L’enfant et la vipère

L’enfant et la vipère

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Bien sûr, il s’agit d’une vision idéale, eschatologique disons-nous en langage biblique, tournée vers la fin des temps. Mais la récente campagne de votation à propos de la chasse (septembre 2020) a montré combien la question du rapport aux animaux, dits « sauvages » ou « domestiques », pouvait être émotionnelle.

Collaboration harmonieuse
Ainsi vaut-il la peine de prendre en considération la perspective de cet oracle du premier Isaïe, situé vers la fin du livret de l’Emmanuel, « Dieu avec nous » (chapitres 6 à 12). En annonçant le Messie du Seigneur comme une lumière pour les habitants du pays de l’ombre et comme un enfant prince de la paix (Isaïe 9, 1-6), le prophète le présente comme revêtu de l’Esprit du Seigneur. Le rejeton de la souche de Jessé, le père de David, recevra ainsi les six (plus un) dons de sagesse et d’intelligence, de conseil et de force, de connaissance, d’adoration (et d’affection filiale) (Isaïe 11, 1-2). Et la justice qu’il établira (versets 3-5) se traduira également par la réconciliation entre les espèces animales ennemies : « Le loup avec l’agneau, la panthère avec le chevreau, la vache avec l’ourse. » Puis la collaboration harmonieuse entre les animaux et les hommes : « Un petit garçon conduira le veau, le lionceau et la bête grasse nourris ensemble ; le nourrisson jouera sur le repaire de l’aspic et sur le trou de la vipère le jeune enfant étendra la main. » (versets 6 à 8)

Alliance cosmique universelle
Ainsi donc, sur la montagne sainte, remplie de la connaissance de Dieu, ce que le péché avait divisé et opposé se retrouvera définitivement réuni. Le symbole des jeux de pouvoir au sein des êtres créés (homme-serpent) se verra renversé et transmué en signe de communion. Le mal et la violence céderont le pas au shalom qui ne s’éteindra pas.

Cultiver le respect des animaux anticipe ainsi, en quelque sorte, le paradis qui nous est promis. La loi de la jungle y sera absorbée par l’alliance cosmique universelle. Je m’en réjouis.