Des animaux et des hommes

Des animaux et des hommes
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte Marguerite Bays (FR), décembre 2020

Texte et photo par Père Francis Basani

Ce jour-là, le loup habitera avec l’agneau, le léopard dormira avec le chevreau, le veau et le lionceau mangeront ensemble, et un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse seront dans un même champ et leurs petits dans la même grange. Le lion, comme le bœuf, mangera du foin… (Le prophète d’Isaïe, 11:1-9)La question animale se fait de plus en plus présente dans le débat public : on réfléchit, on discute et on s’affronte au sujet de la préservation des espèces menacées, du bouleversement des équilibres écologiques, ou encore des conditions d’élevage et de la place de la viande dans les régimes alimentaires. La maltraitance animale est également un sujet brûlant, auquel un public toujours plus large est sensibilisé grâce à des initiatives, des reportages et des enquêtes de qualité. 

Dans les récits bibliques, la viande est consommée seulement les jours de fête. Mais l’interdiction de manger de la viande n’est jamais affirmée. Le peuple d’Israël, plus tard le christianisme considèrent qu’il y a un saut de nature entre l’homme et l’animal. 

Dans Genèse 1, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance… Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. »

Dans l’Evangile, nous constatons que Jésus était « avec les bêtes sauvages ». Cette brève indication de l’Evangile peut ouvrir la proximité de Jésus avec la création animale. En cela consiste la dignité, la valeur du monde animal. Chaque animal a été pensé dans le Verbe ; il a été animé par Dieu ; il a été, avant même de naître, l’objet d’une intention et d’une sollicitude.

L’image des « bons bergers » qui portent avec amour leur brebis sur les épaules, comme on le voit dans la Bible, est dans toutes les mémoires. 

François d’Assise nous interpelle dans son cantique des créatures. La nature chez saint François est considérée comme l’œuvre de Dieu, plus exactement de la Trinité créatrice Père-Fils-Esprit. Toute créature est pour François, un frère ou une sœur. François d’Assise a une relation complètement différente avec la nature, il dialogue avec elle, c’est-à-dire qu’il considère tous les animaux et toute la création, les pierres, les plantes, comme des sujets avec lesquels on peut dialoguer. La fraternité touche aussi les animaux.

A Gubbio, la ville qui était aux prises avec les meutes de loups féroces, où la grêle ravageait les vignes, François appela tout le monde à la conversion. C’était le prix à payer pour être délivré de ces fléaux. Les habitants de la ville furent témoins de la marche du saint dans la forêt, pour aller au-devant du méchant loup, qui mit sa patte dans la main de François, après s’être engagé par pacte à ne plus faire de mal à personne. 

Bonaventure, le célèbre théologien franciscain relate, dans sa « Legenda maior », toute une série d’épisodes qui illustrent la relation entre François d’Assise et les animaux. Dans chaque récit, Bonaventure essaie moins de célébrer le Pauvre d’Assise en tant qu’ami des animaux particulièrement respectueux, que de le présenter comme l’exemple d’une foi passionnée en la création et en ses biens. 

A l’époque médiévale, l’animal était au cœur de la vie quotidienne. Compagnon des paysans, force de travail, source de nourriture, monture de guerre, sa place était complexe et paradoxale dans la société médiévale. Les hommes pouvaient être proches et féroces.

Au demeurant, ce qui est certain, c’est que les liens entre êtres humains et animaux étaient étroits – peut-être plus qu’à notre époque où l’urbanisation, l’élevage intensif et les logiques industrielles ont éloigné l’animal de l’humain. 

A cela s’ajoute un changement dans nos conceptions du monde puisque, après le Moyen Age, l’Occident moderne a progressivement instauré la distinction entre nature et culture, séparant l’individu civilisé de l’animal sauvage. Dans l’ordre de la nature, le plus gros mange le plus petit. 

Ces réflexions historiques restent encore en suspens car, les questions de violence animale et les modes d’alimentation qui en découlent connaissent une audience grandissante dans l’opinion ainsi que dans certaines sciences humaines.  

Il faut repenser le concept de dignité et d’intégrité de l’animal, il faut tirer les conséquences de notre quotidien. Pour exemple, convivialité, comportement et utilisation de la nourriture. Aujourd’hui, le rapport entre l’homme et l’animal est plus affectif. L’homme est destitué de son piédestal. C’est pour cela que beaucoup ne veulent plus manger de la viande.

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