La chapelle de Maradona et les veaux d’or

Pour certains, le but irrégulier de Maradona a vraiment été marqué avec « la main de Dieu ».

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

Il n’y a pas besoin de chercher très loin dans notre société contemporaine pour y découvrir des idoles érigées en espèces de divinités : pensons à la chapelle élevée en Argentine en l’honneur de Diego Maradona, comme si son fameux but irrégulier avait été vraiment marqué avec la « main de Dieu », quand nous voyons dans quelle déchéance il a fini sa vie. Il en va de même pour les stars de la pop musique, tels Michael Jackson, Prince ou tant d’autres, dont les fans ne peuvent qu’être déçus de l’aboutissement de la trajectoire. 

Le veau d’or

Le phénomène de l’idolâtrie, exemplifié dans les Ecritures par l’épisode du veau d’or fondu par le peuple d’Israël et fêté à la place du Seigneur libérateur d’Egypte (Exode 32), était si présent chez les membres de la nation élue que le premier commandement du Décalogue lui est dédié : « Israël, tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Tu ne te feras aucune image sculptée. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas. » (Exode 20, 3-5a) C’est pourtant ce que fait la nation sainte : la tentation est tellement grande de pouvoir disposer de divinités à notre image, de réussir ainsi à mettre la main sur elles afin de recevoir leurs bonnes grâces, à coup de sacrifices destinés à les amadouer ! 

Idoles d’hier et d’aujourd’hui

Avec certains dictateurs actuels, on a l’impression qu’il convient de trouver le moyen d’abord de flatter leur ego, de telle sorte qu’on puisse ensuite tout obtenir d’eux… Israël était entouré de tribus pratiquant des cultes aux faux dieux que la Bible appelle les « baals » (terme qui signifie « maître » en hébreu) et dont elles pensaient gagner les faveurs de façon à bénéficier de la fécondité de la terre.

Ce qui caractérise les idoles d’autrefois comme d’aujourd’hui, c’est qu’elles exigent de notre part un total attachement à elles, si bien que ce n’est qu’en acceptant une pareille aliénation que nous croyons parvenir à nos fins. Avant de nous rendre compte que tout cela n’était que du vent. Seul le Dieu Père de Jésus-Christ mérite d’être « adoré ». Pour le reste, si nous allons au-delà de l’estime raisonnable, nous risquons de nous retrouver « Gros-Jean comme devant ».


A bas l’idole!

Par Thierry Schelling | Photo : unsplash

C’était en 2018, lorsque le pape François a décortiqué le thème de l’idolâtrie en commentant le Premier commandement du Décalogue. Stimulant de le relire.

« Un Dieu, c’est ce qui est au centre de sa vie, dont dépend ce que l’on fait et ce que l’on pense ; une idole, en revanche, est une « divinisation de ce qui n’est pas Dieu », une « vision » qui confine à l’obsession, une « projection de soi-même dans des objets ou des projets ». Voilà en substance une définition claire. Pour la paraphraser, l’idolâtrie, c’est une vie faussée à côté de la vraie vie : « Les idoles promettent la vie, mais en réalité, elles l’enlèvent. Le véritable Dieu ne demande pas la vie, mais la donne, l’offre. » »

La prière contre le tarot !

Et de lister des exemples : la carrière au prix d’une vie de famille épanouie ; le culte outrancier de la beauté du corps qui réclame des sacrifices inouïs – de beaux ongles plutôt que d’acheter des fruits – ; la renommée enflée par les réseaux sociaux qui n’ont ni foi ni loi en l’humain, mais uniquement aux nombres de like ; la cartomancie dans un parc de Buenos Aires (où il était évêque) et les lignes de la main lues par des charlatans (François ne mâche pas ses mots !), sans parler de l’argent, du profit ou de la drogue.

Qui est mon Dieu ?

François continuait : « Qui est ton dieu, dans le fond ? » Et de ne proposer qu’une alternative : « Est-ce l’amour Un et Trine, ou mon image, mon succès personnel ? » L’opposé de l’idolâtrie, c’est l’amour : de Dieu, du prochain et de soi. A ne pas confondre avec l’idolâtrie de Dieu, de l’autre et de soi ! Et il continuait : « L’attachement à une idée ou à un objet nous rend aveugles à l’amour, nous pousse à renier ceux qui nous sont chers. » 

Qui est mon idole ?

Et le Pape de renchérir encore une fois : « Quelle est mon idole ? » Il faut donc reconnaître qu’une part d’« attachement désordonné » habite chaque humain qui vit et se construit. Ce n’est pas utile de se morfondre en regrets, mais bien plus utile de mettre un nom sur « notre » idole et de s’en débarrasser. Comment ? « Attrape-la, et jette-la par la fenêtre », concluait le Pape !


Une Eglise de visages qui révèlent le Seigneur

Maria Teresa Gonzàlez-Quevedo a été proclamée vénérable par Jean-Paul II en 1983.

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mari Carmen Avil, représentante de l’évêque pour la prévention, du diocèse de LGF, est l’auteure de cette carte blanche.

Par Mari Carmen Avila, représentante de l’évêque pour la prévention du diocèse de LGF
Photos  : DR

« Ma Mère, que celui qui me regarde te voie » est une phrase attribuée à María Teresa González-Quevedo, dite Teresita, jeune religieuse espagnole née en 1930 et proclamée vénérable par Jean-Paul II en 1983. Depuis mon plus jeune âge, cette expression m’interpelle profondément. Je l’ai adoptée comme prière, en l’adressant aussi à Jésus, à qui je répète souvent ce désir de mon cœur. Jésus répond à Philippe : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (Jn 14, 9) Si Jésus peut dire cela, alors nous aussi, en tant que disciples, sommes appelés à refléter Dieu dans nos vies. Cela change tout dans notre mission pastorale.

Dans mon rôle de représentante de notre évêque pour la prévention, je rencontre de nombreuses personnes. Cette phrase me revient souvent à l’esprit, surtout face à ceux qui vivent le drame de la solitude intérieure, conséquence d’un repli sur soi. Elle me rappelle que nous sommes tous confrontés à une tension fondamentale : appelés à être des icônes, nous risquons de devenir des idoles.

Notre vocation, en tant qu’enfants de Dieu, est d’être des icônes qui ouvrent à la transcendance, qui invitent à regarder plus haut, à découvrir la joie d’être profondément aimés. Mais nous trahissons cette vocation lorsque nos blessures, nos ambitions ou notre histoire prennent le devant de la scène, reléguant Dieu à l’arrière-plan. Cette trahison, parfois subtile, peut conduire à des abus – de pouvoir, de conscience, ou sexuels – qui trouvent souvent leur origine dans une perte de la dimension iconique du ministère.

Notre Eglise est appelée à changer de culture : il n’y a ni supérieurs ni inférieurs, seulement des frères et sœurs en quête de Dieu. Mon plus grand souhait est que ceux qui nous regardent voient une communauté unie autour d’un seul Seigneur, désireuse de le révéler au monde.

Jeunes, humour et mot de la Bible – novembre 2025

Par Marie-Claude Follonier

Mot de la Bible

Baisser les bras

Cette expression qui signifie renoncer, se décourager, nous vient du Livre de l’Exode (chapitre 17, 8-16). Les Amalécites attaquent le peuple d’Israël et semblent gagner la partie lorsque Moïse baisse les bras. Finalement, les troupes d’Amaleq sont vaincues lorsque Aaron et Hour soutiennent Moïse et l’aident à maintenir ses bras levés. Ce récit serait à l’origine de l’ordalie de la croix, cette forme de procès appelée aussi « jugement de Dieu », qui aurait été instituée par Charlemagne. Elle consistait à placer les accusés en forme de croix, ligotés à un poteau et condamnés à tenir le plus longtemps possible les bras tendus à l’horizontale. Le premier à baisser les bras était considéré comme le coupable et condamné. Le roi Louis le Pieux interdit cette épreuve au début du IXe siècle, la jugeant offensante au regard de la passion du Christ.

Par Véronique Benz

Humour

Deux vieux garçons peu habitués à voyager visitent Londres et décident de prendre les fameux bus rouges à deux étages. Ils se mettent en bas et soudain, l’un d’eux décide d’aller voir en haut, par curiosité. Quelques instants plus tard, il revient et dit à son copain : « On a bien fait de se mettre en bas : en haut, il n’y a pas de chauffeur ! »

Par Calixte Dubosson

Débiteur du Malin

Le père Jean-Christophe Thibaut est un ancien luciférien converti.

Pendule, médiumnité, magie… L’ésotérisme fascine et sa pratique attire de plus en plus d’adeptes. Le père Jean-Christophe Thibaut a lui-même été séduit par ces trompeuses lumières. Ancien luciférien converti, il est aujourd’hui investi dans l’accueil et l’accompagnement des personnes ayant eu recours à des pratiques occultes. 

Par Myriam Bettens | Photos : DR

Aujourd’hui on a tendance à imputer toutes les manifestations démoniaques à des troubles mentaux. Comment discerne-t-on la nature maléfique (ou non) de ces phénomènes ?
Nous sommes dans un domaine proche de celui de la psychologie, la vie spirituelle reposant aussi sur la vie psychique des individus. L’Eglise s’est donc donné  un certain nombre de critères de discernement. La plainte doit être précise et, après avoir éliminé les causes naturelles, les phénomènes décrits doivent sortir de l’ordinaire. Les « manifestations » doivent avoir un début clairement identifié. Il y a toujours un événement déclencheur qu’il faut repérer, tels que tirage de cartes, magnétisme, mais aussi une retraite spirituelle ou un événement spirituel fort. Le dernier critère concerne le déséquilibre émotionnel que cela crée, comme la peur ou l’impossibilité de prier.

Le Démon a parfois bon dos lorsqu’il s’agit d’expliquer des événements que l’on ne comprend pas…
On a du mal aujourd’hui à reconnaître sa propre responsabilité dans les événements qui adviennent. On cherche un coupable, en se demandant ce qu’on a fait au bon Dieu ou au Diable pour vivre cela. Toutefois, le prêtre est bien souvent la dernière personne que l’on vient voir, car il y a toujours cette hantise d’être pris pour un fou, jugé, voire moqué, alors que la parole reste la première forme d’exorcisme en formulant le trouble que l’on vit.

En parlant d’exorcisme, ces ministères de délivrance n’ont pas si bonne presse et tendent à disparaître. Est-ce à dire que l’Eglise elle-même s’emploierait à rationaliser ces manifestations ?
Je crois au contraire que c’est un ministère en plein développement ou plutôt redéveloppement. Simplement parce que les demandes sont nombreuses et qu’il faut pouvoir les prendre en compte. Cela nécessite d’être formé, de ne pas avoir de tabous sur ces sujets-là et de reconnaître que ce monde invisible existe réellement. Sur ce dernier point, la position de l’Eglise n’a jamais varié. Néanmoins, l’apport de la psychologie nous aide à bien discerner ce qui relève effectivement du spirituel. D’où l’importance d’être entouré et d’avoir des relais dans d’autres spécialités sans minimiser la réalité de ces phénomènes.

La Bible et l’Eglise ont toujours mis en garde contre la tentation des pratiques occultes et, vous ne cessez de le rappeler, elles ont un prix…
Les pratiques occultes rendent débiteurs, car elles finissent toujours par lier la personne dans sa liberté. Lorsqu’on cherche à obtenir quelque chose dans le cadre du spiritisme, de la sorcellerie, du chamanisme, de la voyance, de la médiumnité ou encore du secret, les esprits du monde invisible vont intervenir dans nos vies, au point d’en prendre le contrôle. On abdique tout ce qui est de l’ordre de notre libre arbitre en laissant des forces extérieures nous diriger.

Lorsqu’on devient débiteur, comment fait-on pour solder sa créance ? D’ailleurs, peut-on vraiment s’en débarrasser ?
La bonne nouvelle, c’est que oui ! On invite premièrement la personne à une démarche de vérité pour mettre en lumière ce qui a été fait, sciemment ou de bonne foi. Le sacrement de réconciliation, des actes de renonciation et les prières de délivrance sont les autres instruments de libération que l’Eglise nous donne. Or, nous sommes dans une époque de mentalité magique où toutes les réponses doivent être rapides. Les gens veulent une petite prière qui n’implique pas trop et sans effets secondaires, alors que tout l’enjeu est de se mettre en chemin.

Bio express

Le père Jean-Christophe Thibaut (65 ans) est prêtre de paroisse dans le diocèse de Metz, aumônier d’un centre hospitalier en Moselle et historien des religions. Il se consacre depuis plus de trente ans à l’étude des phénomènes ésotériques et des thérapies alternatives. Il est d’ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Avec le soutien de son évêque qui l’encourage dans ce ministère, depuis son ordination en 1992, il sillonne la France, parfois les pays voisins, pour aller à la rencontre des paroissiens lors de conférences, « le défi étant d’expliquer l’enjeu spirituel qu’il y a derrière ces pratiques sans que les personnes se sentent accusées ou jugées ».

Le prêtre de paroisse dans le diocèse de Metz est l’auteur de plusieurs ouvrages.

L’Intelligence Artificielle générative

L’IAG représente une opportunité inédite de repousser les limites de la créativité.

Par Pierre Guillemin | Photo : DR

« N’ayons pas peur ! » (Marc 6-50, Jean Paul II 22.10.1978, Benoît XVI 24.4.2025, François 6.8.2023).

Au début de cette année 2025, le Saint-Siège a publié le document « Antiqua et nova » dont l’objectif est de nous expliquer la position et les préoccupations de l’Eglise sur l’Intelligence Artificielle (Générative en particulier). De quoi parlons-nous ?

L’Intelligence Artificielle générative (IAG) désigne des systèmes capables de produire et de générer du contenu original à partir de données existantes : textes, images, musiques, vidéos ou encore codes informatiques. Elle s’appuie principalement sur des modèles d’apprentissage profond, comme les réseaux de neurones (voir L’Essentiel octobre 2024), qui « apprennent » à imiter les structures et les styles des données qu’ils ont dû utiliser pour générer des réponses appropriées aux questions posées.

Les outils bien connus comme ChatGPT, DALL·E, Midjourney ou encore Gemini sont des exemples concrets et actuels de cette IAG.  Capables de rédiger des articles, créer des illustrations ou même produire des films de manière autonome ou semi-assistée, ces IAG transforment de nombreux secteurs : l’éducation, la publicité, la recherche, la production industrielle, le contrôle qualité, le diagnostic médical, le développement logiciel ou encore la création artistique.

Cependant, cette évolution soulève des questions éthiques, juridiques et sociétales : comment en effet distinguer entre création humaine et production algorithmique, posant la question de la propriété intellectuelle ? Les risques de désinformation, de plagiat ou d’exploitation biaisée des données sont également réels. De plus, comme toute nouvelle technologie, l’automatisation de certaines tâches suscite des inquiétudes quant à l’avenir de nombreux métiers : rappelons-nous de la crise des luddites (ouvriers textiles), au début du XIXe siècle, qui ont cassé les métiers à tisser par peur que ceux-ci n’entrainent la fin du métier de tisserand. Ceux qui ont cassé les métiers à tisser ont perdu leur travail alors que les tisserands indépendants ou les entreprises qui ont commencé à s’en servir, eux, non seulement ont gagné, mais ont gardé leur travail et ont même embauché.

Ce document « Antiqua et nova » nous dit donc que si l’IAG représente une opportunité inédite de repousser les limites de la créativité et de l’innovation, tout en exigeant de la part de l’utilisateur une expertise profonde du sujet traité afin de garantir une réponse correcte, il précise aussi que cela constitue le grand défi des prochaines années pour ces IAG : citons Mgr Paul Tighe (secrétaire du dicastère pour la Culture et l’Education) : « Il y a une compréhension plus large de l’intelligence, qui concerne notre capacité humaine à trouver un but et un sens à la vie. »


En librairie – octobre 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Lieux de pèlerinage en Suisse
Jacques Rime

Qu’il s’agisse de chapelles isolées de plaine et de montagne, d’ermitages de forêts, de couvents, d’églises villageoises ou encore de sanctuaires au cœur des villes, la Suisse possède de nombreux lieux de pèlerinage souvent empreints d’une grande beauté.
Pour la réalisation de cet ouvrage particulièrement bien documenté, l’auteur, qui en a visité et inventorié plus de cinq cents, convie le lecteur à autant d’itinéraires qui le conduiront de Genève à Saint-Gall et de Bâle à Chiasso en passant par tous les cantons suisses. L’ouvrage se veut avant tout une description succincte des sanctuaires et propose plusieurs parcours pour les rejoindre, les découvrir et pourquoi pas, s’y recueillir.

Editions Cabédita

Acheter pour 39.00 CHF

Sur les chemins de Jérusalem
Philippe Martin 

Que l’on soit croyant ou non, le pèlerinage est un phénomène mondial. A côté de Saint-Jacques-de-Compostelle ou Assise, un sanctuaire demeure essentiel : Jérusalem. En une vingtaine de portraits d’une écriture vivante, Philippe Martin nous emmène à la rencontre de celles et ceux qui, de l’Antiquité à nos jours, ont fait cette expérience. Il nous raconte ce qu’ils vivent : leurs sentiments, leurs prières et le rapport qu’ils entretiennent avec les autres communautés. Depuis des millénaires, Jérusalem, la ville trois fois sainte, ne cesse de fasciner ceux partis à sa découverte pour transformer leur vie.

Editions Tallandier

Acheter pour 32.90 CHF

Les nouveaux pèlerinages
Valérie Germain

Partir en pèlerinage en ce début de XXIe siècle, quelle idée ! Le mot fleure bon l’époque médiévale ou bien encore une tradition religieuse un peu désuète qui se pratiquait de façon discrète et pieuse, à l’ombre des paroisses. Pour Valérie Germain, l’auteure de cet essai, psychologue clinicienne et passionnée de nature et de développement spirituel, le pèlerinage s’est, en effet, enrichi de vertus nouvelles, plus modernes et plus laïques. Jadis, voyage de dévotion vers un sanctuaire, le pèlerinage correspond aujourd’hui à un besoin nouveau d’accomplissement personnel et spirituel. Vers quoi, vers qui vont ces nouveaux pèlerins ? Que viennent-ils rechercher ? Pourquoi choisissent-ils de marcher en pleine nature, à l’heure des avions et des TGV ?

Editions Larousse

Acheter pour 26.60 CHF

Ce silence entre nous
Alison Gervais

Maya est une battante. Elle a toujours surmonté les épreuves de la vie, même quand elle a perdu l’audition à la suite d’une maladie : Maya est sourde et fière de sa différence ! L’arrivée dans un nouveau lycée, qui plus est un lycée pour entendants, est encore un challenge, mais Maya est prête et déterminée. Son objectif : rester concentrée sur ses études pour intégrer le programme dont elle rêve depuis toujours. Rien ne saura l’en détourner. Pas même les fossettes de Beau Watson, le président du conseil des élèves, qui s’est mis en tête d’apprendre la langue des signes afin de pouvoir lui parler et mieux la connaître. Il est mignon. Il semble sincère, bien qu’un peu maladroit. Mais il est entendant. Jamais Maya ne pourra avoir de sentiments pour un garçon entendant… n’est-ce pas ?

Editions Mame

Acheter pour 26.80 CHF

Pour commander

«Apprendre pour toujours avancer»

Membre du Conseil de paroisse et de l’équipe pastorale de Notre-Dame de Vevey, Catherine Blanchon a une double casquette. « Je voulais vraiment mettre mes compétences professionnelles en matière d’organisation et de prise de décision au service de l’Eglise », souligne cette retraitée hyperactive.

Par Véronique Benz | Photos : DR

« J’ai fait des études passionnantes de pharmacie. J’ai travaillé dans le domaine pharmaceutique, puis dans l’agroalimentaire chez Nestlé », relève Catherine Blanchon. C’est ainsi que cette Française est arrivée en Suisse et qu’elle y est restée. « J’ai eu la chance d’avoir des postes internationaux techniques variés. Je changeais pratiquement d’affectation tous les trois ans. Ce qui m’a toujours fait avancer c’est d’apprendre et de découvrir autre chose. Dans une société telle que Nestlé, il y a des possibilités fabuleuses. »

Catherine Blanchon a fait des audits d’usines dans le monde entier, ce qui lui a donné l’opportunité de rencontrer des collaborateurs sur tous les continents avec lesquels elle a gardé des contacts. « Travailler dans le domaine international est difficile, mais c’est très gratifiant. J’ai découvert la richesse des cultures et des religions. J’ai eu la possibilité de discuter avec des collègues juifs ou musulmans. »

Catherine était déjà investie au service de l’Eglise catholique lorsqu’elle vivait en France. Son engagement dans l’unité pastorale Grand-Vevey a débuté par la chorale la Cécilia. Puis en 2013, Mgr Slawomir Kawecki lui a proposé d’entrer au Conseil de paroisse de Notre-Dame de Vevey, dont elle est la secrétaire. A la retraite, en 2017, l’abbé Bernard Sonney lui demande de faire partie de l’équipe pastorale. « Nous avons mené à bien de gros projets, dont la restauration de la cure. J’étais dans un groupe de travail de recherche de fonds et de financement avec un cabinet de consultants en matière de communication. Nous avons pu accompagner le chantier grâce aux compétences techniques et architecturales que nous avons trouvées parmi les paroissiens. »

Catherine Blanchon est également engagée à la clinique de la Providence. Chaque semaine, il y a une célébration religieuse animée à tour de rôle par un pasteur, un prêtre et un laïc. « C’est en Suisse que j’ai découvert cette pastorale œcuménique présente dans le travail, la santé et la solidarité. Je trouve cela merveilleux. » Elle s’occupe aussi de l’accueil à Notre-Dame. Elle s’étonne du peu d’enfants qui viennent aux messes.

« Les difficultés que je rencontre se situent bien évidemment dans les relations humaines. Malgré tout, nous arrivons à avancer ensemble. Nous dialoguons beaucoup. Autant dans l’équipe pastorale que dans le Conseil de paroisse, il y a une intense richesse dans les échanges. Nous participons aux joies et aux peines des uns et des autres. Je ressens vraiment une grande fraternité. » Elle constate qu’elle reçoit plus qu’elle ne donne.

Base de départ de cette grande voyageuse : Vevey.

Un souvenir marquant de votre enfance
Je n’ai pas de souvenirs marquants. J’avais un père qui dirigeait des usines. Par conséquent, nous déménagions tout le temps. 

Votre moment préféré de la journée ou de la semaine
Je ne peux pas dire que j’ai un moment préféré dans la journée ou la semaine. J’ai beaucoup d’activités. Je bouge tout le temps. Ma vie c’est le mouvement. 

Votre principal trait de caractère
Je dirais impatience, curiosité, hyperactivité.

Un livre que vous avez lu plusieurs fois
Récemment, j’ai lu un livre sur les anges. Il s’agissait d’une enquête sur les histoires des anges. Ce livre m’a tout à fait rassurée par rapport à la mort.

Une personne qui vous inspire
J’ai toujours voulu ressembler à mon père. C’était un ingénieur, un intellectuel avec beaucoup d’autorité. Il m’a énormément appris. Il me disait que la curiosité n’était pas un vilain défaut, mais une grande qualité. 

Votre prière préférée ou une citation biblique qui vous anime
J’aime le « Je vous salue Marie » et le Credo de Nicée. J’apprécie cette prière, car elle contient un grand paragraphe sur l’Esprit Saint.

Catherine Blanchon

• Elle est d’origine française. Elle a 71 ans, mais toujours 20 ans dans sa tête.

• Avec son compagnon français Philippe, elle voyage beaucoup entre la France, la Suisse et la Nouvelle-Zélande.

• Elle est passionnée de botanique.

• Elle suit tous les MOOC (Massive open online course ou cours en ligne ouvert et massif) du collège des Bernardins. Il s’agit de cours de niveau universitaire gratuits et libres d’accès.

Pèlerinages du quotidien

Par Myriam Bettens
Photo : unsplash

Religieux ou profanes, promenades de santé ou chemins de croix, nous accomplissons tous des pèlerinages sous différentes formes. Partout et tout le temps. Pas de coquillages à ma besace, ni de saints enluminés dans mes pérégrinations.

Liste de courses en main – Bible de toute bonne ménagère – j’avale la route pour me rendre en de plus laïques « stations ». Quoique… certains parlent de ces endroits aussi comme de « temples ». Alors que mes pieds me guident pour répondre à l’appel du frigo, je Lui parle et Il m’écoute. Nous échangeons et Il me fait parcourir un chemin autre que celui des roulettes de mon chariot. Il m’accompagne dans ces pèlerinages du quotidien lorsque je prie « avec mes pieds ».

Saisie par l’Esprit Saint au rayon « confitures »… je mets mes écouteurs. Peut-être qu’ainsi, les badauds penseront que je suis en communication avec quelqu’un d’autre que… Dieu.

Une proposition… pour recharger ses batteries sur la pause de midi

Par Myriam Bettens | Photo: ECR

Des moments de recueillement et de prière sont ouverts pour vous permettre de vous ressourcer en toute simplicité sur la pause de midi. Hors vacances scolaires et événements spéciaux (seule la prière de Taizé se poursuit durant l’été), à l’Eglise du Sacré-Cœur, Boulevard Georges-Favon 25bis. 

• Lundi
Quoi ? : Temps de louange. Chants a cappella et lecture de l’Evangile du jour.
Quand ? : 12h15
Contact : Alessandra Macri – alessandra.macri@ecr-ge.ch

• Mardi
Quoi ? : Messes en français. Chaque célébration est conduite par un prêtre différent.
Quand ? : 12h15
Contact : Mercedes Lopez – mercedes.lopez@ecr-ge.ch

• Mercredi
Quoi ? : Prière de Taizé animée par la Pastorale des Jeunes de Genève (PJGE).
Quand ? : 12h30
Contact : Miles Fabius – miles.fabius@ecr-ge.ch

• Jeudi
Quoi ? : Adoration Silencieuse du Saint-Sacrement.
Quand ? : 12h15 à 14h
Lieu : Chapelle de l’église du Sacré-Cœur (entrée Bd Georges Favon)

• Vendredi  
Quoi ? : Prière du milieu du jour accompagnée à la Kora (instrument traditionnel africain). Psaumes chantés selon les mélodies du monastère bénédictin de Keur Moussa et d’autres compositions spirituelles.
Quand ? : 12h15 à 13h
Contact : Armel Ayegnon – ayearmel@yahoo.fr

Pèlerinages: la foi par les pieds

La messe de clôture du Jubilé des Jeunes à Tor Vergata a rassemblé plus d’un million de participants.

L’année du Jubilé est sur le point de prendre fin (14 décembre 2025). Beaucoup auront eu la chance de se rendre en pèlerinage à Rome. C’est l’occasion de nous pencher sur les démarches de pèlerinage à travers leur histoire et l’influence qu’elles ont exercée.

Par Amandine Beffa | Photos : unsplash, DR

A l’heure où j’écris ces lignes, des centaines de milliers de jeunes rentrent chez eux après avoir participé au Jubilé des jeunes, à Rome, à l’occasion de l’Année Sainte1. Plus tôt cette année, le traditionnel pèlerinage de la Pentecôte reliant Paris à Chartres a rencontré un tel engouement que les inscriptions ont dû être clôturées en avance et que des mesures ont dû être prises pour gérer l’affluence2. Monseigneur Emmanuel Gobillard, alors recteur de la cathédrale du Puy-en-Velay, notait en 2013 : « Il n’y a jamais eu autant de pèlerins de Saint-Jacques qu’aujourd’hui. »3 

Cette recrudescence est confirmée par Isabelle Jonveaux. Elle note « un essor du nombre de pèlerins, mais également une envolée de l’intérêt général pour les pèlerinages »4. Cela concerne le nombre de personnes qui partent, mais aussi une augmentation des livres, témoignages et films sur le sujet.

Pour la sociologue, « le pèlerinage connaît un regain d’attention, car il correspond bien aux nouveaux besoins spirituels, au sens large du terme. Dès lors, il n’est pas nécessairement ancré dans la religion chrétienne. Il s’agit d’un voyage intérieur autant que physique qui attire un public très diversifié, contrairement à d’autres démarches religieuses, et qui répond à plusieurs attentes : quête de spiritualité, de sens et de connexion avec le divin ou avec soi-même. »5

Une expérience universelle

L’historien Dominique Julie va dans le même sens : « On y croise au XXIe siècle des fidèles de toute confession et des athées, voyageant seuls ou en groupe, mû chacun par leurs propres raisons, religieuses, spirituelles ou profanes. »6 

Le pèlerinage n’est ni une expérience proprement chrétienne ni une expérience récente. On retrouve des voyages à caractère religieux dans la majorité des religions. Stonehenge était, au Néolithique déjà, un lieu où l’on se rendait pour vivre une expérience spirituelle. Les Grecs se déplaçaient pour consulter la Pythie ou Esculape. Jusqu’à la chute du Temple de Jérusalem, en 70’ 7 : « […] les grandes fêtes religieuses (juives) sont toutes des fêtes de pèlerinages, à l’occasion desquelles on quitte sa ville ou son village pour se rendre au sanctuaire central. »8 Il est ainsi possible de dire que le pèlerinage est une expérience universelle. 

Le site de Stonehenge était, au néolithique déjà, un lieu où l’on se rendait pour vivre une expérience spirituelle.

La spécificité catholique

La particularité du pèlerinage catholique est qu’il est libre et volontaire. Partir n’est certes pas toujours un choix. Il y a eu à certaines périodes des pèlerinages pénitentiels imposés par les confesseurs ou les tribunaux. Cependant, il n’y a jamais eu d’obligation générale à tous les fidèles, contrairement à certaines époques du Judaïsme ou à l’Islam.

Les motivations des pèlerins sont toujours très diverses.

Volonté de rupture

S’il y a souvent une volonté de rupture avec le quotidien, les raisons poussant à se mettre en route diffèrent : obtenir une grâce ou une guérison, effectuer une pénitence, vénérer des reliques, réaliser une démarche de conversion ou d’ascèse et même être enterré dans un lieu saint. P. Marval souligne que : « Les motivations des fidèles qui se rendent sur ces lieux ont en tout temps été très diverses. Il a toujours existé une spiritualité de l’errance, liée au thème du chrétien « étranger en ce monde » […] Beaucoup de pèlerins sont mus par le désir de toucher le sacré afin d’avoir part à ses vertus. »9

Les motifs sont parfois moins spirituels : « Un traité d’éducation, L’imagination de la vraie noblesse, rédigé au début du XVe siècle à l’intention des jeunes Bourguignons explique encore qu’il est « bienséant que les jeunes de noble lignage fasse les pèlerinages de Jérusalem ou Saint-Jacques et qu’en même temps, ils guerroient contre les Sarrasins et autres mécréants ». »10 

Par procuration

Certaines périodes de l’histoire connaissent des pèlerinages par procuration. Il existe des pèlerinages posthumes. N’ayant pas pu se rendre de son vivant dans un sanctuaire, le défunt lègue à ses proches la somme nécessaire pour qu’ils s’y rendent en son nom afin de lui obtenir une grâce. Il y a aussi les pèlerinages vicaires. Des riches payent un « pèlerin professionnel » pour faire les démarches à leur place. Dans les deux cas, ceux qui partent n’obtiennent rien pour eux-mêmes, si ce n’est un éventuel avantage financier qui poussait sur les routes des personnes des catégories sociales inférieures.

Se mettre en route

Le culte des reliques est un des éléments les plus importants de la pratique religieuse au Moyen Age. Mais il serait faux d’imaginer que tous se mettent en route pour de lointaines destinations comme la Terre Sainte. Pour partir, il faut de l’argent et du temps : « Il s’agit d’une aventure très longue, très coûteuse et très périlleuse, si bien que ceux qui la tentent ne sont en fin de compte qu’une minorité. »11 Le peuple ne peut s’absenter pour de longs mois sans générer de revenus. Il existe cependant de nombreux sanctuaires locaux, comme par exemple Bourguillon, dans le canton de Fribourg.

Bourguillon, dans le canton de Fribourg, est un sanctuaire prisé par les pèlerins.

L’espace manque malheureusement pour continuer à conter la riche et passionnante histoire des pèlerinages. Mais que cela ne vous retienne pas de chausser vos meilleurs souliers, la Suisse regorge de lieux magnifiques : Einsiedeln, l’hospice du Grand-Saint-Bernard, l’église de Siviriez, l’ermitage de Longeborgne, le Ranft… n’attendent que vous.

1 Ils étaient environ un million à Tor Vergata pour la veillée et la messe avec le Pape qui ont eu lieu le 2 et le 3 août 2025.
2 Voir par exemple les articles d’Aleteia sur le sujet : Face à l’afflux de fidèles, le pèlerinage de Chartres se réorganise https://fr.aleteia.org/2025/04/28/face-a-lafflux-de-fideles-le-pelerinage-de-chartres-se-reorganise ; Pèlerinage de Chartres : 19’000 inscrits, nouveau record, et le souci d’unité https://fr.aleteia.org/2025/05/15/pelerinage-de-chartres-19-000-inscrits-nouveau-record-daffluence-et-souci-dunite 
3 Ferrarini, H. (2013) Compostelle, un chemin réinventé, Slate, 2 septembre 2013.
4 Eglise catholique romaine, Regard no 21, juillet 2024.
5 Idem.
6 Julia, D. (2001). Le pèlerinage aux temps modernes (XVIe-XVIIIe siècle). Dans Audisio, G.(éd.) Religion et exclusion (pp. 183-195). Presses Universitaires de Provence.
7 Tous les juifs qui le pouvaient étaient tenus de se rendre à Jérusalem à l’occasion de Pessah, Chavouot et Soukkot. 
8 Grappe, C. Marx, A. (2025) Fêtes et pèlerinages dans la Bible, Genève : Labor et Fides, p. 16.
9 Marval, P. (2007) Pèlerinage. Dans Lacoste, J., Y. (éd) Dictionnaire critique de théologie (pp. 1062-1063) PUF.
10 Péricard-Méa, D. (2004) Brève histoire du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle, Fragile, p. 17.
11 Barral i Altet, X. (1993). Compostelle, le grand chemin, Découvertes Gallimard Religions, p. 24.

Le pèlerinage de Jésus (Luc 2, 41-52)

Jésus enseignant au Temple.

Par François-Xavier Amherdt | Photo : DR

En bons juifs fidèles aux prescriptions de la Loi, Marie et Joseph honorent la tradition du pèlerinage à Jérusalem pour la solennité de la Pâque. Ces pèlerinages annuels étaient au nombre de trois, avec celui de la Pentecôte et celui de la fête des Tentes. Lorsqu’il parvient à l’âge de la « maturité religieuse » pour leur peuple, soit douze ans, ils y emmènent Jésus, afin qu’il s’associe à la caravane des parents et connaissances dans cette démarche de vénération du Très-Haut.

Intelligence stupéfiante

La liberté dont le Christ adolescent bénéficie est pour nous désarçonnante. Il échappe à la garde de sa mère et de son père adoptif qui, pendant une journée, le croient noyé dans la foule des pèlerins.

Ce n’est qu’au troisième jour, indication hautement symbolique, qu’ils le retrouvent, plongé dans des discussions avec les représentants de l’Ancienne Alliance. Il fait preuve alors d’une intelligence stupéfiante, nourrie par l’Esprit de son Père, et il surprend profondément tous ceux qui l’entendent.

Cette escapade et ce déplacement dans le Temple anticipent l’exode du Fils de Dieu vers celui qui l’a envoyé et aux affaires duquel il doit d’ores et déjà s’adonner. Il plante une première écharde dans le cœur de Marie qui lui fait des reproches, remplie d’émotion et d’angoisse. Sa mère sera encore là lorsqu’une nouvelle épée sera enfoncée dans son être, au Golgotha. La mort sur la croix ouvre au voyage définitif vers le Seigneur par la Résurrection d’entre les morts.

Vers la patrie divine

C’est ainsi que l’ensemble de nos pèlerinages signifient notre cheminement vers la maison céleste. Notre demeure ici-bas n’est pas définitive. Nous avons une patrie divine vers laquelle nous passons petit à petit (Hébreux 11, 16). Chaque déplacement en un lieu saint, à Rome, à Saint-Jacques-de-Compostelle ou à Lourdes, préfigure notre route vers la Jérusalem d’en-haut, vers les cieux nouveaux et la terre nouvelle (Apocalypse 21-22). 

Nous y retrouverons dans l’Esprit la Sainte Famille de Nazareth, les saints dans la communion desquels nous nous avançons, nos défunts et nos compagnons actuels de marche. La Trinité nous ouvrira ses bras de tendresse et nous prendra dans sa circulation d’amour.


En chemin

Par Thierry Schelling | Photo : Vatican media

Pèlerinage
Marchant dans les pas de François, Léon a continué l’année jubilaire en présidant les diverses messes de jubilés : des Eglises catholiques orientales, des familles, des mouvements d’Eglise, du Saint-Siège, des sportifs… Reprenant tel quel le programme établi par son prédécesseur et le Dicastère pour l’Evangélisation (première section), Papa Prevost invite à devenir témoins de l’espérance, renforçant l’unité entre croyantes et croyants – un thème propre à ce début de pontificat, l’unité.

Politique
En recevant les ambassadeurs africains venus en pèlerinage à Rome, il a expliqué, sans note et en anglais, que pour lui, un pèlerinage est l’occasion de vivre ensemble un chemin commun et de découvrir que « notre foi ne se célèbre pas seulement le dimanche ou en pèlerinage », mais chaque jour – et qu’une démarche jubilaire doit nourrir ce témoignage du quotidien.

Promesse
Dans le cadre – un peu oublié ! – des 1700 ans du Credo des chrétiens, partagé par toutes les Eglises officielles, un voyage à Nicée envisagé encore sous François est en train de se finaliser, pour que Léon, Bartholomée (patriarche de Constantinople) et les instances des Eglises protestantes et orthodoxes orientales se retrouvent pour célébrer la foi chrétienne – confiance en un Dieu qui se fait pèlerin de paix et d’unité dans ce monde dans chaque cheminante et cheminant, à Rome ou ailleurs…

Lire une monnaie ancienne 

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet de son choix. Mgr Jean-Pierre Voutaz, prévôt du Grand-Saint-Bernard, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Mgr Jean-Pierre Voutaz, prévôt du Grand-Saint-Bernard
Photos : DR

Il y a une dizaine d’années, à la fin d’une retraite silencieuse, nous nous sommes présentés en spécifiant un engagement. Presque tous les participants ont partagé un bénévolat ecclésial. J’ai signalé faire partie d’une association numismatique, de passionnés de monnaies, étant étonné que peu de personnes parlent d’engagement social ou d’une passion qui fait venir de l’air, de l’équilibre dans sa vie. Une parole de saint Vincent de Lérins, mort vers 450, m’inspire. Il disait que pour lui, chrétien, rien de ce qui concerne l’humanité ne doit lui être étranger (nihil humani a me alienum puto). Cela signifie que dans chaque engagement, chaque passion, nous atteignons quelque chose d’universel, de vrai, qui nous construit, nous réjouit et nous rapproche des autres. Je vous présente la joie que j’ai eue en 2020 d’avoir participé à l’identification précise d’une petite monnaie déposée au col du Grand-Saint-Bernard il y a bien longtemps.

Nous sommes sous l’empereur Anastase qui régnait à Constantinople de 491 à 518. Le tiers de sous en or de 13,3 mm de diamètre lui était attribué parce que son profil et sa légende se voient à l’avers de cette monnaie. L’autre côté de la monnaie, le revers, présente une victoire qui marche à droite et sa légende contient des fautes de latin. Au lieu du traditionnel VICTORIA AUGUSTORUM, signifiant la victoire des augustes, nous lisons VICTORIA ACOSTRUM. Après quelques recherches, il s’avère que cette pièce d’or a été frappée à Lyon, sous Gondebaud, roi des Burgondes, entre 500 et 508. Ce roi est le père de saint Sigismond, fondateur de l’abbaye de Saint-Maurice en 515. Nous sommes à l’époque de l’installation de ces tribus dans nos régions, englobant la Bourgogne, la Savoie et les régions allant de Genève au Bas-Valais. Les Burgondes se mettent au latin et peinent à le prononcer. Pour le mot Augustorum, les augustes, la diphtongue « AU » devient « A », le « G » devient un « C »… Cette petite monnaie nous introduit à l’histoire de nos patois et de notre foi : prodigieux !

Jeunes, humour et mot de la Bible – octobre 2025

Par Marie-Claude Follonier

Mot de la Bible

Age canonique

Si aujourd’hui l’expression âge canonique désigne effectivement une personne d’un âge assez avancé, cela n’a pas toujours été le cas. A l’origine, l’âge canonique est en effet l’âge requis par le droit canon pour l’exercice de certaines fonctions et en particulier l’âge minimum à partir duquel une femme peut entrer au service d’un ecclésiastique, à savoir quarante ans. Autrefois, l’espérance de vie était moindre. Quarante ans représentaient un âge déjà respectable et l’on estimait qu’une femme de cet âge offrait moins de tentations et pouvait être digne de confiance. Avec le temps, le sens de l’expression a dépassé le cadre religieux et s’est élargi à toute la société, y compris aux hommes.

Par Véronique Benz

Humour

Un homme accompagné d’un enfant entre chez le coiffeur. L’homme se met en premier sur le fauteuil. Quand c’est terminé, il dit au coiffeur : 
– Pendant que vous coupez les cheveux au petit, j’ai une course à faire. Ensuite je reviens vous payer pour moi et pour lui. 
– C’est d’accord, à tout à l’heure. 

Comme l’homme tarde à revenir, le coiffeur demande à l’enfant : 
– Eh bien, mon petit, quand est-ce que ton père revient te chercher ?

L’enfant répond alors : 
– Ce n’est pas mon père, c’est un Monsieur qui s’est adressé à moi dans la rue et il m’a dit : « Viens avec moi petit, on va se faire couper les cheveux gratuitement ! »

Par Calixte Dubosson

Monnayer l’éthique

Thomas Wallimann-Sasaki dirige l’instiut ethik22 et préside la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses.

Depuis cette année, l’institut d’éthique sociale ethik22 ne touche plus de subventions de l’Eglise. Entre centralisation de la réflexion éthique au sein de commissions ecclésiales et économicité, l’institut zurichois travaille sur un nouveau modèle économique, qui ne trahisse pas ses valeurs. Entretien avec Thomas Wallimann-Sasaki.

Pour le théologien, les gens interprètent trop l’éthique comme une voix moralisatrice.

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

Depuis le début de l’année, vous devez vous passer des subventions de l’Eglise. Cela s’apparente-t-il à un désaveu de votre travail ?
Oui et non… Il y a toujours eu le souhait de centraliser le travail d’éthique sociale. Mais en Suisse, l’Eglise, c’est comme en politique, il faut composer avec la pluralité. Or, la population, comme les fidèles, sont toujours sur la réserve lorsqu’il s’agit de trop centraliser. De ce point de vue, je reste convaincu qu’il est bon d’avoir des institutions comme Justice et Paix représentant la voix officielle de l’Eglise, mais aussi des organes indépendants comme le mien, qui portent la voix du peuple et jouent un rôle différent des commissions purement ecclésiales.

Est-ce une manière de sous-entendre que le travail de réflexion éthique ne peut pas être mené à bien par des partenaires laïcs ?
Pas du tout. Je parlerais plutôt d’une tendance de type New Church Management à la mode, qui prône l’optimisation. Derrière cette idée, il y a la compréhension que la centralisation coûte moins cher et demeure plus efficace. Alors qu’objectivement, les postes d’ethik22 « perdus » n’ont pas été remplacés !

Paradoxalement, les gens d’Eglise n’ont apparemment pas idée de la manière dont la doctrine sociale de l’Eglise peut être efficace…
En effet, lorsqu’il s’agit de comprendre la société et le rôle que l’Eglise peut y jouer, nous faisons face à un vrai manque. D’une part, elle ne possède pas les outils pour discuter et analyser les problématiques éthiques et d’autre part, elle se sent pressée de dire quelque chose sans pour autant disposer du langage pour traduire sa pensée. Pourtant, je connais de nombreux prêtres et théologiens formés en éthique, mais leurs compétences ne sont pas exploitées…

A leur décharge, le travail de réflexion éthique, notamment sous l’angle chrétien, est peu perceptible pour le public…
Oui, les gens interprètent malheureusement trop souvent l’éthique comme étant une voix moralisante. Toutefois, ils perçoivent aussi ce sentiment qu’ils ont, surtout dans l’estomac, lorsqu’ils sont face à un dilemme éthique. Les entrailles savent « dire » si ce que l’on s’apprête à faire est en phase avec nos valeurs ou pas. L’éthique en soi, n’est que l’outil servant à mettre en forme le processus de pensée que l’on ressent déjà sans pouvoir l’expliquer.

En même temps, le processus de réflexion éthique est de plus en plus sollicité et souhaité par la société civile. Est-il facile de monnayer des « services éthiques » ?
L’essence de l’éthique sociale chrétienne est d’être critique et toutes les entreprises n’apprécient pas cela, même de manière constructive (rires).En outre, certaines firmes utilisent l’éthique à des fins marketing et préfèrent économiser sur le « non-nécessaire » dans les temps d’insécurité actuels. Toutefois, s’adjoindre un partenaire pour discuter les défis et décisions délicates qu’impliquent le monde du business et le leadership rend les entreprises plus enracinées dans ses valeurs, car l’éthique offre un réel espace pour repenser les structures sur lesquelles on bâtit.

Dilemmes éthiques sous la loupe

ethik22 est un institut d’éthique sociale créé en 2017 sous l’impulsion du Mouvement suisse des travailleurs catholiques (KAB). Les prestations de l’association s’articulent autour de plusieurs axes : les recommandations lors de votations fédérales, la formation avec des conférences et des ateliers, une émission de radio hebdomadaire et un service de consultations. Ce dernier conseille des entités, en majorité non ecclésiastiques, sur la meilleure manière d’intégrer leurs valeurs dans l’élaboration de chartes éthiques. L’institut a notamment collaboré avec le Tribunal fédéral dans ce sens. Plus d’informations : ethik22.ch

Bio express

Thomas Wallimann-Sasaki est théologien. Il a obtenu son doctorat à Lucerne en 1999. Depuis cette même année, il dirige l’Institut social du KAB, devenu ethik22. Il enseigne aussi l’éthique à la Haute école de Lucerne et à la KV Business School de Zurich. En 2014, il a été élu au Conseil cantonal de Nidwald et président de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques suisses.

Eglise de Rougemont, Vaud

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Une fois n’est pas coutume, c’est l’église même que nous considérons comme une œuvre d’art sacré. Bien sûr, comme c’est le cas presque partout au Moyen Age, nous ne savons pas qui étaient le maître d’œuvre et les artisans.

Ce que nous savons, c’est qu’au XIe siècle, Guillaume premier, comte de Gruyère, confie la construction d’un prieuré aux moines de Cluny. L’église est à l’origine consacrée à saint Nicolas de Myre. 

Contrairement à d’autres lieux du réseau clunisien, il n’y a jamais eu que deux à quatre moines à Rougemont (à titre de comparaison, l’abbaye de Cluny en a compté jusqu’à 250).

475 ans plus tard, Michel de Gruyère accumule les dettes et provoque la faillite de sa Maison. En 1555, le Pays-d’Enhaut et le Saanenland deviennent bernois et passent à la Réforme. 

L’église subit quelques modifications. Le toit est repris pour atteindre une inclination plus profonde, permettant l’évacuation de la neige. La tour carrée qui se trouvait à la croisée du transept est remplacée par un clocher de style oberlandais. Mais l’intérieur garde son atmosphère caractéristique.

A un moment de son histoire, comme beaucoup d’autres églises, l’édifice est badigeonné de blanc. Toutefois, une restauration effectuée entre 1919 et 1926 permet de retrouver le style d’origine. Si vous avez en tête les restaurations datant du XIXe siècle et leurs couleurs criardes (on peut citer par exemple la chapelle des Macchabées dans la cathédrale de Genève), vous ne pouvez que noter l’excellent travail effectué par le peintre Correvon. Loin de moi l’idée de critiquer le passé, je suis fascinée par le travail des pionniers comme Eugène Viollet-le-Duc. Mais le résultat de la restauration de l’église de Rougemont montre à quel point les connaissances et les compétences ont évolué en moins d’un siècle. Le visiteur non averti qui pousse aujourd’hui la porte croit pénétrer dans un pur exemple de l’architecture romane clunisienne. Et tant de siècles après sa construction, elle offre toujours une parenthèse de beauté et de paix.

Sources : Pierre-Yves Favez : « Rougemont (prieuré) », in Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 21.12.2009.



En librairie – septembre 2025

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Maman, ne me quitte pas !
Bernadette Lemoine

Un grand nombre de difficultés psychologiques, de troubles du comportement ont pour origine une angoisse de séparation, signe d’une souffrance liée à une séparation mal vécue dans la petite enfance. L’événement, souvent banal, qui a conduit l’enfant à se croire abandonné, est mis en lumière, avec le concours des parents et de leur enfant. Bernadette Lemoine, en mettant des mots sur les maux, désamorce l’angoisse qui empêche l’enfant de vivre heureux. Ce livre s’adresse à tous ceux qui souhaitent donner aux enfants qui leur sont confiés l’inestimable cadeau de la confiance en la vie.

Editions Saint Paul

Acheter pour 29.70 CHF

Les blessures d’enfance
Bénédicte Sillon

Nous aimerions que nos vies, et plus encore celles de nos enfants, soient paisibles, sereines, dépourvues d’épreuves ou de blessures… Nous constatons que cela reste une chimère. Nos blessures dessinent aussi des paysages intérieurs, et donc extérieurs, bouleversants de beauté. Le projet de cet ouvrage est donc de comprendre ce qu’est une blessure, de la distinguer d’autres formes de moments douloureux, afin de mieux comprendre comment y faire face. De cheminer, en quelque sorte, le long d’un sentier qui fait passer des limites de la vie à un chemin de Vie.

Editions Mame

Acheter pour 22.20 CHF

Libéré, délivré… de mon smartphone
Tanguy Marie Pouliquen

Vous le sentez vibrer dans votre poche alors que personne ne vous appelle ? Vous êtes à l’affût de notifications en permanence ? Seriez-vous addict, sans le savoir, au smartphone ? Il faut bien se l’avouer : ce faux ami perturbe notre attention, notre concentration, notre bien-être et donc nos relations. Rien n’est perdu ! Il est possible d’entamer la déconnexion pour reprendre le contrôle sur votre portable, et ce, en 10 jours seulement. L’antidote de base : Dieu. A la manière d’un coach, le père Tanguy Marie Pouliquen a bâti un parcours progressif : 15 minutes par jour pour un détachement en douceur. Testée et approuvée, cette désintox intégrale pour vivre une libération numérique et trouver une disponibilité intérieure vous permettra de laisser plus de place à Dieu, mais aussi à ceux qui vous entourent.

Editions Première partie

Acheter pour 23.80 CHF

Abigaëlle
Dominique Perot-Poussielgue, Anastasia Wessex

Il était une fois une charmante petite marmotte nommée Abigaëlle. Qu’elle était drôle, avec ses poils brun-gris, ses yeux noisette roulant vivement de droite à gauche. Qu’elle était forte, avec ses robustes griffes et sa silhouette trapue ! Mais quand il s’agit de préparer le terrier pour l’hiver, Abigaëlle aimerait bien choisir avant ses frères et sœurs… Un conte charmant et profond pour faire réfléchir les plus jeunes aux valeurs de l’Evangile. Dès quatre ans.

Editions Emmanuel Jeunesse

Acheter pour 21.00 CHF

Pour commander

Jusque dans les détails

La démarche représente les joies, les espoirs, les attentes, mais aussi les craintes, les difficultés, tout ce qui habite le cœur des écoliers à la rentrée.

Par Emmanuelle Mayoraz (Animatrice pastorale pour le secteur de Saint-Maurice)
Photo : Emmanuelle Roduit

Notre Dieu est un Dieu de bénédiction, nous ne le dirons et ne le manifesterons jamais trop dans notre pastorale ! Il est bon de se rappeler à quel point le Seigneur nous aime et aime nos familles ; combien il s’intéresse au réel de ce que nous vivons, jusque dans les plus petits détails… Nous n’annonçons pas un Etre divin lointain qui ne se pencherait sur nous que lorsque nous sommes sagement assis dans une église ! Il me semble que c’est une des dimensions les plus importantes de cette démarche de bénédiction des sacs d’école que nous avons pris l’habitude de vivre dans notre secteur pastoral. Ces sacs représentent les joies, les espoirs, les attentes, mais aussi les craintes, les difficultés, tout ce qui habite le cœur des écoliers – et de leurs parents – à la rentrée. C’est sur tout cela que la main de Dieu se pose et répand sa miséricorde. 

Nous croyons aussi que, lors de ces eucharisties célébrées ensemble dans la joie, le Seigneur Jésus nous comble de lui, puis qu’il nous envoie tous l’annoncer là où nous vivons : à l’école, en famille, dans notre milieu de travail. Il compte sur nous, et particulièrement sur les enfants, pour être ses témoins, témoins de paix, de joie et d’espérance !

Mourir dans l’indifférence

Les lectrices se contentent d’un maigre refuge.

Décédé sur des bateaux inaptes à la navigation, étouffés dans des camions, morts de faim dans le désert… Chaque jour, le contingent de personnes disparues sur les routes de l’exil augmente.
Ainsi, on estime à ce jour que 66’519 personnes ont perdu la vie en tentant de rallier l’Europe. L’action Les nommer par leur nom a fait mémoire, fin juin, à Genève, de toutes ces personnes,
souvent mortes anonymement et qui ne sont enterrées nulle part.

Texte et photos par Myriam Bettens

L’air est lourd en cette fin de semaine caniculaire. La blancheur de la façade de l’église du Sacré-Cœur réverbère les implacables rayons du soleil. Sur le parvis, le parasol aux couleurs claires n’apporte qu’un faible refuge aux deux courageuses prêtant leurs voix pour commémorer les vies oubliées sur les chemins de l’exil. Tout comme elles, d’autres volontaires se sont relayés durant l’après-midi du samedi 21 juin, à l’occasion de la Journée nationale, mondiale et du dimanche des réfugiés (20-21-22 juin), pour lire les noms de celles et ceux dont le destin a basculé en tentant de rallier l’Europe. Cette initiative de l’Aumônerie Genevoise Oecuménique auprès des Requérants d’Asile et des Réfugiés (AGORA) enjoignait ainsi à faire mémoire des « victimes de la Forteresse Europe », afin que celles-ci « ne disparaissent ni des mémoires, ni des consciences ».

Le poids des vies

Assis sur un banc non loin de l’édifice, un jeune homme lit, indifférent à la funeste litanie qui se déroule à quelques mètres de lui. Les passants qui se pressent dans les rues adjacentes – coupées à la circulation à l’occasion de la Fête de la musique – ne prêtent que peu d’attention aux lectrices égrenant les noms de ces oubliés. Bilel, Zhilan, Rakesh, Ishtiaq et tous ceux dont on ne connaît pas l’identité se perdent dans le flot incessant de la circulation et les cris des spectateurs du skatepark de l’autre côté de la rue. Virginie Hours, aumônière catholique à l’AGORA, ne désespère toutefois pas d’interpeler sur le sort de ces réfugiés. Pour ce faire, une pétition circulait sur le lieu de l’événement. Un appel visant le Conseil fédéral, afin de l’exhorter à tenir ses engagements en regard de la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant (1997), afin que ceux-ci ne soient plus bafoués sur les chemins d’exil. Un lourd classeur bleu sert de support aux paraphes. A l’intérieur, les listes des noms de ceux qui ont péri. Le poids des vies, « au propre, comme au figuré », souligne-t-elle encore.

La tête ailleurs

« On peut mourir sans que cela n’intéresse personne », s’indigne Nicole Andreetta, aumônière retraitée de l’AGORA, à la vue de toute cette indifférence. Son homologue interprète cet apparent désintérêt par une cause calendaire. « Entre la Fête de la musique et les vacances qui approchent, les gens sont déjà ailleurs. » Virginie Hours glisse encore que, « même si cela fait un peu bande à part, la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR) de l’Eglise catholique, a lieu à la rentrée et les gens me semblent plus réceptifs ». Cette année, du fait du Jubilé des Migrants, la JMMR ne sera pas fêtée le dernier dimanche de septembre comme d’habitude, mais célébrée les 4 et 5 octobre prochains avec comme point d’orgue les « Migrants, missionnaires d’espérance ». Le thème choisi par le pape François veut mettre en lumière ces migrants et réfugiés qui « deviennent des «  missionnaires de l’espérance  » dans les communautés où ils sont accueillis, contribuant souvent à revitaliser la foi des communautés locales et à promouvoir des dialogues interreligieux fondés sur des valeurs communes. Ils rappellent également à l’Eglise le but ultime du pèlerinage terrestre menant à la future patrie ».

Des affiches étaient placardées pour rappeler que derrière les noms, il y a aussi des vies.
Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp