Les viandes consacrées aux idoles

Les viandes consacrées aux idoles

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRC’est à la liberté que nous convie saint Paul, ainsi qu’au respect des frères et des sœurs qui ne disposeraient pas de la connaissance nécessaire pour le discernement de problèmes concrets. Dans la communauté de Corinthe, la New York de l’époque, c’était le surplus des viandes offertes en sacrifice aux idoles païennes (« idolothytes ») qui faisait problème. On les vendait au marché, et les chrétiens se demandaient s’ils avaient le droit de les acheter et de les consommer, sans pactiser pour autant avec les faux dieux : un cas de conscience pour les soucieux d’une observance stricte au Dieu unique.

Le caillou qui fait tomber
Pour les « forts », aucun problème. Puisque les idoles « n’existent pas », en réalité, et qu’en Jésus-Christ, les baptisés ont acquis une pleine liberté, il n’y a donc pas de difficulté à manger ces viandes « idolothytes ». Aucune fausse loi extérieure ne doit entraver la liberté intérieure. Pour les « faibles », c’est-à-dire les scrupuleux qui se faisaient du souci et avaient peur de pactiser ainsi avec le péché, il valait au contraire mieux y renoncer, par souci de pureté.

L’apôtre des nations fait triompher le principe pastoral du « scandale des faibles ». Mieux vaut pour les « forts », par charité chrétienne, renoncer à exercer leur liberté souveraine, plutôt que de plonger les « faibles » dans un problème de conscience et provoquer leur chute – c’est le sens en grec du mot skandalon, le caillou qui fait tomber. 

Sobriété évangélique
De même, aujourd’hui, nous pouvons manger ce que nous souhaitons, en vertu de la liberté accordée par le Seigneur. Nous ne sommes soumis à aucun interdit alimentaire. Rien ne nous oblige à devenir végétariens ni véganes. Mais si nous pouvons contribuer à sauvegarder la création et à favoriser le bien-être des peuples et des paysans, contraints à la monoculture ou à l’élevage intensif sous la pression des lois du marché, si nous pouvons nous unir ainsi positivement à ceux qui prônent une sobriété heureuse, très évangélique, achetons moins de viande et consommons équitable. Notre liberté en sortira grandie !