Les rites?

Les rites?

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Clins Dieu sur les Contrées (VS), avril 2021

Par l’abbé Alexandre Barras
Photo: Sœur Catherine Jerusalem

Le thème de ce mois nous invite à réfléchir sur les rites. Notre vie quotidienne n’est-elle pas remplie de rites profanes ? Le petit café du matin à heure fixe et dans le même bistrot. Le sport exercé tous les mercredis soir. Le passage de l’enfance à l’âge adulte avec le permis de conduire, le départ à l’armée, l’acquisition de la majorité, etc. Nous avons besoin de ces rituels qui rythment nos existences et les ponctuent de moments-clés.

De même en Eglise. Nous en percevons l’importance, par exemple, en regardant vivre les moines et les moniales : les prières à heures fixes, les processions cadencées, le travail et le repos planifiés sont le lot de chaque jour, et ceci depuis des temps anciens. La fidélité de ces frères et de ces sœurs nous fait comprendre l’importance de ces rites, en particulier dans la durée.

Le rite procure la sécurité, la fidélité et il invite à la constance. Pour nous chrétiens, les prières que nous récitons, les messes, dont le rituel est fixé par l’Eglise, les actes de charité qui habitent ces rites et les animent de l’intérieur, sont le lieu d’une rencontre avec Dieu ; la régularité nous permet de toucher sa présence et son amour pour nous, dans la foi. Certes, on pourrait arguer que les rites sont répétitifs, mais grâce à cela, nous sommes portés par quelque chose qui est plus grand que nous : le rite nous permet de nous concentrer, non pas sur le « faire », mais sur « l’être avec ». En célébrant la messe, que je connais par cœur, je peux tourner mon âme vers Jésus Eucharistie ; de même pour la prière personnelle : les prières que nous connaissons par cœur, par exemple le chapelet, sont comme une douce mélodie que nous lançons à Celui qui veut être le Tout de notre vie – les amoureux se disent bien des « je t’aime » des centaines de fois, sans jamais se lasser !

Un autre aspect important est que le rite, que nous recevons de l’Eglise, nous permet un temps de rencontre vraie avec le Dieu Vivant : nous prêtons notre voix, nos gestes, notre désir d’aimer, à la prière de toute l’Eglise. Le rituel liturgique, qui n’est pas notre petite invention individuelle et subjective, glorifie le Seigneur, le met à la première place. Enfin, il marque les différentes étapes de notre vie dès la naissance, par le baptême, et jusqu’à notre fin dans ce dernier rite de l’Au-revoir qui accompagne nos défunts dans leur passage vers l’autre rive. C’est alors toutes les étapes de notre vie qui prennent une autre dimension et une autre signification.