Mariage civil pour tous

Mariage civil pour tous
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP La Seymaz et UP Champel / Eaux-Vives, Saint-Paul / Saint-Dominique (GE), mai 2020

Photo: DR

Force est de reconnaître que la question du mariage pour tous attise les polémiques, chez nous et ailleurs. Le président de la Fédération de Russie, pour sa part,
est contre. Comme l’a rapporté cath.ch le 6 mars dernier sous la signature de Raphaël Zbinden, «le président Poutine a… émis le souhait que le texte de loi fondamentale entérine le mariage comme une union uniquement hétérosexuelle», un souhait parmi d’autres soumis en janvier au Parlement, allez savoir pourquoi, peut-être soufflé par les milieux orthodoxes russes selon certaines sources. Il voudrait aussi que la constitution mentionne… Dieu, tout simplement !

Notre Conseil fédéral ne mange pas de ce pain-là. Pas à propos de Dieu, grands dieux ! Non, à propos du mariage civil pour tous. Il nous a fait savoir par voie de communiqué daté de janvier qu’il voulait « éliminer l’inégalité de traitement des couples homosexuels ». Et c’est pourquoi il a déclaré soutenir le projet que la Commission des affaires juridiques du Conseil national a élaboré en réponse à l’initiative parlementaire «Mariage civil pour tous». C’est donc un oui hautement clamé à une révision de la loi, une révision de la Constitution n’étant pas jugée nécessaire par nos Sages. «La présente initiative demande au législateur d’ouvrir les différentes formes d’union régies par la loi à tous les couples, quels que soient le sexe ou l’orientation sexuelle des partenaires. Les couples de même sexe doivent pouvoir se marier, et les couples de sexe différent doivent pouvoir eux aussi conclure un partenariat enregistré, comme c’est le cas en France», dixit l’initiative. Qu’il en soit donc ainsi.

Mais notre Conseil fédéral est finaud: Si «la question de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels doit être réglée dans un premier temps, les autres questions, en particulier celle de l’accès à la procréation médicalement assistée, doivent être étudiées en profondeur et seront traitées séparément». Et c’est là que le bât blesse.

La société évolue, difficile de le nier, difficile d’aller contre. A ce stade, pourquoi pas un «mariage civil pour tous», au point où nous en sommes ? Mais quid d’un nouveau droit à la filiation, véritable boîte de Pandore à retardement ? Un célèbre professeur de médecine que nous ne nommerons pas ici afin de ne pas l’«instrumentaliser» a récemment rappelé «l’importance des mythes et des religions qui de tout temps ont thématisé sur la création de la vie. «Bien avant les procréations médicalement assistées», a-t-il souligné, «il y a eu des procréations divinement assistées, bien au-delà du biologique. Dans La Légende dorée de Jacques de Voragine, à l’époque de la Renaissance, il est dit que Dieu peut créer l’homme de quatre façons: sans l’homme ni la femme, comme il le fit pour Adam; par l’homme sans la femme, comme il le fit pour Eve; par la femme sans l’homme, comme cela s’est produit suite à l’Annonciation faite à la Vierge Marie – voir la Divine Comédie de Dante: O Vierge mère, fille de ton fils – et enfin, quatrième mode de création, par l’homme et par la femme selon la manière commune».

L’enjeu véritable de cette évolution sociétale est donc bien celui de la filiation, qu’on ne s’y trompe pas. Le mariage civil pour tous va passer, «comme une lettre à la poste». Mais, plus tard, sur la filiation, ça risque de coincer.