Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), septembre 2020
Par Claude A. | Photo: @ Carmel du Pâquier

Place enfin à la simplicité : celle d’oser dire qu’à certaines heures, le temps s’étire sans saveur ; qu’on n’a plus le souci du jugement des autres ; qu’on voudrait bien – avec le sourire – rejoindre ceux qui nous ont quittés et que nous avons tant aimés ; que les habitudes sont une sécurité mal comprise ; que les souvenirs sont tout ce qui nous reste ; qu’on se sent inutile ; que l’absence des proches en période de confinement est douloureuse, malgré les précautions sanitaires comprises ; que leur présence en période de progressif déconfinement l’est parfois davantage encore, tel dans une prison aux règles rigoureuses imposant des rencontres en terrain neutre, privant nos résidents de la seule chose qu’ils puissent offrir à leurs hôtes : l’accueil – dans leur chambre, empreinte et signe de leur existence tout entière.
Et voici que le rythme normal de la vie a – presque – repris son cours dans nos maisons de retraite, avec ses activités, ses rencontres, ses résidents dont les silences, les sourires et confidences ont peu changé, quoique… On pourrait y ajouter la discrétion et la gratitude que leur silence manifeste – envers le personnel soignant ou nous autres qui n’avons cessé de leur être restés fidèles avec autant de liberté qu’auprès de nos amis du dehors – comme ces saints de la vie ordinaire qui malgré blessures ou exil involontaire, ne se sont pas départis de leur bienveillance et contribuent à laisser entrevoir un fragment de ce bonheur dont est transfiguré notre bel aujourd’hui : le mien, le leur, le vôtre.
LAUDATO SI’, MI SIGNORE !
1 Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien (coll. Folio/Gallimard).