Messes de sépulture déconfinées

Messes de sépulture déconfinées
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur de Saint-Maurice (VS), juillet-août 2020

Par le chanoine Calixte Dubosson | Photo: Samuel Revaz

La pandémie du Coronavirus a profondément impacté la façon de vivre de notre société et aussi celle de l’Eglise. Nous avons été contraints d’aller contre nos réflexes naturels de solidarité avec les familles en deuil en les laissant seules assumer une « double » peine, celle de perdre un être cher et celle de ne pas pouvoir célébrer avec la communauté des amis et des connaissances.

De tous temps, la réaction spontanée des personnes humaines a été de présenter à la famille endeuillée ses condoléances soit par une présence physique, soit par des messages et des offrandes de messes. Au temps de Jésus déjà, les sépultures rassemblaient une affluence considérable comme le souligne saint Luc : « Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. »

Soit en tant que prêtre, soit en tant que famille, lors des célébrations dans l’intimité, jamais nous n’avons autant cruellement ressenti l’absence de nos proches et connaissances ainsi qu’un désir d’être entourés et consolés par des poignées de main ou des accolades sincères.

Il est donc précieux de redire ici le rôle essentiel de la communauté paroissiale dans le processus de deuil. J’ai été plusieurs fois témoin de la surprise heureuse d’une famille lorsque, après avoir renoncé à des funérailles quasi secrètes auxquelles elle avait d’abord songé, cette famille constate le jour de la sépulture : « Jamais nous n’aurions imaginé qu’autant de personnes se sentaient encore liées à notre vieux papa, que nous pensions oublié de tous à cause de son âge… »

Beaucoup se heurtent à ce qu’on appelle les dernières volontés du défunt qui veut s’en aller dans l’intimité. Dans un récent entretien, le sociologue et créateur des « cafés mortels » Bernard Crettaz, affirmait sans détours : « J’ai inventé un rite de désobéissance aux dernières volontés. On dit qu’elles sont sacrées : c’est faux ! Ce n’est pas parce qu’on est mourant qu’on est forcément dans la vérité. »

Rendons grâce à Dieu de pouvoir encore célébrer dans nos villages des cérémonies ouvertes à tous, qui offrent à tous un espace de sens et d’expérience spirituelle, que chacun peut habiter selon ses propres convictions et son degré d’engagement dans la paroisse.

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