette exclusion du système scolaire ? Elle n’a pas été enregistrée à l’état civil à sa naissance ». Sans cette formalité administrative, pas d’existence légale et impossible de continuer les études au-delà d’une scolarisation de base.

Dans la région rurale du sud-est du Togo, cette réalité n’est pas rare. Beaucoup de parents n’ont eux-mêmes pas été scolarisés et ne comprennent pas l’importance d’un acte de naissance. De plus, avant janvier 2022, le coût de cette formalité représentait un frein pour nombre de familles. Le BICE a soutenu entre septembre 2020 et février 2022 le projet d’un de ses partenaires locaux afin d’aider ces enfants dits invisibles à recouvrer leurs droits. 

D’une part, en prenant en charge sur le plan administratif et financier les démarches à réaliser auprès du tribunal puis de la mairie pour obtenir un jugement supplétif d’acte de naissance, afin de les remettre à des enfants jusqu’alors « invisibles », leur permettant notamment de continuer l’école. D’autre part, en menant des actions de sensibilisation auprès des habitants et des chefs communautaires, car la fraude à l’état civil est un autre problème récurrent. 

En effet, certains agents enregistrent les naissances hors délai ou fournissent de faux actes de naissance en échange d’un pot-de-vin. Les parents se retrouvent doublement lésés : ils perdent le peu d’économies qu’ils possèdent en pensant régler le problème et reçoivent en échange un acte qui n’a aucune valeur légale. L’équipe de l’association togolaise sillonne ainsi la campagne pour informer le plus grand nombre que l’inscription à l’Etat civil est désormais gratuite quarante-cinq jours après la naissance et pour redonner aux enfants concernés un jugement supplétif d’acte de naissance. Un soulagement, mais surtout une joie pour ces enfants privés d’identité.

« Contre l’hypocrisie de la médiocrité »

Par Thierry Schelling | Photo : Grégory Roth/cath.ch

« Quand on me dit qu’il y a une congrégation qui attire beaucoup de vocations, je l’avoue, cela me préoccupe », déclarait François au symposium des religieux et religieuses en 2017, car « je m’interroge sur ce qu’il s’y passe ».

De quoi être clair quant à la « crise » des vocations religieuses en Europe notamment : pas le nombre, mais la qualité, condamnant fermement la « traite des novices » : ces congrégations qui, face à la chute des postulants autochtones, partent dans des pays du Sud recruter des jeunes qui n’avaient pas vraiment de vocation religieuse. C’est aussi une forme d’abus !

Qualité !

Il a mis en garde contre « l’hypocrisie de la médiocrité, de ceux qui veulent entrer au séminaire, car ils se sentent incapables de se débrouiller par eux-mêmes dans le monde ». Une hypocrisie qui est « une peste », a-t-il encore asséné.

Réalisme

« Le jour où il n’y aura plus assez de vocations sacerdotales pour tout le monde, le jour où… le jour où ce jour viendra, avons-nous préparé les laïcs, avons-nous préparé les gens à continuer le travail pastoral dans l’Eglise ? », interroge François avec lucidité. D’ailleurs, à prier pour les vocations depuis tant et tant d’années, Dieu a répondu au vu du nombre de femmes et d’hommes qui s’engagent en Eglise, en théologie, en pastorale spécialisée et plus seulement comme catéchistes 1 !

Le pape François élargit la notion de vocation : « Un proverbe de l’Extrême-Orient dit : « l’homme sage regarde l’œuf et voit l’aigle ; il regarde la graine et voit un grand arbre ; il regarde un pécheur et voit un saint ». C’est ainsi que Dieu nous regarde : en chacun de nous, il voit des potentialités, parfois inconnues de nous-mêmes et tout au long de notre vie, il travaille sans relâche pour que nous puissions les mettre au service du bien commun. C’est ainsi que naît la vocation… »

Il y a donc plus que de l’espoir…

1 400 laïcs et 235 prêtres pour le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, à titre d’exemple de la réponse de Dieu à nos prières !

Comment comprendre la baisse des vocations en Europe

Par le Chanoine Philippe Aymon | Photo : Wikimedia Commons

Lors d’une rencontre avec trois pasteurs.es des paroisses réformées de Suisse romande, ces derniers.res partageaient leur souci du manque de relève pour le corps pastoral protestant. J’ai alors fait la proposition suivante : « Il faut peut-être autoriser le mariage des pasteurs.es ? » Mais c’était déjà fait…

J’espère que la question chez nous n’est pas celle du célibat. Dans une société où plus de la moitié des mariages finissent en divorce, sans parler des unions libres qui précèdent le mariage officiel, ne cherche-t-on pas à refiler aux prêtres et religieux « un truc qui ne marche pas » ?

Mais, comme la question est posée, il est possible que le problème ne soit pas les vocations, mais l’Europe. Que reste-t-il de la foi et de l’espérance chrétienne dans ce vieux continent marqué par le confort et la dénatalité ? Dans une société où la spiritualité n’a de valeur que comme quête d’un bien-être supplémentaire, où Dieu est une idée et plus une présence, qui aurait l’idée saugrenue d’embrasser une vocation religieuse ?

De plus, la question des vocations est le « marronnier » de l’Eglise : elle revient régulièrement et lui donne l’occasion de se regarder le nombril, au lieu de regarder la réalité. Elle compte les sorties d’Eglise et refuse de regarder ceux qui y sont sans plus y être. Comment peut-on attraper la vocation quand un enfant arrive à la confirmation, s’il y arrive, en ayant participé à une quinzaine de cours de catéchèse et un peu moins de messes ? La vocation est une rencontre avec le Christ, pas la réception d’un sacrement !

Le problème n’est pas Dieu qui oublie d’appeler ou un manque de générosité du côté de ceux qui devraient répondre. Le problème c’est notre pastorale incohérente, sociologique et vide d’une véritable rencontre avec le Christ.

En quête de sens ?

L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.

Michel Racloz, représentant de l’évêque pour la région diocésaine Vaud | Photos : cath.ch, Pixino

Peut-être êtes-vous parmi le grand nombre de personnes en recherche de ce qui peut donner du goût à l’existence et, si possible, une joie profonde. Ou avez-vous des proches, des collègues dans cette situation…

La vie actuelle nous propose à la fois de multiples opportunités, mais également « des pièges ». A mes yeux, un des premiers et des plus redoutables de ceux-ci est la confusion entre ce qui est de l’ordre des besoins et ce qui relève du désir, compris comme élan de vie. Les besoins fondamentaux sont assez vite identifiables : être en bonne santé, avoir un toit, se nourrir, se sentir en sécurité. Malheureusement, un pourcentage important de la population ne peut déjà pas les satisfaire. Etre attentif à autrui et se faire proche de celui qui souffre peut être un chemin d’humanisation mutuelle.

La manière de répondre à ces besoins peut être très variée et relève de sa propre culture. Les multiples messages qui nous parviennent par tous les canaux cherchent à nous influencer et à nous attirer vers certains produits. Nous sommes très, trop sollicités et tout va en s’accélérant. De plus, il y a une tendance à faire croire que des objets et des styles de consommation seront des réponses adéquates aux désirs profonds comme l’amour, l’amitié, la reconnaissance, la réalisation de soi…

Aussi je suggère de prendre du recul, d’être au calme, de ralentir pour s’offrir les conditions d’être à l’écoute de ses aspirations profondes et de ses valeurs essentielles. Le silence, la méditation, le dialogue et la prière sont des atouts essentiels pour « désensabler » notre source intérieure et pour rencontrer Celui qui désire nouer une alliance avec nous. Il nous accompagne dans notre recherche de nos dons propres que nous pouvons partager. Tout en étant attentif aux besoins de base, Jésus nous ouvre un horizon de vie pour combler nos désirs profonds. Nous laisserons-nous bousculer et inspirer par l’Esprit Saint pour vivre chacune et chacun notre vocation spécifique ?

Kairos – le temps favorable

Par Boleslaw Bieniek, curé des paroisses d’Anniviers | Photo : LDD

Aujourd’hui l’Eglise catholique surtout en Europe est confrontée à une grave crise du clergé et à une encore plus grave crise du christianisme. Des études sociologiques nous montrent que de nombreuses raisons ont abouti à ces deux crises. Je suis convaincu que le plus gros problème est l’identité fondamentale de la vocation sacerdotale et par conséquence son rôle dans la société moderne marquée par Chronos et même à l’intérieur de l’Eglise. Le même problème touche nos baptisés, qui sont sacramentalisés mais pas du tout évangélisés. La conséquence est la naissance au centre de l’Eglise d’un groupe appelé par les sociologues NONS. Ce sont des personnes indifférentes, découragées par la religion et en manque de confiance envers l’Eglise institutionnelle. Pour le bien de l’Eglise, je pense qu’il faut réorienter notre modèle pastoral de la paroisse territoriale vers la paroisse personnelle, comme un centre pour la vie spirituelle et sacramentelle où on prie, on cherche et on trouve le sens de la vie. Pour cela, il faudrait adapter la formation des futurs prêtres pour qu’ils deviennent des compagnons de route (à l’image du Christ sur le chemin d’Emmaüs), des conseillers spirituels, des ministres de l’eucharistie, des bergers et des confesseurs. 

Les laïcs pourraient réveiller l’Eglise traditionnelle de sa sieste en se voyant confier un plus grand espace dans la pastorale et ainsi devenir le pont solide entre la société moderne et une Eglise vue comme une communauté dans laquelle on peut trouver le ressourcement spirituel et la vie sacramentelle. Pour moi, l’image de l’Eglise comme une maison où tout le monde se sent très en sécurité et où on trouve les réponses aux questions existentielles, morales, théologiques et philosophiques est à mettre en pratique.

La crise actuelle est une sorte de carrefour avec la possibilité d’une grande ouverture qui aboutira sûrement dans la douleur à une nouvelle forme de christianisme mature. Le Christianisme secoué, réveillé, touché par cette mauvaise passe pourra agir comme un médecin blessé, qui guérira le monde dont il fait partie et c’est une chance réelle pour l’avenir avec la forte conviction que : l’amour et la réconciliation sont les seules forces qui unissent sans détruire. La réforme de l’Eglise devrait être basée surtout sur la théologie spirituelle et avoir ses racines dans l’Evangile, où on trouve une proposition de vie en harmonie avec soi-même, avec la nature et avec Dieu. 

Cette crise c’est aussi un Kairos, ce qui signifie la Chance, pour la société moderne marquée par Chronos (le matérialisme) qui cherche un solide point de repère afin de construire un bon avenir. Kairos, c’est aussi la chance pour l’Eglise de semer de bons grains pour transformer la société de consommation en société « Fratelli Tutti » (tous frères). Kairos, c’est enfin la chance pour ceux qui sont appelés à devenir prêtres de soigner dans l’« Hôpital de campagne » tous les blessés quelles que soient leurs blessures en étant des Bons Bergers de l’Evangile. 

Jeux, jeunes et humour – mai 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Que fête-t-on le 31 mai ?
L’Eglise commémore la Visitation, autrement dit la visite de Marie, enceinte de Jésus, à sa cousine Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste. Les deux femmes et les deux enfants qu’elles portent « tressaillent de joie ». On retrouve déjà là les trois dimensions constitutives de la Bonne Nouvelle annoncée 30 ans plus tard par Jésus : une charité attentive aux besoins des autres, la joie d’un cœur ouvert au projet de Dieu et la reconnaissance de la mission du Christ.

par Pascal Ortelli

Humour

Il est deux heures du matin. La police, qui effectue sa ronde nocturne, aperçoit sur la voie publique un homme titubant. Arrivés à sa hauteur, les policiers lui demandent ce qu’il fait là à cette heure tardive :

– Je vais assister à une conférence sur les méfaits de l’alcoolisme.

– Une conférence ? A deux heures du matin. Qui peut organiser une conférence à une heure pareille ?

– C’est ma femme !

par Calixte Dubosson

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