Autant dire qu’un pape catéchumène est presque un oxymore ! Pourtant, il tient à la formule, spécialement pour la préparation au mariage catholique. Il l’a rappelé en février 2017 aux prêtres canonistes en formation auprès de la Rote romaine – le tribunal d’appel de l’Eglise pour les causes de nullité de mariage – en ces termes : « Je suis convaincu qu’il faut un vrai catéchuménat pour le sacrement du mariage, et non pas faire une préparation avec deux ou trois réunions et puis aller de l’avant. » Gros challenge pour les paroisses…
Du grec katechoumenos, « faire jaillir aux oreilles », d’où « instruire de vive voix », le terme semble devenir fondamental sous sa plume, sous le quasi-synonyme de chemin, par exemple dans ses encycliques et exhortations apostoliques Evangelii gaudium (43 fois), Laudato si’ (23), Amoris Laetitia (66), même si « chemin » est très biblique per se ! C’est l’aspect « maïeutique » sur lequel il insiste : apprendre, voire réapprendre à exprimer sa foi, non pour briller intellectuellement – « il faut vaincre le gnosticisme » de la foi, « le raisonnement logique et clair de la foi au détriment de la tendresse de la chair du frère », avait-il lancé à Florence en novembre 2015 –, mais pour s’engager « missionnairement » ou, comme il l’a redit à Florence, dans « l’esprit des grands explorateurs […] passionnés par la navigation […] et pas effrayés par les frontières et les tempêtes » – très belle image du… catéchuménat !
Dans son premier interview comme pontife à Antonio Spadaro, jésuite et directeur de Civiltà cattolica, il soulignait l’importance incontournable du cheminement et de son intégration dans toute œuvre d’évangélisation, redisant qu’à l’image d’Abraham, « notre vie consiste à marcher, cheminer, agir, chercher, voir… on doit entrer dans l’aventure de la recherche, de la rencontre et se laisser chercher et rencontrer par Dieu. »
Après tout, les années que Pierre, André et compagnie passèrent auprès de Jésus furent un vrai… catéchuménat !
Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice
Des livres
De la vie spirituelle: repères
Jésuite, Bruno Régent a accompagné spirituellement des personnes aux profils et aux horizons très variés. A travers cet ouvrage, il propose un prolongement de sa mission. « Ce petit livre a pour but d’aider ceux qui veulent grandir en vie spirituelle à repérer quelques principes et quelques manières de penser pour qu’une vie personnelle puisse se développer dans l’Esprit », note l’auteur. L’opuscule égrène une série d’une trentaine de fiches, que le lecteur choisira de lire à son rythme.
C’est un témoignage poignant, une aventure, une épopée que raconte Michaeel Najeeb avec Romain Gubert. Après la prise de Mossoul par les djihadistes qui ont juré de réduire la ville en cendres, plusieurs milliers de chrétiens fuient la plaine de Ninive au nord de l’Irak. Au cours de cet exode, le Père Michaeel Najeeb sauve une centaine de manuscrits vieux de plusieurs siècles. Ainsi que des familles de toutes confessions…
Un récit à hauteur d’homme, spirituel et plein d’espoir.
Le Notre Père, vu par le Pape. A travers un dialogue avec le docteur en théologie et aumônier de la prison de Padoue Marco Pozza, François détaille chaque verset de la prière que Jésus a donnée à ses disciples. Ce livre et le fruit d’un entretien télévisé en huit épisodes.
Pour Laurent Schaltenbrand, tout commence par une rencontre inattendue avec Dieu, il y a quinze ans. Il quitte alors sa carrière d’ingénieur pour rejoindre le CICR. Il goûte sur le terrain à une nouvelle saveur d’humanité et apprend à connaître Dieu. Mais après huit ans sur le terrain, sa vision est affectée par un accident vasculaire cérébral et il est contraint de changer de voie. Il devient alors oblat séculier de l’Abbaye cisterienne d’Hauterive. Son cheminement est relaté dans cet ouvrage incisif.
Cathy Espy-Ruf fait office de lien entre les paroisses, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux de Genève. Elle est aussi responsable de l’aumônerie catholique de la Maison de retraite du Petit-Saconnex.
Par Nicolas Maury Photos : Nicolas Maury, Ami SatchiAssise devant son ordinateur portable, Cathy Espy-Ruf fait défiler la liste des entrevues qui l’occuperont durant la journée. « Un peu à la dernière minute, deux éléments se sont greffés à mon planning », explique-t-elle, prenant une petite pause pour allumer une bougie sur une table basse. « Deux cérémonies de funérailles, pour lesquelles je vais m’occuper de la célébration aujourd’hui et demain. »
Basée dans la paroisse de Sainte-Jeanne-de-Chantal, la dynamique quinquagénaire possède plus d’une corde à son arc. Dirigeant le Service de la pastorale de la santé (ECR) à 70 %, elle fait office de véritable lien entre les paroisses genevoises, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux du canton du bout du lac. « Surtout ne m’en attribuez pas tout le mérite. Je fais partie d’un bureau de sept membres qui prend toutes les décisions importantes. »
Trois coups résonnent à la porte. « Mon rendez-vous de la matinée. Un monsieur qui, ayant vu un de nos prospectus, veut donner de son temps. Comme je m’occupe du recrutement des bénévoles, il me revient de le rencontrer. »
Et de se lever pour aller saluer Jean-Paul Kimpesa. Originaire de Kinshasa mais né à Genève, cet universitaire souhaite s’engager pour la communauté. « J’effectue un master en santé publique », explique l’intéressé, qui se retrouve à devoir répondre à un interrogatoire ciselé. « Je m’informe sur les motivations, le bien-être psychique et la confession de ceux qui nous approchent, justifie Cathy Espy-Ruf. Je les interroge aussi sur leur compréhension de Vatican II, l’œcuménisme, l’insertion dans une paroisse – nous sommes tous prêtres, prophètes et rois par notre baptême – et leur capacité d’être en équipe. Le questionnaire n’est pas dû au hasard. Nous travaillons avec des institutions avant tout laïques. Nous devons être reconnus pour notre qualité de présence. L’Eglise, c’est aussi notre visage. Notre recrutement doit donc être adéquat. »
Cathy Espy-Ruf rencontre Jean-Paul Kimpesa, qui souhaite s’engager comme bénévole.
Un travail de coordination
S’il répond aux critères, le postulant intégrera une structure sur laquelle il pourra s’appuyer. « C’est un de mes autres rôles, indique Cathy Espy-Ruf. Entre les 6 sites des HUG et les 55 EMS, ce sont 6200 personnes fragilisées par la maladie ou l’âge que nous visitons. Les aumôniers – prêtres et laïcs – à leur disposition représentent 840 % de temps de travail. Sans les bénévoles, ils ne pourraient pas répondre à toutes les demandes. Je coordonne un peu tout ça. »
Dotée d’une formation d’ergothérapeute et en soins palliatifs, la Genevoise fait converger au quotidien sa foi et sa profession. « Il m’est arrivé de proposer aux soignants dans les EMS une formation sur l’accompagnement spirituel dans le cadre de soins palliatifs. La spiritualité, c’est ce qui est souffle de vie de la personne. »
Prenant congé de Jean-Paul Kimpesa, Cathy s’apprête à faire un passage chez elle. « Je vais me changer pour les funérailles de cet après-midi à Saint-Georges, un ami d’une amie. Demain, je m’y rendrai de même pour une dame que j’accompagnais depuis deux ans en EMS. Sa famille a voulu que je continue l’accompagnement jusqu’au bout. »
A Genève, il n’est pas rare que des laïcs s’occupent de ce type de cérémonie d’adieu. « Seulement si nous avons suivi la formation ad hoc pour les funérailles et que le mandat nous a été attribué par l’évêque diocésain. »
Apercevoir la lumière
Le 20 % restant de son activité, Cathy le passe en tant que responsable de l’aumônerie catholique de la Maison de retraite du Petit-Saconnex (400 résidents). Toujours, elle cherche à apercevoir la lumière. « Tous les samedis matin, une messe est célébrée dans notre jolie chapelle, avec une cinquantaine de résidents. Pouvoir vivre le sacrement de l’Eucharistie est une joie profonde. Certains ont des problèmes de mémoire. Les voir pouvoir réciter le Notre Père ou chanter un Gloria ou un Sanctus est bouleversant pour moi. »
Le samedi matin, Cathy Espy-Ruf participe à une messe dans la chapelle de la Maison de retraite du Petit-Saconnex.
L’importance de se ressourcer
Ses multiples activités ne la laisseront pas, aujourd’hui, participer à la séance de gym avec les dames de son quartier. « Un peu de sport, la musique, la famille, la nature, la marche en montagne, le ski, tout ça me donne la force de me ressourcer et de ne pas me laisser submerger par les imprévus. Mais avant tout, la prière m’est fondamentale, Dieu nous précède toujours. Je rends grâce à Dieu car ce sont tous ces visages rencontrés qui font la beauté du quotidien ! »
Par François-Xavier Amherdt
Photo : Jean-Claude GadmerA partir de Pâques 2018, ce prochain 1er avril (!), la nouvelle traduction du Notre Père – déjà adoptée ailleurs en francophonie depuis le 1er dimanche de l’Avent le 3 décembre 2017 – entrera aussi en vigueur pour l’ensemble des Eglises de Suisse. Au lieu de l’actuel « Ne nous soumets pas à la tentation », nous serons désormais invités à dire : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Si la précédente version était plus proche de l’original grec de Matthieu (6, 13), « Ne nous soumets pas à la tentation » correspondant à la pensée sémitique selon laquelle le Seigneur est à la source de toutes les actions libres de l’homme, elle risquait d’être mal comprise. Comment admettre que Dieu, dans son infinie bonté, soit l’auteur de notre tentation ? La lettre de Jacques n’affirme-t-elle pas d’ailleurs : « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu ». Dieu, en effet ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. » (1, 13)
Car la tentation dont il s’agit ici, avec cette avant-dernière demande du Notre Père, n’est pas l’épreuve à laquelle le Seigneur peut soumettre ses fidèles pour les faire grandir et les purifier. Ce sont celles de Jésus, au début de sa vie publique, lorsque le Diabolos-Diviseur essaie de le séparer de son Père. Et c’est encore celle de Gethsémani, au Jardin des Oliviers, quand le Christ redoute d’entrer dans sa Passion. (Matthieu 36, 36-46)
Pour nous, c’est le choix décisif de la foi pour ou contre le Fils de Dieu, c’est le danger crucial de la défection. Il nous accompagne toute notre existence. Il s’agit du risque fondamental de nous prendre nous-mêmes pour des dieux et de refuser de nous comporter en fils et en filles du Père. Autrement dit, c’est le mal dont nous demandons au Seigneur de nous délivrer (dans l’ultime requête de la prière). En revenant proches de la traduction antérieure « Ne nous laisse pas succomber à la tentation », nous retrouvons donc une formule totalement conforme à l’esprit de l’Evangile. Et c’est tant mieux.
D’autres publications, livres, signets et documents sur le Notre Père sont disponibles. Vous trouverez les informations utiles en particulier sur les sites www.crpl.ch – liturgie.catholique.fr et https://plm.celebre.ch
La nouvelle version du Notre Père entrera en vigueur dès la nuit de Pâques dans toutes les communautés catholiques de notre pays. Pour que cette prière continue de rassembler les chrétiens des diverses confessions, la plupart des communautés protestantes en ont recommandé la version nouvelle. Dans cet esprit, un feuillet œcuménique de quatre pages sera diffusé en mars, avec une introduction de Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, un commentaire biblique du professeur Jean Zumstein, exégète protestant, et le texte du Notre Père avec sa doxologie. Les lecteurs le trouveront dans leurs églises de Suisse romande.
Qui se cache derrière les nouveaux venus qui frappent aux portes de nos paroisses ? « Venez et voyez », dirait Jésus… Si l’invitation vaut pour les catéchumènes, elle concerne aussi les différents parcours d’initiation à la vie chrétienne. Vu les situations d’arrivée
le catéchuménat requiert un accompagnement personnalisé à partir du vécu de chacun. Impossible donc de faire entrer les candidats dans un moule, et c’est tant mieux !
Ce temps de préparation ne se réduit pourtant pas à une simple exposition du catéchisme. C’est « une formation à la vie chrétienne intégrale et un apprentissage mené de la façon qui convient », rappelle le décret de Vatican II sur la mission. Si hier la dispensation massive du baptême à la petite enfance a pu l’occulter, le catéchuménat occupe aujourd’hui un rôle clé dans la nouvelle évangélisation. Il y a là une orientation pour l’ensemble de la communauté, toutes années de service confondues : on ne naît pas chrétien ; on le devient ! Car c’est en forgeant qu’on devient forgeron…
Par Nicole Andreetta
Photos : Astrid BelperroudL’Unité pastorale Renens-Bussigny compte huit communautés de diverses expressions : francophone, italophone, lusophone, hispanophone, albanophone, malgache, philippine et même le Chemin néo-catéchuménal. Les prêtres assurent, les samedi et dimanche, sept messes en italien, français et portugais. Chaque communauté linguistique est représentée dans l’équipe pastorale.
Rosa Tomaselli est assistante pastorale et coordinatrice de la catéchèse pour la communauté italienne. « Le dimanche, les locaux de la paroisse Saint-François d’Assise à Renens sont pris d’assaut. Nous terminons la catéchèse vers 15h30 et à 16h les enfants portugais arrivent. Une vraie ruche !
Nous organisons régulièrement des célébrations multilingues. Souvent l’ordinaire de la messe est récité en français, mais certaines lectures peuvent être faites en portugais, la prière universelle en espagnol… On projette les traductions sur le mur afin que tous puissent comprendre. Nous essayons de nous enrichir mutuellement tout en gardant notre identité. A chaque fois il faut trouver la bonne recette. Pas de copier-coller possible ! »
Thierry Schelling, curé modérateur, explique : « La messe n’est pas un but en soi, mais un moment qui permet de continuer à célébrer l’intercommunion dans la vie locale paroissiale. »
Et Rosa d’ajouter : « En règle générale, le prêtre conclu la célébration par la formule consacrée : La messe est finie, allez en paix ! Chez nous, le Père Thierry amorce la phrase finale : La messe… et l’assemblée poursuit… n’est pas terminée, quindi andiamo in pace ! »
Elle termine : « Nous ne sommes pas liés à un seul prêtre. Lorsque l’un d’eux est absent, celui d’une autre communauté le remplace. On apprend de mieux en mieux à se connaître. C’est un chemin que nous parcourons ensemble. »
Lors de la fête de saint François d’Assise, autour du 4 octobre, toutes les communautés se rassemblent pour la célébrer. Une seule messe est dite, suivie de la bénédiction des animaux domestiques. Chacun apporte des spécialités culinaires qui seront partagées sur des tables placées sur le parking.
Dimanches solidaires, soirées de formation, pèlerinages, sorties, processions… sont autant d’occasions de renforcer les liens dans ce petit « diocèse multiculturel !»
«Un parcours bien au-delà de mes attentes et de mes espérances», témoigne Maude Tedeschi, la trentaine, qui va recevoir, à la Vigile de Pâques, les trois sacrements d’initiation chrétienne à Renens après un «chemin apaisant», confie-t-elle. Autrefois réservé «aux incultes et aux païens», le catéchuménat est devenu un véritable phénomène d’Eglise. Qui sont ces adultes qu’on appelle «catéchumènes»? Eclairage.
Par Thierry Schelling
Photos : Maude Tedeschi, Nicolas Chassot, Thérèse HabonimanaA y regarder de plus près, les concepts de la dogmatique chrétienne sont faits… pour les adultes : incarnation, résurrection, rédemption… On a besoin de ressources intellectuelles pour décortiquer et expliquer, ainsi que de vécu pour discerner l’Esprit à l’œuvre dans notre quotidien. Mais témoigner de sa foi et en vivre au travers des missions de l’Eglise que sont la liturgie (célébrer), la diaconie (servir) et la martyrie (ou formation continue) sont des réalités plus accessibles au quidam qui cherche du sens à sa vie, sa mort, ses amours et ses souffrances. Car c’est bien une rencontre avec le Christ que promet et promeut le catéchuménat. Tout en abordant les concepts !
Presqu’un phénomène d’Eglise, autant que les JMJ, le catéchuménat s’est (ré)organisé dans nombre de diocèses principalement urbains et notamment européens : on assiste à des cortèges d’adultes demandant d’être initiés à la religion chrétienne, ou de compléter ce qu’ils n’ont pas vécu, comme, très massivement, la confirmation.
Un parcours qui est « souvent initié à la suite d’un des grands événements de la vie, naissance d’un enfant, décès d’un proche », nous explique Pauline Friche, responsable pour le diocèse de Sion, ou encore par « des étudiants en quête de sens, des étrangers qui découvrent le christianisme ici », précise Thérèse Habonimana, responsable du catéchuménat à Genève.
Une aventure
Nicolas Chassot est en deuxième année de catéchuménat.
« Instruit de vive voix » – étymologie du mot grec catéchumène –, le participant est embarqué sur un chemin, une aventure : « Devenu adulte, j’ai ressenti le besoin de m’approcher de Dieu, alors qu’enfant, je ne pensais qu’à jouer dehors », confie Nicolas Chassot, en deuxième année de catéchuménat, à Bussigny. Cette route, entre 15 et 24 mois suivant les disponibilités, est ponctuée de rencontres : « De fait, j’ai cotoyé plein de personnes avec des parcours différents du mien et des approches différentes de la foi », raconte Nicolas Chassot ; et la première compte beaucoup puisqu’elle a lieu en tête-à-tête avec un des membres de l’équipe du catéchuménat, « afin de discerner l’authenticité de leur demande et leur présenter la proposition de l’Eglise », explique Katia Cazzaro Thiévent, responsable du catéchuménat du canton de Vaud. Les cheminants participent aussi à des célébrations où ils croisent notamment l’évêque, voire le curé de sa paroisse de domicile. Non négligeable, le fait que les proches et les amis des cheminants sont eux aussi concernés par le choix des candidats : « Je peux dire que j’ai tout réappris », constate Luca Salomone, époux de Maude Tedeschi qui a commencé son catéchuménat il y a deux ans, lui l’enfant baptisé, ayant fait sa première communion, confirmé au sein de la Missione cattolica italiana de Lausanne. Et d’expliquer : « Partager ce que nous avons vécu les deux, avec mes parents, par exemple, qui sont d’une autre génération et qui portent un autre regard, a été et est encore enrichissant. Parcourir ce chemin avec Maude a renforcé notre couple, a apporté une spiritualité accrue et nous a fait découvrir des facettes méconnues de notre personnalité. » Pour les catéchumènes se crée comme une communauté, au moins durant le temps du catéchuménat. « Ils se sentent moins seuls dans leur démarche », qui va de pair avec le fait de « creuser leur relation au Christ », rajoute Katia Cazzaro Thiévent. « Et plus tard, confie Nicolas Chassot, j’aimerais pouvoir montrer le ou les chemins à suivre à mes enfants. » Surtout qu’il rejoindra sa compagne à… San Diego, en Californie !
Katia Cazzaro Thiévent, responsable du catéchuménat du canton de Vaud.
Construire une communauté
Un souci de base, qui est aussi celui de notre décennie : comment construire une communauté – le sens du mot Eglise – quand on vit dans une société plus qu’atomisée, individualiste et à la carte, et y incorporer les néophytes ? « De nombreux liens sont tissés : paroisses, pastorales spécialisées, aumônerie universitaire, etc., précise Katia Cazzaro, même si ces liens sont laissés entre les mains des cheminants. » Mais « plus le lien avec la communauté aura été développé lors du cheminement catéchuménal, plus il aura des chances de persister par la suite », rassure Pauline Friche. A Genève, c’est à l’ordre du jour, explique Thérèse Habonimana : « C’est une des orientations nouvelles du Vicariat genevois : comment renforcer l’accompagnement des catéchumènes dans les UP. » Un obstacle de taille pour une bonne continuation reste aussi l’emploi du temps des concernés : « Les candidats rencontrent des difficultés accrues pour venir régulièrement aux réunions en raison de la situation tendue du monde du travail ou de leurs situations familiales (enfants en bas âge, études à l’étranger) », révèle Katia Cazzaro. En paroisse, « les nouveaux sont souvent happés par le programme cantonal, et on ne les revoit plus », se plaint un confrère prêtre qui préfère rester anonyme. « Certes, la qualité du parcours est inestimable ; mais je ne connais pas le catéchumène, si ce n’est lors d’une entrevue, d’ailleurs encouragée par les responsables. Mais il est d’abord nourri lui, c’est sa foi qui est boostée, et il se crée même des liens avec les autres catéchumènes… mais après sa confirmation, invisible, absent de la communauté. »
Il n’empêche, à la question de l’après, Maude se réjouit : « J’espère faire preuve d’autant de générosité que j’en ai reçue jusqu’à maintenant et être à la hauteur de ce que représente cet engagement pour moi. En dehors d’être bien accueillie par la communauté et de faire plus amplement sa connaissance, c’est plutôt moi qui souhaiterais savoir ce qu’elle attend de moi. »
Enfin, les responsables sont unanimes : « Vivre notre foi en accompagnant les autres, c’est un cadeau et une expérience fantastique. Ça me rend humble, mais heureuse ! » confie, souriante, Thérèse Habonimana. « Ils nous font avancer sur notre propre chemin aussi », conclut-elle. Il y a donc foule en direction d’Emmaüs…
L’image a sa valeur, et sa riche histoire se tisse sur les deux rives du Léman pour s’arrêter à l’église d’Evian.
Au XVe siècle, sous la protection de la maison de Savoie, les monastères d’Orbe et de Vevey prospèrent. Loyse de Savoie (1471-1531), veuve à 19 ans, entre au couvent d’Orbe et offre lors de son accueil une image de la Vierge Marie à l’Enfant, en bois sculpté polychrome.
La Réforme chasse les Clarisses des monastères et les religieuses d’Orbe cherchent refuge auprès de la maison de Savoie, restée catholique.
Malheur pendant le voyage de Vevey à Evian : une tempête met à mal le bateau et sa cargaison. L’image de bois flotte et touche terre à Meillerie, fameuse carrière de pierre. Les sauveteurs la remettent aux destinataires, les Clarisses d’Evian, qui la gardent précieusement et la cacheront durant la Révolution française.
Dernier déplacement : l’image est confiée à un notaire, puis remise à la cure d’Evian.
Depuis 1827, Notre-Dame de Grâce (ou de miséricorde) est face à un représentation de Loyse de Savoie, sa donatrice, dans une chapelle jouxtant le chœur de l’église où elle reçoit nombre de visites et de prières de fidèles.
L’auteur en est inconnu ; la rondeur des personnages n’est pas sans ressemblance avec Notre-Dame de Lausanne. L’oiseau que porte l’enfant Jésus fait allusion à un texte apocryphe racontant que l’enfant Jésus façonnait des oiseaux avec de la terre et leur donnait vie en soufflant sur eux…
Etre papa aujourd’hui, ce n’est pas toujours simple! Hier non plus à vrai dire, même si les défis n’étaient pas les mêmes. Quelques repères pour les pères, à l’école de saint Joseph fêté le 19 mars.
Par Bertrand Georges Photo: Pixabay, LddLes Evangiles parlent assez peu de Joseph et ne rapportent aucune de ses paroles. Pourtant l’Eglise le reconnaît comme « le serviteur fidèle et prudent à qui Dieu confia la Sainte Famille. » 1 En cela, il a quelque chose à dire aux pères de famille.
Joseph le charpentier a sans doute transmis à Jésus la dignité du travail et la persévérance dans le labeur.
Il parlait peu, mais il était présent, vraiment présent, dans ces moments où rien d’éclatant ne se passe, mais où quelque chose passe. Dans la gratuité se transmettent des réalités de la vie qui ne s’apprennent pas dans les écoles. Les enfants ont besoin de ces moments partagés pour se situer et découvrir leur identité profonde.
L’Evangile dit de Jésus qu’il était soumis à Marie et Joseph 2. Les limites posées, lorsqu’elles ne brident pas, structurent et rassurent. Jésus a dû lui aussi grandir en sagesse, en taille et en grâce 3. J’imagine volontiers Joseph encourageant son fils. Quoi de plus motivant pour un garçon de sentir son papa être fier de lui ! Qu’est-ce qui édifie davantage la confiance d’une jeune fille que l’admiration de son papa qui la trouve si jolie (et qui le lui dit) ?
Enfin, Joseph était un homme solide dans l’épreuve. Lorsque qu’il fallut quitter le foyer de Nazareth pour le recensement alors que Marie était enceinte, lorsque, Jésus à peine né, ils durent fuir en Egypte parce qu’Hérode en voulait mortellement à l’enfant, Joseph nous enseigne à cheminer dans l’obscurité sans nous décourager, à croire malgré tout, à avancer, à faire confiance au Père.
1 Préface pour la fête de saint Joseph 2 Lc 2, 51 3 Lc 2, 52
« Je vous salue Joseph, vous que la grâce divine a comblé ; le Sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux ; vous êtes béni entre tous les hommes et Jésus, l’Enfant divin de votre virginale épouse, est béni. Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu, priez pour nous dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours, et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen. »
En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.
Par Vincent Lafargue Photos: LDD, DRLetizia Monti. Vaudoise très engagée dans la mission italophone de la paroisse de Renens. Tout en remerciant nos évêques de la possibilité qui lui est donnée de les interroger, Letizia pose ces questions à Mgr Alain de Raemy, évêque des jeunes de Suisse romande :
– Pourquoi une femme ne peut-elle pas être prêtre ? – Est-elle considérée comme inférieure à l’homme ? – Est-ce qu’une femme peut être garde suisse ? Si non, pourquoi ?
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:
Chère Letizia,
Une chose est sûre : on passe aujourd’hui pour un extraterrestre quand on ose affirmer des spécificités féminines ou masculines. La tendance est à : si différence il y a, pas besoin de s’y tenir…
Comme catholiques, nous avons une référence, Jésus. Pas sûr, que nous ayons encore tout bien compris et bien appliqué de Lui ! Il ne joue jamais le jeu des discriminations de son époque, même pas envers la femme coupable prise en flagrant délit d’adultère ou la femme prostituée. Et il appelle sa mère « femme », femme par excellence. En plus d’être sa mère, Marie est là à tous les moments clés de sa vie, de sa mort et de ses apparitions. Ce n’est pas rien ! Bien au contraire… Et Marie-Madeleine sera celle qui annonce sa résurrection à ses apôtres.
Et que sait-on de saint Paul ? Si d’une part, il demande aux femmes de se taire dans certaines assemblées (1 Co 4, 34-35), ou de se couvrir la tête à certaines occasions (1 Co 11, 5-10), ou encore d’être soumises à leur mari (Eph 5, 21-28), d’autre part, il a quantité de collaboratrices dans l’évangélisation et la prédication : Lydie (Ac 16, 13-15), Prisca (Ac 18, 26), Chloè (1 Co 1, 11), Phoebé (Rm 16, 1-2), Marie (Rm 16, 6), Evodie et Syntyché (Ph 4, 2-3)… Et puis, c’est aussi saint Paul qui va à l’essentiel : « Il n’y a ni juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme. Car vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. » (Ga 3, 28)
Dans notre grande Tradition, nous avons donc tout pour être modernes : être homme ou femme n’est pas un simple code culturel à appliquer, ni des habitudes à perpétuer sans s’interroger. « Homme et femme, il les créa, à son image. » (Gn 1, 27)
Et nous avons tout pour être prophétiques : s’épanouir en tant qu’homme ou en tant que femme, c’est accomplir notre être humain, féminin ou masculin. On peut alors accueillir aussi bien l’appel par Jésus de douze hommes, qui n’ont pas choisi mais ont été choisis par lui, que la collaboration de Paul avec sept femmes, dont les noms ont été trop vite oubliés.
Qui est appelé à être prêtre selon Jésus ? Question de foi. Qui est appelé à être garde suisse ? Question de convenance. La première fait partie de la Révélation. La deuxième pas ! Tu vois les enjeux ?
Par Pascal Bovet Photo: Jean-Claude GadmerSur un ton de confidence, un ami, un parent, un collaborateur dévoile sa faiblesse. La déclaration peut être alarmante, ou minimisante, ou simplement réaliste. La confidence appelle votre communion : tu peux compter sur moi… n’hésite pas. De nouvelles solidarités peuvent naître.
On envisage des suppléances, pour les enfants, pour le ménage.
On calcule, on spécule, on s’inquiète : c’est grave ou léger ? Pour combien de temps ? Comment cela peut-il évoluer ? Faudra-t-il prévoir un placement ?
Puis l’aspect financier : chacun connaît le prix de la santé quand elle s’absente ! Mais notre chère sécurité est alors précieuse.
Cela n’arrive-t-il qu’aux autres ? On découvre nombre de personnes qui ont passé par la maladie et qui en sont sorties renforcées. Il ne faut pas voiler la face de ceux pour qui elle fut fatale.
Oh ! les bons conseils : tu devrais manger ceci plutôt que cela…
L’imperfection fait partie de la vie physique et psychique qui n’est pas illimitée ; notre société s’emploie à en diminuer les effets néfastes, souvent par des moyens financiers précieux. Mais un cœur qui bat à côté d’un ami ou d’un parent en difficulté reste le premier pas vers la guérison.
Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Claude GadmerUne église est ordinairement l’œuvre d’une communauté qui l’a désirée. Mais l’histoire nous montre que la piété populaire est capable de donner des formes locales à des représentations universelles. Certaines sont ensuite adoptées par l’institution Eglise.
La cité de Gruyères possède au moins deux œuvres de ce type, des « calvaires ». Placées en plein air, elles sont protégées des intempéries et souvent décorées. L’une, de taille plus grande est en belle place à la rue centrale ; l’autre plus discrète, vous accueille devant la cure paroissiale, proche de l’église.
Ce calvaire est très sobre : le Christ en croix, accompagné de Marie et de saint Jean. La couleur locale est dans le décor naturel : sapin vert et tavillons, comme la couverture des anciens chalets d’alpage. Ainsi une scène de la passion se pare des airs de la Gruyère.
La scène est de nature triste et la sobriété des formes et des couleurs conduit à l’essentiel. Elle redit en image que la première croyante qui a reçu le Verbe de Dieu et le plus jeune disciple qui a suivi Jésus forment une famille nouvelle et spirituelle : voici ton fils, voici ta mère. (Jean 19, 26-27)
Le calvaire ici représenté, se distingue d’une Pietà qui représente Marie supportant le corps de son Fils descendu de la croix.
Cette année, le 14 février habituellement dédié à la Saint-Valentin «tombe» le Mercredi des cendres. Une occasion de se redire que la vie de couple aussi est un chemin de conversion.
Par Bertrand Georges
Photo: DRLors de l’entrée en Carême, une parole accompagne l’imposition des cendres : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile. » Et l’Evangile nous dit :
– Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi (Jésus) que vous l’avez fait.1 Les pauvres sont parfois les nôtres. Et le foyer familial, loin de se refermer sur lui-même, peut devenir accueillant à d’autres.
– Tu aimeras ton prochain comme toi-même.2 Quel prochain est plus proche que notre conjoint et nos enfants ? Un appel à aimer tout en cultivant une juste estime de soi.
– Proclamez l’Evangile à toute la création.3 Pas besoin d’aller très loin pour évangéliser. L’annonce de la foi n’est pas seulement l’affaire des prêtres et des agents pastoraux. Les premiers évangélisateurs des enfants sont les parents. Parfois ça marche aussi dans l’autre sens.
– Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.4 La vie de couple et de famille est, pour les adultes comme pour les enfants, une véritable école du service. A fortiori pour les parents seuls que nous ne devons pas oublier même lorsque nous célébrons les élans de la vie amoureuse.
– Jésus nous invite à pardonner septante fois sept fois.5 Même l’amour le plus romantique ou la relation amoureuse la plus ardente ont parfois besoin de demander, accueillir, offrir un pardon qui est une forme purifiée, élevée de l’amour.
Alors qu’il parle des commandements – un mot que l’on n’aime généralement pas beaucoup – Jésus nous rassure : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »6 Et si ce Carême, qui débute par la Saint-Valentin, devenait un Carême de l’amour évangélique, un Carême pour la joie ?
1 Mt 25, 40 2 Mc 12, 31 3 Mc 16, 15 4 Jn 15, 13 5 Mt 18, 22 6 Jn 15, 10La Saint-Valentin est l’occasion de ressourcer notre couple à la source de l’Amour de Dieu. Différentes offres sont proposées. Renseignements auprès des pastorales familiales cantonales.
Manuela Hugonnet collabore avec Nassouh Toutoungi, curé de l’Eglise catholique chrétienne pour le canton de Neuchâtel.
A l’occasion du premier dimanche de février, traditionnellement consacré à l’apostolat des laïcs, nous avons passé une journée en compagnie d’une laïque de choc, Manuela Hugonnet, alias Mme Solidarité au sein de l’Eglise catholique neuchâteloise. Une femme engagée en Eglise depuis plusieurs lustres. Elle ne conçoit son action que placée sous le signe de la rencontre avec l’autre et de l’œcuménisme.
Par Claude Jenny Photos: Jean-Claude Gadmer
Manuela Hugonnet
En tant que responsable du service de la Solidarité en terre neuchâteloise, Manuela Hugonnet a notamment pour rôle d’assurer une présence de l’Eglise catholique auprès des migrants, donc dans les divers centres de requérants d’asile cantonaux. Ainsi, par exemple, se joint-elle à un petit noyau de bénévoles pour apporter une animation ludique aux enfants de requérants un après-midi par semaine.
A l’aise avec les migrants… Mais lorsque le centre est situé dans un hôtel désaffecté à la Tête-de-Ran et que la météo est hivernale, il faut une belle motivation et aimer la conduite sportive pour assumer son engagement. A l’arrivée au centre, la récompense est toutefois immédiate: les enfants d’une famille kurde accourent, tant ils savent apprécier toute visite en ce lieu isolé, et celle que beaucoup appellent Manu est merveilleusement à l’aise. Tout en jouant, elle partage avec eux joies et peines. En français de préférence, mais au besoin dans une autre langue. Lorsque l’on en parle une demi-douzaine, le dialogue devient toujours possible pour cette ancienne enseignante d’origine portugaise arrivée en Suisse à l’âge de 8 ans et active en Eglise depuis plus de vingt ans, comme bénévole d’abord et agente pastorale ensuite.
… et avec les autres Eglises Le dialogue – « il ne peut être qu’interreligieux » affirme-t-elle de manière péremptoire – est la clef de voûte de l’action de Manuela. Elle le vit donc à la pleine lumière de l’œcuménisme. Nous l’accompagnons au siège de l’Eglise réformée neuchâteloise pour un échange avec Jacqueline Lavoyer, responsable du bénévolat au sein de l’EREN. « Elle a été mon mentor, elle m’a tout expliqué lorsque, il y a deux ans, j’ai passé du service de la catéchèse à celui de la solidarité. » A l’évidence, les deux femmes ont en commun une volonté de bâtir un œcuménisme de terrain.
Manu cultive cet élan à travers l’aide aux migrants, l’Action de Carême, la Semaine pour l’unité des chrétiens, Missio, l’Action Jeûnes solidaires, le Groupe de dialogue interreligieux, etc. « Lorsque je suis entrée en fonction il y a deux ans, confie-t-elle, j’ai trouvé le cahier des charges un peu effrayant en tant que seule salariée pour le Service Solidarité et à 70%, mais je me suis dit que si le vicaire épiscopal (réd./Jean-Jacques Martin à l’époque) voulait me confier cette mission, c’est qu’il s’agissait d’un défi que je devais relever et je me suis vite sentie à l’aise dans cette activité. » Il est vrai que pour Manuela, comme pour beaucoup de laïcs engagés en Eglise, le pourcentage de temps de travail est très élastique…
Le rôle important des femmes Durant cette journée de partage, elle nous emmène aussi chez Nassouh Toutoungi, unique curé de l’Eglise catholique chrétienne pour le canton de Neuchâtel. Comme frère et sœur dans le Christ, ils ont l’habitude et apprécient de travailler ensemble. Aujourd’hui, c’est pour peaufiner une présentation commune des deux Eglises, en montrant leurs points communs et leurs différences. L’occasion de demander à Manuela Hugonnet si elle ne souffre pas de voir son Eglise moins ouverte aux femmes que sa voisine catholique chrétienne. « Je m’en accommode », dit-elle, tout en s’interrogeant avec pertinence : « Mais que ferait l’Eglise sans les contributions des laïcs, dont beaucoup de femmes ? Donc il importe que nous soyons prises en compte par les membres du clergé. Nous ne sommes pas là seulement pour changer l’eau des fleurs ! » Membre du groupement « Femmes en Eglise », elle aimerait évidemment que cette approche, cette sensibilité différente que les femmes peuvent apporter soient davantage écoutées.
La diaconie, base de l’Evangile Manuela Hugonnet, bardée d’une solide formation tant universitaire que religieuse, est l’une de ces perles qui contribuent largement à donner un éclat missionnaire à une Eglise régionale. Difficile de ne pas vouloir collaborer avec une femme qui affiche un tel épanouissement ! « Les autres m’ont fait creuser ma propre foi. Et la diaconie est la base même de l’Evangile. C’est prendre les gens, les accompagner un bout de temps dans des moments difficiles. Accueillir l’autre comme un enrichissement. » Beau credo mis en pratique !
Manuela Hugonnet échange avec des enfants de requérants au centre de la Tête-de-Ran.
En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.
Par Vincent Lafargue Photos: LDD, DRSébastien Gaspoz, 20 ans, habite le canton de Vaud, à Jouxtens-Mézery. Tout en remerciant nos évêques de la possibilité qui lui est donnée de les interroger, Sébastien pose cette question à l’évêque des jeunes de Suisse romande, Mgr Alain de Raemy.
« Comment, en tant que croyant, trouver un équilibre entre la tolérance et le respect de nos convictions ? (Par exemple sur les questions de genre, de sexualité… » C’est dans l’évangile de saint Matthieu.)
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:
Cher Sébastien,
Pour trouver un équilibre entre la tolérance due à l’opinion d’autrui et le respect de nos propres convictions, autrement dit pour être autant dans la charité que dans la vérité, il suffit de devenir un extrémiste… Oui, tu as bien lu ! Je m’explique.
L’extrémiste, c’est celui qui va jusqu’au bout. Il ne s’arrête pas à mi-chemin. Et l’extrémiste chrétien, c’est celui qui applique l’Evangile, c’est-à-dire le message et le comportement de Jésus intégralement. S’agit-il d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même ? Oui, mais va jusqu’au bout : « Tu aimeras ton ennemi ! » Voilà.
Je cite Jésus : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent. […] Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? […] Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? […] Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (C’est dans saint Matthieu, au chapitre 5.)
La perfection chrétienne, c’est donc bien l’art de l’extrême ! Rien de moins. Cela te sort de l’ordinaire. C’est vraiment extraordinaire. C’est aimer (Jésus a bien dit aimer !) l’ennemi qui me conteste, me contredit, s’en prend à mon identité, à mes convictions, m’attaque, me calomnie, me blesse ou me tue… Impossible ? Et pourtant, on sent bien que haïr, mépriser ou même seulement ignorer nos opposants, nos adversaires, nos ennemis, ça ne va pas, ça n’apaise pas. On appelle ça, le sens de la foi. Ce bon sens chrétien qui nous a été injecté au baptême, qui est donné à tous, consacrés ou laïcs comme toi !
Donc, si l’autre t’énerve parce qu’il ne comprend pas et conteste même ce que tu entends par mariage ou par sexualité humaine selon le plan de Dieu, fais ceci : regarde-le et vois Jésus qui l’aime et donne sa vie pour lui, et pas moins que pour toi ! Jésus a autant saigné pour lui que pour toi. Fais autant de pas avec lui qu’il faudra. Il se rendra compte que tu ne sais pas tout, que tu es aussi un apprenti de la vie. Mais tu auras dit, fait et partagé l’extrême essentiel. Tu auras aimé.
«La multitude de ceux qui avaient cru n’avait qu’un seul cœur et une seule âme.» (Ac 4, 32)
Par Nicole Andreetta
Photo: Jean-Claude GadmerDepuis 700 ans, une communauté de moniales dominicaines est installée dans le monastère situé sur les remparts de la petite ville d’Estavayer-le-Lac.
Les onze sœurs qui la composent vivent dans un climat de silence, leurs contacts avec le monde sont limités. Néanmoins, leur vie n’est pas uniquement dédiée à la contemplation.
Soeur Anne-Sophie, sous-prieure, explique : « La raison de notre vie au monastère, c’est de vivre ensemble ! » Et de citer un extrait de la charte de la communauté : « La première chose pour laquelle vous êtes réunies, c’est pour habiter unanimes en votre demeure et pour faire une seule âme et un seul cœur en Dieu. » « Notre référence est la première communauté chrétienne évoquée dans les Actes des Apôtres, au chapitre 4, poursuit soeur Anne-Sophie, vivre ensemble malgré nos différences et nos divergences est un travail de rééquilibrage qui demande de la peine. Rendre bonne notre relation est un défi auquel nous devons constamment faire face car nous ne pouvons pas nous éviter. La fonction de notre prieure est de faire circuler la parole entre les membres de la communauté. Elle-même ne prend pas de décisions, mais elle les avalise. Il faut souvent plusieurs réunions pour parvenir à une solution qui convienne à toutes. Egalement un zest d’humour ! »
L’ordre dominicain est un ordre apostolique. C’est cette recherche d’harmonie entre elles que les soeurs souhaitent faire rayonner auprès des visiteurs de passage.
Bien qu’un peu à part de la vie de la cité, le monastère a toujours gardé une ouverture. Autrefois, il avait servi de refuge lors de la peste et pendant les périodes de disette. Occasionnellement, le service social de la ville fait appel aux sœurs pour loger des personnes sans domicile. Des liens de voisinage sont maintenus avec les habitants d’Estavayer qui assistent aux offices et leur confient des intentions de prière.
Monastère comme lieu de prière, de louange et d’intercession, mais surtout monastère comme lieu de relations vivantes.
Gandhi et Mandela: la sagesse peut-elle sauver le monde?
Combien de livres n’ont-ils pas déjà été écrits sur ces deux monuments de la non-violence ? L’originalité de l’ouvrage d’Eric Vinson et de Sophie Viguier-Vinson est d’abord de montrer que leur combat a été mené au creuset d’une même terre commune, l’Afrique du Sud. C’est en effet au pays de l’apartheid que le jeune Gandhi, avocat de la communauté indienne, inventa une méthode de lutte non violente. Qui, plus tard, influencera grandement l’ANC de Mandela. Les auteurs rapprochent les idées de ces deux leaders et s’interrogent sur leurs héritages respectifs. Un livre pour espérer une autre politique à l’échelle mondiale.
Le célèbre suaire d’Oviedo, exposé seulement trois fois par an, attire des milliers de personnes à Turin, car il est considéré comme étant le linge qui a recouvert le visage du Christ. Depuis trente ans, de nombreuses études scientifiques ont été conduites pour tenter d’authentifier le suaire. Janine Bennett a mené une enquête fouillée pour faire toute la vérité sur ce linceul. Une aventure qui démarre au Golgotha et se termine à la cathédrale d’Oviedo en passant par l’Espagne où se concentrent les recherches. Le suaire de Turin est-il de sang divin ?
Fatima Softic a fui la Bosnie en guerre pour se réfugier en Suisse où, après un long parcours semé d’embûches, elle finira par obtenir l’asile et la nationalité suisse. Mais là-bas, son mari et plusieurs membres de sa famille ont été victimes du conflit qui déchira la Bosnie dans les années nonante. « Rendez-vous ici ou au paradis » est la dernière phrase que lui a dite son mari au téléphone avant de mourir. « Là-bas, j’ai plus de tombes que de proches à visiter », dit cette Nyonnaise d’adoption. Récit d’une Mère courage avec la complicité d’une amie suisse, Josiane Ferrari-Clément.
22 mars 2016 à 7h58 à l’aéroport de Bruxelles : un kamikaze se fait exploser à côté de lui. Walter Benjamin allait embarquer pour aller voir sa fille. Il est projeté en arrière. Il découvre qu’il a perdu une jambe suite à l’explosion. Les urgentistes parviennent à le sauver. Commence le long combat d’un homme handicapé. Mais qui ne s’apitoie pas sur son sort. Aujourd’hui, Walter Benjamin le miraculé va à la rencontre des jeunes du quartier de Molenbeek, repère des djihadistes en Belgique. Il va aussi doper le moral de tous les handicapés dans l’hôpital qui l’a soigné. Un témoignage choc.
Par Thierry Schelling Photo: Jean-Claude GadmerSe souvient-on encore de Caritas in veritate publiée par Benoît XVI en 2009 ? Première et ample réflexion théologique sur la doctrine sociale de l’Eglise, en écho à l’encyclique Deus caritasest éditée trois ans auparavant.
Le pape allemand y donne une leçon magistrale sur la charité dans le sens chrétien du terme, comme première encyclique « programmatique » de son pontificat commencé une année auparavant. Son successeur, François, a « descendu » la thématique de l’amour chrétien (charité) dans la vie de l’Eglise locale, grâce au Jubilé de la Miséricorde qui a rajeuni ce vocable alors un tantinet désuet ! Il en a poursuivi certains aboutissants pastoraux, comme dans son exhortation Amoris Laetitia…
Mais force est de constater que, soit en titre soit dans le contenu, les écrits pontificaux, dont le plus solennel reste l’encyclique, ont été plus qu’avares en matière de charité : on considère Ubi primum de Benoît XIV, publiée en 1740, comme la première encyclique… et il faudra attendre 1894 pour avoir, dans le titre, à l’occasion de l’encouragement à l’Eglise en Pologne par Léon XIII, le mot comme tel : Caritats ; de même en 1898 pour son exhortation à l’Eglise en Ecosse, avec Caritatis studium. Puis, plus rien jusqu’à Pie XII, en 1932, avec Caritate Christi Compulsi pour promouvoir la dévotion au Sacré Cœur de Jésus.
Certes, les premiers mots d’une encyclique ne sont pas vraiment un titre où se condenserait la quintessence du propos développé ensuite. Mais ils invitent tout de même à entrer dans une thématique plutôt qu’une autre : Benoît XVI l’a bien compris en articulant ses trois lettres autour des trois vertus théologales de la charité, de la foi et de l’espérance. De même François, qui décline la joie : gaudium, laetitia…
A noter enfin qu’en 1914, à l’issue de son élection papale, Benoît XV a écrit Ad beatissimi Apostolorum Principis pour crier au monde sa désolation : « Comment, étant devenu le Père commun de tous les hommes, n’aurions-nous pas eu le cœur violemment déchiré au spectacle que présente l’Europe et même le monde entier, spectacle assurément le plus affreux et le plus désolant qui se soit jamais vu de mémoire d’homme ? » Il offrit une première réflexion, bien ignorée avouons-le, sur le sens de la charité (terme qui apparaît huit fois) en ces temps troublés que furent ceux du premier conflit mondial…
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