Les femmes docteurs de l’Eglise

Par Olivier Roduit

L’Eglise a attribué officiellement 36 fois le titre de docteur de l’Eglise à des saints théologiens auxquels elle reconnaît une autorité particulière en matière de doctrine. Les critères sont la sûreté de leur pensée, la sainteté de leur vie et l’importance de leur œuvre. Durant ces cinquante dernières années, quatre femmes de « doctrine éminente » ont vu celle-ci reconnue par les papes.

L’amour prend patience

C’est dans l’hymne à la charité (1 Co 13), dit le pape François, que l’on trouve les caractéristiques de l’amour véritable. Dans Amoris Laetitia, il les énumère et les explique, en commençant par la patience 1.

Par Bertrand Georges
Photo : 
pixabay.comLa patience est communément comprise comme l’état d’esprit de celui qui sait attendre en gardant son calme. La vie de famille ne manque pas d’occasions pour exercer ou développer cette qualité : « Pour faire un homme, mon Dieu que c’est long », dit la chanson, et les parents aussi parfois ! Quant aux enfants, ils apprennent la patience face aux attentes souvent légitimes mais pas toujours comprises de leurs parents, ou dans les moments de fatigue ou de tension que ceux-ci traversent. Et que dire des capacités physiques ou cognitives parfois bien diminuées des plus anciens ? Chacun dans la famille doit apprendre la patience… patiemment !

La Bible attribue cette qualité à Dieu. La patience décrit sa capacité à être lent à la colère, riche en grâce et en fidélité. 2 « En même temps qu’on loue la pondération de Dieu pour donner une chance au repentir, on insiste sur son pouvoir qui se manifeste quand il fait preuve de miséricorde », explique le Pape, qui nous invite nous aussi à prendre patience en ne nous laissant pas mener par les impulsions et en évitant d’agresser. Mais attention, précise le pape François : avoir de la patience ne consiste pas à permettre qu’on nous manque de respect ou qu’on nous maltraite. Pour lui, l’impatience, qui génère souvent un climat de tension, naît lorsque nous exigeons des autres qu’ils soient parfaits. Patienter consiste parfois à reconnaître que l’autre a le droit de vivre près de moi tel qu’il est, même s’il ne peut pas m’apporter tout ce que j’espère.

La patience, qualité divine qui, du côté des hommes, est implorée dans la prière qui s’impose dans la prière et s’exerce au quotidien, comporte pour chaque membre de la famille une part de compassion qui pousse à accepter l’autre tel qu’il est tout en invitant chacun à changer ce qui peut l’être.

« L’amour prend patience », dit saint Paul. 3 Une bien belle façon d’aimer vraiment !

1 Cf. Amoris Laetitia (AL) no 91, 92
2 Ex 34, 6
3 1 Co 13, 4

Une galerie de portraits saisissants

Par François-Xavier Amherdt
Photo : DR
L’Association biblique catholique de Suisse romande (l’ABC) va consacrer pour la deuxième fois sa session d’été à la Pelouse-sur-Bex, du 28 juin au 2 juillet, aux « femmes de la Bible », en collaboration avec le Service de catéchèse du canton de Vaud, avec, durant l’année pastorale 2017, une exposition et des soirées-conférences.

C’est que les Saintes Ecritures offrent une galerie infinie de magnifiques portraits, dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament :

– Eve, la mère des vivants, et Marie, la mère de Dieu, mère du Christ et de l’humanité ;

– Sara, Rébecca et Rachel, « matriarches » et sources du peuple d’Israël ;

– Ruth, l’ancêtre de Jésus, selon la généalogie de Matthieu ;

– Judith et Esther, les combattantes qui jouent de leurs charmes et de leur courage pour sauver la nation sainte ;

– Elisabeth, qui révèle à sa cousine Marie en visitation chez elle l’inconcevable bénédiction dont celle-ci est bénéficiaire, et donne au monde le Précurseur, Jean le Baptiste, le plus grand des enfants des hommes ;

– Marthe et Marie, les amies du Fils de l’homme qui, à elles deux, conduisent l’humanité des préoccupations autocentrées vers l’écoute de la Parole ouvrant à l’essentiel ;

– la femme pécheresse en Luc, la Samaritaine et la femme adultère en Jean, qui se laissent engendrer par leur rencontre avec le Fils de Dieu ;

– les groupes de femmes accompagnant Jésus durant son ministère, notamment dans le 3e Evangile, jusqu’au pied de la croix ;

– Lydie et toutes les témoins de la foi dans les Actes des Apôtres,…

La liste est longue de ces croyantes bibliques : croyantes au participe présent, car la plupart du temps, leur foi dure et tient, contrairement à la versatilité des apôtres et des disciples hommes. C’est encore le cas aujourd’hui, à voir le feu qui anime tant de catéchistes et d’engagées en pastorale. Que l’Eglise institution, femme et mère, leur accorde une place toujours plus effective dans l’exercice des responsabilités apostoliques, selon le vœu du pape François !

Daniel Gosteli

Le CARÉ (Caritas accueil rencontres échanges) est un lieu d’accueil et de rencontre pour les personnes confrontées à des difficultés diverses, matérielles et affectives, ayant souvent en commun la solitude et l’exclusion, le rejet et la marginalisation, la pauvreté sous des formes multiples. Découverte en compagnie de son directeur Daniel Gosteli.

Propos recueillis par Véronique Benz


Photos : Véronique Benz
Il est presque 10h lorsque j’arrive à la rue du Grand-Bureau 13, dans le quartier des Acacias à Genève. Le CARÉ se situe dans les locaux de la paroisse Sainte-Claire. Devant la porte s’amoncelle une foule bigarrée qui fume et discute. Gentiment les hommes me cèdent la place afin que je puisse descendre les escaliers et accéder à la porte d’entrée du CARÉ.

A l’intérieur, l’ambiance est convi­-viale, mais bruyante. Attablés, les gens discutent en sirotant un thé ou un café. Un groupe joue aux cartes. Dans un coin reculé, un jeune homme révise ses cours de français. Certains lisent, tandis que d’autres profitent des douches.

Au CARÉ se côtoient des personnes de tous âges, hommes et femmes, avec des pauvretés humaines, physiques et psychologiques. Suisses ou étrangers, tous sont là pour la même raison, trouver un peu de chaleur humaine et profiter des divers services que propose le CARÉ : nourriture, douches, coiffeur, distribution de vêtements, service de couture, activités manuelles, artistiques et sportives sous diverses formes.

Un accueil inconditionnel

« Fondé par Caritas Genève, le CARÉ va fêter cette année ses quarante ans. C’est un lieu d’accueil inconditionnel, nous recevons les personnes sans leur poser de questions. » Daniel Gosteli m’explique que tout ce qui est proposé au CARÉ vise à aider les personnes à reconstruire « l’estime de soi ». « Les activités sont un moyen de communication, de rencontre et de valorisation. C’est la plus-value des personnes qui est prioritaire. Chaleur humaine, respect, confiance, participation effective à la vie du groupe occupent une place privilégiée dans les moments de vie partagée. Nous sommes confrontés à une population à laquelle nous n’avons souvent pas donné le droit d’exister, une population qui a tout perdu. Ces personnes ont parfois l’impression que tout leur est dû, personne ne leur a appris à dire « s’il vous plaît » ou « merci ». Personne non plus ne leur a appris qu’une femme est digne de respect. Nous n’avons en général pas au CARÉ de graves problèmes de violence. Le contexte est habituellement calme. Il faut dire que nous sommes en permanence attentifs et que nous intervenons sur tous les signes qui pourraient conduire à de la violence. »

Quelques professionnels, des stagiaires en école de travail social et une cinquantaine de bénévoles permettent au CARÉ d’être présent jour après jour auprès de la population qui le sollicite.

Etre bénévole au CARÉ

Le directeur de l’établissement me reçoit dans le petit bureau qu’il partage avec ses collaborateurs. « La première chose que je fais le matin est de passer à la poste prendre le courrier. A côté du travail administratif et de la gestion des défis quotidiens, je passe la plus grande partie de mes journées à être avec les gens, à les accueillir, à les écouter. Je prends notamment du temps avec les personnes qui désirent faire du bénévolat au CARÉ », relève Daniel Gosteli. « Pour être bénévole, il faut accepter de faire le travail du CARÉ au moins un demi-jour par semaine. Le bénévole doit également être assez fort psychologiquement pour supporter les 200 à 300 personnes par jour qu’il va rencontrer. Je dois m’assurer que le bénévole sait mettre ses limites. Il est important de comprendre sa motivation et connaître sa disponibilité. »

Au départ, le CARÉ n’était ouvert qu’à la demi-journée ; depuis deux ans il est ouvert tous les jours de la semaine de 9h à 12h et de 14h à 17h45. En hiver, il ouvre également quelques samedis. « Ce changement nous a fait plus que doubler le nombre de personnes que nous recevons. Nous sommes passés de 150 personnes par jour à plus de 400 personnes. Nous assurons tous les jours à 16h un repas chaud servi à table. Le petit déjeuner du matin ou le brunch à 11h, nous les offrons en fonction de ce que nous recevons sous forme de buffet. »

Le CARÉ reçoit une subvention de la Ville de Genève qui couvre environ les 25% de ses dépenses. Le reste, il faut le chercher. « Nous sommes soutenus par l’Eglise catholique, les communes, quelques entreprises, des legs et beaucoup de donateurs modestes, mais fidèles et réguliers. » C’est cette fidélité qui permet au CARÉ de continuer à être un lieu de solidarité et d’entraide.

Le CARÉ en chiffres (année 2015)

Nombre de jours d’ouverture : 278
Nombre de repas pris sur place : 135’954
Moyenne de participants au repas journaliers : 489
Participants aux activités : 45’591
Moyenne journalière de participation aux activités : 168
Douches : 11’843
Coiffeur : 373
Garde-robe : 1680
Service de couture : 1500

Biographie

Daniel Gosteli est grand-père.

Après une formation dans le monde agricole, il travaille très vite dans le domaine social, notamment à l’Armée du Salut. Depuis 8 ans, il est le directeur du CARÉ.

Clin d’œil à Yoki

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
_09w9044Lors de la construction de la chapelle catholique de Bevaix ( NE, 1972), Yoki a réalisé une vitrail en dalles de verre, sous le titre La lumière éclairant les Hébreux dans le désert. Que l’auteur nous permette d’y voir une image de la Résurrection.

L’utilisation de dalles de verre a permis une évolution dans l’art du vitrail, et Yoki l’a souvent pratiquée.

Au lieu de la baguette de plomb traditionnelle, souple et fine, le ciment sert de lien entre les pièces de verres, découpées dans de grandes plaques de la couleur désirée, sous forme de dalles épaisses. Le contraste entre le ciment gris ou noir et le verre lumineux est plus fortement souligné.

Cette méthode contraint à une sobriété de la figure, d’où un recours plus grand aux symboles. Elle requiert une harmonie encore plus fine entre le peintre et le verrier.

Emile Aebischer, artiste fribourgeois, 1922-2012. Nom d’artiste : Yoki. Auteur de plus de 90 réalisations dans le seul canton de Fribourg.

Chapelle catholique Notre-Dame de la Route à Bevaix, (Neuchâtel),  construite en 1972.

Engagées

«Un barbu grisonnant à la grosse voix!» répond Alicia, 7 ans, à la question: «Dieu, c’est qui pour toi?» Héritage de siècles de phallocratie judéo-chrétienne, et ce n’est ni Augustin ni Thomas d’Aquin qui nous contrediraient! Et pourtant, Dieu créa la femme. Certes. Mais pour la chrétienne, la croyante, la théologienne, la canoniste, voire la servante de messe, quelle place en Eglise aujourd’hui?

Par Thierry Schelling
Photos : Jean-Claude Gadmer, Ldd
Oui, il y a amélioration depuis le Concile Vatican II. 1 Et il convient d’affirmer haut et fort que « historiquement, c’est dans le christianisme que s’est accomplie une véritable égalité spirituelle entre les hommes et les femmes, base d’une véritable égalité sociale », 2 grâce aux principes du mariage : absolue égalité des deux oui et des deux libertés de choix. Mais le pape François a reconnu encore récemment (2016) que « l’histoire porte les marques des excès des cultures patriarcales où la femme était considérée de seconde classe » 3, rappel tonitruant contre le machisme encore latent.

1 Même si elles n’y furent que 24 auditrices pour les deux sessions de 1964 et 1965.
2 L’entretien avec L. Scaraffia de B. Révillion, dans : Prier no 388, janvier-février 2017, p. 21.
3 Amoris Laetitia no 54.

Quelle égalité pratique ?

La Déclaration universelle des droits humains, et nous avec, reconnaissons aux deux sexes des droits égaux et inaliénables, « fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ». D’où la difficulté grandissante de devoir s’accommoder dans l’Eglise de ce qui s’apparente à un traitement unfair de la femme. Oui, mouvements féministes catholiques, monographies sur les abbesses, diaconesses 4 et autres béguines, proclamation de Thérèse d’Avila ou Catherine de Sienne comme docteurs (doctoresses ?) de l’Eglise, commission d’étude du diaconat féminin voulue par le pape François ou théorie du genre ponctuent l’actualité, et des femmes sont nommées chancelière d’évêché, adjointe de vicaire épiscopal, rectrice d’instituts académiques et pontificaux, vice-porte-parole du Saint-Siège, directrice des Musées du Vatican. Mais à l’ère des cheffes du FMI, des fondées de pouvoir, des premières ministres et présidentes d’Etats, l’institution ecclésiale n’éluderait-elle pas le vrai sujet – la femme catholique en position de décision – à force de mettre en avant le concept de « rôles complémentaires », de magnifier la maternité, et à multiples reprises 5 de sublimer le génie féminin ?

4 A. Jajé, Diaconesses. Les femmes dans l’Eglise syriaque, Domuni Press, Paris, 2016.
5 En 1995 avec la Lettre aux femmes, en 2015 dans Evangelii gaudium (nn. 103-104).

Peut mieux faire !

« Un peu beaucoup d’encens pour moi », me confie une amie croyante pratiquante mais plus que désillusionnée sur le catholicisme : « Quand la seule réponse à l’ordination des femmes est un non possumus, aujourd’hui, au XXIe siècle, ce n’est plus tenable ni crédible. Il y a d’autres résistances inavouées ou inavouables à l’œuvre dans cet immobilisme obscurantiste. Comment des célibataires mâles peuvent-ils avoir une opinion éclairée sur la femme, l’amour, la famille, la sexualité ? » Le verdict est sévère, tout comme celui de Lucetta Scaraffia, historienne invitée au Synode sur la famille en 2015 : « L’approche (des prélats) souvent assez cérébrale […] m’a semblé coupée du réel. Je me suis dit que, décidément, il manquait une parole de femme dans cette assemblée d’hommes ! » 6 Rosetta Tomaselli-Carbonara, agente pastorale à la Missione cattolica Losanna-Renens, renchérit: « Le temps n’est pas encore venu d’un traitement égalitaire dans l’Eglise. Je ne me sens nullement reconnue ni pour mon travail ni pour mes paroles par l’institution, qui s’intéresse aux chiffres comme une usine de production, alors que j’appelle mon travail une vocation. Et je n’entre pas dans ce jeu-là. Ce qui m’intéresse et me gratifie, ce sont les personnes rencontrées sur ma route, leur sourire, leur regard, leur Grazie ! » Pas d’angélisme, même dans la vie religieuse féminine, nous assure sœur Claire, une cheffe d’entreprise (voir le livre qui lui est consacré 7) chez les Sœurs de Saint-Augustin à Saint-Maurice : « L’esprit de ma formation de religieuse n’était pas à l’émancipation mais au renoncement. » Même si elle reconnaît qu’avec le temps, l’atmosphère a changé.

6 L’entretien de Bertand Révillion, idem, p. 18.
7 O. Toublan, Religieuse et chef d’entreprise, Saint-Augustin, 2015.

Pas si mâle !

Myriam Stocker, membre du Conseil épiscopal du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, explique : « Il a fallu un certain temps pour que ma parole soit prise en compte », soit par les autres membres, tous hommes et majoritairement clercs. « Toutefois, au fil des séances et des sujets à traiter, (ils) ont commencé à respecter mes avis parfois bien différents des leurs, à apprécier que mes réflexions nous orientent vers d’autres points de vue lors de certaines décisions à prendre, à accepter que la femme que j’étais puisse apporter parfois un témoignage qui bouscule ! » Et de conclure : « L’idéal serait que nous y soyons plusieurs femmes : alors que nous y sommes plutôt nombreuses la plupart des décisions d’Eglise continuent à être prises sans les femmes. » Son ministère d’accompagnement d’équipes et de groupes de travail l’a mise en contact avec d’autres engagées avec lesquelles elle a créé un réseau pour toute consœur intéressée à les rejoindre !

Pia Zimmerli, secrétaire de catéchèse à Renens, raconte : « Je ne me suis jamais sentie mise à l’écart ni posé la question si j’avais vraiment ma place. Pour moi, c’était clair que oui. » Célébrant des funérailles depuis 2012, elle constate : « Etre femme, laïque et veuve dans ce genre de ministère nous donne plus de liberté pour montrer notre compassion. On est crédible en quelque sorte. » Même si porter une aube fait encore cligner les yeux d’aucuns. Un bémol cependant : « Comme j’aimerais que tous les prêtres disent hommes et femmes, et frères et sœurs dans la liturgie… »

Astrid Belperroud, coordinatrice en catéchèse pour l’Unité pastorale Renens-Bussigny, se sent « intimement convoquée, impliquée, appelée » en Eglise, « non pas d’abord en tant que femme, mais comme baptisée ». Tout comme Florence Delachaux, à la fois Marthe (secrétaire et seule membre femme du Conseil de paroisse) et Marie (catéchèse et funérailles), qui résume : « J’ai toujours eu à l’esprit la réalisation de ma mission indépendamment de mon sexe. » Certaines, même, très librement, comme Nicole Andreetta à l’AGORA de Genève : « Au moment de mon envoi, l’évêque m’a dit : «  Tu devras obéir au Christ, pas à l’Eglise !  » Cela m’a rassurée en tant que femme et laïque et même pas mal libérée du carcan hiérarchique. Jésus n’a pas dit seulement «  Faites ceci en mémoire de moi  » ! Cherchons une autre partie de son héritage à vivre et
à transmettre. » Mission, ministère, vocation, l’Eglise est et sera toujours (au moins) un mot féminin. Et est bien plus déjà !

Quels engagements ?

Il y a, dans le fond comme pour les hommes – à une exception près : par l’ordination –, divers modes d’engagement pour la baptisée en Eglise : le plus répandu est le bénévolat, de la catéchèse à la solidarité, de la sacristie à l’autel, de Vie montante aux visites de malades ; la bénévole peut se former et s’instruire de façon plus poussée (AOT, Siloé, etc.), pour elle-même et pour son ministère ; puis il y a celles qui décident, après discernement en famille et avec les autorités compétentes, de se former sur plusieurs années (IFM…) pour être engagées sur mandat épiscopal comme agentes pastorales, au même titre qu’un prêtre quant au service rendu à une communauté.

Et il y a la consécration à vie, les religieuses (moniales, missionnaires, vierges…) qui sanctifient le corps tout entier en complément de l’indispensable apostolat au féminin.

Loris Follonier

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photo: LDD

T’es-qui?
Loris Follonier, 21 ans, d’Uvrier (VS).Tu t’engages où?
Je suis actuellement à la Garde suisse pontificale à Rome.
En paroisse, je me suis engagé tour à tour comme servant d’autel, lecteur, auxiliaire de l’eucharistie, j’ai été responsable de ces groupes, chanteur en paroisse aussi, et je suis actuellement responsable de la page Facebook de l’Eglise « couleur jeunes » de Sion.

Loris, pour toi, l’Eglise de demain sera… ?
Plus jeune et plus sincère. J’entends par là qu’avec le renouvellement des chrétiens, les nouveaux chrétiens défendront davantage les valeurs de l’Evangile et oseront davantage défendre un certain nombre de valeurs (la vie, le mariage, etc.).

Que fais-tu à la Garde suisse pontificale ?
Je suis arrivé à Rome fin octobre 2016. Après un mois de formation dans une école de police au Tessin, je suis maintenant en service, je prêterai serment le 6 mai.

Quelles sont tes découvertes ?
Ce qui m’a particulièrement marqué après mes longs mois d’armée en Suisse, c’est la merveilleuse entente ici à Rome entre Alémaniques et Romands, une ambiance qu’on ne retrouve pas dans l’Armée suisse. Par ailleurs, pouvoir travailler tous les jours à proximité de nombreux cardinaux et du pape François est une immense chance. J’ai déjà eu l’occasion de serrer la main du Pape à plusieurs reprises et on le voit assez régulièrement.

Ta foi change-t-elle grâce à tout cela ?
Le fait de pouvoir participer à de nombreux événements en lien avec l’Eglise est très important. Cela renforce et confirme pleinement ma foi.

Tu gères la page Facebook des jeunes de Sion. Internet ne représente-t-il pas un danger pour l’Eglise ?
Je trouve que le danger serait, pour l’Eglise, de ne pas être présente sur internet et de laisser place à une désinformation qui lui serait dommageable.

Tu as déjà beaucoup travaillé en Eglise en Valais. C’est rare à ton âge, non ?
J’ai un immense plaisir à côtoyer ceux qui partagent la même foi que moi et cela m’apporte une grande énergie… après, je n’ai toujours fait que ce qui semblait être à ma portée tout en représentant chaque fois un défi.

Quel sera ton prochain défi ?
Ce sera, en rentrant de mon service ici à Rome, d’essayer d’apporter aux jeunes quelque chose d’encore plus vivant en termes d’approfondissement de leur foi. Ça vaut vraiment la peine de s’engager en Eglise ! Et pour ce qui est de la Garde, j’aimerais leur dire combien c’est précieux de pouvoir vivre quelque temps au service du Saint-Père : nous seuls, Suisses, avons cette chance, il faut en profiter !

Pour aller plus loin

Le site internet de la Garde suisse pontificale : www.guardiasvizzera.va

Sur Facebook : www.facebook.com/pages/Garde-suisse-pontificale 

Aussi sur Facebook : www.facebook.com/Eglise-Couleur-jeunes-de-Sion

Tous égaux

Par Véronique Benz
Photo : Jean-Claude GadmerDès ma jeunesse, je me suis engagée bénévolement au sein de l’Eglise catholique. Adulte j’ai choisi d’y travailler professionnellement comme journaliste. Ma place en tant que femme au sein de l’Eglise ne m’a jamais posé de problème. Elle est celle de tout baptisé. En tant que femme, je ne me suis jamais sentie inférieure à un homme ou à un prêtre. Chacun avec sa vocation spécifique, avec ses qualités respectives et diverses, nous œuvrons tous à la même mission : celle du Christ.

Homme et femme partagent la même dignité humaine et la même grâce baptismale. On n’est pas un être moins humain parce que l’on est une femme, et l’on n’est pas plus fille de Dieu que l’on est fils de Dieu. Dans le cœur de Dieu, nous sommes tous uniques et infiniment aimés. Quels que soient notre sexe, nos dons, notre fonction, notre position sociale, notre richesse, notre nationalité, nos péchés, notre état de vie… nous sommes tous égaux. C’est dans le cœur de Dieu que se trouve la véritable égalité entre les êtres humains, puisque nous avons tous été créés à l’image de notre Créateur !

A chacun de nous de faire de cette égalité une harmonie.

Temps pascal

Par Thierry Schelling
Photo : Jean-Claude Gadmer
En un sens, on peut résumer liturgiquement le christianisme à… Pâques ! La Résurrection du Christ est le moteur, le cadre, la raison, le sujet de toute liturgie, et ce pour quoi l’Eglise – et les Eglises – existent. Chaque dimanche est Pâques, comme chaque eucharistie : dans un EMS, une famille, une cathédrale ou un temple, à midi ou à minuit. On y chante, célèbre et proclame encore et toujours sa foi en Christ relevé d’entre les morts. Mais une telle concentration nécessite une dynamique pédagogique à format humain, c’est-à-dire étalée dans le temps et l’espace, car tels nous sommes créés, êtres historiques limités à un lieu et à une période.

Du coup, Pâques, c’est aussi l’Ascension et la Pentecôte, qui riment peut-être plus avec congé et printemps qu’avec la Résurrection autrement ! Tout comme l’Incarnation qui est célébrée sous trois formes : le 25 décembre (la Nativité), à l’Epiphanie et au Baptême du Christ, et de même pour la Résurrection : à la Vigile (et le dimanche de Pâques), à l’Ascension et à la Pentecôte. Les deux sommets de la religion chrétienne déroulés en trois temps chacun.

Incarnation et Résurrection sont équitablement préparées par un temps de mise en route, Avent et Carême : quatre à cinq semaines conduisant à l’éclatement de joie qu’est la naissance (Gloria !) et la sortie du tombeau (Alléluia !). Et elles sont prolongées par le temps de Noël et le temps pascal, cadencés par les deux autres célébrations sur le même thème.

Le Dieu de Jésus-Christ, en devenant homme, a épousé la nécessité du temps et de l’espace pour se faire connaître, et reconnaître, par les générations successives de ses disciples : d’où la bonne idée de « triner » les deux fêtes essentielles du christianisme, de s’y préparer et de les prolonger dans la durée. Afin d’optimiser les occasions de rencontres, de conversions, de sanctifications. Et de joies !

En fait, nous avons quelque cent-vingt jours (Avent, temps de Noël, Carême et temps pascal mis bout à bout) par an pour vivre plus intensément le double mystère de notre religion. Un tiers de l’année. Pour éclairer et guider tout à la fois les deux autres tiers ?

Les cloches

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer

Eglise de Cottens (FR) avec clocher ouvert, inauguré en 1956.
Eglise de Cottens (FR) avec clocher ouvert, inauguré en 1956.

Ce n’est certes pas le principal élément d’une église, mais bien le plus bruyant. La mise en place des cloches se fait en dernier dans une construction et il arrive que, si les sous viennent à manquer, les cloches patientent.

Quand l’église est au milieu du village, les cloches prennent tout leur sens: marquer l’avancement du temps et cadrer certaines activités. Elles appellent à la prière matin, midi et soir, par la sonnerie de l’angélus.

Elles convoquent la communauté au rassemblement pour les offices, autrefois multiples, le dimanche.

Dans certaines communes, elles annoncent encore la fin du travail le samedi soir… alors que les usines ont fermé leurs portes depuis 24 heures…

Les cloches annoncent ou soulignent des évènements comme les décès, mariages ou baptêmes. Avant l’arrivée des sirènes, elles donnaient l’alerte en cas d’incendie, et, à certains endroits, la dernière sonnerie signifie le couvre-feu.

Perchées en un endroit inaccessible au public, elles font mémoire silencieusement de leur origine inscrite dans le bronze et ternie par le temps.

« Moi, Catherine, je sonne les heures heureuses. Mon parrain est François Duriaux, bienfaiteur de la paroisse, et ma marraine est Joséphine Marchon, dite aux-Blancs. Je suis montée en ce lieu dans la liesse de la paroisse conduite par le révérend curé Camille Cosandey en ce jour de Pentecôte, 2 juin 1865. Paix à ceux qui entendent ma voix ! »

Les moyens techniques modernes ont enlevé un des aspects utilitaires des cloches ; il ne leur reste souvent que la fonction liée aux offices. Le charme de leur sonnerie n’est plus apprécié avec la même unanimité.

En librairie – mars 2017

Par Claude Jenny, avec Sœur Gabriela Enasoae, libraire à la Librairie Saint-Augustin de Saint-Maurice

Un CD

cd_athanasiades« Les bis » de Georges Athanasiadès

Ce CD est presque un miracle ! Immobilisé de longs mois par la maladie, le célèbre chanoine organiste agaunois a tant voulu rejouer sur « son » orgue de l’abbaye qu’il y est parvenu. Le talent étant acquis, il n’y a qu’à se laisser charmer par cette sélection des grandes œuvres qu’il a choisies de rejouer. Superbe !

Des livres

« Tu as couvert ma honte »

Religieuse dominicaine, médecin dans une prison française, Anne Lécu a reçu le Prix du livre de spiritualité Panorama/La Procure 2016 pour son dernier ouvrage « Tu as couvert ma honte ». Un livre sur la honte ? Non, répond-elle, « mais sur la délicatesse de Dieu qui la recouvre. Mon propos est de tourner notre regard vers Dieu et de le détourner de ce qui nous rabaisse ».

 

« Eglise et immigration : le grand malaise »

Sous-titre : « Le Pape et le suicide de la civilisation chrétienne. » Le livre qui dérange, de Laurent Dandrieu, tiraillé comme de nombreux chrétiens entre les paroles « portes ouvertes » de François et le besoin de protéger son identité. Ou comment concilier ouverture  et défense de la civilisation européenne. Un livre qui interpelle au bon moment.

la-priere_ok« La prière dans tous ses états »

Vous aimeriez prier, mais vous ne savez pas ! Vous priez, mais vous aimeriez prier mieux ! L’abbé Joël Pralong publie un de ces petits livres qui font mouche. Avec « La prière dans tous ses états – initiation pour tous », il raconte le parcours d’un jeune de 25 ans.

« La vérité sort de la bouche des enfants… »

… mais pas seulement ! Le dessinateur Guézou vient une nouvelle fois nous titiller, avec son dernier album,
à travers des propos d’enfants joliment illustrés qui viennent nous rappeler des vérités… pas si enfantines que ça !

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch)

Bénir

Par Thierry Schelling
Photo : DR
Bénir un malade, un enfant, un chapelet, un bâtiment, voire un champs, c’est lui vouloir du bien. Benedicere, dire du bien. Voilà quelque chose d’universel. Toutes les religions, en bénissant, veulent attirer la protection céleste sur le destinataire ; et toutes mettent à disposition des objets bénis : amulettes, rameaux, crucifix, Madones, images, vignettes.

Les gestes et formules des bénédictions sont des plus instructifs sur la Weltanschauung de la religion. Et c’est le corps humain qui est l’exécuteur universel de la bénédiction. D’ailleurs, toutes utilisent les mains pour bénir. Qui est une façon de disposer et d’« ordrer » êtres et choses les uns par rapport aux autres : il y a un aspect « cosmétique », embellissant, à bénir les animaux, les quatre points cardinaux, les eaux, les montagnes… Bénir, c’est tout bien faire pour une plus grande protection : un croyant, qu’il soit restaurateur napolitain, commerçant chinois, motard valaisan, ou un foyer en difficultés financière ou personnelle, un mourant ou des amoureux souvent demandent une bénédiction. Avec, parfois, une propension à l’exagération : ici, seul le clergé peut bénir; là, seul ce gri-gri portera bonheur.

Toutes les religions délimitent par des bénédictions l’espace – entre sacré et profane – et le temps propice à celles-là : le temps pascal, Ramadan, le matin… Ainsi, les religions répètent à la fois la largesse de Dieu sur le monde, et notre nécessité à se disposer pour recevoir Sa bénédiction : par la foi en Dieu qui est ultimement bon. En ce sens, il y a au moins une condition pour une « vraie » bénédiction : l’intention avec laquelle elle est demandée et pratiquée.

La bénédiction, praticable par tous ? Presque ; il y a des « experts », prêtres, chamans et autres moines, mais dans presque toutes les religions, toute personne bien intentionnée peut bénir sans autre une autre personne, tant il est vrai que ce sont les vivants qui sont à bénir, même lorsqu’ils présentent des objets aux mains du « bénisseur »… ou de la bénisseuse. Oui, bénir est une activité pour les deux sexes ! Bien des traditions religieuses ont la femme bénissant la terre, l’humanité, le monde : chamane iroquoise, Vierge de Fátima, Lakshmi ou Athéna… Et spécifiquement la mère. La bénédiction est féminine et matricielle.

Les rituels de bénédiction

Par Olivier RoduitLes rites de bénédiction se sont développés très tôt. La pratique de l’Eglise est partie de l’exemple du Christ bénissant les personnes et les choses : les enfants, les apôtres, les pains, etc. Un premier florilège de bénédictions apparaît au début du IIIe siècle dans la Tradition apostolique d’Hippolyte. Dès le VIIIe siècle, en pays franc, de nombreux nouveaux rites apparaissent : la bénédiction des fruits nouveaux, des arbres, de l’eau pour asperger les maisons… Les livres du Moyen Age disent comment bénir certains aliments essentiels de la vie, comme l’eau, le sel et le pain.

Au XIIe siècle apparaissent les rituels paroissiaux qui sont de riches témoins des mentalités des populations dont ils ont sanctifié l’existence. Plus tard, les papes vont codifier et organiser les bénédictions. Le rituel de Pie XII (1952) présente 179 bénédictions dont 95 sont réservées aux évêques ou aux prêtres.

L’actuel Livre des bénédictions apparaît en 1984. Cinquante bénédictions sont rassemblées en quatre parties : les bénédictions des personnes, celles concernant les activités humaines, la bénédiction des objets contenus ou érigés dans les églises et celle des objets de dévotion. Le livre se termine sur une bénédiction donnée en action de grâce et une bénédiction pour des circonstances diverses.

François Rouiller

«Si nous tenons compte de la spiritualité des gens, nous sommes meilleurs dans la prise en charge des patients, affirme François Rouiller, responsable de l’aumônerie au CHUV à Lausanne. La spiritualité peut être une ressource, mais aussi une cause de détresse. Dans l’itinéraire thérapeutique du patient, nous pouvons mobiliser les ressources et tenir compte des détresses.»

 

Texte et photos par Véronique Benz
Il est 8h, François Rouiller arrive au CHUV. « La journée d’un membre de l’aumônerie du CHUV varie. Lors des journées de garde, l’accompagnant spirituel est présent de 8h le matin à 8h le lendemain matin », explique le responsable de l’aumônerie œcuménique. « A côté, il y a la journée normale, qui débute à 8h30 par un temps de méditation à la chapelle. Pour faire du soutien spirituel, nous devons nous ressourcer nous-mêmes. Il est important de s’enraciner dans sa propre spiritualité pour pouvoir être ouvert à celle des autres », souligne François Rouiller.

La méditation terminée, les membres de l’équipe d’aumônerie font du travail de bureau, lisent des articles pour leur propre formation, préparent les célébrations du dimanche ou participent à des colloques. En raison des soins, les accompagnants spirituels ne peuvent que rarement se rendre auprès des patients avant 10h.

François Rouiller est en charge d’un service de médecine interne, des soins intensifs et continus de pédiatrie. Revêtu d’une blouse blanche, François se rend dans le service de médecine. En arrivant à l’étage, il se dirige directement vers le bureau de l’infirmière chef, avec laquelle il passe en revue la liste des patients.

Le cœur de la journée

« C’est le médecin ou l’infirmier chef qui priorise avec nous les personnes qu’il est important de visiter. » Puis l’accompagnant spirituel se rend auprès des patients. « La visite aux patients est le cœur de notre journée. Nous sommes là pour découvrir ce qui fait l’essentiel chez l’autre. Chaque rencontre est un buisson ardent. Si le patient souhaite prier, alors nous prions avec lui. Mais la demande est assez rare. Les rites se situent souvent autour de la mort, bien qu’elle ne soit qu’une toute petite partie de notre travail », précise François Rouiller. Les entretiens terminés, l’accompagnant rédige une note pour le dossier du patient. « Nous inscrivons seulement les éléments essentiels et utiles pour les soignants, et avec l’accord du patient », insiste-t-il.

Au CHUV la spiritualité fait partie de la prise en charge globale du patient. « L’être humain est par essence spirituel, tout le monde a une spiritualité, mais plus de 80% des gens pensent que la religion n’est pas importante pour eux », explique François Rouiller. Le CHUV en tient compte en définissant la spiritualité à partir du STIV : Sens (quel sens le patient donne-t-il à sa vie, à ce qui lui arrive en ce moment ?), Transcendance (y a-t-il un lien à une transcendance, laquelle ?), Identité (aspects psychosociaux de l’identité, besoin de chacun de maintenir sa singularité, son identité) et Valeurs (les valeurs fondamentales pour lui : sont-elles connues et prises en compte par les soignants ?).

Interdisciplinarité

Les aumôniers sont rattachés à la direction des soins, au même titre que les infirmiers, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes ou les assistants sociaux. Ils participent aux colloques interdisciplinaires. « Aux soins intensifs de pédiatrie, nous avons un colloque par semaine. Dans un tel service, l’accompagnement de la famille est tout aussi important que celui du patient », commente François Rouiller. En me faisant visiter le service, il me montre une chambre, dans laquelle je ne peux évidemment pas entrer, mais qui est le lieu de vie depuis plusieurs semaines d’un enfant en attente d’une greffe du cœur.

« Nous sommes vraiment attendus dans les soins et auprès des médecins. Cette interdisciplinarité est pour nous un gros challenge. Nous sommes appelés à redéfinir le métier d’accompagnant spirituel dans les soins hospitaliers et à développer sans cesse nos compétences spécifiques. »

Il est 18h, François Rouiller a terminé sa journée. Avant que je le quitte, il insiste sur le fait que les aumôneries d’hôpitaux sont des lieux essentiels dans lesquels il faut investir en per­sonnel.

L’aumônerie du CHUV

L’aumônerie œcuménique du CHUV compte une vingtaine de personnes, pour 13,3 équivalents pleins temps (EPT). Laïcs, prêtres et pasteurs, tous sont des théologiens formés à l’accompagnement des personnes.

Biographie

François Rouiller est au service de l’Eglise depuis plus de 20 ans. Il a été engagé à l’aumônerie du CHUV en 2010. Il partage son plein temps entre la responsabilité du service (poste CHUV) et le travail d’accompagnement. 

Dieu dit du bien (Ephésiens 1, 3-14)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: 
Monika AcostaNous bénissons le Seigneur parce que c’est lui qui, le premier, « dit du bien » («benedicere» en latin ) sur nous.

La bénédiction se trouve au cœur de tous les sacrements, signifiée par l’imposition des mains qui manifeste le don de l’Esprit :

– le Père bénit le nouveau-né baptisé, pour lui donner sa vie ;

– le Christ bénit les confirmés et les rend semblables à lui (« Christ » veut dire « oint », marqué de l’huile, en grec) ;

– la Trinité nous accueille au repas de famille de l’Eglise qu’est l’eucharistie, pour nous donner le pain et le vin bénits, devenus corps et sang du Fils ;

– Dieu bénit le pénitent qui regrette ses péchés et reçoit le pardon ;

– il bénit le malade en lui offrant force et guérison du corps et du cœur par l’onction ;

– il bénit le diacre, le prêtre et l’évêque en faisant d’eux ses « porte-parole » et ses « lieutenants » le représentant en personne ;

– enfin le Seigneur source de tout amour bénit les couples mariés et les charge de témoigner de sa fidélité à la face du monde.

C’est la grande hymne de saint Paul aux Ephésiens qui est ainsi la matrice de toutes les bénédictions invoquées sur les personnes, y compris également dans les sacramentaux (sur les habitants d’une maison, les fidèles dans une église nouvelle, les propriétaires d’animaux, les utilisateurs d’un pont ou d’une moto…).

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ. » (Eph 1, 3) Car le Seigneur nous a aimés de toute éternité, il nous a pensés avant même notre conception dans le sein de notre mère. Il nous a comme tous prédestinés à être saints, en sa présence. Sa volonté et son plaisir, c’est que nous soyons ses fils adoptifs, frères et sœurs de son divin Fils. Il nous a dévoilé son projet de salut, il nous y associe, car il veut rassembler tous les êtres humains en un seul peuple, par l’action de son Esprit. Et ceux qu’il a marqués du sceau de la promesse, les chrétiens baptisés, sont porteurs de cette bonne nouvelle pour l’ensemble de l’humanité (Eph 1, 3-14).

Bénédictions

Les bénédictions sont omniprésentes dans la prière et la vie des chrétiens. On bénit le Seigneur, on récite le bénédicité avant les repas, on porte volontiers sur soi une petite médaille miraculeuse, et il ne se passe pas une seule inauguration sans que le curé soit appelé à bénir les nouveaux bâtiments ou les nouvelles installations. Que signifie bénir?

Par Olivier Roduit
Photos: Olivier Roduit, Jacques Robyr, Fabienne Theytaz, Georges losey, DR

Bénédictions individuelles de chaque animal présenté avec son « petit nom » par son maître.
Bénédictions individuelles de chaque animal présenté avec son « petit nom » par son maître.

Bénir des animaux

Depuis quelques années, certaines paroisses de villes organisent des cérémonies de bénédiction pour les animaux de compagnie : chiens, chats, poissons… L’abbé Claude Pauli déclare vouloir « permettre aux gens de réfléchir à leur relation avec leur animal, et donc de s’interroger sur la soif affective et spirituelle qui les habite. » (Le Matin, 9.10.2006)

Le chanoine Gilles Roduit a lui aussi célébré des bénédictions d’animaux, bien plus traditionnellement. Ayant été de longues années curé dans le val de Bagnes, il a plus d’une centaine de fois béni les vaches dans les alpages. Ce rituel a lieu au début juin et marque la joie de l’inalpe. « Il s’agit d’une très longue tradition, fortement ancrée dans le profond des êtres. Cela touche le cœur des bergers qui vont aller cent jours dans les montagnes et qui ne savent pas trop bien comment cela va se dérouler. Cela touche les propriétaires de bétail qui vont pouvoir passer à la saison des foins, alors que leurs bêtes sont à la montagne, ces paysans qui sont fiers de voir leurs vaches qui se battent pour le titre de reine. Et cela touche aussi notre âme de terriens à nous tous. C’est un signe du religieux au cœur de la nature. »

Qu’est-ce qu’une bénédiction ?

Le mot bénir vient du latin benedicere, littéralement dire du bien sur quelqu’un ou sur quelque chose au profit de quelqu’un. Le catéchisme de l’Eglise catholique enseigne que « bénir est une action divine qui donne la vie et dont le Père est la source. Sa bénédiction est à la fois parole et don. Appliqué à l’homme, ce terme signifiera l’adoration et la remise à son Créateur dans l’action de grâce ». (N° 1078)

La bénédiction est d’abord l’œuvre de Dieu nous comblant de tout bien. Et pour l’homme, « toute bénédiction est louange de Dieu et prière pour obtenir ses dons ». (N° 1671)

Quand les hommes bénissent, ils louent celui qu’ils proclament bon et miséricordieux.

Que bénir ?

On l’aura compris, on bénit d’abord le Seigneur Dieu. Mais on peut aussi bénir des personnes et des choses. La bénédiction d’une personne a pour but de mettre filialement entre les mains de Dieu nos soucis et nos peines et de demander au Seigneur que nous soyons à la hauteur de nos responsabilités. On bénit une chose pour rendre grâce à Dieu pour sa bonté créatrice, et pour avoir donné à l’intelligence humaine de pouvoir s’associer au plus d’utilisation de la création.

Comment faire une bénédiction ?

Le Livre des bénédictions propose des bénédictions tant pour des personnes que pour des activités humaines et des objets (objets de culte et de dévotion, mais aussi instruments de travail, véhicules, maisons, etc.). Il ne s’agit pas d’exprimer ou d’assumer un sentiment religieux marqué par le fétichisme, ou de s’assurer la protection divine. Au contraire, quand l’Eglise célèbre une bénédiction, c’est avant tout pour glorifier l’initiative de Dieu au cœur de toute réalité humaine et inviter à l’action de grâce.

Pour bien célébrer une bénédiction, on veillera à faire en sorte qu’elle soit perçue avant tout comme une expression authentique de la foi en Dieu, dispensateur de tous biens. Toute démarche de bénédiction doit trouver son origine dans la foi et la faire grandir.

Le rituel prévoit toujours deux moments importants. Après la proclamation de la parole de Dieu, qui donne un sens au signe sacré, vient la prière par laquelle l’Eglise loue Dieu et l’implore de lui accorder ses bienfaits.

La bénédiction des objets de culte peut prendre des formes surprenantes. Lors de la bénédiction d’un orgue, le prêtre invite l’organiste à jouer. Et à chaque sollicitation, il répond par une improvisation qui en illustre le contenu. L’orgue est invité à s’éveiller pour entonner la louange de Dieu, célébrer Jésus, chanter l’Esprit, élever la prière vers Marie, et apporter le réconfort de la foi à ceux qui sont dans la peine.

Spécimen mars 2017: BénédictionsA Estavayer-le-Lac, la fête patronale de la Saint-Laurent, le 10 août, est marquée par la spectaculaire bénédiction des bateaux, des pêcheurs et des usagers du lac. Après la messe célébrée sur la place du port, le curé Jean Glasson prononce une prière tirée du Livre des bénédictions. Il monte ensuite sur une barque à rames à fond plat et s’en va sur le lac avec son goupillon bénir les bateaux et les gens qui s’y trouvent. « C’est une fête religieuse paroissiale, à laquelle participent les fidèles paroissiens, mais on y rencontre beaucoup d’autres personnes qui viennent dans une démarche de foi ou par attachement à la coutume. Ces personnes ne sont pas des pratiquants mais tiennent à la tradition. »

Des demandes bizarres…

Ce prêtre de la région lausannoise nous affirme être souvent sollicité pour des phénomènes étranges qui se passent chez des paroissiens. Ce sont des portes qui claquent toutes seules, des ombres qui bougent ou des bruits inexpliqués. « Ces personnes souffrent d’un grand vide intérieur, meurent de soif et vont boire à des puits d’eau sale… » Lorsqu’il les reçoit, ce prêtre dit ne rien faire de spécial : « J’essaie de leur faire comprendre la réalité. Je fais tout simplement le prêtre en les accompagnant s’ils se laissent aider, en leur expliquant les choses et parfois en faisant une prière de bénédiction. »

Signe de la gloire de Dieu

Les bénédictions sont des signes visibles qui signifient et réalisent la sanctification de l’homme et la glorification de Dieu. Les effets, surtout spirituels, sont obtenus par la prière de l’Eglise. Les bénédictions servent donc au bien des âmes, directement ou indirectement. Et les objets bénis sont donc des signes, c’est-à-dire qu’ils indiquent quelque chose : ils signifient un don de Dieu.

N’hésitons pas à user des grâces de Dieu.

Qui peut bénir ?

Ce sont les évêques, les prêtres et les diacres qui peuvent habituellement bénir. Cependant, les laïcs peuvent aussi le faire à certaines occasions, à commencer par les parents qui sont invités à bénir leurs enfants. En famille aussi, il convient de bénir les repas. Et quel beau geste que de marquer le pain d’une croix avant de le partager.

Les évêques français ont récemment eu la bonne idée d’éditer « Dieu nous bénit. Bénédictions de l’Eglise à l’usage des laïcs » (Mame 2016). Ce petit livre présente une vingtaine de bénédictions à célébrer en famille pour appeler la bénédiction de Dieu lors des grandes étapes de la vie ou lors de moments plus quotidiens.

Des eucharisties festives

Une fois par mois à Fribourg, des eucharisties festives mettent en route des familles. Rencontre avec Claire et Philippe Becquart, un des couples engagés.

Par Bertrand Georges
Photo : Ldd
Comment cela a-t-il commencé ?
Au départ, il y avait le désir de plusieurs familles de proposer une eucharistie au cours de laquelle les enfants auraient de la joie à vivre une expérience de foi, d’amitié et de rencontre. Ceux qui ont commencé se sont sentis appelés, bénéficiaires d’un don. Avec un peu de recul, nous ressentons que l’Esprit Saint est à l’œuvre dans cette aventure. Nous sommes les témoins d’une sorte de fécondité non maîtrisée.

Quelles sont les caractéristiques de ces temps forts ?
Nous y vivons des choses toutes simples : une eucharistie fervente servie par des chants joyeux et priants et une bonne catéchèse pour les enfants.

Le repas est un autre élément essentiel. On y passe de la célébration à la rencontre. Les échanges et l’amitié vécus sont importants pour les adultes, les ados et les enfants. Parfois un « Ciné catho » ou des jeux en famille prolongent la soirée.

Quel accueil avez-vous reçu ?
Il y a bien eu un peu de réticence au début, comme souvent lorsque la nouveauté se présente. Mais après un temps d’observation, les prêtres ont montré beaucoup de bienveillance. Alors qu’au départ un engagement financier de certains était nécessaire, notamment pour la communication, l’eucharistie festive fait maintenant partie des actions pastorales soutenues par la paroisse. Les fidèles semblent apprécier cette messe qui, en attirant des personnes parfois plus éloignées, revêt aussi une dimension missionnaire.

Comment avez-vous motivé les personnes à s’y engager ?
Avec quelques personnes constituant le noyau stable d’animation, d’autres participent librement selon leurs charismes et leur disponibilité, sans engagement fixe. Cette manière de faire, simple et souple, demande un acte de foi permanent pour constituer les équipes. D’ailleurs, à chaque messe, un appel est lancé pour que des volontaires se joignent aux animateurs. Ceux qui y servent apprécient la dimension communautaire qu’ils y trouvent. Il y a un esprit d’équipe où chacun est partie prenante. Et la joie est au rendez-vous !

Bénir les maisons

Par Vincent Lafargue
Photo : DR« Monsieur le Curé ? Pourriez-vous passer bénir ma maison ? »

Voilà une demande qui est faite quasiment chaque semaine au curé de montagne que je suis.

Maison neuve ou bruits bizarres, les motivations sont diverses.

Demeure la tradition de bénir chaque année un lieu de vie, en ornant ensuite la maison du fameux sigle 20*C+M+B+17. Le chiffre de l’année est décliné au début et à la fin, l’étoile est celle des Mages, car cette bénédiction a lieu en tout début d’année, CMB signifie « Christus Mansionem Benedicat » (que le Christ bénisse cette maison) et les trois croix sont celles de la bénédiction au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Je ne refuse jamais ces demandes. Quelle que soit la croyance qui les motive, c’est toujours l’occasion d’une rencontre et d’une catéchèse. J’explique notamment la vision catholique de ce geste qui rappelle que ce que l’on bénit en réalité, au travers des lieux ou des objets, ce sont les personnes qui les utilisent.

Bénédiction, bene dicere, dire du bien. Cela n’a rien de magique, mais comment refuser de dire du bien d’un lieu au nom du Seigneur ?

Fêter la joie d’aimer

Amoris Laetitia, la joie d’aimer ! c’est le programme du pape François pour les familles d’aujourd’hui. Mais cela ne va pas de soi. La flamme a besoin d’être ravivée, la joie d’être cultivée. L’occasion vous en est offerte par les pastorales familiales romandes qui ne manquent pas d’idées pour fêter la Saint-Valentin.

Par Bertrand Georges
Photo : DR

Valais 
Une soirée romantique autour d’un repas. Découverte des « Couple cards », un nouveau moyen de favoriser la communication dans le couple.
Sion, Maison Notre-Dame du Silence, vendredi 3 février de 19h30 à 22h30.
Fr. 80.– par couple.
Anne et Marco Mayoraz, 079 250 00 12.
mayoraz.foyer@bluewin.ch

Vaud
Une soirée sur le thème de « la joie de l’amour » qui propose aux couples de vivre un échange en profondeur sur leur façon d’aimer avec tout leur être et tous leurs sens. Pour les couples de tous âges. Il n’est jamais trop tôt, il n’est jamais trop tard pour prendre soin de son couple.
Samedi 11 février de 17h30 à 22h à la salle paroissiale Saint-Amédée, route du Pavement 97, 1018 Lausanne.
Fr. 50.– par personne.
Pascal et Monique Dorsaz, 079 139 03 29.
pascal.dorsaz@cath-vd.ch

Neuchâtel 
Pour le canton de Neuchâtel, la soirée Saint-Valentin aura lieu le samedi 4 février, à 18h30 à Paroiscentre au Locle. Thème de la soirée : « La joie d’aimer ».
Marie-Christine Conrath, 079 425 99 47.
pastorale-familles@cath-ne.ch

Fribourg 
Une sympathique soirée alliant gastronomie, réflexion, dialogue conjugal, spiritualité et rencontres.
Mardi 14 février à la Cité Saint-Justin, rue de Rome 3 à Fribourg.
L’eucharistie présidée par le prévôt Claude Ducarroz réunira ceux qui le souhaitent à 18h. Elle sera suivie d’un apéritif et d’un bon repas aux chandelles.
Fr. 50.– par personne.
Françoise et Bertrand Georges, 026 426 34 84.
pastorale.familiale@cath-fr.ch

Mais aussi…
– Tout sur la semaine qui valorise le couple :
http://marriageweek.ch.amphora.sui-inter.net/fr/

– Un petit clip pour se motiver…
https://youtu.be/WoXW7huviFo

Prendre le temps de se poser, de confier à Dieu nos soucis, de rencontrer d’autres familles, de bénéficier d’un accompagnement… c’est toute l’année avec les pastorales familiales de l’Eglise catholique en Suisse romande.
http://pastorale-familiale.ch

«Lumen Gentium»

Par Jean-Luc Wermeille« Nul n’a été baptisé prêtre ou évêque, nous avons été baptisés laïcs », a déclaré le pape François. En cela, il est fidèle aux intuitions du Concile Vatican II qui souligne l’importance de la vocation baptismale, commune à tous les chrétiens. En 1964, Lumen Gentium, l’un des quatre grands textes du Concile, consacre tout un chapitre aux laïcs. Malgré la diversité des vocations, tous les baptisés sont appelés à la sainteté. Lumen Gentium rappelle l’importance du témoignage et de l’apostolat des laïcs. « Ce que l’âme est dans le corps, il faut que les chrétiens le soient dans le monde. » Ainsi, les laïcs sont appelés à assurer la présence et l’action de l’Eglise dans les lieux où elle ne peut devenir autrement qu’à travers eux le sel de la terre. A l’image du Christ, ils peuvent aussi être prophètes et serviteurs. La vocation baptismale peut se résumer ainsi : non pas commander mais servir ; ne jamais s’éloigner de la vie concrète des gens au profit d’un certain élitisme. Bien sûr, les documents du Concile Vatican II ont été écrits à une époque où l’on percevait principalement le rôle des laïcs au travers de mouvements comme l’Action catholique, très présente dans les années 1960. Mais ces textes audacieux n’appartiennent pas qu’à l’histoire. Ils appartiennent aussi au présent et à l’avenir. Voilà pourquoi ils continuent à nous interpeller.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp