«Sauvons des vies avec un sourire!»

Ludmila, l’enseignant Aristide et Valentine.

C’est la devise de l’association Africa Smile. De retour du Togo où elles ont travaillé comme enseignantes bénévoles, deux Octoduriennes, Ludmila Becerra et Valentine Rey, nous livrent leur témoignage.

Par Anne-Laure Martinetti | Photos : DR

Ludmila Becerra, présentez-nous Africa Smile.
LB : Fondée en 2014 à Lomé, les objectifs de l’association sont la lutte contre la pauvreté et l’aide au développement rural. Active dans l’éducation, la culture, le sport, la santé, l’environnement, elle a fusionné en 2019 avec l’Association de Volontariat International Djidudu autour du projet O-Vie (Orphelins Vie). Africa Smile apporte son soutien toutes confessions confondues. Latévi Lawson et Reine Dayalor en sont les piliers.

Vous êtes enseignante. Quelles sont les différences principales entre l’école ici et au Togo ?
LB : Nous avons travaillé avec des élèves de CE1 (7-8 ans) sur un projet d’expression et de lecture. Il y a de grandes disparités : peu de matériel, un enseignant pour 120 élèves et donc des cours uniquement en frontal. Le cours est donné puis recopié et l’oral a une moindre place.

A quoi ressemble la journée type d’une stagiaire ?
VR : L’été, l’horaire est plus léger avec des cours de 8 à 12h, mais l’école reste ouverte sauf pour deux semaines. On débute en chansons avec des enfants très motivés puis il y a une pause repas de 30 minutes durant laquelle nous leur donnons des poches d’eau. Régulièrement, le repas est payé et préparé par les stagiaires aidés de Zobré. C’est un moment festif avec du riz et des pâtes en sauces, des haricots et le traditionnel foufou. Après le repas, Aristide, notre enseignant, sort le tam-tam et place à la danse ! Le retour se fait ensuite à pied pour tous.

Quels autres projets concrets avez-vous réalisés ?
VR : Nous avions lancé une cagnotte avant le départ. Sur place, nous avons remarqué le manque d’eau : les enfants reçoivent des poches d’eau de 5 dl pour deux. A l’aide de la cagnotte d’un troisième stagiaire et la réactivation des réseaux, le total a pu financer la construction d’un forage à la petite école. C’était le besoin primaire le plus urgent. A peine la somme reçue, les ouvriers sont venus creuser un puits de 39 m. Avec le surplus, deux salles de classe supplémentaires ont pu être construites.

Quels sont vos plus beaux souvenirs ? 
LB / VR : Les danses, les chants comme « Kékéli » (trad. lumière), les sourires, les causeries avec les responsables et les stagiaires, les moments passés avec Hola, le chauffeur, à la découverte des paysages luxuriants de Kpalimé et dans la ferme de la maman de Latévi Lawson qui s’occupe de cinq orphelins, les balades au marché entourées de chèvres et de taxis-motos à la recherche de pagnes, les séances de tressage, dire « bonsoir ! » à midi, se faire souhaiter la « bonne arrivée ! », être surnommées « les tatas »… L’Afrique quoi ! Le premier jour du forage a aussi été un moment émouvant avec cette satisfaction d’apporter un bien aussi précieux que l’eau. 

Qu’est-ce qui vous a marquées dans le mode de vie au Togo ? 
LB / VR : La perception différente du temps, des déplacements, la cordialité, la cohabitation des religions (christianisme, animisme, islam) avec l’appel à la prière puis les cloches des églises, les plats traditionnels vendus dans la rue… Outre le positif, il y a malheureusement trop de déchets plastiques et des routes de sable difficilement praticables.

Que répondez-vous au reproche souvent formulé aux jeunes bénévoles occidentaux : « Il y a assez à faire ici, pourquoi aller à l’autre bout du monde ? »
LB : L’un n’empêche pas l’autre mais quand des besoins élémentaires manquent, nous réalisons notre chance et puis, la rencontre avec une autre culture est un plus. Soyons reconnaissants et, quand nous partageons, peu importe où.
VR : Le niveau de pauvreté n’est pas comparable et le filet social quasi inexistant. Il faut aussi savoir sortir de sa zone de confort pour adopter d’autres perspectives et perdre nos habitudes chronophages.

Continuez-vous à soutenir l’association ?
LB : Nous aidons à distance la petite école et l’orphelinat en proposant des idées et en trouvant un financement. Sinon, via les réseaux, on peut participer à des cagnottes, parrainer un enfant (25 € par mois pour nourrir sa famille), acheter des chouchous, des tote bags de l’association, devenir bénévoles ou stagiaires, en parler. De mon côté, par le biais de ma petite entreprise (fabrication de chouchous avec des tissus neufs et recyclés), j’aide chaque mois l’association : mes créations avec des tissus du marché de Lomé sont vendues à Fr. 4.– et j’assure le suivi aux abonnés. 

Enfin de l’eau !

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