Funérailles et coronavirus: faire son deuil malgré tout

Funérailles et coronavirus: faire son deuil malgré tout
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Jean-Marie Monnerat | Photo: Pixabay

Du 16 mars au 31 mai, près de 80 catholiques sont décédés dans le décanat du Grand-Fribourg. Comment est-ce que les familles des défunts ont-elles vécu ces disparitions dans le contexte du coronavirus durant lequel les grandes assemblées et les messes n’étaient plus possibles?« Le plus difficile pour les familles a certainement été de ne pas pouvoir accompagner la personne dans les derniers moments, que ce soit à l’hôpital ou dans un EMS » explique Jaga Loulier, membre de l’équipe des funérailles. « Certaines familles pensent que, dans cette période spéciale, leur proche en fin de vie était particulièrement confronté au chagrin et à la solitude », poursuit-elle. « Mais si ces instants étaient très durs à vivre, il n’y a pas eu de sentiment de révolte. Tout le monde comprenait la particularité de la situation provoquée par ce virus. Les familles étaient très solidaires et le fait que les funérailles, principalement les célébrations de la Parole, ne pouvaient recevoir que peu de personnes, approfondissaient la réflexion sur ce qui constitue la famille » raconte Jean-Guy Pannatier, Frère marianiste, également membre de l’équipe des funérailles. 

Durant la période la plus délicate, jusqu’à la fin mai, la plupart des funérailles ont été célébrées par des prêtres, parfois par des laïcs. Les familles qui ont renoncé à un geste d’adieu ou qui ont préféré attendre constituent une faible minorité. « Le coronavirus a eu comme conséquence de vivre des funérailles de manière très différente. « Forcées à vivre les funérailles de leur proche en strict cercle familial, certaines familles auraient peut-être souhaité les vivre dans une plus grande assemblée, ou demander une messe pour leur défunt, impossible dans ces circonstances. La liturgie de la Parole a permis de remplacer la messe et ainsi de répondre aux attentes des familles désirant dire adieu à leur proche, par une liturgie différente, mais nécessaire » explique Jean-Guy. 

« Nous avons pris grand soin de préparer ces célébrations avec convivialité, tout en respectant les distances sanitaires. Et nous nous sommes adaptés à tous les changements, tout en veillant à accueillir les personnes en deuil avec beaucoup d’empathie » poursuivent Jaga et Jean-Guy.

Des funérailles différentes, en petit comité, dans un contexte compliqué, ont-elles permis aux familles de faire leur deuil ? « Il nous semble que la réponse est affirmative. Car au mois de juin, après l’allègement des restrictions, nous avons écrit aux 80 familles en leur proposant une célébration du souvenir. Seules deux familles ont répondu à l’appel. Le vécu affectif a été très dur, mais le deuil a été fait et ces familles n’ont probablement pas eu envie de revenir en arrière » concluent Jaga et Jean-Guy.

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